Autres fêtes de Provence

>> LA FÊTE de Noël en Provence / LA FESTO de Nouvè :

 

En Provence, à Noël, on fait le "gros souper" : on mange les 13 desserts, on brûle la bûche, on fait la crèche avec les santons, on chante, ... Et on peut voir des pastorales tout le mois de janvier... /
En Prouvènço, pèr Nouvè, fasèn lou "gros soupa" : manjan li 13 dessert, se fai crema lou cacho-fio, fasèn la crècho emé li santoun, cantèn, ... E poudèn vèire de pastouralo tout lou mes de janvié...

 

JEUX :
Jeu n°1 : QCM sur Noël
Jeu n°2 : Anagramme
Jeu n°3 : Mots-mélés
Jeu n°4 : Le jeu du pendu
Jeu n°5 : Reconnaissance des mélodies traditionnelles jouées à Noël

Explications :

Nouvè signifie Noël. Comme partout en France, cette fête est très riche en coutumes traditionnelles.

NOËL : Ligures, Germains et Romains fêtaient déjà, fin décembre, le "solstice d'hiver". C'était la fête païenne du "Soleil invaincu" qui renaît, fête de la lumière avec l'espoir du renouveau de la nature. Les fêtes calendales fêtaient le premier jour de l'année. Le jour "Nouveau" a donné le mot "Nadau" et "Nouvè" puis "Noël".
L'Église décida de remplacer la fête du soleil par celle de l'Enfant Nouveau et de la marquer par de grandes réjouissances.
C'est ainsi que sacré et profane se côtoient tout au long de cette célébration.

Écoute d'une suite de noëls de Provence :


LE GROS SOUPER / LOU GROS SOUPA

Le soir de Noël, toute la famille se retrouve autour de la table pour le "Gros souper" (Lou gros soupa) .
La table est recouverte de trois nappes et éclairées de trois chandelles (symbole de la Sainte Trinité). On y trouve le Pain Calendal, entouré de douze petits pains (Jésus Christ et ses douze apôtres). Ce pain est décoré de branches de myrte ou de petit houx (vertboisset).
Autrefois, la première part était donnée aux pauvres. La table est mise sans oublier l'assiette réservée au premier pauvre qui passerait. Dans certaines grandes villes, ce repas était suivi, au retour de la messe, par le Ressoupet. Les mets variaient quelque peu suivant les lieux, mais leur abondance répondait à l'idée qu'ils étaient présages de richesse pour l'avenir.
On y trouvait :
- différents poissons grillés, des "raïto"(espèce de capilotade) de morue ou d'anguilles, l'anchoïade, les escargots
- des légumes : artichauts crûs, cardes en sauce blanche, céleri, épinards et autres légumes du jardin
- du gibier chez les plus riches, mais rarement car la coutume voulait que ce soit un repas maigre
- le tout arrosé de différents vins
- les treize desserts arrosés de vin cuit et de ratafia.


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LES 13 DESSERTS / LI TREGE DESSERT

Le jour de Noël, pour le dessert, on a coutume de servir 13 desserts (symbolisant, vous l'aurez compris, Jésus et ses 12 apôtres).
Dans les repas calendals folkloriques, on les a répertoriés comme suit :

  • Lis auriheto / Les oreillettes ou les bugnes
  • Li fru seca / Les fruits secs :
    • "Li Pachi-choi" ou les 4 mendiants :
      - la noisette (l'avelano) (ou par défaut la noix (la nose)),
      - l'amande (l'amelo),
      - le raisin sec (lou rasin sè o seca)
      - et la figue sèche (la figo seco),
      correspondant aux quatre ordres mendiants (Augustins, Carmes, Dominicains et Franciscains).
  • Les fruits séchés : le pruneau (lou prunèu), les dattes (lou dàti, pour représenter les Rois Mages), ...
  • Li fru / Les fruits frais : la pomme (la poumo), la poire (la pèro), le raisin (gros vert ou sec), le melon d'hiver (lou meloun), l'orange (l'arange) ou la clémentine.
  • Les sucreries : la confiture, la pâte de coings ou les fruits confits
  • Li nougat / Les nougats (noir de Sault et/ou blanc de Montélimar)
  • La poumpo à l'òli / La pompe à l'huile d'olive (la fougasso qui servait à éponger les fentes des pierres rondes des presses des moulins à huile)

Mais dans la tradition, chaque village, chaque famille réunissait les desserts correspondant aux produits de sa région. On trouve donc ainsi plusieurs variantes. Les desserts variaient suivant les lieux et la production de l'année. Par exemple : les dattes peuvent être remplacées par des bonbons ; dans la région de Marseille, on mange les figues sèches fourrées avec les noix.

Le tout est souvent servi avec un vin cuit traditionnel qui a servi à arroser lou cacho-fio, la bûche de la cheminée.


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LOU CACHO-FIO / LA BÛCHE

Avec la Noël, commence la célébration du feu qui se poursuivra pendant les fêtes de Carnaval. Lou cacho-fio (ou cacho fue, signifie "cache-feu") est un rite symbole de la résurrection du feu.
Le soir de Noël, la famille est réunie au grand complet, le plus jeune et le plus âgé déposent dans l'âtre une bûche d'arbre fruitier ou d'olivier. Le chef de famille la bénit en l'arrosant par trois fois de vin cuit tout en prononçant une formule qui varie suivant le lieu.

"Alègre, alègre
Diéu nous alègre
Emé Calèndo tout bèn vèn ! (NB : Signifie "Avec Noël, tout bien vient" et non "tout vient bien")
Diéu nous fague la gràci de vèire l'an que vèn
E s'un autre an sian pas mai que noun fuguen pas mens!
Bouto fue ! Cacho fue !"

La bûche doit durer jusqu'au jour de l'Epiphanie et ses cendres étaient réputées protéger contre les maladies (mêlées aux remèdes), contre les incendies (répandues sous les lits et les meubles).
Calèndo ainsi nommée parce que les Calendes de janvier étaient une fête païenne qui fut adoptée par les Chrétiens et confondue avec celle de la Nativité (car les historiens prétendent que Jésus serait plutôt né vers Pâques...)

Le cacho-fio désigne donc une immense bûche de bois que l'on met dans la cheminée après avoir fait 3 fois le tour de la table. Ce sont le plus jeune et le doyen de la famille qui le porte. PS : Le chiffre 3 symbolise ici la Trinité (religion catholique oblige dans le sud de la France, Papes, ce qui explique aussi que les Provençaux embrassent d'abord par la droite, c'est-à-dire joue gauche contre joue gauche, contrairement aux Parisiens qui commencent de l'autre côté !...) de même que pour le nombre de 3 chandelles et 3 nappes de la table sur laquelle on mange.

Aujourd'hui, la bûche est aussi devenue un dessert.

Lien : Noël à Aix-en-Provence


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LES SANTONS MUSICIENS / LI SANTOUN MUSICIAN

Li santoun, les santons de la crèche provençale...
La première crèche fut créée en 1223...
En 1803, s'ouvre à Marseille la première foire aux Santons.
Les crèches sont devenues un rite mi-profane, mi-religieux où se côtoient la scène de la Nativité et des personnages populaires de la fin du XVIIIème. De nos jours encore, les santonniers ajoutent au fil des ans des personnages familiers.
La crèche se fait le 24 décembre et doit, selon la tradition, rester exposée jusqu'à la Chandeleur (le 2 février).

>>> Voir page spéciale sur les santons musiciens et les santonniers provençaux.


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CANTEN TÓUTIS ENSÈN !

Toute veillée de Noël se devait d'être agrémentée par des chants de Noël, mais aussi par des chansons populaires. Évidemment toute la gamme des cantiques religieux y passait. Nombre d'entre-eux ont d'ailleurs été collectés par Ernest GAGNON, qui fut l'un des premiers au Québec à s'y intéresser. Sa collecte de cantiques fit d'ailleurs l'objet de recueils intitulés Cantiques populaires du Canada français, édités en 1897 et 1906.
Outre les cantiques religieux, on chantait également des noëls anciens comme D'où viens-tu bergère ? (Ernest MYRAND publia un recueil de ces Noëls anciens de la Nouvelle-France).
En Provence, les airs empruntés par le poète Nicolas SABOLY se seraient estompés dans la mémoire populaire sans le remarquable travail entrepris en 1877 par François SEGUIN pour les retrouver et, vingt ans après, les publier. Puis il faut attendre les années 1928 puis 1970 pour que l'on s'y ré-intéresse réellement.

On distingue plus de 770 noëls provençaux :

  • les plus anciens noëls (de 1150 à 1584) : Anonymes, S.SERVANT, C.BRUNEL, P.GOUDOULI, ...
  • les 62 noëls de Notre-Dame des Doms (de 1570 à 1610 ; et 10 de 1653 à 1656)
  • les 104 noëls de l'église de Saint Didier (dont 42 en provençal comtadin) (de 1653 à 1663)
  • les 20 noëls de Sérapion (vers 1655)
  • les 77 noëls de Nicolas SABOLY (de 1655 à 1675)
  • les 10 noëls de Taulignan (vers 1673 ?)
  • les 200 noëls di Rèire (des aïeux) (de 1680 à 1790) : L.PUECH, BRUEL, CASTELLANT, VIGNE, F-J.DOMERGUE, du curé d'Orgon, DUPLESSIS, J-B.NALIS, BOYER, et autres anonymes...
  • les 35 noëls de l'église St Agricol d'Avignon (de 1705 à 1708)
  • les noëls des divers recueils d'Avignon (de 1710 à 1742)
  • les 41 noëls d'Antoine PEYROL (vers 1755)
  • les noëls de la période révolutionnaire : abbés Damian, François Honoré, le "noël des sans-culottes" (1792)
  • les noëls de la Cathédrale St Sauveur d'Aix-en-Provence (18è et 19è siècle)
  • les noëls de J-T.MATHIEU et ceux de Joseph ARNAUD (1754-1829), BOUDIN, REYBAUD, CHALVET, ...
  • les 155 noëls des Félibres (à partir de 1845) :
    • A.ARNAVIELLE, L.ASTRUC, T.AUBANEL, G.AZAÏS, BASTIÉRA, G.C.BONAPARTE-WYSE, P.BONNET, J.BOREL, A.BOUDIN, M.BOURRELLY, C.BOUSQUET, J.BRUNET, J.CANONGE, J-H.CASTELNAU, CASTIL-BLAZE, B.CHALVET, P.CHASSARY, J.CHEVALIER, L.CONSTANS, DAPROTY, J-J-L.d'ASTROS, J.DESANAT, A.DUMAS, J-H.FABRE, S.FRÉCHIER, X. de FOURVIÈRES, E.GARCIN, J-B.GAUT, A.GAUTIER, M.GIRARD, A.GLAIZE, GLAUP, GRABIÉ, F.GRAS, H.LAIDET, B.LAURÈNS, R.MARCELIN, A.MARIN, A.MICHEL, F.MISTRAL, J.MONNÉ, A.MOQUIN-TENDON, É.RANQUET, C.REYBAUD, RICARD-BÉRARD, J.ROUMANILLE, L.ROUMIEUX, SABATIER, A.TAVAN, F.VIDAL, ...
    • les 17 noëls de Denis-Casimir CASSAN (1852 à 1865)
    • les 9 noëls de l'abbé Félix MARTIN (1854)
    • les 15 noëls de l'abbé Louis-Siméon LAMBERT (1858)
    • les 26 noëls du curé François AUBERT (1866)
    • les 60 noëls d'Antoine-Blaise CROUSILLAT (1880)
    • les 28 noëls du chanoine Emmanuel BERNARD (vers 1920)
  • les 7 noëls de Thibaut PLANTEVIN (2008 à 2019) , S.CALAMEL et P.REYNARD
  • + Autres noëls (Claude-Beninge BALBASTRE, ...)
  • + Cantiques provençaux
    + Les noëls du Comté de Nice.

Écoutes : Voici 8 des plus célèbres chants de Noëls provençaux

Titre

Écoute

Commentaire

Auteur/Compositeur

Interprète

La cambo me fai mau (I'a proun de gènt)

La jambe me fait mal (1668, 1699) ... Nicolas SABOLY / Air de Tonlerontonton J-B.PLANTEVIN

Pastre, pastresso

Berger, bergère (1673) ... Nicolas SABOLY / Air de "Vàutri, fiheto, qu'avès de galant" (Clé du Caveau n°152) J-B.PLANTEVIN

Touro-louro-louro

 

Vite le coq chante (1673) ... Nicolas SABOLY / Air de Bourgogne  

Sant Jóusè m'a di

 

Saint Joseph m'a dit (1671) ... Nicolas SABOLY  

Pèr noun langui

 

Pour ne pas languir le long du chemin (1699) ... Nicolas SABOLY  

Pastre di mountagno

 

Bergers des montagnes (1673) ... Nicolas SABOLY / Air de la Pastouro  
La marcho di Rèi

 

La marche des 3 Rois mages (1743) ... J-F. DOMERGUE / Air de la marche de Turenne  
Un poutoun à l'Enfant Jèsu

 

Un bisous à l'Enfant Jésus (1883) ... Albert RIEUX dit Xavier de FOURVIÈRES  

Comparons un même noël dans plusieurs versions, plusieurs interprétations différentes :

Titre
Interprète
Écoute
Commentaire

La marcho di Rèi
de J-F. DOMERGUE
(1743)


(Voir ou télécharger
la partition)
 
Version ancienne avec instruments traditionnels
BARCATRAILLE
Version folklorique
Les petits chanteurs
Traduction en Français, version chorale
Glenn MILLER et son Big Band
Version Jazz : Big band > Kings March
Georges BIZET (L'Arlésienne)
Orchestre symphonique (19ème siècle)
 
Version arabisante
Jean-Bernard PLANTEVIN
Version provençale moderne

À la fin du XXème siècle et au XXIème, quelques essais ont été réalisés pour créer un spectacle retraçant la naissance du Christ en provençal :

+ Chansons de Noël récentes (après 1950) :

  • Nouvè ensèn / Noël ensemble (2004) [de P.PAUL / S.MANGANELLI] (Noël)
  • Nouvèmbre / Novembre (2018) [de CORTESIA]
  • Nove d'abrieu / Noël d'avril [de J-M.CARLOTTI]
  • Nove dei quatre vents / Noël des quatre vents [de J-M.CARLOTTI] (Noël)
  • Nove de marques [de J-M.CARLOTTI] (Noël)
  • Per nadalet / Pour Noël [de D.LODDO / La Talvera]


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LI PASTOURALO / LES PASTORALES

La pastorale est une représentation théâtrale de la célébration de la Nativité qui évoque la procession des pastres (d'où l'origine des pastorales) vers l'étable où venait de naître le petit enfant Jésus. Sorte de crèche vivante, autrefois jouées pendant, puis avant la messe de minuit, les pastorales sont aujourd'hui jouées après la messe de minuit, dans les semaines qui suivent, entre le 25 décembre et la chandeleur (2 février). Les pastorales sont jouées en langue provençale commune. (On retrouve aussi un langage araméen, c'est-à-dire un parler par image où les symboles sont très présents, aidant le spectateur qui ne comprend pas bien le provençal).

 

>>> Voir Page Spéciale Pastorales (avec chansons de pastorales).

 

NB : Ne pas confondre avec "le genre pastoral" que l'on trouve dans le sud-ouest de la France.

 

 

Li Gènt dou Brès jouant "Benezet".


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NB : Page réalisée avec l'aide de Gilles CALAMEL, Pierre ROUX, André GABRIEL et Jacques BONNADIER.
Cette page a pour but de faire découvrir de manière objective les coutumes traditionnelles de la Provence.
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