INDEX de tous les Troubadours

Les Troubadours et leurs chansons

 

Raimbaut d'Aurenga / Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173) :

Raimbaud d'Orange était comte et seigneur de Courthézon... Il est le plus ancien des troubadours de Provence. Originaire de Montpellier, il hérite d'importants domaines et vient alors se fixer à côté d'Orange. Il reçoit à sa cour des confrères troubadours (comme Pèire ROGIER, Bernard de Ventadour et Giraut de Borneil). Jeune érudit, il fait évoluer le style de l'art de "trouver".
NB : On trouve aussi bien "Aurenga" que "Aurenja".

Extrait de sa "vida" :

"Raimbaut d'Orange fut adroit, instruit, bon chevalier d'armes et plein d'esprit. (...) Il fut bon "trouveur" de vers et de chansons ; mais il s'ingéniait beaucoup à faire des rimes précieuses et fermées. (...) Il se montre trop orgueilleux de son trobar..."

+ Pour en savoir plus...
NB : Ne pas confondre avec trois autres comtes d'Orange qui portent le même nom.

Raimbaud d'Orange

40 chansons (dont 4 partitions de musique)

* Ab nou cor et ab nou talen / Avec un nouveau coeur et avec un nouveau talent :

- Présentation de cette chanson : Chanson de séduction, coquine.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ab nou cor et ab nou talen
Ab nou saber et ab nou sen
Et ab nou bel captenemen
Vuoill un bon vers commensar ;
E qui mos bons nous motz enten
Ben er plus nous a son viven
Qu'us vieills en deu renovellar.

COUBLET N°2 :
Qu'ieu renovel mon ardimen
(Qu'ai novel ab veil pessamen.)
Franc de novel ab ferm parven,
E chantem al novel temps clar
Que·l novels fruitz naison desen
E·l novels critz on Jois s'empren
E·ill auzeill intron en amar.

COUBLET N°3 :
Domn'am que me fai alegrar
Qu'ieu am plus c'om non sap pensar
Tant ben cum ieu am, ni comtar ;
Qu'ieu am la gensor ses conten –
Si Dieus m'am! – e no·i met cuidar
C'ad ops d'amar la·m saup triar
Amors quan nos ajostet gen.

COUBLET N°4 :
D'Amor mi dei ieu ben lauzar
Mais c'ad Amor guizerdonar
Non puosc, qu'Amors m'a si·m ten car.
Da·t Amors per son chauzimen
Mais qu'Amors non pot estojar
A sos ops, Amors, ni donar
Ad autrui don ai cor rizen.

COUBLET N°5 :
Rire dei ieu si·m fatz soven
Que·l cor mi ri neis en dormen,
E midonz ri·m tant dousamen
Que ris de Dieu m'es vis, so·m par,
E si·m ten sos ris plus gauzen
Que si·m rizion catre cen
Angel que·m deurion gaug far.

COUBLET N°6 :
Gaug ai ieu tal que mil dolen
Seriont del mieu gaug manen,
E del mieu gaug tuich miei paren
Viurion ab gaug ses manjar ;
E qui vol gaug sai l'an queren,
Qu'ieu ai tot gaug entieramen
De midonz que ben lo·m pot dar.

COUBLET N°7 :
Dompna, d'als non ai a parlar
Mas de vos, dompna, que baisar
Vos cuig, dompna, quand aug nomnar
Vos, dompna, que ses vestimen
En mon cor, dompna, vos esgar ;
C'ades mi·us veig inz dompn'estar
Vostre bel nou cors covinen.

COUBLET N°8 :
De mon nou vers vuoill totz pregar
Que·l m'anon de novel chantar
A lieis c'am senes talan var.
Dieus m'abais, et Amors, s'ieu men ;
C'autre ris mi semblon plorar,
Si·m ten ferm en gaug ses laissar
Midonz, c'autre drut non cossen.

Ja Dieus mais dompna no·m presen,
Sol gart ma dompn' e mon Joglar !

Dieus gart ma dompna e mon Joglar
E ja mais dompna no·m presen.

COUBLET N°1 :
Emé un nouvèu cor e emé un nouvèu talen ,
Emé un nouvèu
E amé
Vole coumença un bon ver
E
B
Q .

COUBLET N°2 :
Qu'iéu
()
F
E canten
Q
E
E lis aucèu intron en amour.

COUBLET N°3 :
Ame uno
Q
Tant bèn
Q
S
C
A .

COUBLET N°4 :
D'amour me dèu iéu bèn
Mai
N
D
Mai que l'amour .

COUBLET N°5 :
Iéu dèu rire .

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
Madamo,
Mai de vous, madamo, que
V
V
E
C
Voste bèu cor .

COUBLET N°8 :
De moun nouvèu ver, vole tout .

COUPLET N°1 :
Avec un nouveau coeur et avec un nouveau talent,
Avec une nouvelle connaissance et avec un nouveau sens
Et avec une conduite juste et nouvelle,
Je veux commencer un beau vers ;
Et celui qui comprend mes belles paroles nouvelles
est en effet plus jeune dans sa vie :
Car un vieil homme devrait être renouvelé par eux.

COUPLET N°2 :
Je renouvelle mon audace
(Car j'ai de nouvelles intentions avec les anciennes).
Sincères à nouveau, et avec de fermes intentions,
Et chantons la brillante saison à venir ;
Car les nouveaux fruits se poursuivent,
tout comme les nouveaux cris dans lesquels la joie est allumée
Et les oiseaux commencent à aimer.

COUPLET N°3 :
J'aime une dame qui me réjouit
Car j'aime plus qu'on ne pourrait imaginer
- Si bien j'aime - ou dire ;
Car j'aime la femme la plus noble, sans contestation -
alors aidez-moi dieu ! - et je ne suis pas présomptueux à ce sujet,
Car l'amour pourrait bien me mesurer en tant qu'amant
quand il nous correspond si noblement.

COUPLET N°4 :
D'amour, moi je me dois bien louer,
Mais je ne peux pas récompenser l'amour
de me garder et de me tenir cher.
L'amour vous donne, d'après son jugement,
Plus que l'amour ne peut amasser
pour son propre profit, ou donner
À quelqu'un d'autre, de sorte que j'ai le cœur qui rit.

COUPLET N°5 :
Je dois rire, et je le fais souvent,
Car mon cœur rit même en dormant,
Et ma dame me sourit si doucement
Qu'on me montre le sourire de Dieu (ou du moins il me semble)
Et en effet son sourire me rend plus heureux
que si quatre cents anges
engagés à me donner de la joie me souriaient.

COUPLET N°6 :
J'ai une telle joie qu'un millier d'hommes en deuil
Seraient riches de ma joie,
Et de ma joie tous mes proches
Pourraient vivre dans la joie sans nourriture ;
Et celui qui aspire à la joie, qu'il vienne la chercher ici,
Car j'ai vraiment toute la joie
De ma dame, qui peut bien la donner.

COUPLET N°7 :
Madame, je ne devrais parler
Que de vous, madame, car j'imagine que je vous embrasse,
Madame, quand j'entends quelqu'un mentionner
Votre nom, madame que, sans vêtements,
je vois dans mon cœur ;
pour l'instant je vois en moi-même, madame,
Votre beau corps en devenir, nu.

COUPLET N°8 :
De mon nouveau vers, je souhaite aimer tout le monde
aller le chanter à nouveau
À celle que j'aime sans intentions capricieuses.
Que Dieu et l'amour me rejettent si je mens ;
Car les autres rires me ressemblent à des pleurs,
Si fermement ma dame, qui méprise les autres amants,
Me tient fermement dans la joie.

Que dieu ne me montre jamais une autre dame,
Si seulement il garde ma dame et mon jongleur !

Que Dieu garde ma dame et mon jongleur
Et ne me montre jamais une autre dame.

VERSE N°1 :
With a new heart and with a new desire,
With a new knowledge and with a new sense
And with a fair, new conduct
I want to begin a fine verse;
And he who understands my fine new words
Is indeed younger in his life:
For an old man should be renewed by them.

VERSE N°2 :
I renew my daring
(For I have new intentions together with the old).
Sincere again, and with firm intentions,
Let us sing to the bright incoming season;
For the new fruits are carried forth,
And so are the new cries in which Joy is kindled
And the birds begin to love.

VERSE N°3 :
I love a lady who gladdens me
For I love more than one could imagine
– So well I love – or tell;
For I love the most noble woman, without dispute –
So help me god! – and I am not presumptuous about it,
For Love could well gauge me as a lover
When he so nobly matched us.

VERSE N°4 :
I must indeed praise Love
Since I cannot reward Love
For keeping me and holding me dear.
Love gives you, out of his judgement,
More than Love can hoard
For its own profit, or give
To someone else, so that I have a laughing heart.

VERSE N°5 :
I ought to laugh, and so I often do,
For my heart laughs even when sleeping,
And my lady smiles at me so sweetly
That I am showed the smile of god (or so it appears to me)
And indeed her smile keeps me happier
Than if four hundred angels
Committed to giving me joy would smile at me.

VERSE N°6 :
I have such joy that a thousand grieving men
Would be rich with my joy,
And of my joy all my relatives
Could live in joy without food;
And he who longs for joy, let him come seek it here,
For I truly have all joy
From my lady, who well can bestow it.

VERSE N°7 :
Lady, I ought not to talk about anything
But you, lady, for I imagine
I am kissing you, lady, when I hear someone mention
Your name, lady whom, without clothes,
I behold in my heart;
For now I see within myself, lady,
Your beautiful, becoming, naked body.

VERSE N°8 :
About this verse: I wish to endear all
To go sing it anew
To her whom I love with no fickle intentions.
May god and Love cast me down if I lie;
For other laughters look to me like weeping,
So firmly my lady, who scorns other lovers,
Holds me steadfast in joy.

May god never show me another lady,
if only he keeps my lady and my Joglar!

May god keep my lady and my Joglar
and never show me another lady.

Discographie / Enregistrements :
- CD "Ab nou cor" par Franck BRICKLE et le Cygnus Ensemble : Haleh ABGHARI (Ed. Naxos, 2011)


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* Ab vergoinha part marrimentz / Avec honte et détresse :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ab vergoinha part marrimentz
Chantarai, mas eu no·n pusc als ;
Car vergoinha deu ben aver
Qui es en gran benenansa
E puix, ja per dreit ni per tort,
La pert, com c'ama finamentz.

COUBLET N°2 :
Mas eu no paresc tan dolentz
Com so, per que m'en ve grans mals ;
Mas Deus, c'a midons met voler
Que·m faza mala semblanza,
No·m pot mais mal far de mort ;
E d'aquel eus serai jausentz.

COUBLET N°3 :
E si d'aizo no son crezentz
No·n pusc als ; mas Dieus, qu'es leyals,
Me don encar ogan un ver
Colp de cairel o de lanza,
Ho c'om en escut freig m'en port ;
E puix er l'envejos manentz.

COUBLET N°4 :
E qui·l ditz zo qued eu li mentz,
Per que ma dona·m ten per fals –
Mas seinors ! – cal pro pot tener
Qui zo pert per devinanza,
Don bon amic son en descort ?
Et el men suau per las dentz.

COUBLET N°5 :
Mas ples es de vilas talentz
Istz lausengiers ab ditz venals,
Si que un rei cuja valer
S'a totz en ditz en romanza
Zo que·l sembla per fat deport,
Don camja bos cors e bos sentz.

COUBLET N°6 :
Per que, madon', es faillimentz
Qui cre tot cant au dels aitals ;
E vos, s'anc m'ametz jorn ni ser,
Donc com fotz anc en duptanza
Qu'eu faillis vas vos tan de tort ?
Mas zo sai que·us dol mos turmentz.

COUBLET N°7 :
Don vau'nvers e truis examentz
Si que paresc fols naturals ;
E farai totz tems, zo esper,
Tro·m tornetz en alegranza
E·m perdonetz ses mal resort
Lo tort qu'eu non ai, qu'es parventz.

E donc en breu, ses duptanza,
Per merc·m tornatz en acort,
Si no·us platz ma mort o·l valentz !

Car me sen vas Amor ses tort
Vos en prec tan ardidamentz.

COUBLET N°1 :
Amé vergougno .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Avec honte et détresse,
Je chanterai, car je ne peux pas faire autrement :
Car il doit en effet avoir honte
Qui a un grand privilège
Et puis, par le bien ou le mal,
Le perdre, peu importe combien il aime.

COUPLET N°2 :
Mais je n'ai pas l'air aussi misérable
Que moi, c'est pourquoi un grand mal me vient ;
Mais Dieu, qui donne envie
à ma dame de dresser un visage inamical,
Ne peut plus me faire de mal par la mort ;
Et de cela aussi je serai heureux.

COUPLET N°3 :
Et si je ne suis pas pieux là-dedans, 
Je ne peux pas m'en empêcher ; mais que dieu, qui est digne de confiance,
Me donne tout de suite un vrai
Coup de boulon ou de lance,
Ou laisse les gens m'emporter, froid, sur un bouclier ;
Et alors les envieux seront heureux.

COUPLET N°4 :
Et celui qui dit que je lui mens,
car ma dame me considère comme faux -
Mais messieurs ! - À quoi cela sert-il à celui
Qui gâche cela par la connerie,
pourquoi les bons amants sont-ils impliqués ?
Et il est allongé avec suffisance entre ses dents.

COUPLET N°5 :
Mais il est rempli de bas désirs,
Ce calomniateur de paroles perfides,
De sorte qu'il s'imagine digne d'un roi
S'il dit à tout le monde
Ce qu'il imagine de stupide disport,
c'est pourquoi il retourne les bons cœurs et les bons sentiments.

COUPLET N°6 :
Par conséquent, ma dame, il est en faute
Qui croit tout ce qu'il entend de telles personnes ;
Et vous, si à tout moment vous m'aimiez,
Donc comment pourriez-vous même soupçonner
Que je puisse vous échouer si terriblement ?
Mais je sais ceci : que mon tourment vous afflige.

COUPLET N°7 :
C'est pourquoi je suis abattu et écrasé de même,
De sorte que je ressemble à un imbécile né ;
Et je le ferai toujours, j'espère,
Jusqu'à ce que vous me rendiez heureux
Et que vous me pardonniez, sans autre prétention,
La faute que je n'ai pas, comme cela est évident.

Et donc, actuellement, sans hésitation,
Par pitié, renvoyez-moi en votre faveur,
Si vous n'acceptez pas ma mort ou son équivalent !

Puisque je me sens sans faute envers l'amour,
Je vous en supplie si ardemment.

VERSE N°1 :
With shame along with distress
I shall sing, since I can't do otherwise:
for he must indeed be ashamed
who has a great privilege
and then, through right or wrong,
loses it, regardless of how well he loves.

VERSE N°2 :
But I do not seem as wretched
as I am, wherefore a great ill comes to me;
but god, who makes my lady wish
to put up an unfriendly countenance,
can't harm me more by death;
and of that too I shall be glad.

VERSE N°3 :
And if I am not pious in this,
I can't help it; but may god, who is trustworthy,
give me right away a true
stroke of bolt or lance,
or let people carry me away, cold, on a shield;
and then the envious will be happy.

VERSE N°4 :
And he who says I lie to her
(for my lady thinks of me as false)...
but gentlemen! What does it avail one
who ruins this through humbug,
wherefore good lovers are embroiled?
And he is lying smugly through his teeth.

VERSE N°5 :
But he is filled with low desires,
this slanderer with perfidious sayings,
so that he fancies himself worth a king
if he tells everybody in plain words
what he imagines out of stupid disport,
wherefore he turns good hearts and good feelings around.

VERSE N°6 :
Therefore, my lady, he is at fault
who believes all he hears from such people;
and you, if you at any moment loved me,
how could you even suspect
that I could fail you so awfully?
But I know this: that my torment afflicts you.

VERSE N°7 :
Wherefore I am downcast and crushed likewise,
so that I look like a born fool;
and I always shall, this I hope,
until you restore me to happiness
and forgive me, without further claim,
the fault I do not have, as is evident.

And therefore, presently, without hesitation,
for mercy's sake, return me to your favour,
if you don't agree to my death or its equivalent!

Since I feel myself without fault towards Love,
I beg you so ardently in this matter.


[Remonter]

* Aissi mou / Ainsi je commence :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Aissi mou
Un sonet nou,
On ferm e latz
Chansson leu,
Pos vers plus greu
Fan sorz dels fatz.
Q'er er vist,
Pos tan m'es quist,
Cum sui senatz ;
Si cum sol,
Fora mos cors vesatz ;
Mas chamjar l'ai pos quex o vol.

COUBLET N°2 :
Tot m'es nou
Qan vei, si·m mou
Fin'amistatz;
Far posc greu
– ve·us que dic leu –
Mas voluntatz,
Tant ai quist,
Car ai ben vist
C·um poja gratz ;
C'ab mo vol
For'ieu fort aut pojatz !
Anquer es mos gratz lai on sol.

COUBLET N°3 :
Tant ai prim
Mon cor qand rim
Que·ls adiratz
Tem de loing ;
Mas de pres poing,
Cum fos amatz,
Per cel joi
Don fals ni croi
Non an solatz –
Trop derrenc !
Car dic q'ieu l'am ; qu'assatz
Fai si·m sofre q'ieu la·m sovenc.

COUBLET N°4 :
Amors, rim
Co·s vuoilla prim ;
Pos m'etz de latz
En que poing ?
C'ab colp de loing
Son pres nafratz ;
Tot m'es croi
Qan d'autre joi
Sol me tocatz.
Si no·us venc.
Amors, mala fui natz !
Que puosc'amar e mens ric renc !

COUBLET N°5 :
Ges un sou
Non pretz, qan plou
Si·m sui moillatz,
Freig ni neu;
Tant ai pes breu
Del joi qe·m platz ;
Mas, per Crist,
Pos mi fai trist
Cant pes iratz :
"cor ai fol
C'ar am sol ses solatz."
Aissi torn mon bon pens en dol.

COUBLET N°6 :
Era·m plou !
Qe·m fara sou
Trichan ses datz ;
Et, en breu,
Vei cazer neu.
Anz es estatz !
Tant ai trist
Mon cor, per Crist,
Totz sui camjatz –
Q'er ai dol
Et er ai gaug viatz ;
Ve·us m'en savi e ve·us m'en fol.

COUBLET N°7 :
Qand nos vim,
Sempr'es al cim
Mos cors ausatz.
Puois d'als soing
Non ac, ni·s joing
Vas autre latz ;
Per que·m coi ?
C'alres m'enoi :
"Trop l'am – non fatz !"
Lai la tenc
Eu tant cant al cor platz,
C'anc pos la vic d'als no·m sovenc.

COUBLET N°8 :
Sus d'aut cim
Fui quand nos vim,
Jos davallatz
Si no·s joing
So dont ai soing ;
Mas ni guidatz
Lui n'ennoi.
Amors, pro·m coi !
D'ella penssatz ?
No·us sovenc
Anc de las mas mi datz
La mort, c'ar vezetz qe·m sostenc ?

Trop mi tenc
Q'en lai non sui anatz
Saber d'amor s'anc l'en sovenc.

No·m sovenc
Anc d'ela – so sapchatz –
Mas una vetz qe·l vi e·m tenc.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
C'est ainsi que je commence
Un nouveau sonnet
Dans lequel j'enferme et lie
Une chanson simple,
car les vers plus difficiles
rendent les cancres sourds.
Maintenant, cela montrera,
Puisqu'ils me demandent tellement,
À quel point je suis sensible :
comme d'habitude,
si mon cœur était joyeux ;
Mais je vais le changer, puisque tout le monde le souhaite.

COUPLET N°2 :
Tout ce que je vois
est nouveau pour moi ; 
Tant une belle affaire m'agite ;
Je peux à peine avoir
- je parle clairement, vous voyez ? -
à ma façon,
j'ai tant cherché ;
Car j'ai bien vu
Combien sa faveur me soulève ;
si je l'avais à ma façon,
je serais plutôt élevé !
mais sa faveur est toujours là où elle était. 

COUPLET N°3 :
Mon coeur est si doux
lorsqu'il s'embrase
que je crains
de loin les hostiles ;
Mais à portée de main,
oh ! être aimé
Par cette joie
qui ne plaît pas
aux faux et aux méchants !
Je m'égare trop loin !
Car je dis que je l'aime ; et il me suffit
qu'elle supporte le fait que je la rappelle.

COUPLET N°4 :
Amour, j'éclate
aussi bien que quiconque ;
Puisque vous êtes à mes côtés,
pourquoi je m'efforce ?
Car je suis tombé, blessé
d'un coup de loin ;
Je trouve la simple
mention d'autres
joies méchantes.
Si elle n'est pas venue vers toi,
Amour, je suis né dans une mauvaise heure ;
Qu'elle puisse aimer dans un rang moins noble.

COUPLET N°5 :
Cela ne vaut pas un sou
Quand il pleut
Ni du mouillage,
Ni du froid ni de la neige
Tant que j'ai une brève pensée
De la joie que j'aime ;
Mais, par le christ,
cela me rend alors sombre
Quand je considère tristement
"J'ai un cœur insensé
Car je n'aime que seul et sans consolation."
Ainsi je transforme ma pensée agréable en chagrin.

COUPLET N°6 :
Maintenant, il pleut sur moi !
Il me semblerait ensoleillé
en un éclair
Et, dans un instant,
Je vois des chutes de neige.
Bien au contraire, c'est l'été !
Si triste est
Mon cœur, par Jésus Christ,
que je suis un fou total -
pour l'instant je souffre
Et maintenant soudain joyeux ;
Voyez comment cela me rend maintenant sage et fou.

COUPLET N°7 :
Depuis que nous nous sommes vus,
mon cœur est toujours
élevé vers le haut.
Puisque je n'ai eu aucun
autre soin, et je ne me tourne pas
ailleurs,
Pourquoi suis-je affligé ?
Pour quelque chose d'autre me dérange :
« Je l'aime trop - pas tout à fait ! »
Je la garde dans mon cœur
Autant qu'il lui plaît,
Car depuis qu'elle l'a vue, je ne me souviens de rien d'autre.

COUPLET N°8 :
En haut, à une grande hauteur,
j'étais lorsque nous nous sommes rencontrés,
[je serai] abattu
Si ce qui me rend anxieux
ne se produit pas ;
Mais même s'il est correctement instruit,
Je l'ennuie.
Amour, je souffre beaucoup !
Penses-tu à elle ?
Tu ne te souviens jamais que
tu m'apportes
La mort parce que tu vois que je résiste ?

Je me retiens trop
Car je ne suis pas allé là-bas
pour vérifier si elle se souvient de l'amour.

Je ne me souviens
De rien d'elle - sachez cela -
sauf une fois quand je l'ai vue et qu'elle m'a tenue.

VERSE N°1 :
Thus I begin
a new little tune
in which I enclose and bind
a plain song,
for more difficult verses
make dunces deaf.
Now it will show
(since they ask me so much),
how sensible I am:
as usual,
if my heart were merry;
but I shall change it, since everyone wishes so.

VERSE N°2 :
Everything I see
is new to me; so much
a fine affair stirs me;
I can hardly have
– I speak plainly, see? –
it my way,
so much have I sought;
for I have indeed seen
how her favour uplifts me;
if I had it my way,
I would be uplifted rather high!
but her favour is still where it used to be.

VERSE N°3 :
So sweet is
my heart when it flares
that I fear the hostile
people from afar;
but near at hand,
oh! to be loved
through that joy
that doesn't please
the false and wicked!
I am straying too far!
For I say I love her; and it is enough for me
if she bears with the fact that I recall her.

VERSE N°4 :
Love, I flare
as excellently as anyone;
since you are at my side,
why do I strive?
for I have fallen, wounded
by a blow from afar;
I find the mere
mention of other
joys wicked.
If she hasn't come to you,
Love, I was born in an evil hour;
may she be able to love in a less noble rank.

VERSE N°5 :
I don't give
a damn about the rain
and being soaked,
nor about the cold and snow
as long as I have a brief thought
of the joy I like;
but, by Christ,
it makes me then bleak
when I sadly consider
"I have a foolish heart
for I only love alone and without solace".
Thus I turn my pleasant thought into grief.

VERSE N°6 :
Now it pours on me!
It would seem sunny to me
in a flash
and, in a moment,
I see falling snow.
Quite the opposite, it is Summer!
So sad is
my heart, by Christ,
that I am a total lunatic –
for now I'm in pain
and now suddenly joyous;
see how it turns me now wise, now mad.

VERSE N°7 :
Since we saw each other,
my heart is always
uplifted to the top.
Since I had no
other care, nor do I turn
elsewhere,
why am I afflicted?
For something else bothers me:
'I love her too much – not quite!'
I keep her in my heart
as much as it pleases it,
for since it has seen her, I can't recall anything else.

VERSE N°8 :
Up, at a great height
I was when we met,
[I'll be] cast down
if that which makes me anxious
doesn't happen;
but even if instructed properly,
I annoy her.
Love, I suffer greatly!
Are you thinking about her?
Don't you ever remember that
you are bringing me
death because you see that I'm resisting?

I restrain myself too much
for I haven't gone there
to ascertain whether she recalls love.

I can't recall
anything about her – know that –
except once when I saw her and she held me.


[Remonter]

* Al prim que.il timi sorz en sus / Au printemps, le thym sort au sommet :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Al prim qe·il timi sorz en sus
E pel cim prim fueill del branquill,
S'agues raizon, feir'un bon vers ;
Mas ma dona no vol q'eu chan
Mais de leis, ni·l ven a talan ;
E chanz si d'amor non es faig
No val plus com ses domna amars.

COUBLET N°2 :
Com a lei non platz, no·n dic plus.
Sens es tot ab que m'ames ill !
E, per Dieu, si es ben envers
Qe non auz chantar derenan
De lei vas cui sui voitz d'enjan
E cels cui pietz voil – fers, estraig ! –
Er donc oimais voigz mos chantars.

COUBLET N°3 :
Faiziro·l segle de mon us,
Lauzengier fals de faig volpill !
Ai! cant n'auran ja d'amors ters
Ab lur chau parlar devinan !
Per lur ditz van domnas duptan
E an mortz drutz ses colp atraig
Soven per lur fals devinars.

COUBLET N°4 :
C'ant cist fait mil malvatz per us ;
Chamjan de solatz en perilh,
Qe dizon de tort en travers
De cel qe lur er en semblan :
"Domn'es vers q'ieu entenda tan..."
Que·il domna cuig'en tot trasaig
Qe sos amics l'aia espars.

COUBLET N°5 :
Rics hom torna tost en räus
Can sufre c'om se meravill
Qe non s'aussa, mai s'en fait fers
De cels que·i venon cortejan.
Ges non an colpa cil qu'o fan ;
Qe·l segnier n'es de tot forfaig
A cui en coven castiars.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUPLET N°1 :
Au printemps, le thym monte au sommet
et, sur les cimes des arbres, les premières feuilles [poussent] sur les rameaux,
si j'avais un thème, j'écrirais un bon couplet ;
mais ma dame ne veut plus que je chante
à son sujet, et cela ne lui plaît pas non plus ;
et une chanson, si elle ne parle pas d'amour,
ne vaut pas plus que d'aimer sans femme.

COUPLET N°2 :
Puisqu'elle n'aime pas ça, je n'en dis pas plus.
Tout a du sens, car elle m'aime ;
malgré tout, par dieu, il est plutôt tordu
que je n'ose pas chanter davantage
à son sujet envers qui je suis dépourvu de tromperie
et que par ceux que je souhaite le pire aux gens sauvages et bas-nés
mon chant est maintenant inouï.

COUPLET N°3 :
Ils ont vidé mon monde habituel,
[ces] fausses calomnies d'actes lâches.
Ah ! combien se seront-ils détournés de l'amour
avec leurs propos sans fondement ?
À cause de leurs paroles, les dames doutent
et elles ont tué des amants sans coup dur,
souvent, à travers leurs fausses suppositions.

COUPLET N°4 :
Car ils ont enduré mille maux;
ils transforment la gaieté en péril
en disant de manière oblique des choses malades
concernant celles qu'ils ont en tête:
"Madame, c'est ce que j'ai entendu, c'est vrai..."
pour que la dame s'imagine que c'est sûr
que leur amant a l'a exposée.

COUPLET N°5 :
Un gentleman se transforme bientôt en discrédit
s'il laisse les gens se demander
qu'il ne s'exalte pas, mais qu'il est devenu grossier
envers ceux qui visitent sa cour.
Ceux qui le font sont innocents,
car le seigneur, qui devrait être châtié, en
prend tout le blâme.

VERSE N°1 :
When first the thyme shoots up
and, on the tree-tops, the first leaves [shoot up] on the twigs,
if I had a theme, I would write a good verse;
but my lady doesn't want me to sing
about her any more, nor does it strike her fancy;
and a song, if it isn't about love,
isn't worth more than loving without a lady.

VERSE N°2 :
Since she doesn't like it, I say no more.
All makes sense, with her loving me;
still, by god, it is rather twisted
that I don't dare sing further
about her towards whom I am void of deception
and that by those I wish the worst to – savage, low-born people –
my singing is now unheard.

VERSE N°3 :
They have voided my usual world,
[these] false slanderers of cowardly deeds.
Ah! how many will they have turned away from love
with their groundless guess-work talk!
Because of their sayings ladies go doubting,
and they have killed lovers without a tangible blow,
often, through their false guesses.

VERSE N°4 :
For they have inured to ills a thousand;
they turn merriment into peril
by saying in a slanted way ill things
concerning the ones they have in mind:
"Lady, this much I have heard, it is true..."
so that the lady imagines it is for sure
that their lover has exposed her.

VERSE N°5 :
A gentleman soon turns into disrepute
if he suffers people to wonder
that he does not exalt himself, but has grown uncouth
towards those who visit his court.
Those who do so are guiltless,
for the lord, whom ought to be chastised,
takes all the blame of it.


[Remonter]

* Als durs, crus, cozens, lauzengiers / Aux durs, cruels :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Als durs, crus, cozens, lauzengiers
– Enojos, vilans, mals parliers –
Dirai un vers que m'ai pensat ;
Que ja d'als no·i aura parlat,
Qu'a pauc lo cor no m'esclata
D'aisso qu'ieu ai vist e proat
De lur malserva barata.

COUBLET N°2 :
E dirai vos de lur mestiers
Si cum selh qu'en es costumiers
D'auzir e de sufrir lur glat.
Si·m peza, mas non er laissat
Qu'ieu ab mal dir no·ls combata ;
E ja del plus mo·m sapchon grat
Qar mos cors totz non los mata.

COUBLET N°3 :
Lauzenjador fan encombriers
Als cortes et als dreituriers
E a cellas qu'an cor auzat ;
E quecx per aquel eis mercat
A l'autre cobre et aplata
Son verguonhos avol barat –
Aissi son de fer' escata !

COUBLET N°4 :
Per que·y falh totz bos cavaliers
Que·ls cre; q'us non l'es plazientiers
Mas per qu'en traga mielhs son at ;
Qu'il pesson, ist malaürat !
Pus d'als non val una rata
Des que·l fara so voluntat
O·lh dira lauzenja grata.

COUBLET N°5 :
D'autres n'i a que van estiers,
Que·s fa quecx cortes ufaniers ;
Que per outracujar mot fat,
O cuj'aver mielhs guazanhat
Cel qu'a plus la lengua lata
En dir de partir l'amistat
De cels en cui Jois s'afata.

COUBLET N°6 :
Que·ls plus pros e·ls plus gualaubiers
Vei de lauzenjar prezentiers ;
E pes me d'ome c'a amat :
Cum pot far amador irat ?
Mas ges (qui n'en crit ni·n glata !)
Non amon tug cil qu'an baizat –
So sap sidons na Lobata.

COUBLET N°7 :
Tal cug'esser cortes entiers
Qu'es vilans dels quatre ladriers,
Et a·l cor dins mal ensenhat ;
Plus que feutres sembla sendat
Ni cuers de bou escarlata
Non sabon mais que n'an trobat –
E quecx quo·s pot calafata.

COUBLET N°8 :
Pos non aus mos durs deziriers
Dir, tan tem que·l dans fos dobliers,
Maldirai los en luec d'aurat ;
E Dieus – quar fara caritat –
Los maldiga e·ls abata
Sai, e pueys lai en Neiron prat
On recebran deliurata.

COUBLET N°9 :
Palharet, non ges gran palhiers,
D'aquest vers ompli tos paniers
E porta tot ton col cargat
A'n Girart, de cuy ai peccat,
A Perpinhan part Laucata.
E di·l (per que m'aia comprat)
Qu'el cassa·s e'n desbarata.

COUBLET N°10 :
Ben chant (qui que s'en debata)
Dels lauzengiers qu'an Joi baissat
Del suc entro la sabata.

Joglar, s'eu ja cautz sabata,
Qi no·us ve pauc a cavalgat,
Ni sap per qe se debata.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Aux calomniateurs durs, cruels et échaudants
- Ennuyeux, vils, qui parlent mal -
Je chanterai une chanson que j'ai imaginée ;
Car il ne traitera aucun autre sujet,
Parce que mon cœur est sur le point d'éclater
À cause de ce que j'ai vu et vécu
De leur mauvaise ruse.

COUPLET N°2 :
Et je vais vous parler de leurs actions en
tant qu'habitant habitué
à entendre et à endurer leur discours dur.
Cela me chagrine, mais je ne renoncerai pas
À les combattre avec de mauvaises paroles ;
Et qu'ils ne me soient pas reconnaissants
Car je ne les tue pas tous.

COUPLET N°3 :
Les calomniateurs entravent le progrès
des hommes nobles et justes
Et de ces dames dont le cœur est audacieux ;
Et chacun, à travers cette supercherie,
cache et cache aux autres
Sa propre trahison honteuse et méchante -
une "race" si odieuse qu'ils sont !

COUPLET N°4 :
Il fait une erreur, tout bon chevalier
Qui les croit; car aucun d'eux n'est courtois
Mais à son avantage ;
Car ils pensent : "Quel idiot !"
et ne le considérez pas comme quelque chose
D ès qu'il fait ce qu'il veut
Ou qu'il raconte un scandale intéressant.

COUPLET N°5 :
Il y en a d'autres qui font autrement :
chacun se considère comme noble et fier,
Car, à travers la présomption la plus stupide,
ils pensent qu'il a le mieux mérité
qui a la langue la plus large
Pour dire ce qui rompt l'amitié
De ceux dans lesquels la joie est née.

COUPLET N°6 :
Car je vois les plus audacieux et les plus riches
disposés à calomnier ;
Et je pense à un homme qui a aimé :
"Comment peut-il rendre les amants tristes ?"
Cependant (peu importe qui pleure et se dispute sur le sujet),
pas tous les amoureux qui ont fait l'amour,
comme le sait bien Dame Lobata.

COUPLET N°7 :
On pense qu'il est tout un gentleman
Qui est né aux quatre-quarts de la base
Et qui a un cœur dur en lui ;
moins que le feutre ne ressemble au taffetas
ou à la laine écarlate en cuir de bœuf
savent-ils quoi que ce soit, à moins qu'ils ne l'aient inventé,
Et chacun calfeutre aussi bien qu'il le peut.

COUPLET N°8 :
Comme je n'ose pas exprimer mon vif désir,
j'ai tellement peur de doubler les dégâts,
Je les maudirai comme un homme désemparé ;
Et que Dieu - ce serait un acte de charité -
Les maudisse et les jette
Ici et là, dans les Champs-Élysées
O ù ils recevront leur dû.

COUPLET N°9 :
Palharet, pas une grosse pile de paille,
remplis tes paniers de ce verset
Et apporte tout ton cou chargé
À monsieur Girart, qui m'a fait du tort,
À Perpignan, aux alentours de Leuchate.
Et dites-lui (pour que nous soyons encore)
Qu'il s'éloigne et fasse une mauvaise affaire.

COUPLET N°10 :
Je chante bien (celui qui peut le nier)
Des calomniateurs qui ont fait descendre Joy
De la couronne de la tête à la chaussure.

Jongleur, alors je ne porterai jamais de chaussures !,
Celui qui ne vous voit pas a peu monté à cheval
et ne sait pas pourquoi ils se disputent.

VERSE N°1 :
To the hard, cruel, scalding slanderers
– annoying, vile, ill-speaking –
I will sing a song I have devised;
for it shan't treat any other subject,
for my heart is about to burst
because of what I have seen and experienced
of their evil trickery.

VERSE N°2 :
And I shall tell you about their doings
as one who is used to them,
to hearing and enduring their harsh talk.
It grieves me, but I shan't renounce
fighting them with ill talk;
and let them not be grateful to me
because I do not kill them all.

VERSE N°3 :
Slanderers hamper the progress
of the noble and righteous men
and of those ladies whose heart is daring;
and each, through this very trickery,
covers and hides from the others
his own shameful, wicked treachery –
such a heinous breed they are!

VERSE N°4 :
He makes a mistake, every good knight
who believes them; for none of them is courteous
but for his own advantage;
for they think "What a fool!"
and don't consider him worth anything
as soon as he does what they want
or tells of some interesting scandal.

VERSE N°5 :
There are others who do otherwise:
each thinks of himself as noble and proud,
for, through most stupid presumption,
they think he has best deserved
who has the broadest tongue
in saying what breaks the friendship
of those in whom Joy is born.

VERSE N°6 :
For I see the most daring and most munificent
disposed to slander;
and I think, of a man who has loved:
"how can he make lovers sad?"
However (no matter who cries and wrangles on the subject),
not all love who have made love,
as my Lady Lobata knows well.

VERSE N°7 :
One thinks he is a whole gentleman
who is four-quarters base-born
and has a churlish heart within;
less than felt resembles taffeta
or ox-leather scarlet wool
do they know anything, unless they have invented it,
and each caulks as well as he can.

VERSE N°8 :
Since I do not dare express my harsh desire,
so much I fear to double the damage,
I shall curse them as a distraught man;
and may god (it would be a charitable act)
curse them and cast them
down, here and there, in the Elysian Fields
where they shall receive their due.

VERSE N°9 :
Palharet, not a big straw stack,
fill your baskets with this verse
and bring all your laden neck
to Sir Girart, who has wronged me,
in Perpignan, around Leuchate.
And tell him (so that we may be even)
that he is driving himself away and making a bad bargain.

VERSE N°10 :
I sing well (whoever may deny it)
of the slanderers who have brought Joy down
from the crown of the head to the shoe.

Joglar – so may I never wear shoes! –
he who doesn't see you has ridden little
and doesn't know why they dispute.


[Remonter]

* Amics, en gran cossirier / Ami, je suis dans une grande angoisse :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Amics, en gran cossirier
Suy per vos, et en greu pena ;
E del mal q'ieu en sufier
No cre que vos sentatz guaire.
Doncx, per que·us metetz amaire,
Pus a me laissatz tot lo mal ?
Quar amdui no·l partem egual ?

COUBLET N°2 :
Don', Amors a tal mestier,
Pus dos amicx encadena,
Que·l mal q'an e l'alegrier
Sen chascus, so·ill es vejaire.
Qu'ieu pens, e non suy guabaire,
Que la dura dolor coral
Ai eu tota a mon cabal.

COUBLET N°3 :
Amicx, s'acsetz un cartier
De la dolor que·m malmena,
Be viratz mon encombrier ;
Mas no·us cal del mieu dan guaire ;
Que – quar no m'en puesc estraire –
Cum que·m an vos es cominal –
An me ben o mal atretal.

COUBLET N°4 :
Dompna, quar yst lauzengier,
Que m'an tout sen et alena,
Son uostr'anguoyssos guerrier
Lays m'en, non per tala vaire ;
Qu'ar no·us suy pres, qu'ab lur braire
Vos an bastit tal joc mortal
Que no jauzem jauzen jornal.

COUBLET N°5 :
Amicx, nulh grat no·us refier,
Quar ia·l mieus dans vos refrena
De vezer me, que·us enquier.
E si vos faitz plus guardaire
Del mieu dan qu'ieu no vuelh faire,
Be·us tenc per sobreplus leyal
Que no son silh de l'Espital.

COUBLET N°6 :
Dona, ieu tem a sobrier –
Qu'aur perdi, e vos arena –
Que per dig de lauzengier
Nostr'amor tornes en caire ;
Per so dey tener en guaire
Trop plus que vos, per Sanh Marsal,
Quar etz la res que mais me val.

COUBLET N°7 :
Amicx, tan vos sai leugier
E fait d'amoroza mena
Qu'ieu cug que de cavalier
Siatz devengutz camjayre ;
E deg vos o ben retraire
Quar ben paretz que pessetz d'al
Pos del mieu pensamen no·us cal.

COUBLET N°8 :
Dona, ja mais esparvier
No port, ni cas ab serena,
S'anc pueys que·m detz joi entier
Fui de nulh' autr' enquistaire ;
Ni no suy aital bauzaire,
Mas per enveja·l deslial
M'o alevon e·m fan venal.

Amicx, creirai vos per aital
Qu'aissi·us aya tostemps leyal.

Dona, aissi m'auretz leyal
Que ja mais non pensarai d'al.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
Cher ami, je suis dans une grande angoisse
et dans une grande angoisse à cause de vous ;
Et je ne pense pas que vous soyez du tout affecté
par les maux dont je souffre.
Eh bien, pourquoi prenez-vous à aimer
seulement pour me laisser toute la douleur ?
Pourquoi ne le partageons-nous pas tous les deux également ?

COUPLET N°2 :
Madame, l'amour agit de telle manière,
en liant deux amants,
Que chacun ressent, à son avis,
toute la douleur et tout le bonheur.
Car je pense, et je ne suis pas vantard,
Que toute la charge de ce dur chagrin
est sur mes épaules.

COUPLET N°3 :
Cher ami, si vous aviez un quart
De la douleur qui me frappe,
vous verriez mon nœud ;
Mais vous ne vous souciez pas du tout de mes maux ;
Car - puisque je ne peux pas m'extirper -
Comment je suis est tout de même pour vous :
bon ou mauvais, peu importe.

COUPLET N°4 :
Madame, c'est parce que ces calomniateurs,
Qui ont emporté mon sens et mon courage,
Sont vos ennemis implacables
que je le laisse faire, non par inconstance ;
pour l'instant je ne suis pas à vos côtés car, avec leur bravoure,
ils ont mis en place de tels accrocs mortels pour vous
Que nous ne profitons pas d'un seul jour heureux.

COUPLET N°5 :
Cher ami, vous ne me trouverez pas le moins du monde reconnaissant,
Car le mal qui m'arrive ne vous empêche pas
De me voir, ce que je vous demande de faire.
Et si vous agissez comme un meilleur gardien de
mon mal que moi,
je vous considère comme beaucoup plus loyal
Que les chevaliers de l'hôpital.

COUPLET N°6 :
Madame, je crains beaucoup plus -
Puisque je risque l'or, et vous que le sable -
Que, à cause des paroles d'un calomniateur,
Notre amour puisse mal tourner ;
donc je dois être bien plus
alerte que toi, par Saint Martial,
Car tu es ce que j'apprécie le plus.

COUPLET N°7 :
Ami, je sais que tu es si frivole
Et adonné aux escapades
Que je crois que, de chevalier,
Vous êtes devenu changelin ;
Et je vous le reprocherai,
Car vous avez certainement l'air de penser à autre chose,
car vous ne vous souciez pas de ma douleur.

COUPLET N°8 :
Madame, puis-je ne jamais porter
un autour des palombes ou chasser avec un faucon
Si jamais, après que tu m'as donné toute ma joie,
Je suis allé après toute autre femme ;
Je ne suis pas non plus un tel Don Juan :
c'est par envie que les revêtements m'attribuent
cela, et me décrivent comme vil.

Cher ami, je te croirai à condition
Que tu me sois toujours fidèle.

Madame, vous m'avez été si fidèle
Que je ne penserai à rien d'autre.

VERSE N°1 :
Friend, I am in great anguish
and in heavy throes because of you;
and I don't think you are at all affected
by the ills I suffer.
Well, why do you take to loving
only to leave all the pain to me?
Why don't we both share it equally?

VERSE N°2 :
Lady, Love acts in such a way,
when linking two lovers,
that each feels, in his own opinion,
all the pain and all the happiness.
For I think, and I am no braggart,
that the entire load of this harsh heartache
is on my shoulders.

VERSE N°3 :
Friend, if you had one quarter
of the pain that batters me,
you would see my crux;
but you don't care about my ills at all;
for – since I cannot extricate myself –
how I am is all the same to you:
good or bad, it doesn't matter.

VERSE N°4 :
Lady, it is because these slanderers,
who have taken away my sense and courage away,
are your implacable enemies
that I let it be, not out of fickleness;
for now I'm not by your side because, with their braying,
they have set up such deadly snags for you
that we don't enjoy a single happy day.

VERSE N°5 :
Friend, you shan't find me in the least grateful,
for harm to me doesn't stop you
from seeing me, which I am asking you to do.
And if you act as a better guardian
against my harm than I do,
I consider you as much more loyal
than the knights of the Hospital.

VERSE N°6 :
Lady, I fear more greatly –
since I risk gold, and you but sand –
that, because of the words of a slanderer,
our love might turn out badly;
therefore I must be so much more
alert than you, by Saint Martial,
for you are the thing I value the most.

VERSE N°7 :
Friend, I know you to be so frivolous
and given to escapades
that I believe that, from a knight,
you have become a changeling;
and I shall indeed reproach you for it,
for you certainly look like you are thinking of something else,
since you don't care about my sorrow.

VERSE N°8 :
Lady, may I never carry
a goshawk or hunt with a falcon
if ever, after you gave me full joy,
I went after any other woman;
nor am I such a Don Juan:
it is out of envy that the turncoats
attribute this to me, and portray me as vile.

Friend, I shall believe you on condition
that you may be forever loyal to me.

Lady, you will have me so loyal
that I shan't ever think about anything else.

Discographie / Enregistrements :
- CD "Troubadours des XIIe et XIIIe siècles" (Vol.3) par Gérard ZUCHETTO (Ed. VDE-Gallo, 1993)


[Remonter]

* A mon vers dirai chansso / À mon vers, je dirai : "Chanson" :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
A mon vers dirai chansso
Ab leus motz ez ab leu so
Ez en rima vil'e plana
(Puois aissi son encolpatz
Qan fatz avols motz als fatz),
E dirai so q'en cossir –
Qui qe·m n'am mais o·m n'azir !

COUBLET N°2 :
D'amar tornon en tensso
Cill on anc Amors non fo
Plus q'en mi obra vilana,
E ditz qecs "i·en teing los datz" ;
En sai mais que nuills hom natz,
Perqe·m platz a devezir
D'aco q'eu a moutz n'aug dir.

COUBLET N°3 :
E si torn en ochaizo
Cel dig qe·m fai plus fello,
No m'o tengatz ad ufana ;
Car per trops es autrejatz ;
C'alz mais aug dir (e no·m platz)
Que dompna se vol aucir
Que ric home deign' auzir.

COUBLET N°4 :
Qecs a dreig que se·n razo,
Mas vers venz qui be·l despo,
Ez ieu dic paraula sana :
Que mieills deu esser amatz
Rics hom francs ez enseignatz
Qu·il pot pro e bel chausir
Per dompna q'aus precs soffrir.

COUBLET N°5 :
Mas dompna c'am' a lairo,
Ab semblan de traïzo,
Non deu jes esser autana ;
Mas en bas luoc se solatz
Si que sia sos coingatz
E qe·i puosc' endevenir
La nuoich e·l jorn ses dezir.

COUBLET N°6 :
Anc dompna, qui q'en sermo,
Per nuill ric home non fo,
Ni tornet de pretz, sotana ;
Ez ieu sai, ez es vertatz :
Deu pros cavalliers privatz,
Vista tal dompna,·s delir ;
C'om se·n degra sepeillir.

COUBLET N°7 :
E dirai en mais ? – ieu no !
Ar en aquesta sazo !
Mas si negus hom si vana
C'ab me se·n contrast'iratz
Adoncs m'auziretz viätz
Tals motz per me ses mentir
C'om non poiria cobrir.

COUBLET N°8 :
Dieus retenc lo cel el tro
A sos ops ses compaigno,
Ez es paraula certana,
C'a mi donz laisset en patz
C'a seignoriu vas totz latz,
Qe·l mons totz li deu servir
E sos volers obezir.

COUBLET N°9 :
Ja de mort ni de preiso
No·m gart Dieus, ni gaug no·m do
Si mi donz, qe·m te ses cana,
No val pro mais c'autr'assatz,
Segon q'eu cre ; e sapchatz
Que totz hom que la remir
S'enten en lieis al partir.

Dompna, ieu vos dei grazir
So q'ieu sai ben far e dir.

E si·m datz ab lonc desir
Lo ben qe·m degratz offrir.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
J'appellerai mon vers « chanson »,
Avec des mots faciles et une mélodie facile
Et dans une rime basse et simple
(Puisque je suis tellement accusé
Quand je chante des mots difficiles à l'imbécile)
Et je dirai ce qui est dans mon cœur,
Quiconque peut détester moi ou aime-moi pour ça.

COUPLET N°2 :
Ceux en qui l’amour n’a jamais été,
pas plus qu’un acte de base en moi,
Se sont mis à débattre de l’amour
Et chacun prétend : « Je tiens les dés ! » ;
J'en sais plus que quiconque,
donc cela me fait plaisir de parler
De ce que j'entends beaucoup de gens dire.

COUPLET N°3 :
Et si je conteste
Ce qui me contrarie le plus,
Ne me considérez pas comme vantard,
Car il est prétendu par trop de gens :
Car j'entends la plupart des gens dire (et je n'aime pas)
Qu'une femme cherche à tuer sa [réputation]
Qui daigne écouter un noble.

COUPLET N°4 :
Tout le monde a le droit d'en discuter
Mais celui qui expose bien l'affaire gagne la vérité
Et je dis des mots judicieux :
Qu'une femme qui écoute une supplication
devrait plutôt aimer
un gentleman honnête et bien élevé
qui peut choisir noblement et à son avantage.

COUPLET N°5 :
Mais une femme qui aime furtivement
et qui fait croire à la trahison
ne doit pas être hautaine ;
laissez-la trouver son plaisir dans un endroit humble,
avec son beau-frère même,
afin qu'il puisse trouver satisfaction
nuit et jour, sans nostalgie.

COUPLET N°6 :
Quiconque peut prêcher à ce sujet, n'a jamais été
une femme abaissée ou influencée
par un gentleman ;
que je sais, et c'est vrai :
un digne chevalier, intime avec elle,
à la vue d'une telle femme, devrait se défaire,
car il faudrait aller dans sa tombe pour cela.

COUPLET N°7 :
Et dois-je en dire plus ? Pas moi !
Pas maintenant !
Mais si quelqu'un se vante de se
disputer avec moi dans un conflit qui fait rage
Donc vous entendrez tout de suite de moi
Des mots, en vérité, tels
Que l'on ne pourrait pas se cacher.

COUPLET N°8 :
Dieu a gardé le ciel et le firmament
pour lui-même, sans compagnon,
Et c'est un certain fait,
Car il a laissé, paisiblement, à ma dame
de dominer partout ailleurs.
Car tout le monde doit la servir
Et obéir à son souhait.

COUPLET N°9 :
Ni par la mort ni par l'emprisonnement,
que Dieu me garde et ne me donne jamais de joie
Si ma dame, qui me garde sans cheveux blancs,
Ne vaut pas beaucoup plus que les autres,
Comme je le crois ; et sachez
Que celui qui la voit
est amoureux d'elle quand il part.

Madame, je dois vous remercier
pour ce que je peux faire et bien dire.

Et si vous me donnez, après un long désir,
le trésor que vous devez m'offrir...

VERSE N°1 :
I shall call my verse 'song',
with easy words and easy melody
and in a base and simple rhyme
(for I am so accused
when I sing difficult words to the fool)
and I shall say what is in my heart,
whoever may hate me or love me for it.

VERSE N°2 :
Those in whom love never was,
not any more than a base deed [ever was] in me,
have taken to disputing about loving
and each claims "I hold the dice!"
I know more about it than anyone ever
so that it pleases me to speak
of what I hear many people say.

VERSE N°3 :
And if I dispute
what irks me most
don't think of me as boastful,
for it is purported by too many:
for I hear most people say (and I don't like it)
that a lady seeks to kill her [reputation]
who deigns to listen to a nobleman.

VERSE N°4 :
Everyone has a right to discuss it
but he who exposes the matter well wins the truth
and I say sound words:
that a woman who listens to an entreaty
should rather love
an honest, well-bred gentleman
who can choose nobly, and to her advantage.

VERSE N°5 :
But a woman who loves furtively,
and makes it look like treason
ought not to be haughty;
let her find her pleasure in a lowly place,
with her brother-in-law, even,
so that he might find satisfaction
night and day, without yearning.

VERSE N°6 :
Whoever may preach about it, never was
a woman lowered or swayed
from worth by a gentleman;
that I know, and it is true:
a worthy knight, intimate with her,
at the sight of such a woman should undo himself,
for one would have to go to his grave for it.

VERSE N°7 :
And shall I say more? Not I,
not now!
But if anyone boasts
that he'd argue with me in a raging dispute
so will you hear from me, right away,
words, in truth, such
as one wouldn't be able to hide.

VERSE N°8 :
God kept heaven and the firmament
for himself, with no companion,
and it is a certain fact,
for he left, peacefully, to my lady
to dominate everywhere else.
For all the world ought to serve her
and obey her wish.

VERSE N°9 :
Neither from death nor from imprisonment
let god guard me, nor ever give me joy
if my lady, who keeps me without white hair,
isn't worth much more than the others,
as I believe. And know
that whoever beholds her
is in love with her when he departs.

Lady, I must thank you
for what I can do and say well.

And if you give me, after long desiring,
the treasure the you ought to offer me...


[Remonter]

* Amors, cum er ? Que faray ? / Amour, que se passe-t-il ? Que faire ? :

- Titres possibles :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Amors, cum er ? Que faray ?
Morrai frescx, joves e sas,
Enaissi dins vostras mas ?
Oc ! Murir, si·m pliu per vos !
Ades m'i pleu pauc mos pros ;
E totz temps, tan cum ieu viva,
Cum que m'en an, m'i pliuray.

COUBLET N°2 :
Per qu'ieu fauc avol essai
Pos aissi vos suy humas ;
Qu'en feyratz s'ie·us fos trefas,
Mals e felhs ez ergulhos ?
Fora·n plus aventuros –
Oc ! So·m par, pos ar esquiva
M'es, quar ves vos franc cor ay.

COUBLET N°3 :
Ades mi datz plus d'esmay
On mielhs suy ves vos sertas.
E fauc hi ben que vilas,
Quar per mal suy amoros.
Mas no say esser anctos
Vas vos, qu'ades recaliva
Mos leus cors on piegz m'en vay.

COUBLET N°4 :
Mas vos avetz – don morrai,
Amors–l'us de Barrabas ;
Que·ls vostres faitz soteiras
– qu'estan mal, per qu'ieu viu blos –
No faitz ges als plus iros,
Mas ves aquels etz ombriva
Qu'avetz en poder ses play.

COUBLET N°5 :
Per que, si·m peza, dirai,
Amors, tan ves vos que cas :
Ades o dic – suy auras
De vos ; q'anc mala sai fos
Vostr'aventura mest nos !
E tem a dir... quals ? – c'om pliva
So que·us cofon e·us dechay.

COUBLET N°6 :
Mas ieu o dic; e si·n bray
Ni m'en desmen hom vilas,
Vengua armatz en us plas ;
E sia orbs o gelos,
S'ieu no volri'esser jos,
Vencutz ; qui·s vol, so escriva ;
Sol vers no fos si·m n'esglay.

COUBLET N°7 :
Mas non es de mar en sai,
Ni lay on es flums Jordas,
Sarrazis ni crestias
Qu'ieu non venques tres o dos ;
E s'ai dig que enojos,
Ma grans dolors m'en abriva
Que·m fai ver dir e no·m play.

COUBLET N°8 :
E s'ieu en fauc semblan guay
Ni·m depenh cueynhdes e vas,
Si tot m'ai bos ermitas
Estat et enquar ploros ;
E bos hom religios
Serai (tot per gent geliva)
Tostemps, si·l cor no m'en tray.

E ma chanso si no fos
Alques ves Amor esquiva,
Tengra ves Rodes en lay

Comtessa nominativa,
Pros e bell'ab cor veray.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Amour, que va-t-il se passer ? Que dois-je faire ?
Dois-je mourir entre mes mains,
Jeune et en bonne santé, comme ça, entre vos mains ?
Oui ! La mort, si je te fais confiance !
Maintenant ma valeur me promet peu avec elle ;
Pour toujours, aussi longtemps que je vivrai,
peu importe comment je vais, je vais lui faire confiance.

COUPLET N°2 :
Je fais la mauvaise chose
en étant si gentil avec vous ;
Que feriez-vous si j'étais perfide,
diabolique, néfaste et hautaine ?
Serais-je plus chanceux ?
Oui ! Il me semble, car maintenant elle est tendue envers moi
parce que j'ai un cœur sincère envers toi.

COUPLET N°3 :
Maintenant tu me consternes le plus
L à où je te suis le plus fidèle.
Et j'agis, en effet, comme une churl dedans,
car je suis amoureux à mon détriment.
Mais je ne peux pas agir honteusement
envers vous, car maintenant mon cœur volage
est ravivé là où les choses vont le pire pour moi.

COUPLET N°4 :
Mais vous avez - et ce sera ma mort, mon
Amour - l'habitude de Barabbas,
Que vous ne gardez pas vos tours les plus sournois
- Qui sont méchants et me font vivre malheureusement -
pour les plus rebelles,
Mais vous êtes cruelle à ceux
Que vous avez incontestablement en votre pouvoir.

COUPLET N°5 :
C'est pourquoi, bien que cela m'attriste, je vous parlerai,
Amour, à la manière d'un bâtard :
Maintenant je le dis : vous m'avez rendu
fou ; maudite soit à jamais
Votre fortune parmi nous ;
Et je redoute de dire... quoi ? - Que l'on décrie
Ce qui vous confond et vous déconcerte.

COUPLET N°6 :
Mais je le dis ; et si je le décrie
et que tout homme bas-né s'y oppose,
qu'il vienne armé dans les listes,
et, qu'il soit aveugle ou jaloux,
mord la poussière, si je ne veux
pas perdre ; et que celui qui veut l'écrire à
moins que ce soit quelqu'un dont j'ai peur.

COUPLET N°7 :
Mais il n'y a pas, de ce côté-ci de la mer,
Ni là où coule le Jourdain des
Sarrasins ou des Chrétiens
Que je ne peux vaincre par paires ou trios ;
Et si j'ai parlé comme un homme grossier,
Ma grande douleur, qui me fait dire la vérité
et ne me plaît pas, m'y pousse.

COUPLET N°8 :
Et je fais semblant d'être joyeux
et je me considère comme gai et volage,
bien que j'aie été un ermite pieux 
Et beaucoup de larmes ;
Et je serai un homme bon
de l'église (tout cela, à cause des gens jaloux),
Toujours, si mon cœur ne m'en empêche pas.

Et si ma chanson n'était pas
un peu dure envers l'amour,
elle serait tenue, autour de Rodez,

Par une comtesse de haut rang,
Noble, belle et vraie de cœur.

VERSE N°1 :
Love, what will happen? What shall I do?
Shall I die in my prime, young and healthy,
like this, in your hands?
Yes: death, if I trust in you!
Now my worth promises me little with her;
still, forever, as long as I live,
no matter how I fare, I'll put my trust in her.

VERSE N°2 :
I do the wrong thing
in being so kind to you;
what would you do if I were treacherous,
evil, nefarious and haughty?
Would I be more fortunate?
Yes, it seems to me, for now she's uptight towards me
because I have an earnest heart towards you.

VERSE N°3 :
Now you dismay me the most
where I am most faithful to you.
And I act, indeed, like a churl in it,
for I am in love to my detriment.
But I cannot act shamefully
towards you, for now my fickle heart
is rekindled where things go worst for me.

VERSE N°4 :
But you have – and that'll be the death of me,
Love – Barabbas' habit,
that you don't keep your most underhand tricks
– which are mean, and make me live unhappily –
ever for the most begrudging ones
but you are cruel to those
whom you have undisputedly in your power.

VERSE N°5 :
Wherefore, although it grieves me, I shall speak,
Love, to you in the manner of a mongrel:
now I say it: you've driven me
insane; cursed be forever
your fortune among us;
and I dread to say...what? – Let one decry
that which confounds and abashes you.

VERSE N°6 :
But I do say it; and if I decry it
and any low-born man objects,
let him come armed into the lists,
and, be he blind or jealous,
bit the dust, if I don't wish
to lose; and let he who wants write this down
unless it is somebody I'm afraid of.

VERSE N°7 :
But there aren't, on this side of the sea,
nor there where the river Jordan flows
Saracens or Christians
that I can't vanquish in pairs or trios;
and if I have spoken like a boorish man,
my great pain, which makes me tell the truth
and doesn't please me, drives me to it.

VERSE N°8 :
And I do pretend to be merry
and put myself down as cheerful and fickle,
although I have been a pious
hermit, and much tearful;
and I shall be a good man
of the church (all this, because of jealous people),
always, if my heart doesn't keep me from it.

And if my song were not
somewhat harsh towards love,
it would be held, around Rodez,

By a high-ranking countess,
noble, beautiful and true of heart.

Discographie / Enregistrements :
- CD "Trobar 1 : Chansons des troubadours" par Jan-Maria CARLOTTI et Michel MARRE (Ed. Silex / Auvidis / naïve / Believe, 1995)


[Remonter]

* Apres mon vers vueilh sempr'ordre / Après mon couplet, je veux tout de suite :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Apres mon vers vueilh sempr'ordre
Una chanson leu per bordre
En aital rima sotil ;
Mas ges non ai'us de tordre
Si·m pert ma par ni·m ten vil
Q'ieu vas mon miels no·m apil.

COUBLET N°2 :
Qar ? No sai qant m'ai a viure,
Per qe mon cors al cor liure ;
E sapcha·n guidar dretz fil
Mos volers, e non s'ature
Mas en valen seinhoril ;
Q'om no·s iau de son cortil.

COUBLET N°3 :
Soven pens q'ailhors mi derga,
E pueis Amors ten sa verga,
Qe·m n'a ferit de grieus pols,
E·m ditz c'ap mals no·m aerga ;
Q'ieu non sui escarniz sols
Q'escarnitz fon ia n'Aiols.

COUBLET N°4 :
Cil qi m'a vout trist-alegre
Sap mais qu'i vol sos ditz segre
Qe Salamos ni Marcols
De fatz ric ab ditz entegre :
E cai leu d'aut en la pols
Qi·s pliu en aitals bretols.

COUBLET N°5 :
Qe·m val q'ailhor non puesc creire ?
Q'anc no frais copa de veire
Plus tost q'Amors frainh e rom –
Mas si·l plaz qe·l mal cor meire
Il sap lieu soudar ses plom ; –
Mas ha mi soudat trop som.

COUBLET N°6 :
Viatz m'assajer'a volvre
S'Amors me volges absolvre ;
Mas, pres en loc de colom,
Me fai de seschas envolvre,
Qe no·m gic penr'un sol tom,
E m'apella per mon nom.

COUBLET N°7 :
– Mal dic ; tainh qe m'en peneda –
Non ! – Per qe ? – Mos cors m'o veda. –
Amors me tol qe·m ten trist. –
Qi·t tol, non cug qe t'o reda. –
So·m tol qe plus l'aurai qist –
No·t tol so q'anc non agist.

COUBLET N°8 :
Si aic gaug, qe·m tol e·m merma
Qar mos talenz no·m aserma.
Ben ai fol talan, per Crist,
Qar mos cors miels no s'aferma
En lai on faz gen conqist
Q'en sai on ai mon dan vist.

COUBLET N°9 :
A Dieu prec qe mos precs auja :
Q·el vueilh'e don q'ieu m'en gauja
Lai on son volgutz amics !
Qar – ja·l sieus fins cors s'esflauja –
Totz autres trop noms plus rics,
E non o dic ges enics.

COUBLET N°10 :
Cel Dieus qi fes terr'e aiga,
Caut e freig, gent clergu'e laiga :
Afol sels qe desabrics ;
C'ama voluntat veraiga
E ab cubertz fals presics,
Fan dan als drutz e destrics.

Domna, franca res veraiga
Eu que·us sui verais amics
A vos mi ren totz antics.

Plus qe ja fenis fenics
Non er q'ieu non si'amics.

COUBLET N°1 :
Après moun
Uno cansoun
E
Mai
Se
.

COUBLET N°2 :
P
Pèr
E
M
M
C .

COUBLET N°3 :
Souv
E pièi l'amour tèn sa
Q
E
C
P .

COUBLET N°4 :
A
S
Que Salomoun
E
E
Q .

COUBLET N°5 :
A
U
P
Mai
E
Mai .

COUBLET N°6 :
V
Se l'amour me
Mai
Me
Q
E m' .

COUBLET N°7 :
M
Noun ! - Perdequé ? Moun cor
- L'amour
Q
S
N .

COUBLET N°8 :
A
C
A
C
A
Q .

COUBLET N°9 :
P
Q
A
C
T
E .

COUBLET N°10 :
C
L
A
C
E
Fan .

COUPLET N°1 :
Après mon couplet, je veux composer tout de suite
Une chanson simple et ludique
Dans une rime subtile similaire ;
Mais que je ne prenne pas les habitudes de la tourterelle
- Si mon partenaire me laisse tomber ou me méprise -
Pour ne pas me consoler du mieux que je peux.

COUPLET N°2 :
Pourquoi ? Je ne sais pas combien de temps je vivrai,
Pour suivre mon cœur ;
Et que mon désir puisse
Me guider correctement et ne s'arrêter
que dans une seigneurie louable ;
Car on ne prend pas plaisir dans sa propre cour.

COUPLET N°3 :
Je pense souvent à me tourner ailleurs
Et puis l'Amour prend sa verge
avec laquelle il m'a battu gravement
Et me dit de ne pas m'exalter par le mal ;
Car je ne suis pas maltraité seul,
Puisque Sir Aiols a également été maltraité.

COUPLET N°4 :
Celle qui m'a rendu triste-joyeux
Sait que je veux suivre ses ordres plus
Que Salomon ou Marcol
es nobles actions et des paroles justes :
Et il tombe facilement des étoiles à la poussière
Qui se confie en ces cancre.

COUPLET N°5 :
A quoi me sert qu'ailleurs je ne puisse croire ?
Un gobelet en verre ne se fissure pas
Plus rapidement que l'amour ne se brise et se rompt -
Mais s'il aime que le cœur malade guérisse,
il peut le souder sans plomb ; -
Mais il m'a soudé trop faiblement.

COUPLET N°6 :
Je me tournerais ailleurs immédiatement
Si l'amour voulait me dispenser ;
Mais, capturée comme une colombe,
Je me laisse piéger dans les joncs,
- Car je n'évite pas de faire une seule chute -
Et m'appelle par mon nom.

COUPLET N°7 :
"Je parle mal : je dois me repentir."
"Non !" - "Pourquoi ?" - "Mon cœur m'empêche."
"L'amour, qui me rend triste, m'enlève."
"Je ne pense pas que celui qui vous prend [quelque chose] vous le rendra."
"Il m'enlève ce que j'attendrai le plus de lui."
"Il ne vous enlève pas ce que vous n'avez jamais eu."

COUPLET N°8 :
J'ai eu au moins le bonheur, qu'il détourne et ébranle
Car cela ne prépare pas mon désir pour moi.
J'ai des intentions assez folles, par le Christ,
Car mon cœur n'est pas plus ferme
Là où il fait une noble conquête
Qu'ici.

COUPLET N°9 :
Je prie Dieu pour entendre mes prières :
Qu'il accepte et concède que je sois heureux
Là où je suis un amant accepté ;
Car - que les gens ne parlent pas de sa brave personne -
elle chérit trop les autres
Et je ne dis pas cela avec colère.

COUPLET N°10 :
Puisse ce dieu qui a fait la terre et l'eau,
La chaleur et le froid, les gens à la fois cléricaux et laïcs
Abattre ceux que vous ne protégez pas ;
Car il aime le désir sincère
Et eux, avec leurs faux discours cachés,
Font du mal et de la détresse aux amants.

Madame, vous, franche et sincère,
moi qui suis un amoureux sincère,
je m'abandonne entièrement à vous.

Le phénix sera fini avant que
je ne cesse d'être votre amant.

VERSE N°1 :
After my verse, I want to weave, right away,
a plain, playful song
in a similar subtle rhyme;
may I not get into the habits of the turtledove
– if my partner drops or despises me –
so that I don't console myself as best as I can.

VERSE N°2 :
Why? I don't know how long I'll live,
so that I follow my heart;
and may my desire be able to
guide me rightly and not stop
except in a praiseworthy seigneury;
for one doesn't take pleasure in one's own courtyard.

VERSE N°3 :
I often consider turning elsewhere
and then Love takes up his rod,
with which he has beaten me grievously,
and tells me not to exalt myself through evil;
for I am not mistreated alone,
since Sir Aiols was mistreated too.

VERSE N°4 :
She who has made me sad-merry
knows that I want to follow her dictates more
than Salomon or Marcol
of the noble deeds and righteous words:
and he falls easily from stars to dust
who trusts in such dunces.

VERSE N°5 :
What does it avail me that I cannot plead elsewhere?
A glass goblet doesn't crack
quicker than Love shatters and breaks –
but if he likes the sick heart to heal,
he can solder it without lead; –
but he has soldered me too flimsily.

VERSE N°6 :
I'd turn elsewhere immediately
if Love wanted to exempt me;
but, captured like a dove,
I let myself be trapped in rushes,
– for I do not avoid taking a single fall –
and calls me by my [given] name.

VERSE N°7 :
"I speak ill: I ought to repent it."
"No!" – "Why?" – "My heart prevents me."
"Love, who keeps me sad, takes away from me."
"I don't think that he who takes [something] from you, will give it back."
"He takes away from me what I shall most require of him."
"He doesn't take away from you what you never had.".

VERSE N°8 :
I had at least happiness, which he detracts and mangles
since it does not prepare my desire for me.
I have foolish enough intentions, by Christ,
for my heart isn't firmer
there where it makes a noble conquest
than here, where I have seen my harm come.

VERSE N°9 :
I pray god to hear my prayers:
that he agree and concede that I be happy
there where I am an accepted lover;
for – let not people harp about her fine person –
she cherishes everyone else too much,
and I do not say this in anger.

VERSE N°10 :
May that god who made earth and water,
warmth and cold, people both clerical and lay
cast down those you don't protect;
for he loves sincere desire
and they, with their covert, false speeches
give lovers harm and straits.

Lady, you earnest, truthful thing,
I, who am a truthful lover,
surrender myself to you entirely.

The phoenix shall be finished before
I cease being your lover.


[Remonter]

* Ara.m so del tot conquis / Maintenant, je suis conquis :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ara·m so del tot conquis,
Si que de pauc me sove,
C'oblidat n'ai gaug e ris
E plor e dol e feunia ;
E no·i faz semblan trop bel,
Ni crei -- tant ai manentia --
Que res, mas Dieus, me capdel.

COUBLET N°2 :
Car ges per mon sen no cre,
Ni per prec ni per gragel,
Qu'eu poges aver per re
Ni conquerer tal amia
Si Dieus, a cui la grazis,
No·m n'ages mes en la via
Et a leis bon cor assis.

COUBLET N°3 :
Pregarai mais de novel
Que no suill de viel servis ;
Car dat m'a en luoc sembel
Lo plus d'aquo que·l queria ;
E sai per que·m det tan be :
Car me conoc ses bauzia
Vas leis qui·m retenc ab se.

COUBLET N°4 :
A leis tajnh amars tan fis,
Per que Dieus l'autrejet me ;
C'ad home qui la traïs
No volc dar la sejnhoria,
Ni que ja·l fezes revel :
Qu'ilh non deu esser traya,
Tan val -- mais trop ho espel !

COUBLET N°5 :
Car s'eu dic so que·s cove
De leis que mon cor sagel
Totz lo mons sap, per ma fe,
Cals es ; car tota gen cria
E sap, et es pron devis
Cals es la meiller que sia !
Per qu'eu la laus et enquis.

COUBLET N°6 :
Mon cor ai eu tan isnel
Que a penas m'en sofris ;
C'amors me pueg'el cervel,
Si que cor ai que lei dia
A totz – tals talens m'en ve – ;
Mas Temers e Cortesia
E dreg Ben-Amar m'en te.

COUBLET N°7 :
Que si·m volia ses ris,
Si ri mon cor de joy ple ;
Qu'esser cug em paradis
Can de midons, c'aixi·m lia
Que vas autra no·m apel,
Auzi parlar ses folia,
Sol c'om de leis me favel.

COUBLET N°8 :
Per que es molt gran merce
Qui·m mentau neis lo castel
On jai. Mas no sai per que
Es pros qui no·n a paria
Ab leis, c'ans que·l fos aclis
No sai per que ren valia,
Mas pel be c'ar n'ai, m'es vis.

COUBLET N°9 :
Que ges lanza ni cairel
Non tem, ni brans asseris,
Can bai ni mir son anel ;
E si·n faz gran galardia
Ben o dej faire jasse,
E s'om m'o ten a fulia
No sap d'amor co·s mante.

Muira ogan ab coutel
Qui non tema ma fulia,
O ab peir'o ab cairel.

Joglar, Dieus que·us fetz tan be
E·us creix vostre pretz quec dia
Vos capdel si co·us cove.

COUBLET N°1 :
Aro, siéu tout .

COUBLET N°2 :
Car .

COUBLET N°3 :
Pregarai mai de nouvello .

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUBLET N°9 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, je suis tout conquis,
De sorte que je me souviens très peu,
Car j'en ai oublié la joie et le rire,
Les larmes, le chagrin et la tristesse ;
Et les perspectives ne sont pas trop bonnes,
et je ne crois pas non plus - puisque j'ai un tel atout -
Que rien sauf Dieu ne me protège.

COUPLET N°2 :
Car je ne crois pas du tout que,
par plaidoyer ou par menace,
je pourrais atteindre, par tous les moyens,
ou conquérir un tel amant
Si Dieu, que je remercie pour elle,
Ne m'avait pas mis sur la [bonne] voie
Et mettre un bon cœur en elle.

COUPLET N°3 :
Je prierai plus pour une nouvelle grâce
Que je n'en faisais pour l'ancienne ;
Car il m'a fait goûter
Le reste que je cherchais de lui ;
Et je sais pourquoi il m'a accordé une telle grâce :
Car il sait que je suis sans tromperie
envers celle qui me garde comme sienne.

COUPLET N°4 :
Un tel amour lui convient
que Dieu me l'a accordé :
Car à un homme qui la trahirait,
il n'accorderait pas la suzeraineté,
Ni la garderait pour sa propre révélation :
elle n'était pas destinée à être trahie,
Si précieuse qu'elle est - mais je laisse échapper trop.

COUPLET N°5 :
Car, si je dis d'elle ce qui convient
De rester scellé dans mon cœur,
Tout le monde saurait, par ma foi,
Qui elle est ; car tout le monde pleure
Et sait, et c'est assez évident,
Cela est le meilleur qui soit !
C'est pourquoi je la félicite et la supplie.

COUPLET N°6 :
J'ai un cœur si téméraire 
Que je peux à peine m'abstenir ;
Car l'amour chevauche mes pensées,
afin que je veuille la vanter
pour tout le monde - tel est le désir qui m'assaille -
Mais le respect et la noblesse
Et le bon amour juste me retiennent.

COUPLET N°7 :
Car, bien qu'elle me veuille de ne pas [montrer] ma joie,
mon cœur applaudit, plein de joie ;
car j'imagine que je suis au paradis
Quand j'entends quelqu'un parler raisonnablement de ma dame,
Qui m'attache tellement
que je ne m'adresse à aucune autre femme,
À peine parce qu'il me parle d'elle.

COUPLET N°8 :
Ainsi, c'est un grand cadeau
quand on mentionne à peine le château
Où elle habite. Mais je ne vois pas comment
quiconque n'est pas lié à elle est
de quelque importance, car, avant d'être son sujet,
Je ne sais pas pourquoi je ne valais rien,
Sauf pour le bien que j'aurais d'elle.

COUPLET N°9 :
Jamais une lance ni un boulon ne
me fait peur, ni une épée d'acier
Quand j'embrasse ou regarde sa bague ;
Et si j'en suis tout à fait un gascon,
je le devrais en effet ;
Et si l'on pense que je suis un idiot,
Il ne connaît pas les voies de l'amour.

Que meure de couteau
Quiconque ne respecte pas ma folie,
De pierre ou de boulon.

Jongleur, que Dieu, qui a tant fait pour vous
Et qui augmente votre valeur chaque jour,
Vous guide comme il vous convient.

VERSE N°1 :
Now I am all overcome
so that I recall very little,
for I have forgotten, out of it, joy and laughter,
and tears and grief and sadness;
and the outlook isn't too good,
nor do I believe – since I have such an asset –
that anything but god protects me.

VERSE N°2 :
For I don't believe at all that,
through plea or through threat,
I could achieve, by all means,
or conquer such a lover
if god, whom I thank for her,
hadn't set me on the [right] path
and put a kind heart in her.

VERSE N°3 :
I shall pray more for a new grace
than I used to for the old one;
for he has given me a taste
the rest of which I sought of him;
and I know why he bestowed such a grace on me:
for he knows I am without deceit
towards her who keeps me as her own.

VERSE N°4 :
Such a love befits her
that god granted her to me:
for to a man who would betray her,
he wouldn't grant suzerainty,
nor would he keep her for his own revel:
she wasn't meant to be betrayed,
so valuable she is – but I'm letting out too much.

VERSE N°5 :
For, if I say about her what is fitting
to remain sealed in my heart,
everybody would know, by my troth,
who she is; for all people cry
and know, and it is quite obvious,
which is the best there is.
This is why I praise her and pleaded her.

VERSE N°6 :
I have such a reckless heart
that I can hardly abstain;
for love rides my thoughts,
so that I have a mind to extol her
for everybody – such is the desire that assails me –
but Respect and Nobility
and righteous Good Love hold me back.

VERSE N°7 :
For, although she wished me not [to show] my cheer,
my heart cheers, full of joy;
for I imagine I am in paradise
when I hear anybody talk sensibly about my lady,
(who tethers me so much
that I don't address any other woman)
barely because he tells me about her.

VERSE N°8 :
Thus, it is a great gift
when one barely mentions the castle
where she abides. But I can't see how
anyone who isn't connected to her is
of any account, for, before I was her subject,
I don't know why I was worth
anything, except for the good I would have of her.

VERSE N°9 :
Never a lance nor a bolt
scares me, nor does a steely sword
when I kiss or regard her ring;
and if I am quite a gascon about it
I ought indeed to be so;
and if one thinks I am a fool,
he doesn't know the ways of love.

Let anyone who does not respect
my folly die of knife,
of stone or of bolt.

Joglar, may god, who did so much for you,
and who increases your worth each day,
guide you as befits you.


[Remonter]

* Ara non siscla ni chanta / Maintenant, ni ne siffle ni ne chante le rossignol :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ara non siscla ni chanta
Rossigniols, ni crida l'auriols
En vergier ni dinz forest,
Ni par flors groja ni blava ;
E si·m nais Jois e Chans
E creis en veillians ;
Car no·m ven com sol somnejans.

COUBLET N°2 :
Car a midonz atalanta
Qe·m loing dols! E serai ben fols
S'eu totz temps ab leis non rest,
Pos frain ma dolor plus brava ;
Si qe fais ni afans
No·m pot esser dans,
Ni maltraigz no·m dol paucs ni grans.

COUBLET N°3 :
C'a pauc lo cors no·m n'avanta.
Q'esquirols non es, ni cabrols,
Tan lieus com eu sui, q'el test
M'es la joia q'eu cercava ;
Don son jais en trepans
E serai tot lans,
Pos ma dona vol mos enans.

COUBLET N°4 :
E neys noca·m n'espavanta
Lurs estols dels fels, fals e mols
Lauzengiers, cui Deus tempest,
Si·m pren midonz e m'entrava
Per ja mais a mil ans
Tot als seus comans ;
Q'en als cors non col q'eu m'eslans.

COUBLET N°5 :
Ja Deus, qe·ls jornz fes qaranta
Don mos sols es tornatz fillols,
No·m des a don ni a prest
Mais re, si leis mi salava ;
Anz li lais el balans
Lo mon e mil tans
Contra leis qe·m tol totz enjans.

COUBLET N°6 :
C'ap ton cor q'el mieu se planta,
Sai qe·m tols – car donar no·m vols
Domna, que Jois pais e vest –
Tot l'enjan q'a me ! portava.
Gen lo·m trais. Sain Johans !
Ar m'en creis talans
Don cairai el sol ablasmans !

Ai domna prezans,
Ar penz qe·us acol en baizans.

Joglar, vostr'enans
Voil, e Dieus lo vol mil aitans.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, ni ne siffle ni ne chante
Le rossignol, et l'oriole ne crie pas
Dans les jardins ou dans les forêts,
Ni les fleurs jaunes ni les bleues n'apparaissent ;
Et pourtant joie et chance naissent en moi
Et grandissent pendant que je suis éveillé ;
Car ils ne viennent pas à moi quand je m'endors.

COUPLET N°2 :
Car ma dame choisit
Que je me sépare de la tristesse ! Et je serai plutôt insensé
Si je ne reste pas avec elle pour toujours,
car elle détruit ma douleur la plus féroce,
De sorte que ni l'angoisse ni l'angoisse
Ne peuvent me nuire,
Ni la souffrance, grande ou petite, ne m'afflige.

COUPLET N°3 :
Car mon corps m'échappe presque.
Il n'y a pas d'écureuil ni de chevreuil
Aussi léger que moi, car dans mon esprit
est la joie que je cherchais ;
c'est pourquoi je suis joyeux et fringant
Et je serai tout élan,
car ma dame veut mon amélioration.

COUPLET N°4 :
Et même pas l'essaim
du criminel, les calomniateurs faux et flasques
- que Dieu les détruise - m'effraie le moins
Si ma dame me capture et me lie
Pendant plus de mille ans,
complètement, à son service ;
car je ne laisse pas mon corps me diriger vers quelqu'un d'autre.

COUPLET N°5 :
Que dieu, qui a résisté aux quarante jours
À cause desquels ma terre est christianisée,
Ne me donne ni cadeau ni prêt
De plus, s'il la garde pour moi ;
je vais plutôt le laisser, en compensation,
ce monde, et mille fois plus
En échange de celle qui me purge de toutes les tromperies.

COUPLET N°6 :
Car avec votre cœur entrant dans le mien,
Je sais que vous enlevez - car je sais que vous ne voulez pas me donner,
Madame que la joie nourrit et habille -
Toute la tromperie que moi, hélas ! avait l'habitude de souffrir.
Vous l'avez gracieusement retiré. Saint Jean !
Maintenant mon désir monte en moi,
c'est pourquoi je vais tomber au sol en m'évanouissant !

Ah ! Digne dame,
Maintenant j'imagine que je vous prends dans mes bras et vous embrasse.

Jogleur, je souhaite votre avancement
et Dieu le souhaite mille fois plus.

VERSE N°1 :
Now the nightingale neither warbles
nor sings and the oriole doesn't whistle
in gardens or in forests,
neither yellow nor blue flowers appear
and yet joy and luck are born in me,
and grow while I'm awake;
for they don't come to me, as they used to, when I'm asleep.

VERSE N°2 :
For my lady elects
that I part from sadness! And I shall be rather foolish
if I do not remain with her forever,
since she destroys my fiercest grief,
so that neither trouble nor anguish
can harm me,
nor does suffering, great or small, afflict me.

VERSE N°3 :
For my body almost escapes me.
There isn't squirrel nor roe deer
as light-footed as I am, for in my mind
is the joy I was seeking;
wherefore I am merry and frisky
and I shall be all elan,
for my lady wants my improvement.

VERSE N°4 :
And not even the swarm
of the felon, false, flaccid slanderers
– may god destroy them – frightens me in the least
if my lady captures me and binds me
for more than a thousand years,
completely, to her service;
for I don't let my lust sway me towards someone else.

VERSE N°5 :
May god, who resisted the forty days
because of which this land of mine is christianised
never give me as a gift or loan
anything more, if he was keeping her for me;
rather, I'll leave him, as compensation,
this world, and a thousand times as much
in exchange for her who purges me of all deceits.

VERSE N°6 :
For with your heart entering mine
I know that you take away – for I know that you don't wish to give me,
lady whom joy nourishes and clothes –
all the deception that I, alas! used to suffer.
You graciously took it away. Saint John!
Now my desire mounts in me,
wherefore I'll fall to the ground fainting!

Ah! Worthy lady,
now I imagine that I'm embracing and kissing you.

Joglar, I wish for your advancement
and god wishes for it a thousand times more.


[Remonter]

* Ar m'er tal un vers a faire / Maintenant, j'ai un vers à faire :

- Présentation de cette chanson : On trouve ici l'expression "peuchère !"

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ar m'er tal un vers a faire
Que ja no·m feira fraitura ;
Qu'ar es enves mi escura
Cil qe·m fai mal per ben traire.
Adolen,
Faillimen
Fui, qe·m ven !
Ben aic lai doncs pauc de sen
S'ieu anc fui ves lieis bauzaire !

COUBLET N°2 :
Seigner Dieus! Cum aus retraire
Tan gran ma desaventura ?
Mos dols non ac anc mesura
Qe·m trastorna·l cor en caire.
Si espren
Aspramen
Mon talen
Ira, e·m mou marrimen
Quand ieu·m cuig far de joi fraire.

COUBLET N°3 :
En ploran serai chantaire
Puois nuills gaugz no·m asegura, –
Car mos Bos Respieitz pejura
Que·m val mos chantars ? Qu'ar laire.
Fol tormen
Per parven
Vauc seguen
S'als non ai mas marrimen
E dol e dolor e braire.

COUBLET N°4 :
Desastrucs nasqiei de maire
Puois totz mals mi apejura.
Ben es fols qui mal m'agura !
Pieitz cum posc aver ? pechaire ! –
Neis qui·m pen
Aut al ven
A presen
Cel tenrai per benvolen
Qu'ams los huoills m'en volra traire.

COUBLET N°5 :
Dolsa dompna de bon aire
No·m gitetz tant a non-cura !
Ve·us que tolt avetz dreitura
S'ab merce·l cors no·us esclaire.
Qu'ieu n'aten
Chausimen
Si·us es gen,
Si non faitz me peneden
Issir fors de mon repaire.

COUBLET N°6 :
Que, per l'arma de mon paire,
Si·l vostre durs cors s'atura,
No·m tenra murs ni clausura
Q'ieu non iesca de mon aire
Mantenen
Ves tal sen
Don fort len
Me veiran mais miei paren.
Mas vos non o prezatz gaire.

COUBLET N°7 :
Dompna, cel qui es jutgaire
Perdonet gran forfaitura
A cel – so ditz l'escriptura –
Qe era traicher e laire !
Eissamen
En son sen,
Qui non men
E non perdona corren –
Ja no·il er Dieus perdonaire.

COUBLET N°8 :
Per vos am, dompn'ab cor vaire
Las autras tant co·l mons dura,
Car son en vostra figura ;
Que per als no·n sui amaire ! –
Neis la gen
Pauc valen,
Mal volen,
Neis cels qe·us vezon soven !
Mas non lor n'aus far vejaire.

COUBLET N°9 :
Domna, pren
Un coven
Avinen : –
Si mais paz comandamen
Ja no·m perdon neus vejaire.

E si·us men
En coven
Qe·us prezen,
Ogan si'eu malamen
Entuissequatz ab varaire.

COUBLET N°1 :
Aro, .

COUBLET N°2 :
Segnour Diéu ! .

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUBLET N°9 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, j'ai un vers à composer,
un qui ne me fera jamais de mal ;
pour l'instant, elle est sombre vers moi,
elle qui me fait troquer le mal pour de bon.
Misérable,
je me sauve
D'une chute, car elle me trahit.
J'avais en effet très peu de sens
si jamais j'étais trompeuse envers elle.

COUPLET N°2 :
Seigneur Dieu, comment oserais-je me souvenir
D'un si grand malheur ?
Mon grief n'a jamais été mesurable,
car il jette mon cœur dans la confusion.
Alors le chagrin,
durement,
saisit
mon désir et l'angoisse me saisit
Quand je m'imagine frère de joie.

COUPLET N°3 :
Je serai un chanteur en larmes
car chanter ne me donne aucun bonheur -
Car, si c'est au détriment de mon Bos Respeit,
À quoi me sert ma chanson ? Alors maintenant, j'aboie.
Apparemment,
je poursuis
un tourment fou
quand je n'ai rien d'autre que de l'angoisse
Et de la douleur, du chagrin et des lamentations.

COUPLET N°4 :
Je suis né malheureux,
car tous les maux empirent avec moi.
C'est un imbécile en effet qui me prédit mal :
comment puis-je être pire - Bummer ! -
même si on me pend
Haut dans le vent,
À présent
Je le considérerais bienveillant,
Qui voudrait jauger mes deux yeux.

COUPLET N°5 :
Douce dame de haut rang,
Ne me jetez pas dans une telle insouciance !
Sachez que vous avez refusé la justice
Si vous n'éclairez pas votre cœur avec miséricorde.
Car j'en attends
La clémence,
Si cela vous plaît,
Si vous ne me faites pas quitter
ma demeure de pénitent.

COUPLET N°6 :
Car, par l'âme de mon père,
si votre cœur pierreux persiste,
ni mur ni clôture ne m'empêcheront
de sortir
immédiatement de ma maison
Dans une direction
telle que mes proches
ne me verront pas longtemps.
Mais vous ne vous en souciez pas beaucoup.

COUPLET N°7 :
Madame, celui qui est le juge lui a
Pardonné un grand méfait
- ainsi disent les Écritures -
Qui était un traître et un voleur.
De même,
À son avis,
même si l'on ne ment pas,
Et s'il ne pardonne pas tout de suite,
Dieu ne le pardonnera jamais.

COUPLET N°8 :
À cause de vous, ô dame de cœur inconstant, j'aimerai
Les autres femmes aussi longtemps que durera ce monde,
Car elles sont à ton image :
pour aucune autre raison je ne suis leur amant
[et] même [celui des] gens
de peu de valeur
qui me souhaitent du mal,
même [des] personnes qui vous voient souvent ;
Mais je n'ose pas leur montrer.

COUPLET N°9 :
Madame, acceptez
un pacte 
honorable :
Si jamais je transgresse votre commandement,
Je ne me pardonnerai même jamais l'intention.

Et si je vous mens
dans le pacte
Que je vous propose,
que je sois alors gravement
Empoisonné par le vératrum.

VERSE N°1 :
Now I have a verse to compose,
one that'll never do me wrong;
for now she glooms towards me,
she who makes me trade evil for good.
Wretched,
I run away from
a fall, for she betrays me.
I had indeed very little sense
if I ever was deceitful towards her.

VERSE N°2 :
Lord god, how dare I recall
such a great misfortune?
My grievance was ever measureless,
for it throws my heart into confusion.
So sorrow,
harshly,
seizes
my desire and anguish overtakes me
when I fancy myself joy's brother.

VERSE N°3 :
I shall be a tearful singer
since singing doesn't grant me any happiness –
for, if it is to my Bos Respeit's detriment,
what good is my song to me? So now I [just] bark.
Apparently,
I pursue
a mad torment
when I don't have anything but anguish
and pain and grief and lamentation.

VERSE N°4 :
I was born unfortunate,
for all ills become worse with me.
He is a fool indeed who predicts me ill:
How can I be worse off – Bummer! –
even if one hangs me
high in the wind,
right now?
I would consider him benevolent,
who would wish to gauge both my eyes.

VERSE N°5 :
Sweet lady of high rank,
do not cast me into such carelessness!
Realise that you have denied justice
if you don't enlighten your heart with mercy.
For I expect
clemency
from it, if it pleases you,
if you don't make me leave
my dwelling as a penitent.

VERSE N°6 :
For, by my father's soul,
if your stony heart persists,
neither wall nor fence will keep me
from exiting my home
immediately
in such a direction
as my relatives
will not see me for a long time.
But you don't care much about it.

VERSE N°7 :
Lady, he who is the judge
pardoned a great misdeed
to him – so say the scriptures –
who was a traitor and thief.
Likewise,
in his opinion,
even if one doesn't lie,
if he doesn't pardon right away
god will never pardon him.

VERSE N°8 :
Because of you, o lady of fickle heart, I'll love
the other women as long as this world lasts,
for they are in your own image:
for no other reason am I their lover
[and] even [that of] people
of little worth
who wish me ill,
even [of] people who see you often;
but I don't dare show it to them.

VERSE N°9 :
Lady, accept
an honourable
pact:
if I ever trespass your command,
I shall never even forgive myself the intention.

And if I lie to you
in the pact
I propose you,
may I then be badly
poisoned with veratrum .


[Remonter]

* Ar non sui jes mals et astrucs / Maintenant, je ne suis pas malade et chanceux :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ar non sui jes mals et astrucs,
Anz sui ben malastrucs de dreg ;
E puois malastres m'a eleg
Farai vers malastruc e freg.
Si trop un malastruc adreg
Que·l malastruc cap mi pesseg !

COUBLET N°2 :
Que per totz temps sui malastrucs
Per un gran malastre qe·m ve ;
E qui per malastruc no·m te
Dieu prec de malastre l'estre
Que mil malastruc foran ple
Del malastre q'ieu ai en me.

COUBLET N°3 :
Dompna, per vos sui malastrucs
Car per malastre·m voletz mal ;
E fis ben malastruc jornal,
C'anc nuills malastrucs no·l fetz tal !
Malastruc tro manatz engal
Per que d'est malastruc no·us cal.

COUBLET N°4 :
Er aujatz cum sui malastrucs :
Qand cuich de malastre mover
Eu sui plus malastrucs en ver !
C'ab malastre·m laissiei cazer,
E pois vinc malastre querer,
Don aurei malastruc esper.

COUBLET N°5 :
E pus aysi soy malastrucs
Mos pels malastrucx mi tolray
– Aytan del malastre perdray –
E si·l malastre no s'en vay
Malastrucx sia qui mi play
Car tan de malastre m'eschay.

COUBLET N°6 :
S'ieu atrobes dos malastrucs
Q'anesson malastrugamen
A me mais malastre queren,
Adoncs for'ieu malastruc-gen ;
Mas non trob malastruc valen
C'a me de malastre·s prezen.

COUBLET N°7 :
Et eu sui aitant malastrucs
Qe de malastre port la flor
Et ai ben malastrug honor.
Levet, malastruc de seignor,
Tu chantes malastre ab plor
D'aquest malastruc amador !

Tu iest malastrucs de seignor
Et ieu soi malastrucs d'amor.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, je ne suis pas "malade" et "chanceux" :
Je suis plutôt complètement malheureux ;
Et puisque la malchance m'a choisi, 
Je composerai un vers pauvre et malheureux.
Si je trouve un homme vraiment malchanceux,
Qu'il écrase ma tête malchanceuse.

COUPLET N°2 :
Car j'ai toujours de la malchance
À cause d'un grand malheur qui m'arrive ;
Et celui qui ne me considère pas comme malheureux,
Je prie Dieu de le frapper de malchance
Car mille malchanceux seraient remplis
De la malchance que j'ai en moi.

COUPLET N°3 :
Madame, j'ai de la malchance à cause de vous
qui, par malheur , me voulez du mal ;
Et j'ai passé en effet une journée malchanceuse
Comme aucun homme malchanceux n'a jamais eu !
Malchanceux [je serai] jusqu'à ce que vous agissiez raisonnablement
Parce que vous ne vous souciez pas de cet homme malchanceux.

COUPLET N°4 :
Écoutez maintenant à quel point je suis malchanceux :
Quand je veux m'éloigner de la mauvaise fortune,
Je suis, en vérité, encore plus malheureux ;
Car je me laissai tomber dans la malchance,
Et puis je me mis à chercher la mauvaise fortune,
Dont j'aurai des attentes malheureuses.

COUPLET N°5 :
Et comme je suis si malchanceux, j'arracherai
mes cheveux malchanceux
pour perdre autant de malheur ;
et si la mauvaise fortune ne s'en va pas,
que celui qui me plaît soit malchanceux,
car tant de malheur m'arrive.

COUPLET N°6 :
Si je trouvais deux hommes malchanceux
Qui iraient, heureusement,
me demandant plus de malheurs,
je serais alors un malheureux galant ;
Mais je ne trouve aucun homme digne et malchanceux
pour m'approcher de la mauvaise fortune.

COUPLET N°7 :
Et je suis si malchanceux
que je porte le panache de la malchance
Et que j'ai un honneur vraiment malchanceux.
Levet, malchanceux en votre seigneur,
pouvez-vous chanter, parmi les larmes, la malchance
De cet amant malchanceux.

Vous êtes malchanceux en votre seigneur
Et moi je suis malchanceux en amour.

VERSE N°1 :
Now, I am not "ill" and "fortunate":
rather, I am fully ill-fortuned;
and since ill fortune has chosen me
I shall compose a poor, ill-fortuned verse.
If I find a truly ill-fortuned man,
let him crush my ill-fortuned head.

VERSE N°2 :
For I am always ill-fortuned
because of a great ill fortune that befalls me;
and he who doesn't think of me as ill-fortuned,
I pray god to smite him with ill fortune
for a thousand ill-fortuned men would be filled
with the ill fortune I have in me.

VERSE N°3 :
Lady, I am ill-fortuned because of you
who, out of ill fortune wish me ill;
and I passed indeed an ill-fortuned day
such as no ill-fortuned man ever got!
Ill-fortuned [shall I be] until you deal reasonably
because you don't care about this ill-fortuned man.

VERSE N°4 :
Listen now to how ill-fortuned I am:
when I wish to move away from ill fortune
I am, in truth, even more ill-fortuned;
for I let myself fall in with ill fortune
and then proceeded to seek ill fortune out,
from which I'll have ill-fortuned expectations.

VERSE N°5 :
And since I am so ill-fortuned,
I shall tear away my ill-fortuned hair
so to lose that much of ill fortune;
and if ill fortune doesn't go away,
may whoever pleases me be ill-fortuned,
since so much ill fortune befalls me.

VERSE N°6 :
If I found two ill-fortuned men
who'd go, ill-fortunately,
asking me for more ill fortune,
I would then be an ill fortune-gallant;
but I can't find any worthy ill-fortuned men
to approach me for ill fortune.

VERSE N°7 :
And I am so ill fortuned
that I wear the plume of ill fortune
and have a truly ill-fortuned honour.
Levet, ill-fortuned in your lord,
may you sing, among tears, of the ill fortune
of this ill-fortuned lover.

You are ill-fortuned in your lord
and I am ill-fortuned in love.


[Remonter]

* Ar resplan la flors enversa / Maintenant, la flore resplandit :

- Présentation de cette chanson : Le dernier mot de chaque vers est respectivement toujours le même.
NB : L'excellente traduction en anglais construite sur la même forme a été réalisée par l'auteur du site www.trobar.org.
À noter que le premier couplet de cette chanson ressemble au 3e couplet de la chanson "Ad la douzor del temps novel" de Guilhem de Peitieu : "brindilles, neige, glace et gel, cris, sifflets, ..."

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ar resplan la flors enversa
Pels trencans rancs e pels tertres
Quals flors ? Neus, gels e conglapis
Que cotz e destrenh e trenca ;
Don vey morz quils, critz, brays, siscles
En fuelhs, en rams e en giscles.
Mas mi ten vert e jauzen Joys
Er quan vei secx los dolens croys.

COUBLET N°2 :
Quar enaissi m'o enverse
Que bel plan mi semblon tertre,
E tenc per flor lo conglapi,
E·l cautz m'es vis que·l freit trenque,
E·l tro mi son chant e siscle,
E paro·m fulhat li giscle.
Aissi·m sui ferm lassatz en joy
Que re non vey que·m sia croy.

COUBLET N°3 :
Mas una gen fad' enversa
(com s'erom noirit en tertres)
Qu·em fan pro piegs que conglapis ;
Qu·us quecs ab sa lenga trenca
E·n parla bas et ab siscles ;
E no i val bastos ni giscles,
Ni menassas ; – ans lur es joys
Quan fan so don hom los clam croys.

COUBLET N°4 :
Quar en baizan no·us enverse
No m'o tolon pla ni tertre,
Dona, ni gel ni conglapi,
Mais non-poder trop en trenque.
Dona, per cuy chant e siscle,
Vostre belh huelh mi son giscle,
Que·m castion si·l cor ab joy
Qu'ieu no·us aus aver talant croy.

COUBLET N°5 :
Anat ai com cauz' enversa
Sercan rancx e vals e tertres,
Marritz cum selh que conglapis
Cocha e mazelh' e trenca :
Que no·m conquis chans ni siscles
Plus que flohs clercx conquer giscles.
Mas ar – Dieu lau – m'alberga Joys
Malgrat dels fals lauzengiers croys.

COUBLET N°6 :
Mos vers an – qu'aissi l'enverse,
Que no·l tenhon bosc ni tertre –
Lai on om non sen conglapi,
Ni a freitz poder que y trenque.
A midons lo chant e·l siscle
Clar, qu'el cor l'en intro·l giscle,
Selh que sap gen chantar ab joy
Que no tanh a chantador croy.

Doussa dona, Amors et Joys
Nos ajosten malgrat dels croys.

Jocglar, granren ai meynhs de joy !
Quar no·us vey, en fas semblan croy.

COUBLET N°1 :
Aro resplandis la flour .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, la flore resplandit, perverse,
À travers les falaises dentelées et à travers les collines.
Quelle flore ? Neige, glace et gel
Qui cuient, blessent et tranchent ;
D'où je vois plus d'appels, de cris, de gazouillis et de sifflements
parmi les feuilles, les branches et les brindilles.
Mais je suis gardé vert et joyeux par Joy
maintenant que je vois flétrir les criminels et les méchants.

COUPLET N°2 :
Pour l'instant j'inverse tellement les choses
Que les belles plaines me semblent comme une colline
Et je prends pour fleurs le givre
Et, par le froid, la chaleur me semble trancher
Et le tonnerre me semble chants et sifflements,
Et le feuillage me semblent couvrir les brindilles.
Je suis si solidement lié à la joie
Que je ne vois rien qui me soit mauvais.

COUPLET N°3 :
Mais une foule devenue perverse,
Comme si elle était élevée parmi les collines,
me tourmente beaucoup plus que le gel :
Car chacune de leurs langues coupe
Et parle doucement, comme dans les sifflets ;
Et il ne sert pas [de les frapper] avec des bâtons et des brindilles,
Ni des menaces; car ils appellent la joie
faire ce qui fait que les gens les appellent mauvais.

COUPLET N°4 :
Je ne peux pas, par le froid ni par le gel,
Ni par la plaine ou la colline,
vous embrasser, inverser,
Madame pour qui je chante et siffle,
mais par impuissance, je suis trop abattu ;
Vos beaux yeux sont la brindille
Qui punit mon cœur tellement de joie
Que, envers vous, mes intentions n'osent pas être mauvaises.

COUPLET N°5 :
Je suis allé comme une chose perverse,
Cherchant des rochers et des vallées et des collines,
aussi en détresse que celui que le gel
mord, bat et coupe :
mais je ne suis pas gagné par les chansons et les sifflets
Plus qu'un étudiant stupide n'est gagné par les brindilles.
Mais maintenant - Dieu soit loué - je suis hébergé par Joy
Malgré les calomniateurs, captifs et méchants.

COUPLET N°6 :
Laisse aller mon vers - car je l'inverse
pour qu'il ne puisse pas être arrêté par le bois ou la colline -
Là où l'on ne sent pas le gel,
Ni le froid n'a assez de puissance pour couper.
Que quelqu'un le chante et le siffle clairement
À ma dame, et qu'elle fasse germer [une nouvelle] brindille
dans son cœur ; qu'il soit celui qui sait chanter gracieusement avec joie
Car cela ne convient pas à un chanteur qui est mauvais.

Douce dame, amour et joie
Nous maintiennt unis malgré les mauvais.

Jongleur, j'ai beaucoup moins de joie
Car je ne vous vois pas, cela me donne l'air vilain.

VERSE N°1 :
Now the flora shines, perverse,
through the jagged cliffs and through the hills.
Which flora? Snow, ice and frost
which stings and hurts and cuts;
wherefore I can't hear anymore calls, cries, tweets and whistles
among leafage, branches and twigs.
But I am kept green and merry by Joy
now that I see wither the felons and the bad.

VERSE N°2 :
For now I so reverse [things]
that fair plains look to me like a hill
and I mistake flowers for frost
and, through cold, heat appears to me to cut
and the thunder I believe to sing and whistle
and leafage seem to me to cover the twig.
I am so firmly bound in joy
that, to me, nothing looks bad.

VERSE N°3 :
But a crowd grown perverse,
as if it were brought up among the hills
plagues me far more than the frost:
for each one of their tongues cuts
and speaks softly, as in whistles;
and it doesn't avail [hitting them] with staves and twigs,
nor do threats; for they call joy
doing what makes people call them bad.

VERSE N°4 :
I cannot by kept by cold nor by frost,
nor by plain or hill,
from kissing you, reverse,
lady for whom I sing and whistle,
but by powerlessness too much am I cut [down];
your beautiful eyes are the twig
that punishes my heart so much with joy
that, towards you, my intentions don't dare be bad.

VERSE N°5 :
I have gone about like a perverse
thing, searching crags and dales and hills,
as distressed as one whom frost
bites and batters and cuts:
but I am not won by songs and whistles
more than a foolish student is won by twigs.
But now – god be praised – I am harboured by Joy
in spite of the slanderers, captious and bad.

VERSE N°6 :
Let my verse go – for I rerverse
it so that it can't be stopped by wood or hill –
there where one doesn't feel the frost,
nor cold has power enough to cut.
May someone tersely sing and whistle
it to my lady, and may it sprout [a new] twig
in her heart; let him be one who can sing nobly and with joy
for it doesn't befit a singer who is bad.

Sweet lady, Love and Joy
match us in spite of the bad.

Joglar, I have much less joy:
since I don't see you, I look bad.

Discographie / Enregistrements :
- CD "Gérard ZUCHETTO chante les troubadours des XIIe et XIIIe siècles" (Vol.1) par Gérard ZUCHETTO (Ed. VDE-Gallo, 1988)


[Remonter]

* Ar vei bru, escur, trebol cel / Maintenant, je vois un ciel brumeux, sombre :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ar vei bru, escur, trebol cel
Don per l'air vent'e giscl'e plou,
E chai neus e gels e gibres,
E·l sol qu'era cautz, ferms e durs
Es sa calors teun'e flaca,
E fuelh e flors chai jos dels rams
Si que en plais ni en blaca
Non aug chans, ni critz mas dins murs ;
Per qu'ieu chantarai alques grams.

COUBLET N°2 :
Mas aura ni plueja ni gel
No·m tengran plus que·l gen temps nou
S'auzes desplejar mos libres
De fag d'amor ab digz escurs ;
So don plus Temers m'es jaca
Qu'Ira·m fes dir midons e clams ;
Que mais d'amor don m'estaca
No chantari'ab nulhs agurs
Tro plais vengues entre nos ams.

COUBLET N°3 :
Mas d'aisso que·m sap pro a fel
Puesc chantar, don grans mals mi mou :
Dels fals, plus ponhens que gibres,
Envejos, parliers, mals tafurs,
Q'us quex ponha, et ataca
Com als fis drutz sia Joys lams ;
Et on qu'aia porc ni vaca
Ilh n'auran pro, e·l vis er purs ;
E pueys fan grans critz, rotz e brams.

COUBLET N°4 :
Qu'ieu sai un trachor mal fizel
Que par qu'aia sen meins q'un bou
Et es ben dels regoibres
Quar ponha cum traia segurs
Son senhor que·l cor l'ensaca ;
E s'er'entoisseguatz els cams
No·s cug que·l quezes tiriaca,
Ans li querri'ab totz aturs
Com lo pendes ab fortz liams.

COUBLET N°5 :
Quar anc Caim, qu'acis Abel,
No saup de tracion un ou
Contra lieis, – mas ieu par ibres,
Quar li dic so don sui madurs,
Si·m carga lo col e·m maca ;
Mas tan me dol la pen'e la fams
Quan me soven de la raca
Non aus parlar neis dels perjurs
De lieis, quan me membra·l satams.

COUBLET N°6 :
E si·m saubra·l chantars a mel
Ab mon vers qu'ai fait pres d'an nou,
Quan guarengals e gingibres
An lur sazo ab mains gasurs,
E Mos Estreups qu'es part Jaca
No faria tal per dos dams,
En aquesta rima braca,
Ab qu'en fos sieus Acres e Surs,
E de sai Peitaus e Roams.

Qu'er si be·s fer de l'Esclaca
S'il no men ab sos diz escurs
Si sui cel que i serai lams.

Mos vers, qu'enaici s'estaca,
Volgra que'm fos portaz segurs
A Demoniad'e que·l fos grams.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, je vois un ciel nuageux, sombre et orageux,
c'est pourquoi l'air est traversé par le vent, les grains et la pluie ;
Et la neige, la glace et le gel tombent
Et le soleil, qui était chaud, fort et dur,
Sa chaleur est maintenant faible et faible,
Et le feuillage et les fleurs tombent des branches
De sorte que ni dans la haie ni dans le bosquet
on n'entend un chant, ni [sont] des cris, sauf à l'intérieur :
D'où je chanterai plutôt misérablement.

COUPLET N°2 :
Mais le vent ou la pluie ou le froid
Ne me retiendraient pas plus que le doux printemps
Si j'osais ouvrir mes livres
D'actes d'amour dans des paroles obscures,
Ce dont la retenue m'empêche
Bien que la frustration me fasse mentionner ma femme et me plaindre ;
Car je ne devrais jamais chanter d'amour,
auquel elle m'engage, sous toutes ses formes
Jusqu'à ce qu'un accord soit intervenu entre nous.

COUPLET N°3 :
Mais je peux chanter ce qui est le
plus amer, et dont un grand mal se déplace contre moi:
Des faux, plus mordants que des vipères
Des tricheurs envieux, bavards, maléfiques,
Car chacun réfléchit et cherche
Comment la joie peut disparaître des fidèles en un éclair ;
Et où que ce soit du porc ou du bœuf,
Ils seront rassasiés et leur vin ne sera pas dilué ;
Et après, ils pleureront, gronderont et rugiront grandement.

COUPLET N°4 :
Car je connais un traître infidèle [Cupidon?]
Qui semble avoir moins de sens qu'un bœuf
Et qui est en effet grossier,
Car il réfléchit à la manière de trahir
Son seigneur, dont il emprisonne le cœur en toute sécurité ;
Et si son seigneur est empoisonné sur le terrain,
que personne n'imagine qu'il chercherait un antidote pour lui,
plutôt, il chercherait avec tous ses arts
Comment le lier avec des liens solides.

COUPLET N°5 :
Car même Caïn, qui a tué Abel,
connaissait la valeur d'un vairon pour la trahison
par rapport à lui - mais je semble ivre,
Car je lui dis la raison pour laquelle j'ai vieilli,
qu'il me charge le dos et me matraque ainsi ;
Mais le chagrin et la faim me sont tous tels,
Quand je me souviens de la femme indigne,
que je n'ose pas parler du parjure la
concernant, quand ce diable me revient.

COUPLET N°6 :
Et, en effet, mon chant serait mielleux,
dans ce verset que j'ai écrit vers le nouvel an,
Quand le galanga et le gingembre
Ont leur saison de nombreux gloutons,
Et mon Estreups, qui est autour de Jaca
Ne le ferait pas, même pour deux méfaits,
comme dans cette rime humble,
même si cela lui a valu Acre et Tire
Et, ici, Poitiers et Rouen.

Pour l'instant, tout comme les grèves de l'Esclaca
(S'il ne ment pas avec ses discours ambigus)
Je suis donc bien celui qui en souffrira.

Je voudrais que ce verset, que
je termine ici, soit transporté en toute sécurité
À la femme diabolique et lui soit douloureux.

VERSE N°1 :
Now I see cloudy, dark, stormy skies
wherefore the air is crossed by wind, squalls and rain;
and snow, ice and frost fall
and the sun, which was hot, strong and harsh,
its heat is now weak and feeble,
and the foliage and flowers fall from the branches
so that neither in hedge nor in grove
a song is heard, nor [are] cries, except indoors:
whence I shall sing rather wretchedly.

VERSE N°2 :
But gale or rain or cold
wouldn't hold me back more than the gentle springtime
if I dared open my books
of deeds of love in obscure sayings,
that from which Restraint prevents me
although Frustration made me mention my lady and complain;
for I ought never to sing of love,
to which she binds me, in any guise
until an agreement were reached between us.

VERSE N°3 :
But I can sing of that which is
most bitter, and from which a great ill moves against me:
of the false, more biting than vipers,
envious, talkative, evil cheats,
for each one ponders and seeks
how joy can disappear from the faithful in a flash;
and wherever is pork or beef,
they'll have their fill, and their wine will be undiluted;
and afterwards, they will greatly cry, rumble and roar.

VERSE N°4 :
For I know an unfaithful traitor [Cupid?]
who seems to have less sense than an ox
and is indeed uncouth,
for it ponders how to safely betray
his lord, whose heart he ensnares;
and if his lord is poisoned in the field
let none imagine that he'd seek an antidote for him,
rather, he'd seek with all his arts
how to bind him with strong bonds.

VERSE N°5 :
For even Cain, who killed Abel,
knew a minnow's worth about treachery
compared to him – but I sound drunk,
for I tell him the reason I have aged,
that he burdens my back and bludgeons me so;
but sorrow and hunger ail me so,
when I recall the unworthy woman,
that I don't dare talk about the perjury
concerning her, when that devil comes back to me.

VERSE N°6 :
And, indeed, my singing would be honeyed,
in this verse of mine which I wrote around New Year,
when the galangal and ginger
have their season of many gluttons,
and My Stirrup, who is around Jaca
would not do, even for two harms,
such as in this lowly rhyme,
even if it earned him Acre and Tyre
and, around here, Poitiers and Rouen.

For now, as well as de l'Esclaca strikes,
(if he doesn't lie with his ambiguous speeches)
so am I indeed the one who shall suffer in it.

I would like this verse, which
I finish here, to be safely carried
to the Devilish Woman, and to be grievous to her.


[Remonter]

* Assaz m'es belh / Je le trouve assez bien :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Assaz m'es belh
Que de novelh
Fassa parer
De mon saber
Tot plan als prims sobresabens
Que van comdan
Qu'ab sen d'enfan
Dic e fatz mos captenemens ;
E sec mon cor
E·n mostri for
Tot aisso don ilh m'es cossens.

COUBLET N°2 :
Qui qu'en favelh,
Lo m'es pro belh
De mon saber :
Qu'en sai mielhs ver
(sitot no suy mout conoyssens)
Que·l trop parlan
Que van comdan
"Folhs es. – non es. – si es sos sens".
Qu'ar tost salh for
Ab belh demor
Gen motz leugiers, cortes, valens.

COUBLET N°3 :
Ab sen novelh
Dic e favelh
Mon saber ver
E·l fas parer
Lay on tanh que sia parvens ;
Que son enfan
Li mielhs parlan
Vas me; e sai qui·m n'es guirens,
Ab que·m demor
Gen dins mon cor
Si que·l dir no·m passa las dens.

COUBLET N°4 :
Don d'amar dic :
Qu'am si ses tric
Lieys qu'amar deg,
Que·l miels adreg
(s'eron sert cum l'am finamens)
M'irion sai
Preguar hueymai
Que·ls essenhes cum aprendens
De ben amar ;
E neus preguar
M'en venrion dompnas cinc cens.

COUBLET N°5 :
Ben ai cor ric
Plus qu'ieu non dic
E tan adreg
Que ducx ni reg
No prez, si no·m prez'eissamens ;
A cuy no·m play,
Ieu suy de say ;
Et amarai mos bevolens.
No vuelh preguar,
Que miels m'er car
Q'om mi prec, qu'ieu prec manhtas gens.

COUBLET N°6 :
L'enojos tric,
Sian del ric
Sobeiran reg
Maudig, e deg
Dels janglos parliers maldizens !
Gic m'en hueymai,
Que·l dir no·m plai
Tan m'es lur mentaure cozens !
Que s'il tug car
Meron, amar
No·ls poiria, que·l cor m'en vens.

Pauc sap d'amar
Qui tem preguar
Deu, qu'el maldia los manens.

E·t voill pregar,
Vers, ab diz car
Que lai en Urgel te prezens,

Ab talen car
Si·m fai amar.
E·l bon esper qu'eu n'ai guirens !

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Je le trouve assez bien
Pour que, encore une fois,
je puisse montrer
mon apprentissage
assez ouvertement aux meilleurs connaisseurs
Qui vont répandre des rumeurs selon
lesquelles c'est avec l'esprit d'un enfant
que je me conduis en paroles et en actes ;
Et je suis mon cœur
Et montre
Tout ce pour quoi elle me donne la permission.

COUPLET N°2 :
Quiconque peut en discuter,
je suis très satisfait
De mon propre apprentissage :
Car, bien que je ne sache pas très bien,
je connais mieux la vérité
Que les suranalyseurs
Qui circulent en spéculant
"Il est fou" - "Il n'est pas" - "C'est ce qu'il veut dire".
Car je lâche en ce moment,
Avec un juste déport,
Mots nobles, légers, courtois et précieux.

COUPLET N°3 :
Avec une nouvelle sagesse,
J'énonce et discute de
Mon véritable apprentissage
Et le fais apparaître
Là où il lui appartient d'être apparent ;
Car les meilleurs orateurs
sont des enfants
par rapport à moi ; et je sais qui en est le garant,
bien que le secret repose en
toute sécurité dans mon cœur
afin que la révélation ne sorte pas de ma bouche.

COUPLET N°4 :
Je parle donc d'aimer:
Car j'aime tellement sans artifice
celle que je dois aimer,
Que les amants les plus doués,
s'ils savaient à quel point je l'aime subtilement,
viendraient ici
et me prieraient
de les prendre comme apprentis
Du bon amour;
Et cinq cents dames
aussi viendraient me le supplier.

COUPLET N°5 :
En effet, mon cœur est plus riche
que je ne le révèle
Et si droit
Que je ne me soucie pas
d'un duc ou d'un roi qui ne me considère pas comme son égal ;
Je reste distant
avec ceux que je n'aime pas ;
Et j'aimerai ceux qui me souhaitent bonne chance.
Je ne prierai pas,
Car je préfère
être prié plutôt que de prier beaucoup de gens.

COUPLET N°6 :
Que les jeux haineux
Soient maudits
par le roi souverain
avec les péchés
Des calomniateurs beaux parleurs et bavards.
Je vais changer de sujet
Car je n'aime pas le traiter,
Tant sa mention est douloureuse !
Car même s'ils devaient tous se
venger, je ne pourrais pas
Les aimer, car mon cœur me dépasse.

Il connaît mal l'amour
Qui a peur de prier
Dieu pour maudire les parvenus.

Et je veux vous prier,
Vers de mots précieux,
de vous y montrer à Urgel

Avec de chères intentions,
afin de me faire aimer.
Et j'attends du bien, car j'en ai la garantie.

VERSE N°1 :
I find it quite nice
that, again,
I may display
my learning
quite openly to the choicest know-it-alls
who go spreading rumours
that it is with the wits of a child
that I conduct myself in words and deeds;
and I follow my heart
and show forth
all she gives me permission for.

VERSE N°2 :
Whoever may discuss it,
I am quite pleased
with my own learning:
for, albeit I am not very knowing,
I know the truth about it better
than the overanalysers
who go around speculating
"He is crazy" – "He isn't"– "That's what he means".
For I presently blurt,
with fair disportment,
noble, light, courtly and precious words.

VERSE N°3 :
With a new wisdom
I state and discuss
my true learning
and make it appear
there where it behoves it to be apparent;
for the best speakers
are children
compared to me; and I know who the guarantor of it is,
albeit the secret rests
safely within my heart
so that the revelation shan't come out of my mouth.

VERSE N°4 :
So I talk about loving:
for I love so guilelessly
her whom I must love,
that the most skilled lovers,
if they knew how subtly I love her,
would come here
and beg me
to take them as apprentices
of good loving;
and five hundred ladies,
too, would come begging me for it.

VERSE N°5 :
Indeed, my heart is richer
than I reveal
and so upright
that I don't care
for a duke or king who doesn't consider me his equal;
I remain aloof
with the ones I don't like;
and I shall love those who wish me well.
I will not pray,
for I prefer
to be prayed to, rather than praying many people.

VERSE N°6 :
May the hateful games
be cursed
by the sovereign king
along with the sins
of the ill-speaking, gossiping slanderers.
I'll change the subject
for I don't like to treat it,
so much the mention of it is painful.
For even if they were all to take
vengeance, I couldn't
love them, for my heart overcomes me.

He knows little about love
who is afraid to pray
god to curse the parvenus.

And I wish to pray you,
verse of precious words,
to show there in Urgel

with dear intentions,
so to make me loved.
And I expect good, for I have a guarantee of it.


[Remonter]

* Assatz sai d'amor ben parlar / Je peux très bien parler d'amour :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Assatz sai d'amor ben parlar
Ad ops dels autres amadors ;
Mas al mieu pro, que m'es plus car,
Non sai ren dire ni comtar ;
Qu'a mi non val bes ni lauzors
Ni mals-digz ni motz avars ;
Mas ar sui vas Amor aitaus
Fis e bos e francs e liaus.

COUBLET N°2 :
Per qu'ensenharai ad amar
Los autres bos dompneyadors ;
E si·n crezon mon essenhar
Far lor a d'amar conquistar
Tot aitan cant volran de cors !
E si'oguan pendutz o ars
Qui no m'en creira, qar bon laus
N'auran selhs qu'en tenran las claus !

COUBLET N°3 :
Si voletz dompnas guazanhar,
Quan querretz que·us fassan honors,
Si·us fan avol respos avar
Vos las prenetz a menassar ;
E si vos fan respos peiors
Datz lor del ponh per mieg sas nars ;
E si son bravas siatz braus
Ab gran mal n'auretz gran repaus.

COUBLET N°4 :
Ancar vos vuelh mais ensenhar
Ab que conquerretz las melhors.
Ab mals digz et ab lag chantar
Que fassatz tut, et ab vanar ;
E que honretz las sordeyors.
Per lor anctas las levetz pars,
E que guardetz vostres ostaus
Que non semblon gleisas ni naus.

COUBLET N°5 :
Ab aisso n'auretz pro, so·m par.
Mas ieu·m tenrai d'autras colors
Per so quar no·m agrad'amar ;
Que ja mais no·m vuelh castiar,
Que s'eron totas mas serors !
Per so lor serai fis e cars,
Humils e simples e leyaus,
Dous, amoros, fis e coraus.

COUBLET N°6 :
Mas d'aisso·us sapchatz ben gardar,
Que so qu'ie·n farai er folhors.
Non fassatz ver que nesci par ;
Mas so qu'ieu ensenh tenetz car
Si non voletz sofrir dolors
Ab penas et ab loncs plorars !
Qu'aissi lor for'envers e maus
Si mais m'agrades lor ostaus.

COUBLET N°7 :
Mas per so·m puesc segurs guabar
Qu'ieu, et es mi grans deshonors,
Non am ren, ni sai qu'es enquar !
Mas mon Anel am, que·m ten clar,
Quar fon el det . . . ar son, trop sors !
Lengua, non mais! que trop parlars
Fai piegz que pechatz criminaus;
Per qu'ieu·m tenrai mon cor enclaus.

Mas be·l sabra mos belhs Jocglars ;
Qu'ilh val tant, e m'es tan coraus,
Que ja de lieys no·m venra maus.

E mos vers tenra, qu'era·l paus,
A Rodes, don son naturaus.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Je peux très bien parler d'amour
pour le bien des autres amants ;
Mais pour mon propre profit, qui m'est plus cher,
je ne peux rien dire ni dire ;
Car ni les bonnes paroles ni les louanges ne me sont utiles,
Ni les injures, ni les paroles intelligentes ;
Mais maintenant je suis si fidèle
et bon, sérieux et fidèle à l'Amour.

COUPLET N°2 :
Que j'enseignerai comment aimer
Aux autres bonnes dames ;
Et s'ils croient mon enseignement en la matière,
cela leur fera atteindre, avec amour,
le désir de leur cœur tout de suite ;
Et quiconque ne croit pas à mon expertise,
Qu'il soit pendu ou brûlé sur le bûcher, car la gloire
appartient à ceux qui détiendront sa clé.

COUPLET N°3 :
Si vous voulez gagner des dames,
Quand vous voulez qu'ils vous fassent honneur,
S'ils vous donnent des réponses désagréables et intelligentes,
prenez à les menacer ;
Et s'ils vous donnent des réponses pires,
Frappez-les directement sur le nez ;
Et s'ils sont durs, soyez durs :
Avec de grands maux, vous aurez une grande paix.

COUPLET N°4 :
Et je vais vous en apprendre davantage,
quelque chose qui vous fera gagner les meilleurs.
Faites tout ce qui se vante,
avec de mauvais mots et des chants hideux ;
Et honorer les femmes les plus déshonorantes.
Faites-en vos compagnons à cause de leurs ignominies
Et veillez à ce que vos logements
ne ressemblent pas à des églises ou à des navires.

COUPLET N°5 :
Vous en profiterez, me semble-t-il.
Mais je vais afficher différentes couleurs
Parce que l'amour n'est pas d'accord avec moi ;
Je ne veux pas me retenir,
pas plus que si toutes les dames étaient mes sœurs ;
Je serai donc fidèle et cher à eux,
Humble, direct et loyal,
Doux, aimant, fidèle et sincère.

COUPLET N°6 :
Mais assurez-vous de vous en tenir compte,
Car ce que je vais faire, c'est de la folie.
Ne faites pas quelque chose de sensé quand cela semble de la folie ;
Mais retenez ce que je vous enseigne
Si vous ne voulez pas souffrir
Avec angoisse et pleurer longtemps ;
Car je serais capricieux et malade envers eux
Si leur logement me plaisait davantage.

COUPLET N°7 :
Mais je peux les féliciter grandement à cause de cela :
Que moi, et cela me fait honte,
N'aime rien et ne sais pas en quoi consiste l'amour.
Mais j'adore mon anneau, qui me garde rayonnante
Car c'était le doigt (...) maintenant, sonne, tu sors trop !
La langue, pas plus! Car trop parler
devient pire qu'un péché mortel ;
c'est pourquoi je garderai mon cœur secret.

Mais mon beau jongleur le verra,
Car elle est d'une telle valeur, et si chère pour moi
Qu'aucun mal ne me viendra jamais d'elle.

Et elle aura mon couplet, pour l'instant je le termine
À Rodez, où je suis chez moi.

VERSE N°1 :
I can very well talk about love
for the sake of other lovers;
but for my own profit, which is dearer to me,
I'm unable to say or tell anything;
for neither good words nor praises avail me,
nor does abuse, nor do smarting words;
but now I'm so faithful
and good and earnest and loyal to Love.

VERSE N°2 :
That I shall teach how to love
to the other good ladies' men;
and if they believe my teaching in the matter,
it will make them attain, in love,
their heart's desire right away;
and whoever doesn't believe my expertise, let him
be hanged or burnt at the stake, for glory
is to those who will hold its key.

VERSE N°3 :
If you want to win ladies,
when you wish them to do you honour,
if they give you unpleasant, smarting answers,
take to threatening them;
and if they give you worse answers,
punch them right on the nose;
and if they are harsh, be harsh:
with great ills you'll have great peace.

VERSE N°4 :
And I will teach you more still,
something that'll make you win the best ones.
Do everything bragging,
with bad words and hideous singing;
and honour the most dishonourable women.
Make them your mates because of their ignominies
and watch that your lodgings
don't look like churches or ships.

VERSE N°5 :
You'll profit by this, it seems to me.
But I shall display different colours
because loving doesn't agree with me;
I don't wish to restrain myself,
no more than if all ladies were my sisters;
I shall therefore be faithful and dear to them,
humble, direct and loyal,
sweet, loving, faithful and sincere.

VERSE N°6 :
But be sure to keep yourself from this,
since what I'll do is folly.
Don't do something sane when it seems madness;
but hold what I teach you dear
if you don't want to suffer pain
along with anguish and long weeping;
for I would be wayward and ill towards them
if their lodgings pleased me more.

VERSE N°7 :
But I can greatly praise them because of this:
that I, and it greatly shames me,
don't love anything, nor know what love consists of.
But I do love My Ring, which keeps me radiant
for it was the finger...now, sound, you come out too much!
Tongue, no more! For too much talking
turns worse than a mortal sin;
wherefore I shall keep my heart undisclosed.

But my fair Joglar will see through it,
for she is of such worth, and so dear to me
that no ill will ever come to me from her.

And she will have my verse, for now I end it
at Rodez, where I'm at home.


[Remonter]

* Ben sai c'a sels seria fer / Je sais bien que ce serait dur :

- Présentation de cette chanson : C.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ben sai c'a sels seria fer
Que·m blasmon qar tan soven chan
Si lor costavon mei chantar.
Meils m'estai
Pos leis plai
Que·m te jai
Qu'ieu no chant mia per aver :
Qu'ieu n'enten en autre plazer.

COUBLET N°2 :
E per als m'en cug plus anquer :
Quar tan soven com en chantan
No la puesc auzen totz nomnar.
E pueis ai
Tan gran jai
Quan quex brai
So qu'ieu dic, c'adonx cug tener
Dieu, o lieis don me volh temer.

COUBLET N°3 :
Bo·m sap qi de midonz m'enquier,
Q'ieu no i faz ges feignien semblan ;
E creis m'en gaugz cant n'aug parlar ;
Neus de lai
On no·s fai
Noms, me trai
Qant diretz de lieis tal plazer –
Cossi·us n'era datz grans aver.

COUBLET N°4 :
Gran esfort fai Dieus, qar sofer
C'ab si no la'npueja baizan !
Mas no·m vol tolre ni tort far ;
Ni s'eschai
Qu'en esmai
For'ieu sai.
Mas lieis no pren, no·m cal temer
Que ja autr'ill plassa tener.

COUBLET N°5 :
Si ben en amar leis m'esmer,
Qu'ieu sai, que si pel mon s'espan,
C'autras m'en faran faiturar.
Don m'esglai :
Qu'en farai ?
Cobrirai
Donx mon gran ben ab jauzen ver ?
Oc ! Si n'era mieus lo poder.

COUBLET N°6 :
Mas tostems fo e tostems er
Que grans amors no te guaran.
Grans meravillas son d'amar !
Que·n dirai
S'amors chai
Qar van bai ?
Ai las ! Ja no m'o lais vezer
Sel Dieus que·m n'a datz jauzen ser !

COUBLET N°7 :
C'aisi tiron ves man esquer
Sill ric que plus cortes se fan
C'ades ponhon en lauzenjar ;
E·ill verai
Son en plai,
Quar, i a trai,
Sel c'a semblan sen ferm poder
Par cortes, si nonca s'es ver.

COUBLET N°8 :
Dona, vostre domini ser
Crezetz me, qu'ie·us am ses engan,
E membre·us plus que l'encuzar
Li dous bai...
Ar morrai !
Si dic mai !
Ai co·m fail quan pes del dous ser
Lo sens e l'auzir e·l vezer !

Quan la candela·m fetz vezer
Vos baizan rizen, a ! Cal ser !

Joglar, ades mati e ser
Me tira·l cors vostre vezer.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
Je sais bien que ce serait dur
pour ceux qui me blâment parce que je chante si souvent
Si mes chansons leur coûtent de l'argent.
Cela me convient mieux,
car elle plaît à celle
qui me garde joyeuse
de ne pas chanter pour la richesse,
de m'engager dans un plaisir différent.

COUPLET N°2 :
Je m'inquiète plutôt d'autre chose:
Car je ne peux pas la nommer quand tout le monde écoute
aussi souvent que je chante.
Et puisque j'ai une
Telle grande joie
Quand quelqu'un crie
Ce que je dis, j'ai l'impression de posséder
Dieu, ou celle à propos de laquelle je souhaite cacher mes pensées.

COUPLET N°3 :
Celui qui m'interroge sur ma dame me plaît,
Car je ne déguise pas, dans ce cas, mon expression ;
Et quand j'entends parler d'elle, ma joie augmente ;
même quand
On ne mentionne pas
Le nom, tout ce que
l'on peut dire d'elle me fait autant plaisir
Que si l'on se voyait donner une grande richesse.

COUPLET N°4 :
Dieu montre beaucoup de courage, car il s'abstient
de l'élever à lui-même pour l'embrasser !
Mais il ne veut pas l'éloigner de moi, ni me faire du tort ;
il n'est pas normal
Que je sois ici,
consterné.
Puisqu'il ne la prend pas, il n'y a aucune raison de craindre
Que cela lui plaise de garder une autre femme.

COUPLET N°5 :
Je me perfectionne tellement en l'aimant
Que je sais, que si elle est connue,
d'autres femmes utiliseront des charmes sur moi.
Pour quelle raison je m'inquiète:
Que dois-je faire ?
Dois-je donc cacher
mon grand bien avec sa joyeuse vérité ?
Oui ! Si le pouvoir de le faire est à moi.

COUPLET N°6 :
Mais il a toujours été et sera toujours
le grand amour qui ne connaît aucune contrainte.
Les choses merveilleuses viennent de l'amour !
Que dois-je dire
Si l'amour diminue
Quand les baisers ont disparu ?
Hélas, que Dieu, qui m'a donné une bonne
soirée, ne me laisse jamais voir ce moment !

COUPLET N°7 :
Ces parvenus qui se croient courtois
tirent tellement vers la main gauche
Qu'ils en sont maintenant à la calomnie ;
Et les vrais
Sont en jeu
Parce que, pendant un certain temps,
Ceux qui ont une apparence sans fondement,
semblent courtois, bien qu'ils ne le soient vraiment pas.

COUPLET N°8 :
Madame, croyez-moi,
votre serf féodal, pour je vous aime sans tromperie,
Et rappelez-vous, plus que les allégations,
Le doux baiser...
Maintenant vais - je mourir
si je dis plus!
Oh! comment me manquent-ils, quand je pense à cette douce soirée,
à mon sens, à mon ouïe et à ma vue !

Quand la bougie m'a fait vous voir
embrassant et riant, Oh ! Quelle soirée !

Jongleur, mon cœur me pousse à vous voir
matin, midi et soir.

VERSE N°1 :
I know well that it would be hard
on those who blame me because I sing so often
if my songs cost them money.
This suits me better,
for it pleases her
who keeps me merry
that I do not sing for wealth,
that I engage in a different pleasure.

VERSE N°2 :
I rather worry about something else:
for I cannot name her when all listen
as often as I sing.
And since I have
such great joy
when somebody cries out
what I say, I feel as if I possessed
god, or her about whom I wish to hide my thoughts.

VERSE N°3 :
He who asks me about my lady pleases me,
for I don't disguise, in that case, my expression;
and when I hear about her, my joy increases;
even when
one doesn't mention
the name, all
one may say about her brings me as much pleasure
as if one were given great wealth.

VERSE N°4 :
God shows great fortitude, for he refrains
from raising her to himself to kiss her!
But he doesn't want to take her away from me, nor to wrong me;
not it is fitting
that I be, down here
in dismay.
Since he doesn't take her, there's no ground to worry
that it'd please him to keep another woman.

VERSE N°5 :
I so perfect myself in loving her
that I know, that if it is known around,
other women will use charms on me.
For which reason I worry:
what shall I do?
Shall I hide,
then, my great good with its happy truth?
Yes! If the power to do so be mine.

VERSE N°6 :
But it ever was and ever shall it be
that great love knows no constraints.
Wondrous things come of love!
What shall I say
if love declines
when kisses are gone?
Alas, may god, who has given me a happy
evening, never let me see that moment!.

VERSE N°7 :
Those parvenus who fancy themselves courteous
pull so much towards the left hand [sic]
that they have now taken to slandering;
and the true ones
are at stake
because, for a while,
those who have appearance without fundament,
seem courteous, although they truly aren't.

VERSE N°8 :
Lady, believe me,
your feudal serf, for I love you without deception,
and remember, more than the allegations,
the sweet kiss...
Now shall I die
if I say more!
Oh! how do they fail me, when I think of that sweet evening,
my sense, my hearing and my sight!

When the candle made me see
you, kissing and laughing, Oh! What an evening!

Joglar, my heart pushes me to see you
morning, noon and night.


[Remonter]

* Ben s'eschai q'en bona cort / Il convient que dans une bonne cour :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ben s'eschai q'en bona cort
Chan qui chantar sap :
E ieu atendrai mon gap
Don mi tenrai plus per lort ;
Car sabran li sec e·il sort
Q'ieu n'aurai pretz, qui q'en jap,
Dels vint qe serem el trap.

COUBLET N°2 :
Donc l'endeman del beort
Levarai el cap
La gran corona de drap.
An Mita ab lo nas cort,
E qui l'apella dreich bort
Lau que la lenga l'arap
Que mais fols motz no·ill escap !

COUBLET N°3 :
Aissi ai bastit en gaug
Mon cor nou e fresc,
C'ades sort e saill e tresc
Si q'apenas veig ni aug;
E sapcha·l donz de Talaug
Q'ieu non sui cel que paresc :
Q'en autre sen m'entrebesc.

COUBLET N°4 :
E qui·s vol, corn, crit e flaug
D'amor, pos ieu cresc
Sobre totz, c'als q'en fol pesc !
Q'eu am des Luc tro ad Aug
La genssor, e m'en pelaug
Tot hom c'autra per fadesc
Engal'ab lieis en paresc.

COUBLET N°5 :
Per midonz ai cor estout
Et humil e baut ;
Car s'a lieis non fos d'azaut
Ieu m'estera en luoc d'un vout :
Que d'als non pensera mout
Mas manjera e tengra·m chaut
Et agra nom Raembaut.

COUBLET N°6 :
E qui vol aprenre, escout
D'amar ben cum saut !
Eu saill plus que nuills hom aut;
E·l janglos saill per so mout
Sol que s'apil e s'acout :
Cuig'ab lausenjar d'espaut
Dir so don ma dompna faut.

Ma chanssos non vuoill que saut
Mas per celz de cui m'azaut.

Per enseignamen m'azaut
De moutz qe·m fan de lur chaut.

Joglars, per qe·m desazaut
Ma dompna e vos mi faitz baut.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Il convient que celui qui chante
chante dans une bonne cour :
et je prouverai ma prétention
pour laquelle je me considérerai encore plus bête ;
car même les aveugles et les sourds sauront
que, quiconque le décriera, moi, sur les vingt
qui seront dans le logement, emporterai les honneurs.

COUPLET N°2 :
Puis, le lendemain du concours,
je porterai sur ma tête
la grande couronne en tissu.
Que Mita soit remplie de rancune
et si quelqu'un appelle cela un acte criminel,
je concède que sa langue sera arrachée
afin qu'aucun mot plus stupide ne puisse lui échapper.

COUPLET N°3 :
J'ai tellement endormi dans la joie
mon cœur frais et nouveau,
que maintenant je saute et saute et danse
pour que je voie ou entende à peine ;
et faites savoir au seigneur de Talaug
que je ne suis pas ce à quoi je ressemble
car je participe dans un autre sens.

COUPLET N°4 :
Et que qui veuille klaxonner, pleurer et flûter
au sujet de l'amour, car j'élève
avant tout, moi qui pêche autrement qu'un fou !
Car j'aime la meilleure dame
de Luc à Auch, et je défie
tous ceux qui, par folie, pensent qu'une autre
femme est son égale en apparence.

COUPLET N°5 :
Par ma dame, mon cœur est fier,
humble et hautain;
car si je n'étais pas à son goût,
je serais comme une image sainte:
car je ne m'occuperais de rien d'autre
que de manger
et de me réchauffer, et je m'appellerais Raembaut.

COUPLET N°6 :
Et si quelqu'un veut apprendre, laissez-le écouter
à la façon dont j'apprends à bien aimer :
je m'élève plus haut que quiconque ;
et les commérages se soulèvent beaucoup à cause de cela,
sauf qu'il colle fermement et repose sur ses coudes ;
il prétend, avec une calomnie hardie,
qu'à cause de quoi ma dame me manquera.

Ma chanson ne veut pas que je jaillisse,
sinon pour ceux dont je suis content.

Par apprentissage, je suis satisfait
de beaucoup de personnes qui m'incitent à la prudence.

Joglars, pourquoi suis-je mécontent?
Vous et ma dame me rendez hautain.

VERSE N°1 :
It is fitting that he who can sing
sings in a good court:
and I shall prove my claim
for which I'll consider myself even dumber;
for even the blind and deaf will know
that, whoever might decry it, I, of the twenty
who will be in the lodging, shall carry off the honours.

VERSE N°2 :
Then, the day after the contest,
I shall wear on my head
the great cloth crown.
Let Mita be filled with spite
and if someone calls it foul play,
I concede that his tongue be torn out
so that no more foolish words may escape it.

VERSE N°3 :
I have so bedecked in joy
my fresh and new heart,
that I now jump and leap and dance
so that I hardly see or hear;
and let the lord of Talaug know
that I am not what I look like
for I take part in another sense.

VERSE N°4 :
And let who wishes honk, cry and flute
about love, for I raise
above all, I who fish otherwise than a fool!
For I love the best lady there is
from Luc to Auch, and I challenge
everyone who, out of folly, thinks another
woman to be her equal in appearance.

VERSE N°5 :
Through my lady, my heart is proud,
humble and haughty;
for if I were not to her taste
I would be like a holy image:
for I wouldn't thing much about anything
but eating and keeping warm,
and my name would be Raembaut.

VERSE N°6 :
And if someone wants to learn, let him listen
to how I learn from loving well:
I raise higher than anyone;
and the gossip raises much because of this,
save that he sticks firm and rests on his elbows;
he claims, with bold calumny,
that because of which my lady will fail me.

My song doesn't want me to spring,
if not for those with whom I'm pleased.

Out of learning, I am pleased
with many who induce me to caution.

Joglars, why am I displeased?
You and my lady make me haughty.


[Remonter]

* Braiz, chans, quils, critz / :

- Présentation de cette chanson : C.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Braiz, chans, quils, critz
Aug dels auzels pels plaissaditz. –
Oc ! mas no los enten ni deinh ;
C'un'ira·m cenh
Lo cor, on dols m'a pres razitz,
Per qe·n sofer.

COUBLET N°2 :
Si·m fos grazitz
Mos chantars, ni ben acuillitz
Per cella que m'a en desdeing,
D'aitan mi feing
Q'en mains bons luocs for'enbrugitz
Mais que non er.

COUBLET N°3 :
Tristz e marritz
Es mos chantars aissi fenitz
Per totz temps mais tro q'ela·m deing
Pel sieu manteing ;
Era mos bos, er es delitz !
Mas no·l sofer !

COUBLET N°4 :
Jois m'es fugitz!
Un pauc mas tost mi fon faillitz !
S'anc mi volc, er m'a en desdeing.
Com no·m esteing
Can precs ni merces ni destritz
Re no i conquer ?

COUBLET N°5 :
Mos cors me ditz
"Per qe soi per liei envilitz ?" –
"Car sap que nuill'autra non deing,
Per so·m n'estreing".
Morrai, car mos cors enfollitz
Mas ges non quer.

COUBLET N°6 :
Cum sui trahitz !
Bona dompn'ab talan voutitz,
Ab cor dur, a! nuill'als non deing,
Mesclat ab geing.
Volretz que torn flacs-endurzitz,
O que demer !

COUBLET N°7 :
Trop sui arditz !
Dompna, mos sens eissabozitz
M'a faitz dir fols motz q'ieu non deing :
Contra mi reing.
Tant sui fors de mon sen issitz
Non sent qi·m fer.

COUBLET N°8 :
Mout es petitz,
Dompna,·l tortz q'ieu vos ai servitz,
Per que vos m'avetz en desdeing.
Fatz n'esdeveing !
Pendutz fos aut per la cervitz
Qui a moiller !

Humils, ses geing,
Dompna,·l vostre sers fals-faillitz
Merce vos quer.

Mas pretz, non Sobrans', es tequitz :
Don en vos er.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
J'entends les bruits, les chansons, les gazouillis
et les cris des oiseaux dans la haie.
Oui ! Mais je n'écoute pas ni ne m'inquiète ;
Car une tristesse
me prend au cœur, où le chagrin a pris racine,
me faisant souffrir.

COUPLET N°2 :
Si mon chant
était apprécié et accueilli
Par celle qui me méprise,
je m'efforcerais tellement
Que je serais acclamé dans bien plus de bons endroits
que je ne le ferai réellement.

COUPLET N°3 :
Triste et malheureux,
Est mon chant ainsi terminé
À jamais jusqu'à ce qu'elle se soucie de moi
avec son soutien ;
C'était mon trésor, maintenant c'est un défaut,
car elle ne peut pas le supporter.

COUPLET N°4 :
La joie s'est enfuie de moi !
Un peu plus tôt, [mon chant] m'a échoué.
Même si elle m'aimait, elle me tient maintenant avec dédain.
Pourquoi est-ce que je ne m'étouffe pas
Quand les supplications, la miséricorde ou la patience
ne peuvent rien atteindre ?

COUPLET N°5 :
Mon cœur me dit :
"Pourquoi suis-je tellement dégradé par elle ?"
"Parce qu'elle sait que vous ne vous souciez d'aucune autre femme :
À cause de cela, elle me déprécie".
Je mourrai, car mon cœur fou
ne cherche rien d'autre.

COUPLET N°6 :
Comme je suis trahi !
Bonne dame du désir capricieux
[et] du cœur pierreux, Ah ! Je ne m'inquiète pas,
agité de ruse, pour quelqu'un d'autre.
Vous voudrez que je devienne fatigué et osseux
Ou que je tombe !

COUPLET N°7 :
Je suis trop audacieux !
Madame, mon sens confus
M'a fait prononcer des mots stupides dont je ne me soucie pas :
J'agis contre moi-même.
Je suis tellement hors de mon esprit
que je ne le sens pas si on me blesse.

COUPLET N°8 :
Ce n'est qu'une chose insignifiante
Madame, le mal que je vous ai fait
et pour lequel vous me méprisez.
Cela me rend fou !
Que soit pendu haut par le cou
Celui qui a une femme.

Humble, sans tromperie,
madame, votre faux serf raté
vous demande grâce.

La valeur, pas la fierté, a prospéré,
c'est pourquoi elle sera en vous.

VERSE N°1 :
I hear the tweets, songs, twitterings
and cries of the birds in the hedge –
Yes! but I neither listen nor care;
for a sadness grips
my heart, where grief has taken root,
making me suffer.

VERSE N°2 :
If my singing
were appreciated and welcome
by her who holds me in disdain,
I would so strive
that I'd be acclaimed in many more good places
than I actually will.

VERSE N°3 :
Sad and woebegone,
my singing is thus ended
forever until she cares for me
with her support;
it was my treasure, now it is a flaw,
since she can't stand it.

VERSE N°4 :
Joy has fled from me;
a little earlier, [my singing] failed me.
Even if she loved me, now she holds me in disdain.
Why don't I snuff myself out
when pleads nor mercy nor patience
can attain anything?

VERSE N°5 :
My heart tells me:
"Why am I debased so much through her?"
"Because she knows that you don't care for any other woman:
because of that she depreciates me".
I shall die, for my madded heart
seeks nothing else.

VERSE N°6 :
How betrayed I am!
Good lady of fickle desire
[and] of stony heart, Oh! I do not, stirred with guile,
care for anyone else.
You will have that I turn weary and bony
or that I fall!

VERSE N°7 :
I am too daring!
Lady, my befuddled sense
made me utter foolish words I don't care for:
I am acting against myself.
I am so much out of my wit
that I don't feel it if one wounds me.

VERSE N°8 :
Lady, the wrong I have done you,
and for which you hold me in disdain,
is but a trifling thing.
It is driving me insane!
May he who has a wife
be hanged high by the neck.

Humble, without deceit,
lady, your false-failed serf
begs you for mercy.

Worth, not Pride, has flourished,
wherefore it'll be in you.


[Remonter]

* Cars, douz e fenhz del bederesc / Cher, doux et secret :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Cars, douz e fenhz del bederesc
M'es sos bas chanz, per cui m'aerc ;
C'ab joi s'espan viu e noire
El tems que·lh grill pres del siure
Chantan el mur jos lo caire ;
Que·s compassa e s'escaira
Sa vos, qu'a plus leu de siura
E ja uns non s'i aderga
Mas grils e la bederesca.

COUBLET N°2 :
Car jois e genhz ses fuec grezesc
Els paucs enfanz pasc e conderc,
Que nul enjan no·i emploire.
Mas en brezill no m'aus pliure
(Don me rancur), que·l blanc-vaire
Fai fals'amistat picvaira ;
Savis er fols qui s'i pliura,
Que greu er qu'en leis conderga
Fis jois ses flama grezesca.

COUBLET N°3 :
Cars, bruns e tenhz motz entrebesc !
Pensius-pensanz enquier e serc
Com si liman pogues roire
L'estraing röill ni·l fer tiure,
Don mon escur cor esclaire.
Tot can jois genseis esclaira
Malvestaz röill'e tiura
E enclau Joven e serga
Per qu'ira e jois entrebesca.

COUBLET N°4 :
Car naus ni lenhz ni flums on pesc
No m'es enanz, anz vei Joi berc,
Anz vauc troban com vis d'oire,
Que mont'el sill al fol yure.
Tan vei Prez dur per que·l laire
Lauzengiers conten e laira,
E sos amars ditz eniura
Prez, per que Jois fraing e berga
Que·s vol cals que·n pren e pesca.

COUBLET N°5 :
C'ar s'es empenhz, car no m'espresc,
vidal, costanz, martin, domerc.
No·m puosc ses bran d'els decoire
(per que·m corill) c'ab un guiure
De mal äur nafro·l paire
Don lo fils sofris e paira
Malvestat, que·l nafr'e·l guiura,
E fai Constanza, Domerga,
De domnas. Que jois l'espresca !

COUBLET N°6 :
Car petit (menhs que non paresc
Als paucs semblanz del menor derc)
Que vau doptan aur per coire,
Car al perill on ie·m liure.
Veg un tafur qe'n er fraire
(Qe·l nesi-malvatz s'afraira
Lai on lo francs-fis se liura) ;
E non cre Jois plus aut derga
Que·l crims nais ans que paresca.

COUBLET N°7 :
Car com argenz esmer'e cresc
Ab dur colps granz c'om fai a clerc
Vauc castian Pretz (...)
Mas per un fill pot reviure,
Vas cui m'atur, de bon aire ;
Si co·l venz va sus en l'aira
Lo sieus noms viu, e reviura
Pretz e Jois, que mong'e·s clerga.
Dieu prec qu'aital baron cresca.

COUBLET N°8 :
Cel que fa·l vers s'acompaira
Ab leis que ja non esquiura ;
Que non tem correg ni verga
Lo fuecs que compren ses esca.

raimbautz torn'e repaira
Lai on Pretz viu e reviura, –
Al comte, cui Dieus aerga,
Barselones, e Honors cresca.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Cher, doux et secret,
c'est la chanson basse du roitelet pour moi,
et la raison pour laquelle je suis si exalté.
Car il vit, s'étale, gonfle
lorsque les grillons chantent dans le mur
sous le bloc de pierre du chêne-liège,
Et sa voix, plus claire que le liège, est précise, avec un bord.
que personne ne soit aussi ravi
que le cricket ou le Troglodyte.

COUPLET N°2 :
J'encourage et nourris une joie pure
Et précieuse chez les petits enfants,
sans tactiques sournoises pour les tromper.
Je ne peux pas être sûr qu'il y aura un grand changement
(la raison pour laquelle je me plains),
parce que celui qui corrompt fait une amitié fausse et instable.
Un homme sage qui a confiance en lui sera un imbécile,
Car il est difficile pour la vraie Joie
de s'épanouir sans ruse.

COUPLET N°3 :
J'entremêle des mots précieux, sombres, teintés
et pensivement pensifs, je cherche et cherche,
comment en limant je pourrais frotter
la rouille extraterrestre, le placage flétri,
et égayer mon cœur sombre.
Tout ce que Joy illumine le mieux, le
mal rouille et ternit,
et cherche à piéger les jeunes,
mêlant ainsi Rage à Joy.

COUPLET N°4 :
Car ni bateau, ni bateau, ni rivière sur laquelle je pêche
ne me font avancer, au lieu de cela je vois Joy précipité,
et je deviens étourdi,
comme l'ivrogne quand le vin de la peau de chèvre lui monte à la tête.
[La raison] J'ai une perception si dure de Prez,
c'est parce que le marchand de potins lâche se met à japper et à japper,
et ses paroles amères enivrent Prez, de
sorte que la joie est brisée, brisée.
Quiconque le souhaite pour lui-même peut le pêcher et le prendre.

COUPLET N°5 :
Et puisque je suis toujours dans cet état,
Vidal, Costanz, Martin, Domerc,
ont poussé dedans, et je ne peux pas échapper à leurs griffes
sans une épée (c'est pourquoi je me plains)
pour, avec une vipère de mauvais augure ils blessent le père,
et le fils souffre et endure le mal
qui le blesse et l'empoisonne
et fait des femmes infidèles de Constanza
et de Domerga. Que Joy le réveille.

COUPLET N°6 :
Je me mets en danger
plus que je ne le pense, à un rang moindre,
puisqu'il va confondre l'or avec le cuivre.
Je vois un valet qui
s'associera à moi dans cette affaire
(La façon dont les stupides et les méchants
s'impliquent toujours dans les affaires nobles et courtoises).
Et je ne crois pas que la joie s'épanouira à nouveau,
car le crime prend forme avant qu'il ne devienne apparent.

COUPLET N°7 :
Car, tout comme l'argent devient plus fin avec de grands coups lourds,
comme on donne aux commis,
je châtie Pretz (...)
Mais il peut revivre, avec un fils de noble naissance,
envers qui je ferai de mon mieux ;
Juste au moment où le vent se lève sur l'aire de battage, son nom vit,
et Pretz et Jois revivent aussi ;
que moine et nonne
prient Dieu pour que ce baron prospère.

COUPLET N°8 :
Celui qui fait des vers deviendra ami
Avec une Dame qui ne se moquera jamais de lui ;
De même que le feu qui s'allume sans étincelles
Ne craint ni fouet ni baguette.

Raimbaut retourne
À l'endroit où Pretz vit et vivra à nouveau -
Au comte de Barcelone - que Dieu le loue
Et que l'honneur l'élève vers le haut.

VERSE N°1 :
Dear, sweet and secret
is the wren's low song to me,
and the reason I'm so elated.
For it lives, spreads, swells
when the crickets sing in the wall
under the block of stone by the cork oak,
and its voice, lighter than cork, is precise, with an edge.
may no-one be as elated
as the cricket, or the Lady wren.

VERSE N°2 :
I encourage and nurture pure,
precious Joy in little children,
without devious tactics to trick them.
I can't be sure there will be any great change
(the reason why I'm complaining),
because the one who corrupts makes false, unstable friendship.
A wise man who trusts in it will be a fool,
For it's difficult for true Joy
to flourish without trickery.

VERSE N°3 :
I interweave precious words, dark, tinged,
and pensively pensive, I seek and search,
just how by filing I might rub away
the alien rust, the blighted veneer,
and brighten my sombre heart.
All that Joy lights up best,
evil rusts and tarnishes,
and seeks to ensnare Youth,
thus mingling Rage with Joy.

VERSE N°4 :
For neither ship, boat nor river on which I fish
takes me forward, instead I see Joy dashed,
and I go giddy,
like the drunkard when wine from the goatskin goes to his head.
[The reason] I have such a harsh perception of Worth,
is because the craven gossipmonger bickers and yaps,
and his bitter words make Worth drunk,
so that Joy is broken, shattered.
Anyone who wishes this for themselves can fish for it, and take it.

VERSE N°5 :
And since I'm still in this state,
Vidal, Costanz, Martin, Domerc,
have pushed in, and I can't escape their clutches
without a sword (that is why I'm complaining)
for, with a viper of evil omen they wound the father,
and the son suffers and endures Evil
which wounds and poisons him
And makes unfaithful wives of Constanza
and Domerga. May Joy awaken him.

VERSE N°6 :
I throw myself into danger
more than I may seem to, to one of lesser rank,
since he goes mistaking gold for copper.
I see a knave who will
associate himself with me in this matter
(The way the stupid and bad always get
involved in noble, courtly affairs).
I don't believe Joy will flourish again,
for crime takes form before it becomes apparent.

VERSE N°7 :
For just as silver becomes finer with great, heavy blows,
like one gives to the clerks,
I go chastising Worth . . .
But it can relive, with a son of noble birth,
toward whom I'll do my best;
Just as the wind rises on the threshing floor, his name lives,
and Worth and Joy live again too;
may monk and nun
pray to God that this baron thrive.

VERSE N°8 :
He who makes verses will become friends
with a Lady who will never mock him;
just as the fire which lights without sparks
fears neither whip or rod.

Raimbaut is returning
to the place where Worth lives and will live again –
To the Count of Barcelona –
may God praise him and Honour raise him to the heights.


[Remonter]

* Car vei qe clars / Car je vois clair :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Car vei qe clars
Chanz s'abriva
Dels aucels, e·l prims fremirs,
M'es douz e bels lor auzirs
Tan qe no sai coisi·m viva
Sens chantar, per qe comenz
Una chansoneta gaia.

COUBLET N°2 :
E·l sols blancs, clars,
Veg qe raia
Cautz, greus, secs, durs et ardenz,
Qe·m frain totz mos bons talens.
Mas una voluntatz gaia
D'un franc joi, qe·m mou Dezirs,
No vol c'ap flacs volers viva.

COUBLET N°3 :
Ges no m'es clars
Ni m'esquiva
Est jois, don faz lez sospirs,
Ni sai s'anc mi valc mos dirs
Ni mi noc ; e tem qe·m viva
Enaisi trop lonjamens
L'amors qe·il tenc meja gaia.

COUBLET N°4 :
Mos cors es clars
E s'esmaia !
Aici vauc mestz grams-iauzens,
Plens e voigz de bel comens ;
Qe l'una meitatz es gaia
E l'autra m'adorm cossirs
Ab voluntat mort'e viva.

COUBLET N°5 :
C'us volers clars
Qe·m caliva
M'espeing enant en Faillirs !
Mostra Temers que jauzirs
Val mais al home qe viva
Qe cortz gaugz ; per q'espaventz
S'altempr'ab voluntat gaia.

COUBLET N°6 :
Vostr'amics clars
No·us essaia,
Dona, ni·us mostra parvens,
Cor es en vos totz sos sens.
Ni sap si l'etz dur'o gaia !
Tant vos tem qe·l Descubrirs
L'escarz, e no sap com viva.

COUBLET N°7 :
Que non es clars,
Ab c'om pliva,
Amics, ni ab genz mentirs,
Si non tem so ; c'a martirs
Leu deu venir anz q'el viva !
C'om non ama finamenz
Senes gran temensa gaia.

COUBLET N°8 :
Ai! francs cors clars !
Res veraia !
Domna, vailla·m Chausimenz
Si eu non sui tant sapiens
Qe·us sapcha, per foudat gaia,
Dir so qe voil ; mas Suffrirs
No·m dan si voletz qe viva.

Domna,·l meilher res qe viva !
De loing ses fuec m'escomprens
E·m donas voluntat gaia.

Ai! dousa res coind'e gaia
Ara·m prosmara·l morirs
Si no·m das socors com viva.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
Puisque je vois que le chant clair 
et le fin grognement
Des oiseaux augmentent,
Cela m'est doux et agréable de les entendre ;
Tellement en fait que je ne sais pas vivre
Sans chanter, alors je commence
Une petite chanson joyeuse.

COUPLET N°2 :
Et que le soleil blanc et clair,  
Je vois, brille,
Chaud, brûlant, sec, dur et brûlant,
et ruine toutes mes bonnes intentions.
Mais un souhait joyeux
D'une joie sincère, que le désir suscite,
Ne veut pas que je vive avec une volonté atténuée.

COUPLET N°3 :
Cette joie ne se révèle jamais clairement 
et ne me fait pas peur,
et je soupire joyeusement à cause de cela,
et je ne sais pas si mes paroles me sont utiles
ou me faire du mal ; et je crains que cette joie
sans enthousiasme trop longuement
L'amour qu'il tient dans cet état.

COUPLET N°4 :
Mon cœur est clair
Et toujours consterné !
Je suis découragé, triste et toujours joyeux,
Plein et vide [à la fois] de bons débuts ;
Car ma moitié est joyeuse
Et l'autre émoussée par l'inquiétude
Avec une volonté qui est morte et qui vit toujours.

COUPLET N°5 :
Un désir clair
qui m'a consumé
Me pousse dans les bras de l'inconduite ;
Temers me montre que la jouissance
Vaut plus pour tout homme vivant
Qu'un bref plaisir ; à travers lequel ma peur
est alliée à une bonne volonté.

COUPLET N°6 :
Votre amant clair
Ne vous approche pas,
Madame, ni ne vous montre son visage
Quand tous ses sens tendent vers vous.
Il ne sait pas si vous êtes dur envers lui ou gai ;
il vous considère tellement que la divulgation
L'éloigne et il ne sait pas comment vivre.

COUPLET N°7 :
Car un amoureux n'est pas clair,
peu importe s'il plaide
ou est plein de mensonges agréables,
S'il ne craint pas ainsi ; car il devrait
facilement aller à son martyre plutôt que de vivre.
Car on n'est pas un amant adepte
Sans beaucoup de crainte gaie.

COUPLET N°8 :
Ah ! Coeur clair et sérieux !
Vous vraie chose !
Madame, que la clémence me serve
Si je ne suis pas assez sage pour
pouvoir, par ma folie joyeuse,
Dire ce que je veux dire ; mais souffrir
Ne me fera pas de mal, si vous voulez que je vive.

Madame, la meilleure chose en vie,
vous m'embrasez de loin, sans feu
Et vous me donnez un désir joyeux.

Ah ! Douce chose, joyeuse et gentille,
Maintenant la mort m'approche
Si tu ne viens pas à mon secours pour que je puisse vivre.

VERSE N°1 :
Since I see that the clear
song and the fine
warbling of the birds is increasing,
I find it sweet and pleasant to hear them;
so much in fact that I don't know how to live
without singing, so that I begin
a cheerful little song.

VERSE N°2 :
And I see that the white, clear
sun shines,
hot, searing, dry, hard and burning,
and ruins all my good intentions.
But a cheerful wish
for an earnest joy, which Desire stirs,
doesn't want me to live with an extenuated will.

VERSE N°3 :
This joy never clearly
reveals itself nor does it
shy me, and I happily sigh because of it,
and I don't know whether my sayings avail me
or harm me; and I fear
this half-hearted joy will overlive
in this state.

VERSE N°4 :
My heart is clear
and still dismayed;
I go disheartened, sad and still merry,
full and void [at once] of good beginnings;
for my one half is merry
and the other dulled by worry
with a will which is dead, and still lives.

VERSE N°5 :
A clear desire
that consumed me
pushes me into Misconduct's arms;
[but] Retain shows me that enjoyment
is worth more to any living man
than a brief pleasure; through which my fear
is alloyed with cheerful will.

VERSE N°6 :
Your clear lover
doesn't approach you,
lady, nor shows you his visage
when all his senses tend towards you.
He doesn't know if you are harsh towards him, or cheerful;
he regards you so much that Disclosure
keeps him away, and he doesn't know how to live.

VERSE N°7 :
For a lover is not clear,
no matter if one pleads
or is full of pleasant lies,
if he doesn't fear thus; for he should
easily go to his martyrdom rather than live.
For one is not an adept lover
without much cheerful fear.

VERSE N°8 :
Ah! Clear, earnest heart!
You true thing!
Lady, may Clemency avail me
if I am not wise enough
to be able, through my cheerful folly,
to say what I mean; but Enduring
won't hurt me, if you wish me to live.

Lady, the best thing alive,
you inflame me from afar, without fire
and give me cheerful longing.

Ah, you sweet, gleeful, nice thing,
now death draws near me
if you don't come to my rescue so that I may live.


[Remonter]

* Dona, si m'auzes rancurar / Madame, si vous m'entendez :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Dona, si m'auzes rancurar
De vos ploran mi clamera,
Mas no vos deg encolpar
Qu'ieu sai be que tan valetz
Que tot qan faitz e dizetz
M'es bon, si tot a me tira.
Mas Dieu, que no faill en re,
Pregua lo hom de son be,

COUBLET N°2 :
E donx ben dei ieu vos preguar :
Ja no·us en devetz far fera,
Pos re no vos aus blasmar ;
Mas parlar be·m sufriretz –
Oc, tan qu'ieu en soi meils letz, –
C'aillor ma lengua no·s vira ;
Mas en vos clamar merce
Non ten pro ni no·m sove.

COUBLET N°3 :
Si saubes tan Dieu predicar
Ben sai c'ap se m'alberguera.
C'ades, cant ieu cug orar,
Dei pregar a Dieu, creisetz,
Que fos ab vos lai on etz
Que d'als mors cors non consira
Si que non-poders lo te
Qu'ar la i non cor ab l'ale.

COUBLET N°4 :
Pos tan vos platz eschausar
No sai si·m dirai "trop era,
Dona, que·m denhetz baizar."
E donx com sufrir podetz
Que·us bais ? pos tan mi valetz
Quar ab aquel be morira
Adoncs marves (per ma fe,
Si penses so, car m'en ve.)

COUBLET N°5 :
Bela doussa dona (si·us par
Qu'ieu no vailla tant enquera
Que·m dejatz ab vos colgar)
Neis del be que fag m'avetz
No fo anc re si temetz
C'aiatz faillit ; qu'ieu faillira
E tanh meils que·ill mortz m'en me
Que ja vos faillatz per me.

COUBLET N°6 :
Domna, si me voletz pagar,
Ab aitan que plus no·us quera
Com eu n'ai, podetz o far
Qu'eu non ai (be o sabetz)
Sens vos honor ni nuill pretz
Per que mos cors no s'adira
Com que·m menetz, ni·s cove
Pus res vas vos no·m mante.

COUBLET N°7 :
Per que·us deu ben esser plus car,
Mas mos cors ves vos s'esmera
Si que res no i pot camjar:
Qu'ieu sai tal, si m'en crezetz,
Que val for vos d'autras detz,
Qu'eu, si·m volgues, m'en jauzira ;
Mas si·m tenetz ferm el fre
C'autra no·m platz que·m n'estre.

COUBLET N°8 :
Dona, Dieu saubr'ieu ensenhar
So don totz molt meillurera
Que tolgues c'om en amar
No pogues far tort ni vetz
Si nuill mal parlar no (...) etz
Que no i fail qui fortz sospira
Ni trop au ni sent ni ve,
Ni conois ni sap ni cre.

Dona, onguan cai'en mal ira
Sel qu'encontra vos ni me
Ditz re ni conois ni cre.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUPLET N°1 :
Madame, si j'osais me plaindre,
je pleurerais en pleurant;
Mais je ne vous en veux pas,
Car moi je sais bien que vous valez tellement
Que tout ce que vous faites et dites
M'est bon, même si cela peut me déplaire.
Mais comme on prie Dieu, qui ne manque
de rien, pour son bien,

COUPLET N°2 :
Et donc je vous prierai aussi :
vous ne devez pas être en colère,
car je n'ose vous en vouloir ;
Mais vous me supporterez de parler -
Oui, tant que j'en serai plus joyeux -
Car ma langue ne se tourne pas vers d'autres sujets ;
Mais en vous suppliant de miséricorde,
cela ne me fait aucun bien ni ne m'aide.

COUPLET N°3 :
Si je pouvais invoquer Dieu autant,
Je sais bien qu'il me garderait à ses côtés.
Pour l'instant, quand je me mets à prier,
je dois aimer Dieu, croyez-moi,
être là où vous êtes,
Car je ne peux pas tourner mon cœur ailleurs
pour que l'impuissance le garde
De sorte que maintenant je n'ai pas assez de souffle pour nommez-la.

COUPLET N°4 :
Puisque tu aimes tant partir en voiture,
Je ne sais pas si je vais dire : "C'était trop,
Madame, que tu daignais m'embrasser".
Et alors, comment pouvez-vous tolérer
Que je vous embrasse, puisque vous comptez tellement pour moi
Que je mourrai d'un tel cadeau
tout de suite? (par ma foi,
Qi je le pensais, je le paierais cher).

COUPLET N°5 :
Belle et douce dame (si tu penses
Que je ne vaux toujours pas la peine
de mentir avec vous)
Rien n'est venu (si c'est le cas, tu as peur,
que vous avez mal agi) du bien
que vous m'avez accordé ; car je serai fautif,
Et la mort devrait plutôt m'enlever,
Avant que vous ne soyez fautif à cause de moi.

COUPLET N°6 :
Madame, si vous voulez me récompenser,
bien que je ne demande pas
plus que moi, vous pouvez le faire :
Car, sans vous, je n'ai
(vous le savez) ni honneur ni valeur,
De sorte que mon cœur n'est pas lourd,
peu importe comment vous me traitez ; cela ne me convient pas non plus,
car rien ne sert mon affaire avec vous.

COUPLET N°7 :
Pour cela, je devrais vous être plus cher :
je raffine mon amour pour vous au point
que rien ne peut y être changé :
Car je connais une certaine femme, si vous me croyez,
Qqui vaut, à part toi, dix autres
avec qui, si je le voulais, je pourrais dormir ;
Mais tu m'attaches pour
ne pas laisser une autre femme me favoriser.

COUPLET N°8 :
Madame, je pourrais enseigner à Dieu
ce qui améliorerait tout :
empêcher l'homme de commettre
le mal ou le méfait en aimant
à moins qu'il ne parle pas mal,
Car il n'y a aucune faute à soupirer fort,
Ni excès d'entendre ou de voir,
de savoir ou croire.

Madame, que quiconque dit,
sache ou croit quelque chose contre
vous ou moi tombe en détresse.

VERSE N°1 :
Lady, if I dared complain,
I would cry out weeping;
but I shall not blame you,
for I know well that you are worth so much
that all you do and say
is good to me, although it may displease me.
But since one prays god, who doesn't
fail in anything, for one's good,

VERSE N°2 :
I shall, indeed, pray you too:
you ought not to be wroth,
for I dare not blame you;
but you will bear with me talking –
yes, as long as I am the merrier for it –
for my tongue doesn't turn to other subjects;
but when begging you for mercy,
it doesn't do me any good, nor does it help me.

VERSE N°3 :
If I could invoke god as much,
I know well he'd keep me by his side.
For now, when I set out to pray,
I must endear god, believe me,
to be there where you are,
for I can't turn my heart elsewhere
so that powerlessness keeps it
so that now I don't have enough breath to name her.

VERSE N°4 :
Since you like so much to drive away,
I don't know whether I'll say "It was too much,
lady, that you deigned to kiss me".
And so, how can you tolerate
that I kiss you, since you mean so much to me
that I will die of such a gift
right away? (by my troth,
if I thought so, I'd pay dearly for it).

VERSE N°5 :
Fair, sweet lady (if you think
that I am still not worth
of lying with you)
nothing has come (if so you fear,
that you have acted wrongly) of the good
that you have bestowed upon me; for I shall be at fault,
and death should rather take me away,
before you are at fault because of me.

VERSE N°6 :
Lady, if you wish to reward me,
although I do not ask
for more than I have, you can do it:
for, without you, I have
(this much you know) neither honour nor worth,
so that my heart is not heavy,
no matter how you treat me; nor does it befit me,
since nothing helps my case with you.

VERSE N°7 :
For this I should be more dear to you:
I refine my love for you to such a point
that nothing in it can be changed:
for I know a certain woman, if you believe me,
who is worth, except for you, ten other
with whom, if I wanted, I could sleep;
but you tether me so
that I don't suffer another woman to favour me.

VERSE N°8 :
Lady, I could teach god
that which would much improve on everything:
preventing man from committing
wrong or misdeed in loving
unless it were not ... speaking ill,
for there is no fault in sighing loudly,
nor excess of hearing or seeing,
of knowing or of believing.

Lady, may anyone who says,
knows or believes anything against
you or me fall into distress.


[Remonter]

* Donna, cel qe.us es bos amics / Madame, celui qui est bon ami :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Donna, cel qe·us es bos amics,
A cui vos etz mals et enics,
Vos clama merce d'una re:
C'aujaz so qe·us vol dir per be
Aici en esta carta escrit,
Ez escoutaz com o a dit;
E prega·us qe non respondaz
Tro qe tot auzit o aiaz;
Qe tal ren i aura ben leu
Al fenir qe ja no·us er greu.
Donna, gran pena trauc per vos;
Anc mais non saubi mal qe·s fos.
Eu ai amat ben autra vez,
Ves altra part on era frez,
Leialmen e senes enjan;
Mas anc mais no trais tan d'afan.
Anc mais null'amors no·m toqet
Lai on la vostra ira·m intret,
Ni non isit de tan preon
Com aquesta, e no sai d'on.
Anc mais no saup qe·s fos amors
Ni no senti de sas dolors;
C'Amors m'a mes en tal destreich
Q'en granz chalors mi dona freich
Et ab granz freich mi dona chaut,
E·m fai irat s'anc mi fez baut.
Dos enemics ai trop mortals:
Vos et Amors, don qecs m'es mals.
Mas vos m'etz enemics de cor
Qi·m tollez ris, joi, e demor
E·m mostraz vostre mautalen,
E dizez me tot a presen;
Mas Amor no auch ni no vei
Ni no sai ves qal part s'estei:
Per q'eu non puos contendre a lui.
Mas greu m'es, car de mi no·s fui,
C'amar vos mi fai de tal guisa
On nostr'amor es mal devisa:
Qe·us am e vos no amaz mi;
Fort mal joc partit a aici.
Amors se demostra vilana,
Qi vos fai estar baud'e sana:
E vec qe nafrat m'a tan fort
Q'eu cuit aver trop peich de mort,
Car si sol a mort m'estorzia,
Ja tan fort no m'en plagneria:
Car qi tot tems viu a dolor,
Peiz a de mort, qi no·l secor.
S'Amors fos tan ben eseignada,
Se d'un pauc vos agues nafrada
– sol neis de la milena part
Qe mi nafret en un esgart –
Ab aitan m'agra gen garit
D'aqel mal colp qe m'a ferit.
Ges la plaga non par defora,
Mas dinz lo cor m'art et acora;
E no m'en pot valer mezina,
Ses vos, ja tan no sera fina;
E s'eu per aicho recep mort
Vos ez Amors n'aurez lo tort,
Qe·m pograz sanar e garir.
Ja no·us en calgra Amor blandir? –
Donna, non puosc ab toz contendre:
Vos pregar et Amor defendre;
Q'eu no vos pos ges far amar
S'Amor no m'en vol ajudar.
Pos vei qe mos precs no mi val,
Laserai m'en, – si pogues al!
Mas Amor no·m laissa garir,
Qi m'a mes en aquest conssir;
Qe d'autra part non aug ni veich
Mas vas la terra e vas l'endreich
On mais vos vei, mais n'ai de dol
Per lo grant gauch qe far mi sol.
Soven pens qe ja mais no·us veia,
E qe de loing ses vos m'esteia;
Qe qant eu vos vi de premier
Vos me disez ben a sobrier,
Ez on plus annei a ennan
Evos m'o annez pejuran;
Per q'eu tem s'eu mais vos vezia
Qez ades m'en pejuraria;
C'atresait me feiraz aucir
Ez eu enqer no voil morir;
Qar sol pel Bon Respeith voil viure!
Non sai s'en fol mos dich vos liure,
Mas se vos me tenez per fol
D'aqo qe·us dic, enclin lo col.
Tot qan vos plaz m'es bon e bel.
Ja no·us farei autre revel.
Greu m'es qan mal no·us pos voler,
C'Amors no m'en dona poder;
Qe s'eu vos pogues voler mal
Nos fora alqes comunal;
D'aitan se no·m volcses amar
Qe·m pogra en altra part virar.
Mas d'aiqo sol non pos ja re
Car eu non ai poder de me:
D'aicho·m podez ben far orguoill!
Er agradaz s'e·us am e·us voill;
Qe s'eu sabia tot en ver
Qe ja pro no·m volsez tener,
Ni en trastota vostra vida
Vostra amistaz no·m fos cobida,
Autra non poria amar ges
Per nulla beltat qez agues.
Si no·m volez estre amia,
Aizo no·m podez tolre mia
Q'eu toz temps no·us sia amics,
Sitot m'es vostre cor enics.
Donna, car en mos dich no·us lau
Ni vostra beltat no mentau
Eu o faz ben a escien,
Q'en re mais no cuit aver sen;
C'a mon grat vos cujariaz
Qe ja tan bella no fussaz;
Car per la beltat qez avez
Sai be qe plus vil me tenez.
Donna, maldit sion miraill!
(e belleza, car no vos faill!)
Donna, ja miraill no crezaz!
Cujaz qe tan bella siaz
Com inz el miraill vos vezez?
Ben ez folla si o crezez,
Qe tot mirail son menzonger,
E foson fraich toz li enter.
Donna, ceus qi·us lauzan en re,
Sapchaz qe non o fan per be:
C'aitan vos volon escharnir
Can vos lauzan ab lor mentir.
Mas eu no·us serai ja mentire,
Donna, c'ades vos voil ver dire;
M'en crezaz, donna, qe·us dic ver
– ja negun non aia poder –
Car eu no vos lau ges per bella
Anz dic q'ez negra com niella.
Donna, vas totas parz predic
Qe plus ez laida q'eu non dic;
Mas a mi foraz asaz genta
C'aitals laida res m'atalenta!
Donna, s'ieu volia dir
Tot aiqo q'eu de vos cossir,
No vos avria dich d'un an;
Mas eu tem no·m tornes a dan;
Per q'eu no·us en voil far lonc plait,
E dic vos be tot atresait,
Donna, se·l vostr'om pert en re
Sapchaz qe vos i perdez be.
Ben sabez qe vostre sui eu,
Ni non ai mais segnor soz Deu;
Per so sapchaz be tot de cert
Qe vos i perdez s'eu i pert.
Donna, del pauc tort q'eu vos ai
Ja sol no m'en razonarai,
E si n'auria asaz razos
Vos trobarez mas ochaisos.
Per jase mi podez durar;
Toz temps m'o podez contrastar,
Donna, car entre mi e vos
No voill plaides mais sol nos dos.
Qe ja nos partam d'est conten
Qe res mais non sap mon talen.
Ja non plaidejaz re per leich;
Per vos metessa·m prendez dreich;
Ez eu i cuit ben dir tal re
O non podez trobar mesbe.
A merce non podez rendir?
C'ab aqo nos dei convertir.
Lai o neguna res non val,
Merces deu amortar lo mal.
Merces n'aiaz e chausimen!
No vos i traich autre guiren,
Donna; merce vos qer, si·us plai!
En mais guisas q'eu dir no sai
Aici·us qer merce e perdon,
Com Dieus perdonet al lairon.
Donna, s'eu recep mort per vos
Ja no vos sera negus pros.
Morai? – O eu! Com hom mespres
Qe de meiz morc estai en pes!
Sospir mi fan fenir mon comde:
Ves vos mi lais vencut e domde!
Plor mi tol q'eu non puos plus dire,
Mas cho q'eu volgra dir, conssire.
Donna, merce vos qer, si·us plaz;
Per merce qe merce n'aiaz!
Merce vos clam, ma dolz amia,
Anz qe la Morz aissi m'aucia.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Madame, celui qui est un bon ami à vous,
et à qui vous êtes dur et hostile,
vous prie d'avoir pitié d'une chose :
que vous entendiez bien ce qu'il veut vous dire
ici, c'est écrit dans cette lettre,
et que vous écoutiez la façon dont il le raconte ;
et il vous prie de ne pas y répondre
avant d'avoir tout écouté,
car il pourrait facilement y avoir quelque chose
à la fin qui ne vous déplaira pas.
Madame, je suis en grande difficulté à cause de vous :
avant vous, je ne savais pas ce qu'était la douleur.
J'ai en effet aimé d'autres fois,
dans d'autres lieux, quand j'étais jeune,
loyalement et sans tromperie,
mais cela ne m'a jamais donné une telle angoisse.
Et jamais aucun amour ne m'a [même] touché
à l'endroit où ta colère m'a poignardé.
Il ne venait pas non plus d'un endroit aussi profond
que celui-ci - et cet endroit m'est inconnu.
Je n'ai jamais su ce qu'était l'amour
et je n'ai pas ressenti ses douleurs ;
car l'amour m'a mis dans une telle angoisse
qu'il me refroidit dans les périodes de chaleur brûlante
et me réchauffe dans les périodes de froid glacial
et me rend triste, peu importe à quel point il me rendait joyeux.
J'ai deux ennemis trop mortels :
toi et l'amour, et vous êtes tous les deux cruels.
Mais mon ennemi juré, c'est vous
qui ôtez ma joie, ma joie et mon réconfort,
montrez-moi votre mauvaise volonté
et dites-moi en face ;
mais je ne peux ni entendre ni voir l'amour,
je ne sais pas non plus de quelle manière il habite,
de sorte que je ne peux pas me battre avec lui.
Mais il me désole, car il ne me quitte pas
et me fait t'aimer d'une manière telle
que notre amour est injustement séparé :
car je t'aime, et tu ne m'aimes pas;
il a vraiment partagé le jeu injustement.
L'amour se montre bas-né,
en vous permettant de rester gay et sain :
et voyez que cela m'a tellement blessé
que je suis pire que mort,
car si seulement il me torturait à mort,
je ne me lamenterais pas si fort :
il qui vit tout le temps dans une douleur
que personne ne résiste est pire que morte.
Si l'amour était assez bien élevé,
s'il t'avait fait mal mais un peu
- seulement la millième partie
de la blessure qu'il m'a donné d'un coup d'œil -
avec cela il m'aurait guéri
du mauvais coup qui m'a blessé.
Les dommages ne sont pas apparents
mais ils me brûlent et rongent le cœur à l'intérieur ;
et aucun médicament ne peut m'aider,
sans vous, aussi excellent soit-il ;
et si cela me mène à ma tombe,
vous et l'amour porterez le blâme,
car vous pourriez me guérir et me guérir.
Ne serait-il pas préférable que vous fassiez l'amour fade ?
Madame, je ne peux pas me battre avec tout le monde,
vous faire aimer et parer les coups de l'amour ;
car je ne peux pas vous faire aimer du tout
à moins que l'amour accepte de m'aider.
Puisque je vois que mon plaidoyer ne me sert pas,
J'y renoncerai - si je pouvais faire autrement !
Mais l'Amour ne me laisse pas guérir,
Amour, qui m'a mis dans ce bourbier ;
car je n'écoute ni ne regarde autrement
que vers la terre et le lieu
où je te vois le plus souvent, mais cela me chagrine d'autant plus
à cause de la joie qu'elle m'apportait.
Je pense souvent à ne plus jamais te revoir
et à rester loin de toi;
car, lorsque je vous ai vu pour la première fois,
vous aviez beaucoup de bonnes paroles pour moi,
mais plus je me rapprochais de vous
- voici - plus vous vous mettiez à me maltraiter ;
ainsi je crains que, si je vous voyais davantage,
je paierais tout de suite cher ;
car tu me ferais tuer tout de suite,
et je ne veux pas encore mourir tout à fait ;
car je ne veux vivre que pour de bonnes espérances.
Je ne sais pas si je vous offre des mots stupides,
mais si vous pensez à moi comme un fou
à cause de ce que je dis, je baisse la tête.
Tout ce que vous aimez est juste et bon pour moi.
Je ne m'opposerai plus jamais à ta volonté.
Cela m'attriste que je ne puisse pas vous souhaiter du mal,
car l'Amour ne me donne pas la force :
car si je pouvais vous souhaiter du mal,
nous aurions quelque chose en commun ;
de plus, si vous ne vouliez pas m'aimer,
je pourrais me tourner vers quelqu'un d'autre.
Mais je ne peux rien y faire,
car je ne suis pas maître de moi:
vous pouvez bien vous vanter de moi !
Maintenant vous êtes bien content si je vous aime et vous désire ;
car si je savais en vérité
que vous ne voudriez jamais m'avoir,
et que dans votre vie entière
votre amitié ne me serait jamais destinée,
je ne pourrais toujours pas aimer une autre femme
pour toute la beauté qu'elle pourrait avoir.
Si vous ne voulez pas être mon ami,
vous ne pouvez pas m'enlever ceci :
que je sois pour toujours votre ami,
bien que votre cœur soit cruel envers moi.
Madame, pourquoi je ne vous loue pas dans mes écrits,
et je ne mentionne pas non plus votre beauté ?
Je le fais tout à fait exprès
et dans cette seule chose, je montre un certain sens ;
car, si cela m'était laissé, vous ne croiriez pas que
vous étiez si belle ;
car je sais que tu me méprises davantage à
cause de ta propre beauté.
Dame, que les miroirs soient maudits !
(et la beauté, car cela ne vous manque pas)
Dame, ne croyez-vous jamais un miroir!
Pensez-vous que vous êtes aussi juste
que vous vous voyez dans le miroir ?
Vous êtes tout à fait idiot si vous le croyez,
car tous les miroirs sont des menteurs,
et puissent-ils tous être brisés.
Madame, sachez que ceux qui vous louent
pour rien ne le font pas de bonne volonté :
car ils veulent se moquer de vous autant
quand ils vous louent avec leurs mensonges.
Mais je ne vous mentirai jamais,
Madame, et maintenant je vais vous dire la vérité ;
croyez-moi, madame, car je parle vraiment
- ou puis-je n'avoir aucune puissance -
car je ne vous loue pas du tout aussi jolie,
et je dis plutôt que vous êtes aussi basané qu'une négresse.
Madame, je déclare dans tous les coins
que vous êtes plus laide que je vous peins ;
mais si tu me suffisais,
une chose si moche me plairait tellement !
Madame, si je disais
tout ce que je pense de vous,
je ne vous l' aurais pas dit en un an,
mais j'ai bien peur que ça puisse tourner à mon détriment ;
ainsi, je ne veux pas en faire un long plaidoyer
et je vous le dis tout de suite,
Madame : si votre vassal perd en aucune façon,
sachez que vous y perdez aussi.
Tu sais bien que je suis à toi
et que je n'ai pas d'autre maître sous Dieu ;
sachez donc avec certitude
que si je perds dans quelque chose, vous aussi.
Madame, à propos de ce petit tort que j'ai fait,
je ne peux pas le réparer moi-même ;
même si le droit était manifestement de mon côté,
vous inventeriez plus de charges.
Vous pourriez m'accuser pour l'éternité
et me disputer avec moi tout le temps,
madame, car entre nous deux,
je ne veux pas d'autre avocat que moi et vous.
N'ayons jamais ce costume de notre part
car je ne peux en aucun cas exprimer mon cœur.
Ne plaidez pas ce procès devant la loi :
écrivez vous-même sa sentence ;
et j'ai bien l'intention d'avancer des arguments
dans lesquels vous ne pouvez pas trouver un défaut.
Tu ne peux pas céder à la miséricorde ?
Car nous devons en être influencés :
là où rien ne sert,
la miséricorde doit apaiser les malades.
Ayez donc pitié et miséricorde !
Je n'apporte aucun autre garant devant vous,
Madame ; Je vous en prie, merci.
À bien des égards, je ne peux pas exprimer,
je prie ici pour la miséricorde et le pardon,
comme quand Dieu a pardonné au voleur.
Madame, si je vous conduis dans ma tombe,
cela ne vous fera jamais aucun bien.
Dois-je mourir ? - En effet ! tout comme un coupable
qui est déjà à moitié mort dans ses pensées.
Des soupirs me font mettre fin à mon argumentation :
je m'incline devant vous, gagné et maîtrisé.
Les larmes m'empêchent d'en dire plus,
mais j'imagine ce que j'aimerais dire.
Madame, je vous demande pardon, je vous en prie ;
par pitié, que vous ayez pitié !
Je demande grâce, ma douce amie,
avant que la mort ne m'emporte ainsi.

COUPLET N°2 :
.

COUPLET N°3 :
.

VERSE N°1 :
Lady, he who is a good friend of yours,
and to whom you are harsh and hostile,
begs you to have mercy in one thing:
that you hear properly what he means to tell you
here, ([it is] written in this letter)
and that you listen to the way he tells it;
and he begs you not to answer it
until you have listened to it all,
for there could easily be something
at the end that won't displease you.
Lady, I'm in great throes because of you:
before you I didn't know what pain was.
I have indeed loved other times,
in other places, when I was young,
loyally and without deception,
but never did it give me such anguish.
And never did any love [even] touch me
in the spot where your wrath stabbed me.
Nor did it spring from so deep [a place]
as this one – and the place's unknown to me.
I never knew what love was,
and I didn't feel these pains of his;
for love has put me in such throes
that it chills me in times of searing heat
and heats me in times of bitter cold
and makes me sad no matter how merry it once made me.
I have two too deadly enemies:
you and Love, and you are both cruel.
But my nemesis is you,
who take my cheer, joy and comfort away,
and show me your ill will
and tell me to my face;
but I can't either hear or see Love,
nor do I know which way he dwells,
so that I can't fight with him.
But he distresses me, for he doesn't leave me
and makes me love you in such a fashion
that our love is unfairly parted:
for I love you, and you don't love me;
he has truly shared the game unfairly.
Love shows itself low-born,
in letting you remain gay and sound:
and see that is has hurt me so much
that I am worse off than dead,
for if only he tortured me to death,
I wouldn't lament so loudly:
he who lives all the time in pain
which nobody allays is worse off than dead.
If Love were well-bred enough,
if he had hurt you but a little
– only the thousandth part
of the wound it gave me with a glance –
with that he would have healed me
of the ill blow that has wounded me.
The damage is not apparent
but it sears and gnaws at my heart within;
and no medicine can help me,
without you, no matter how excellent;
and if it leads me to my grave,
you and Love will bear the blame,
for you could cure and heal me.
Wouldn't it be better for you to blandish love?
Lady, I cannot fight with everybody,
endear you and parry Love's blows;
for I can't make you love me at all
unless love agrees to help me.
Since I see that my plea does not avail me,
I shall renounce it – if I could do otherwise!
But Love doesn't let me heal,
Love, who has put me in this quagmire;
for I don't listen nor watch in any other way
but towards the land and the place
where I most often see you, but it grieves me the more
because of the joy it used to bring me.
I often consider never seeing you again,
and remaining far from you;
for when I saw you for the first time
you had many a kind word for me,
but the closer I moved to you
– behold – the more you took to abusing me;
thus I fear that, if I saw you more,
I would pay dearly for it right off;
for you would have me killed at once,
and I don't want to die quite yet;
for I wish to live for Good Expectation's sake only.
I don't know whether I offer foolish words to you,
but if you think of me as a fool
because of what I say, I bow my head.
All you like is fair and good to me.
I'll never oppose your will again.
It grieves me that I cannot wish you ill,
for Love doesn't give me the strength:
for if I could wish you ill,
we would have something in common;
furthermore, if you didn't wish to love me,
I could turn to someone else.
But I can't do aught about it,
for I'm not the master of myself:
you can well boast about me!
Now you are well pleased if I love and desire you;
for if I knew in all truth
that you'd never wish to have me,
and that in your entire life
your friendship wouldn't be ever destined for me,
I still couldn't love another woman
for all the beauty she could have.
If you don't want to be my friend,
you can't take this away from me:
that I be forever your friend,
although your heart be cruel to me.
Lady, why don't I praise you in my writings,
nor do I mention your beauty?
I do it quite on purpose
and in this one thing I show some sense;
for, if it were left to me, you wouldn't believe
you were this beautiful;
for I know that you despise me more
because of your own beauty.
Lady, may mirrors be cursed!
(and beauty, for it doesn't fail you)
Lady, may you never believe a mirror!
Do you think you are as fair
as you see yourself in the mirror?
You're quite a fool if you so believe,
for all mirrors are liars,
and may they all be shattered.
Lady, know that those who praise you
for anything, don't it in good will:
for they want to mock you as much
when they praise you with their lies.
But I shall never lie to you,
lady, and now I'll tell you the truth;
believe me, lady, for I speak truly
– or may I not have any potency –
for I don't praise you as pretty at all,
and say instead you're as swarthy as a negress.
Lady, I declaim in every corner
that you're uglier than I paint you;
but were you to be very enough to me,
such an ugly thing would appeal to me so!
Lady, if I were to say
all I think about you
I wouldn't have told you in a year, [sic]
but I'm afraid it could turn to my detriment;
thus, I don't want to make a long plea of it
and I'll tell you straight away,
lady: if your vassal loses in any matter,
know that you lose in it as well.
You know well that I am yours
and that I have no other master below god;
therefore know for a sure thing
that if I lose in something, so do you.
Lady, about that little wrong I have done,
I can't redress it by myself;
even if the right were manifestly on my side,
you would invent more charges.
You could accuse me for eternity
and dispute with me all time,
lady, for between us two
I wish for no lawyer but me and you.
Let us never this suit of ours part
for in no other way can I express my heart.
Do not plead this suit before the law:
write its sentence yourself;
and I intend indeed to bring forth arguments
in which you can't find a flaw.
Can't you concede to mercy?
For we ought to be swayed by it:
where nothing avails,
mercy must allay the ill.
Have thus mercy and pity!
I don't bring any other guarantor before you,
lady; I beg for mercy, an you please.
In many ways I cannot express
I beg here for mercy and forgiveness,
as when god forgave the thief.
Lady, if I am lead to my grave by you,
it won't ever do you any good.
Shall I die? – Indeed! just like a culprit
who already is half-dead in thought.
Sighs make me end my argument:
I bow before you, won and subdued.
Tears prevent me from telling more,
but I imagine what I'd like to say.
Lady, I beg for mercy, an you please;
for mercy's sake, may you have mercy!
I beg for mercy, my sweet friend,
before death thus takes me away.

VERSE N°2 :
.

VERSE N°3 :
.


[Remonter]

* En aital rimeta prima / Dans un petit poème :

- Présentation de cette chanson : C.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
En aital rimeta prima
M'agradon lieu mot e prim
Bastit ses regl'e ses linha,
Pos mos volers s'i apila ;
E atozat ai mon linh
Lai on ai cor qe m'apil
Per totz temps, e qi·n grondilha
No tem'auzir mon grondilh.

COUBLET N°2 :
De la falsa genz qe lima
E dech'e ditz (don quec lim)
Ez estreinh e mostr'e guinha
(so don Joi frainh e esfila),
Per q'ieu sec e pols e guinh :
Mas ieu no·m part del dreg fil,
Qar mos talenz no·s roïlha,
Q'en Joi nos ferm ses roïlh.

COUBLET N°3 :
Qan vei rengat en la cima
Man vert-madur frug pel cim,
E qecs auzelletz relinha
Vas Amor, don chant'e qila,
Per cui ieu vas Joi relinh,
Don m'esforz e chant e qil ;
E·l rosinhols s'estendilha
Qe'm nafra d'amor tendilh,

COUBLET N°4 :
Si que·l cor m'art, mas no·m rima
Ren de foras, mas dinz rim ;
Q'Amors l'enclav'e l'escrinha
– Si ! pels sans qi son part Mila ! –
E·l ten pres dinz son escrinh ;
Q'ades am mais per un mil
Midons, si tot si·m perilha
Ni·m mou trebailh ni perilh.

COUBLET N°5 :
Asatz m'a sauput d'escrima
Il, q'enqers vas mi s'escrim ;
Mas non ha d'Aics tro a Sinha
Sa par defors ni dinz vila
E si·m destreinh ni me sinh,
Ha pro poder que·m envil ;
Mas ja sos cors no frezilha
Q'a mi·l sors promes frezilh.

COUBLET N°6 :
Don mos cors sailh fort e grima
Si q'en trep e saut e grim
E plor mais per que . . .
Mon cort gaug, cui acortilha
Dols, don prenc mal . . .
Qe·m ten trist en son cortil
Per l'amor que m'a volpilha
Midons c'a cor trop volpilh.

COUBLET N°7 :
Qar mi ten midons tan vil,
Maldic lo jorn mil vetz cilha
Q'aduis mon cor pres de cilh.

Mas ja no m'en tengues vil,
C'anc mos cors non fon pres cilha
Mas pels cis ni sobrecilh.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Dans un petit poème intelligent,
J'aime les mots légers et intelligents,
Assemblés sans règle ni ligne,
Et depuis que mon intention y est fixée,
j'ai redonné de la jeunesse à ma lignée
L à où mon cœur est fixé
Pour toujours. Et si quelqu'un devait se plaindre,
puisse-t-il être prêt à écouter mes propres plaintes.

COUPLET N°2 :
Sujet des infidèles, qui nous usent,
qui s'expriment, qui disent des choses (contre lesquelles je file)
Et contraignent, pointent, regardent,
(et dans ce faisant, la joie est gâtée),
C'est la raison pour laquelle je me dessèche, halète et regarde,
M ême si je ne m'éloigne jamais de la droite et de l'étroit,
Car mon désir ne rouille pas
et dans la joie, il nous reste intact.

COUPLET N°3 :
Quand je vois tous les fruits qui mûrissent
dans la cime des arbres,
Et quand de petits oiseaux s'alignent
Et se tournent vers l'amour, et chantent à ce sujet,
je me tourne moi-même vers la joie,
pour laquelle je m'efforce et chante à pleine voix
le rossignol s'éveille,
Et me blesse d'un amour nouvellement réveillé,

COUPLET N°4 :
Mon cœur est en feu; rien à l'extérieur de lui ne brûle,
bien qu'il s'enflamme à l'intérieur,
Car l'amour l'entoure et le tient captif,
- Oui ! par tous les saints au-delà de Milan ! -
Il est maintenu enfermé dans le coffre de l'amour,
Car j'aime maintenant Midons mille fois plus
si cela me met en péril,
en difficulté, en danger.

COUPLET N°5 :
Elle sait cacher son amour,
elle me le cache même.
Mais elle n'a pas d'égal d'Aix à Signe,
en ville ou à la campagne,
Et elle me contraint, me lie,
elle a un grand pouvoir qui me met à ma place.
Mais elle n'a jamais gambadé,
et le destin m'a promis une gambade.

COUPLET N°6 :
Et donc, à cause de cela, je saute et bondis,
fouille et saute, et saute.
Mais je pleure plus (...)
parce que ma brève joie est limitée
par la douleur, dont je tombe malade (...)
Je suis triste dans les limites
De son amour lâche,
car Midons a pour moi un cœur affamé.

COUPLET N°7 :
Et puisque Midons me considère comme si bas,
Je maudis mille fois par jour celui [l'amour]
Qui a conduit mon cœur jusqu'à mes cils.

Mais elle ne devrait jamais me considérer comme une base,
Car je ne l'ai jamais approchée
qu'au niveau des sourcils.

VERSE N°1 :
In a clever little poem such as this,
I like light and clever words,
put together without rule or line,
and since my intention is set on it,
I have given back youth to my lineage
there where my heart is fixed
for all time. And if anyone should complain,
may they be prepared to listen to my own complaints.

VERSE N°2 :
About the faithless, who wear us down,
who speak out, who say things (against which I myself file away)
and constrain, point, stare,
(and in so doing Joy is spoiled)
they are the reason I wither, pant and stare,
though I never stray from the straight and narrow,
for my desire does not rust
and in Joy it remains untarnished to us.

VERSE N°3 :
When I see all the ripening fruit
in the treetops,
and when little birds line up and turn toward
Love, and sing about it,
I myself turn to Joy,
for which I strive and sing at the top of my voice
the Nightingale awakes, and wounds me
with newly-roused love.

VERSE N°4 :
My heart is on fire; nothing outside of it burns,
though it flames within,
for Love surrounds and holds it captive,
yes – by all the Saints beyond Milan, –
It is kept enclosed in Love's coffer,
for I now love Midons a thousand times more
though it puts me in peril,
in trouble, in danger.

VERSE N°5 :
She knows how to hide her love,
she even hides it from me.
But she has no equal from Aix to Signe,
in town or in the country,
and she constrains me, binds me,
she has great power which puts me in my place.
But she never frolics,
and fate promised me a frolic.

VERSE N°6 :
And so, because of this I leap and bound,
and frisk and jump, and leap.
But I weep more (...)
because my brief joy is curtailed
by Pain, about which I take ill (...)
I'm sad in the confines
of her cowardly love,
for Midons has for me a craven heart.

VERSE N°7 :
And since Midons considers me so base,
I curse a thousand times the day the One [Love]
who led my heart up to my eyelashes.

But she never should consider me base,
for I only ever came near her
at eyebrow level.


[Remonter]

* Er quant s'embla.l foill del fraisse / Maintenant, quand la feuille :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Er quant s'embla·l foill del fraisse
E·l ram s'entressecon pel som
(que per la rusca no·i poja
La dolz'umors de la saba)
E·ill aucel son de cisclar mut
Pel freit que par que·ls destrenga –
Mas ges per aitant no·m remut
Que·l cor no·m traia fait de drut.

COUBLET N°2 :
Qu'eu reverdisc et engraisse
Quan tot'altr'alegresa rom ;
E si tot mos gauz s'enoja
A tal c'a prezen non gaba,
Ges per tant non es remanzut
Qu'ab lei de cui teing Aurenga
No·m aian tan mei prec valgut
Qu'ab si m'a baizan retengut.

COUBLET N°3 :
Per qu'eu lau qu'us quecs s'en laisse,
Pos malgrat lor n'ai mai del nom ;
Qu'er ges neus ni vens ni ploja –
Si sa grans merces m'acaba
Mon car desir qu'ai tan volgut –
No·m pot tolre, ni lauzenga,
L'amor que·i mes ab gran vertut
Deus, quant m'ac asi elegut.

COUBLET N°4 :
Ha domna ! Si ja·m biaisse
Ves vos, ni pren vouta ni tom
Adoncs si'eu pres en boja !
Si ja tan mos cors mescaba,
Qu'al meu tort me virez l'escut !
E cofonda Deus la lenga
Que diz a frau ni a saubut
Re per qu'amdui siam perdut !

COUBLET N°5 :
Qu'eu non voill que de nos baisse
L'Amors, que ges del dart del plom
No·ns feri (ans sai que voja
De nos tot mal et arraba) :
Qu'anc no tant – deu esser crezut –
Doas res – qui que s'en fenga –
No·s ameron – si Deus m'ajut –
Cum nos fam e farem canut.

COUBLET N°6 :
Ai, dona ! Quar tan m'abaisse
Que no·us vey lay on essems fom,
No creyatz que mot no·m coja ;
Mas per dig d'una sillaba
Er mantenen reconogut
Tot so qu'az Amor covenga :
Per qu'ieu del ben qu'en agr'agut
Sai e crey qu'ieu n'ai molt perdut.

COUBLET N°7 :
E ja trobaire no s'eslaisse :
Qu'anc pos Adams manget del pom
No valc – si tot quex s'enbroja –
Lo seus trobars una raba
Ves lo meu que m'a erebut;
Ni taing q'us tan aut s'en prenga, –
Qu'eu ai trobat e cossegut
Lo miels d'amor tant l'ai quesut.

E, qui m'en desmen, tost prenga
Lo bran e la lans'e l'escut,
Q'eu l'en rendrai mort e vencut.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, lorsque les feuilles se détachent des cendres 
Et que les branches se dessèchent dans la cime des arbres
(car, à travers l'écorce,
La douce humeur de la sève ne monte pas sur eux)
Et que les oiseaux se sont tus de leur gazouillis
à cause du froid qui saisit leur ;
Mais en dépit de tout cela, je ne suis pas ébranlé
dans mon attitude d'amant.

COUPLET N°2 :
Car je suis rajeuni et prospère
Quand tout autre bonheur est gaspillé ;
Et si toute ma gaieté est attristée
Au point de ne pas se vanter ouvertement,
cela n'a cependant pas empêché mes supplications
de me faire gagner que celle
dont je tiens Orange
m'a empêchée de m'embrasser.

COUPLET N°3 :
C'est donc ma volonté que vous abandonniez tous le sujet,
Puisque malgré eux, j'ai plus que le titre [d'amant] ;
Car même la neige ni le vent ni la pluie -
Si sa grande miséricorde me donne
Mon cher souhait que j'ai tant désiré -
Ni la calomnie ne peuvent m'enlever
L'amour que Dieu a mis là, avec une grande
puissance, quand il m'a choisi ainsi.

COUPLET N°4 :
Ah, madame ! Si jamais j'agis de manière trompeuse
Envers toi ou si j'agis de manière sournoise ou
si je tombe, alors je peux être jeté dans les fers !
Si jamais mon cœur échoue tant,
puisse-tu tourner ton bouclier contre mes torts !
Et que Dieu confonde la langue
Qui dit, secrètement ou ouvertement,
Des choses par lesquelles nous serions tous les deux ruinés.

COUPLET N°5 :
Car je ne souhaite pas que l'amour
nous délaisse, car il ne nous a jamais blessés
avec la fléchette de plomb (plutôt, je sais qu'il
nous purifie de tout mal et l'éradique) :
car jamais - vous devez me croire -
a fait deux choses - quiconque peut prétendre le contraire -
s'aimer - alors aidez-moi Dieu -
comme nous faire et fera [encore] quand rauque.

COUPLET N°6 :
Ah, madame ! Juste parce que je fais semblant de
ne pas vous voir là où nous serions ensemble,
Ne croyez pas que cela ne me tourmente pas beaucoup ;
Mais à travers l'expression d'une seule syllabe
Est actuellement reconnu
Tout ce qui se rapporte à l'amour :
à cause de cela je sais et crois que j'ai
perdu une grande partie du bien que j'aurais pu avoir.

COUPLET N°7 :
Et qu'aucun troubadour ne me défie :
car depuis qu'Adam a mangé la pomme
personne - même si tout le monde se vante -
La poésie vaut un navet
par rapport au mien, qui m'a exalté ;
il ne convient pas non plus que l'on s'imagine si élevé,
Puisque j'ai trouvé et réalisé
Le meilleur des amours, depuis que je le cherche depuis si longtemps.

Et que celui qui me contredit dans cette prise prenne
L'épée, la lance et le bouclier,
Car je vais le vaincre et le tuer pour cela.

VERSE N°1 :
Now when the leaf parts from the ash
and the branches wizen in the treetop
(for, through the bark, the sweet
humour of the sap doesn't mount to them)
and the birds have fallen silent from their warbling
because of the cold that grips them;
but in spite of this all, I'm unshaken
in my bearing myself as a lover.

VERSE N°2 :
For I am rejuvenated and prosper
when all other happiness is wasted;
and if all my merriment is saddened
to the point of not boasting openly,
it hasn't, however, kept my pleas
from gaining me that her
from whom I hold Orange
has kept me, kissing, with her.

VERSE N°3 :
Therefore it is my will that you all drop the subject,
since in spite of them, I have more than the title [of lover];
for not even snow nor wind nor rain –
if her great mercy grants me
my dear wish that I have so much craved –
nor slander can take away from me
the love that god put there, with great
power, when he chose me so.

VERSE N°4 :
Ah, lady! If I ever act deceitfully
towards you or act deviously or fall,
then may I be cast into irons!
If ever my heart fails so much,
may you turn your shield against my wrongs!
And may god confound the tongue
that says, secretly or openly,
things through which we'd both be ruined.

VERSE N°5 :
For I don't wish Love to shed
us, for he never wounded us
with the leaden dart (rather, I know he cleanses
us from all evil, and eradicates it):
for never – you must be believe me –
did two things – whoever may pretend otherwise –
love each other – so help me god –
as we do and will [still] do when hoary.

VERSE N°6 :
Ah, lady! Just because I pretend
not to see you there where we'd be together,
don't believe that it doesn't much torment me;
but through the voicing of a single syllable
is presently recognised
all that pertains to Love:
because of which I know and believe I have
lost much of the good I could have had.

VERSE N°7 :
And let no troubadour defy me:
for since Adam ate the apple
no one's – albeit everyone extols himself –
poetry is worth a turnip
compared to mine, which has exalted me;
nor is it fitting that one fancies himself so lofty,
since I have found and achieved
the best of loves, since I have sought it for so long.

And let he who contradicts me in this take
sword and lance and shield,
for I shall vanquish and kill him for it.


[Remonter]

* Entre gel e vent e fanc / Entre gel, vent et boue :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Entre gel e vent e fanc
E giscl'e gibr'e tempesta
E·l braus pensars que·m turmenta
De ma bella dompna genta
M'an si mon cor vout en pantais
C'ar vauc dretz e sempre biäis ;
Cen ves sui lo jorn trist e gais.

COUBLET N°2 :
E ges tres deniers no·m planc
L'ivern, anz m'o tenc a festa
– ves c'ai voluntat dolenta –.
Car de mi donz la plus genta,
Pos saup qu'en trop-amar nos trais
Cel'amors que·m sol tener frais,
O·l plaira que m'ai'o que·m lais.

COUBLET N°3 :
Dompn'ab cor cortes e franc,
Ar m'es pujat en la testa
Que sapcha que·us n'atalenta.
Ai ! Douza res car'e genta !
Per Dieu, no·s fraingna nostre jais !
Sol remembre vos del douz bais !
Ar o laissarai, s'ie·n dic mais.

COUBLET N°4 :
Que sempre·m tornon l'oil blanc,
E·l cors, qu'est esglai mi presta,
Fail tro c'om la cara·m venta
Can mi soven, dompna genta,
Com era nostre jois verais
Tro lauzengiers crois e savais
Nos loigneron ab lor fals brais.

COUBLET N°5 :
Lauzengier, ren non vos tanc !
Qu'eu non sui d'aquella gesta,
S'anc fui. Ves, Amors gauzenta ?
E no i taing mais, Amors genta ;
Que s'amava cel que retrais
So don me nais aquest esglais
No·il faria enog ni fais.

COUBLET N°6 :
Que – si·m sal Dieus ! – non aic anc,
Que mos cors m'o amonesta,
Sor, cozina, ni parenta
S'amar volc de guiza genta
C'anc de mi s'i gardes ni·s tais ;
Qu'ie·n valria·ls Turcs part Roäis
D'amar, se lor n'era en ais.

COUBLET N°7 :
E, dompna, car tant m'estanc ?
Qu'eu no·us veg, per als non resta
Mais tem – c'aisso·m n'espaventa –
C'a vos fos dans, dompna genta.
Mas mandatz mi per plans essais,
Per tal cobrir sol sapcha·l cais !
Qu'eu irai lai de grant eslais.

COUBLET N°8 :
Qu'ie·n pert la color e·l sanc
Tal talent ai que·m desvesta
C'ab vos fos ses vestimenta
Aissi com etz la plus genta ;
Que tan grans voluntatz m'en nais
Qu'en un jorn – tan ben c'om no·m pais –
En pert so que d'un mes engrais.

Dompna, renovell nostre jais
Si·us platz ; que viu, si be·m fas gais,
Ab manz durs doloiros pantais.

Joglar, vos avetz pro oimais,
Et eu planc e sospir et ais.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
Le givre et le vent et la boue
Et les grains et le froid et la tempête
Et la pensée sombre qui me tourmente
De ma noble et belle dame,
Ont tellement embrouillé mon cœur
Oue je marche droit et toujours de cette manière ;
Je suis triste et joyeuse cent fois par jour.

COUPLET N°2 :
Et je ne me plains pas du tout
De l'hiver, je le considère plutôt comme une fête
- Voyez quel désir douloureux j'ai -
Car, concernant ma plus noble dame :
Puisqu'elle sait que cet amour qui
me gardait jeune nous pousse vers un excès amour,
elle acceptera de m'avoir ou me laissera partir.

COUPLET N°3 :
Dame de cœur bon et sérieux,
Maintenant l'idée m'est venue à l'esprit
Que je devrais connaître vos intentions.
Oh ! Douce, chère, bonne chose,
Pour l'amour de Dieu, que notre joie ne soit pas brisée !
Rappelez-vous juste le doux baiser !
Maintenant, je vais l'abandonner, si je le décris davantage.

COUPLET N°4 :
Mes yeux se relèvent soudainement
Et mon cœur, signe avant-coureur de cette terreur,
me fait défaut pour que les gens me fanent le visage
Quand je me souviens, gentille dame,
À quoi ressemblait notre vraie joie
Jusqu'à ce que les calomniateurs cruels et impitoyables
Nous séparent de leurs fausses rumeurs.

COUPLET N°5 :
Calomniateurs, je ne suis nullement votre parent !
Car je ne suis pas de cette "race",
et je ne l'ai jamais été ! Voyez-vous, amour joyeux ?
Il n'y a plus besoin de [preuves?], Bon Amour ;
était-il amoureux, celui qui prétendait
Ce qui est la cause de ma peur,
Je ne lui causerais ni obstacle ni ennui.

COUPLET N°6 :
Pour - alors aidez-moi dieu ! - Je ne me souviens pas
- mon cœur me prévient -
Une sœur, une cousine ou une parente qui,
Si elle voulait aimer d'une manière appropriée,
s'en abstiendrait et se taiserait à cause de moi ;
Car je serais aussi bon que les Turcs autour d'Edesse
En matière d'amour, si j'étais pour eux un fardeau.

COUPLET N°7 :
Et, madame, pourquoi je m'éloigne autant ?
Que je ne vous vois pas ne repose sur aucun autre terrain
Mais craignez - car cela me fait peur -
Que cela vous nuise, gentille dame.
Mais demandez-moi un essai clair,
sous un secret tel que la bouche seule le saurait !
Je vais y aller avec un grand élan.

COUPLET N°8 :
Car je perds ma couleur et mon sang,
Un tel désir que je dois me déshabiller
pour être avec vous nu
- la forme sous laquelle tu es le plus beau.
Un si grand désir pour moi jaillit
Qu'en un jour - aussi bien qu'ils me nourrissent -
je perds la graisse que j'ai mise en un mois.

Madame, renouvelez notre joie,
S'il vous plaît ; car je vis, bien que je prétende être tout à fait joyeux,
dans bien des bourbiers durs et douloureux.

Jongleur, vous avez de la bonne matière désormais,
pendant que je pleure, soupire et tout.

VERSE N°1 :
The frost and wind and mud
and squalls and cold and storm
and the gloomy thought, which torments me,
of my noble, beautiful lady
have so muddled my heart
that I walk straight and suddenly sidle;
I am sad and merry a hundred times a day.

VERSE N°2 :
And I do not complain at all
about the winter, I rather consider it a feast
– See what a painful longing I have –
For, concerning my most noble lady:
since she knows that that love which used to
keep me young drives us towards excessive love,
she'll either agree to have me or let me go.

VERSE N°3 :
Lady of kind and earnest heart,
now the idea has mounted to my head
that I should know what your intentions are.
Oh! Sweet, dear, kind thing,
for god's sake, let not our joy be broken!
Just recall the sweet kiss!
Now shall I give it up, if I describe it more.

VERSE N°4 :
My eyes turn suddenly up
and my heart, harbinger of this terror,
fails me so that people fan my face
when I remember, kind lady,
what our true joy was like
until the cruel, ruthless slanderers
parted us with their false rumours.

VERSE N°5 :
Slanderers, I am not in the least your relative!
For I am not of that breed,
nor ever I was! Do you see, joyful love?
No more [evidence?] is required, kind Love;
were he in love, the one who purported that
which is the cause of this fright of mine,
I wouldn't cause him obstacle nor trouble.

VERSE N°6 :
For – so help me god! – I can't recall
– my heart admonishes me –
a sister, cousin or relative who,
if she wished to love in a proper way,
would refrain from it and hush because of me;
for I would be as good as the Turks around Edessa
in matters of love, if I were a burden to them in it.

VERSE N°7 :
And, lady, why do I stray away so much?
That I don't see you rests on no other ground
but fear – for this frightens me –
that it would harm you, kind lady.
But ask me for a clear assay,
under a secret such that the mouth only would know it!
I shall go for it with great elan.

VERSE N°8 :
For I lose my colour and blood,
such a desire I have to undress
for to be with you naked
– the guise in which you look best.
Such great a craving for it springs in me
that in a day – however well they feed me –
I lose the fat I put on in a month.

Lady, renew our joy,
an you please; for I live, although I pretend to be quite merry,
in many a hard, painful quagmire.

Joglar, you have good thing from now on,
while I weep, sigh and ail.


[Remonter]

* Era.m platz, Giraut de Borneill / Maintenant doucement Giraut de Borneil :

- Présentation de cette chanson : Tenso entre Raimbaud d'Orange et Giraut de Borneil...

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Era · m platz, Giraut de Borneill,
Que sapcha per c'anatz blasman
Trobar clus, ni per cal semblan.
Aiso · m digaz,
Si tan prezatz
So que es a toz comunal ;
Voiture adonc tut seran egual.

COUBLET N°2 :
Seign'en Lignaura, no · m coreill
Si qecs s'i trob'a son talan.
Mas eu son jujaire d'aitan
Qu'es mais amatz
E plus prezatz
Qui · l fa levet e venarsal ;
E vos no m'o tornetz a mal.

COUBLET N°3 :
Giraut, non voill qu'en tal trepeil
Torn mos trobars; que ja ogan
Lo lauzo · l bon e · l pauc e · l gran.
Ja per los faz
Non er lauzatz,
Car non conoisson (ni lor cal)
So que plus car es ni mais val.

COUBLET N°4 :
Lingnaura, si par voile voile
Ni mon sojorn déchiré en affan
Sembla que · m dopte del mazan.
A que trobatz
Si non vos platz
C'ades o sapchon tal e cal ?
Que chanz non port'altre cabtal.

COUBLET N°5 :
Giraut, sol que · l miels appareil
E · l dig'ades e · l trag'enan,
Mi non cal sitot non s'espan.
C'anc granz viutaz
Non fon denhtatz:
Per so prez'om mais aur que sal,
E de tot chant es atretal.

COUBLET N°6 :
Lingnaura, fort de bon conseill,
Etz fis amans contrarian,
E per o si n'ai mais d'affan.
Mos sos levatz,
C'us enraumatz
Lo · m deissazec e · l diga mal,
Que no · l deing ad home sesal.

COUBLET N°7 :
Giraut, per cel ni per soleil
Ni per la clardat que resplan,
Non sai de que · ns anam parlan,
Ni don fui natz,
Si soi torbatz
Tan pes d'un fin joi natural.
Can d'als cossir, pas de m · es corail.

COUBLET N°8 :
Lingnaura, si·m gira·l vermeil
De l'escut cella cui reblan,
Qu'eu voill dir "a Deu mi coman".
Cals fols pensatz
Outracuidatz !
M'a mes doptanza deslial !
No·m soven com me fes comtal ?

Giraut, greu m'es, per San Marsal,
Car vos n'anatz de sai nadal.

Lingnaura, que ves cort rial
M'en vauc ades ric e cabal.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, j'aimerais savoir, Giraut de Borneil,
pourquoi vous allez critiquer
Trobar Clus, et pourquoi c'est important.
Alors dites-moi, s'il vous plaît,
pourquoi cela signifie tellement pour vous
que tout soit commun à tous,
car alors tout serait égal.

COUPLET N°2 :
Seigneur Lignaura, je ne m'oppose pas
à ce que chaque homme compose comme il le souhaite,
Mais je pense
que [la chanson] est plus à chérir
et plus louable
lorsqu'elle est légère et populaire
- et ne m'interprétez pas mal ici.

COUPLET N°3 :
Giraut, je ne veux pas que mes chansons se
transforment en une sorte de fracas ;
que les bons, les petits et les grands
ne les louent plus.
Ils ne trouveront jamais faveur auprès des imbéciles
Car ils ne reconnaissent pas (et ne se soucient pas)
Ce qui est le plus précieux et le plus digne.

COUPLET N°4 :
Lignaura, si cela devait me garder éveillé la nuit,
ou mes jours agréables pour tourner à la misère,
Il semblerait que j'avais peur d'être dans l'œil du public
alors pourquoi composer,
si vous ne voulez pas
que tout le monde comprenne tout de suite ?
Car c'est tout ce qu'une chanson vaut.

COUPLET N°5 :
Giraut, mon habitude est de créer le meilleur,
de le composer et de le parler tout de suite,
peu m'importe s'il ne va pas loin
Car rien de
précieux n'a jamais été prisé:
C'est pour cela que l'or vaut plus que le sel.
La même chose s'applique aux chansons.

COUPLET N°6 :
Lignaura, vous donnez de si bons conseils
mais vous êtes vraiment un amoureux de l'argument,
Et c'est pourquoi je suis plus perplexe que jamais.
Je préfère que n'importe quel chanteur à voix grave
chante mal ma noble chanson,
car je ne la juge pas digne
de quelqu'un de plus haut rang.

COUPLET N°7 :
Giraut, par le ciel, par le soleil
et par la claire lumière qui brille à travers le ciel,
Je ne sais pas de quoi nous parlons
Ni je ne sais d'où je viens
je suis dans un tel état de vertige,
car je pense tellement à cette joie noble et naturelle
que je ne peux penser à rien d'autre.

COUPLET N°8 :
Lignaura, la dame que je sers tourne
le côté cramoisi
du bouclier vers moi,
donc je pense, "Que Dieu m'aide".
Cette pensée stupide et téméraire !
Cela m'a fait penser déloyalement.
Je me souviens sûrement comment elle m'a fait comtal ?

Giraut, par Saint Martial, je suis désolé
Que tu partes d'ici à Noël.

Lignaura, je pars dans une cour royale
riche et noble.

VERSE N°1 :
Now, I'd like to know, Giraut de Bornelh,
why you go criticizing
Trobar Clus, and why it's important.
So tell me, please,
why it means so much to you
that everything be common to all,
for then all would be equal.

VERSE N°2 :
Lord Lignaura, I don't object
to each man composing as he desires
but it is my opinion
that [the song] is more to be cherished
and more praiseworthy
when it's light and popular
– and don't misinterpret me here.

VERSE N°3 :
Giraut, I don't want my songs
turning into some kind of fracas;
may the good, the small and the great
never again praise them.
They'll never find favour with fools
for they don't recognize (nor do they care),
what is most precious and worthy.

VERSE N°4 :
Lignaura, if that were to keep me awake at nights,
or my pleasant days to turn to misery,
it would look as though I were afraid of being in the public eye
so why compose,
if you don't want everyone to understand
straightaway?
For that is all a song is worth.

VERSE N°5 :
Giraut, my habit is to create the best,
to compose and speak it straightaway,
it doesn't matter to me if it doesn't go far
for nothing base
was ever prized:
for that reason gold is worth more than salt.
The same applies to songs.

VERSE N°6 :
Lignaura, you give such good advice
but you really are a lover of argument,
and that's why I'm more perplexed than ever.
I'd rather any old gravelly-voiced singer
Sing my noble song badly,
for I don't deem it worthy
of anyone of greater standing.

VERSE N°7 :
Giraut, by heaven, and by the Sun
and by the clear light that shines across the sky,
I don't know what we're talking about
nor do I know where I come from
I'm in such a giddy state,
for I think so much about that natural, noble joy
that I can't think about anything else.

VERSE N°8 :
Lignaura, the lady I serve turns
the crimson side
of the shield towards me,
so I think, "May God help me".
This foolish, rash thought!
Has made me think disloyally.
Surely I remember how she made me a comtal?

Giraut, by Saint Martial, I'm sorry
that you're leaving here at Christmas.

Lignaura, I'm off to a royal court
that's rich and noble.


[Remonter]

* Escotatz, mas no say que s'es / Écoutez, mais je ne sais pas ce que c'est :

- Présentation de cette chanson : Cette chanson est une moquerie de "Farai un vers de dreit nien" de Guilhem de Peiteu.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1140-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Escotatz, mas no say que s'es
Senhor, so que vuelh comensar.
Vers, estribot, ni sirventes
Non es, ni nom no·l sai trobar ;
Ni ges no say co·l mi fezes
S'aytal no·l podi'acabar,

Que ia hom mays non vis fag aytal ad home ni a femna
en est segle ni en l'autre qu'es passatz.

COUBLET N°2 :
Sitot m'o tenetz a foles
Per tan no·m poiria layssar
Que ieu mon talan non disses :
No m'en cujes hom castiar ;
Tot cant es non pres un pojes
Vas so c'ades vey et esgar,

E dir vos ay per que. Car si ieu vos o avia mogut, e no·us o trazia a cap,
yenriatz m'en per fol. Car mais amaria seis deniers en mon punh que mil sols el cel.

COUBLET N°3 :
Ja no·m tema ren far que·m pes
Mos amicx, aisso·l vuelh prejar ;
S'als obs no·m vol valer manes
Pus m'o profer'ab lonc tarzar ;
Pus leu que selh que m'a conques
No·m pot nulh autre galiar.

Tot ayso dic per una domna que·m fay languir ab belas paraulas
et ab lonc respieg, no say per que. Pot me bon'esser, senhors.

COUBLET N°4 :
Que ben a passatz quatre mes,
(oc! e mays de mil ans so·m par)
Que m'a autrejat e promes
Que·m dara so que m'es pus car.
Dona! Pus mon cor tenetz pres
Adossatz me ab dous l'amar.

Dieus, aiuda ! In nomine patris et Filii
et spiritus sancti aiso, que sera, domna ?

COUBLET N°5 :
Qu'ieu soy per vos gays, d'ira ples ;
Iratz-jauzens me faytz trobar ;
E so m'en partitz de tals tres
Qu'el mon non a, mas vos, lur par ;
E soy fols cantayre cortes
Tan c'om m'en apela ioglar.

Dona, far ne podetz a vostra guiza,
co fes n'Ayma de l'espatla que la estujet lay on li plac.

COUBLET N°6 :
Er fenisc mo no-say-que-s'es,
C'aisi l'ay volgut batejar ;
Pus mays d'aital non auzi jes
Be·l dey enaysi apelar ;
E dig·l, can l'aura apres,
Qui que s'en vuelha azautar.

E si hom li demanda qui l'a fag,
pot dir que sel que sap be far totas fazendas can se vol.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Écoutez, mais je ne sais pas ce que c'est,
Messieurs, que je veux commencer:
ce n'est ni vers, ni estribot,
ni sirventes : je ne peux pas lui donner de nom ;
et je ne sais pas comment je pourrais l'écrire
si je ne pouvais pas le terminer

De telle manière que l'on n'en ait jamais vu un semblable,
fait par un homme ou par une femme,
ni à cet âge ni dans l'autre qui a passé.

COUPLET N°2 :
Même si vous pensez que c'est idiot de ma part,
je ne résiste toujours pas à
exprimer ce que je pense ;
il ne faut pas m'en blâmer ;
Je m'en fous de tout ce qui existe
par opposition à ce que je vois et regarde,

Et je vais vous dire pourquoi. 
C'est parce que, si j'avais commencé
et que je n'étais jamais parvenu à une conclusion,
vous me considériez comme un idiot. 
C'est parce que je préfère avoir six sous en main
que mille soleils dans le ciel.

COUPLET N°3 :
Que mon ami ne craigne jamais de faire quelque chose
qui m'attristerait: je l’aime.
s'il ne veut pas m'aider dans mes besoins,
qu'il offre de m'aider après beaucoup de temps ;
car nul ne peut me tromper plus facilement
que celle qui m'a conquis.

Je mentionne tout cela à cause d'une dame qui me fait languir,
pour toutes ses belles paroles
et pour toute ma longue attente. 
Je ne sais pas pourquoi. 
Pourrait-elle être bonne pour moi, messieurs ?

COUPLET N°4 :
Un bon mois a passé
(oui, et il me semble mille ans)
depuis qu'elle m'a accordé et promis
qu'elle me donnerait ce que je désire le plus.
Madame, puisque vous gardez mon cœur en esclavage,
adoucissez son amertume pour moi.

Dieu aide moi ! Au nom du père, du fils et du saint-esprit,
qu'en sera-t-il, madame ?

COUPLET N°5 :
Car je suis, pour vous, gai, puis plein de colère;
triste-heureux tu me fais chanter ;
et pour vous, j'ai laissé trois femmes
qui n'ont d'autre égal que vous dans ce monde ;
et je suis un chanteur fou et courtois
que les gens appellent un bouffon.

Madame, vous pouvez en faire ce que vous voulez,
tout comme Dame Ayma l'a fait avec cet os d'épaule,
qu'elle a collé là où cela lui plaisait le mieux.

COUPLET N°6 :
Maintenant je termine mon je-ne-sais-pas
car j'ai décidé de le baptiser ainsi ;
puisque je n'ai pas entendu parler d'une telle chose avant que
je devais en effet l'appeler ainsi ;
et celui qui veut en jouir
peut le répéter, quand il l'a appris.

Et si quelqu'un lui demande qui l'a composé, il peut dire :
celui qui peut bien s'occuper de toutes les affaires quand il veut.

VERSE N°1 :
Listen, but I don't know what it is,
gentlemen, that I want to start:
it is not verse nor estribot
nor a sirventes: I can't give it a name;
and I don't know how I might write it
if I weren't able to finish it

in such a manner that one never saw a similar one,
made by a man or by a woman,
either in this age or in the other one that has passed.

VERSE N°2 :
Although you think it foolish of me,
I still can't resist
expressing what I think;
one ought not to blame me for it;
I don't give a damn about all that exists
as opposed to what I see and watch,

and I shall tell you why. It is because, if I had begun,
and never reached a conclusion,
you would consider me a fool.
It is because I would better like to have six sous in my hand
than a thousand suns in the sky.

VERSE N°3 :
Let my friend never fear to do something
that would grieve me: I endear him;
if he doesn't want to aid me in my need,
let him offer to help me after much tarrying;
for none can deceive me with more ease
than her who has conquered me.

I mention all this because of a lady who keeps me languishing,
for all her nice words and for all my long waiting.
I don't know why. Could she be good for me, gentlemen?

VERSE N°4 :
A good for months have passed
(yes, and they feel like a thousand years to me)
since she granted and promised me
that she'd give me what I most desire.
Lady, since you keep my heart in thrall,
sweeten its bitterness for me.

God, help me! In the name of the father,
of the son and of the holy spirit, what will it be, lady?

VERSE N°5 :
For I am, for your sake, gay, then full of wrath;
sad-happy you make me sing;
and I have, for your sake, left three women
who have no equal but you in this world;
and I am a maddened, courteous singer
whom people call a jester.

Lady, you can do what you want with it,
just like Dame Ayma did with that shoulder bone,
which she stuck where it pleased her best.

VERSE N°6 :
Now I finish my I-don't-know-what
for I have decided to christen it so;
since I haven't heard of such a thing before
I had indeed to call it this;
and whoever wishes to enjoy it
may repeat it, when he has learnt it.

And if anybody asks him who has composed it, he can say:
the one who can well take care of all business when he wants.


[Remonter]

* Joglar, fe qed eu dei / Jongleur, par la foi que je dois :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Joglar, fe qed eu dei
A Dieu ni a ma donna ni a mei,
Qauzutz son en esfrei
Q'ar mais ancor non vei
Lieis a cui totz m'autrei
Per ar e per totz tems.

COUBLET N°2 :
E serem mais ensems,
Eu sai, q'o tol ma domna. Qar trop tems ?
L'un oil me·n fus redems
Q'eu non temes t'estrems ;
Sol vos - se·n era sems -
Meins no m·en presasetz.

COUBLET N°3 :
C'anc fams, ni sons, ni setz
No·m destreis tan, uns ni tuig millia vetz,
Com fai sos talans fretz.
Q'en breu de vent m'abretz
Car vos non vei, cui letz
De sofrir mon perill.

COUBLET N°4 :
A ! Domn'ap cor volpill,
Gran paor ai qe·il bocha me rovill
Q'ar del col tro al cill
No·us bais, qui qe·n grondill ;
Q'eu n'iria en eissill
Enanz c'autra·m baizes.

COUBLET N°5 :
E com morrai ades !
Si·m cocha·l bes q'eu n'aic ! q'el luec tornes !
A, domna·l plus confes
Ome qez anc ames
Acorres, si que pres
De vos sia mos cors !

COUBLET N°6 :
Ai ! Talens, car no mors ?
E Seignier Dieus, gitasses lo tost fors !
O q'il sembles ma sors
A cel qe sabo·l destors,
Si qe nostre demors
Fos per totz acuillitz !

COUBLET N°7 :
Domna, no·m faz marritz
Per qe·m tegna de vos per eschernitz ;
Mas qar lur fals critz
Dels enojos traïtz
Tem, e tant son eissitz
Del bon sen c'aver soill.

COUBLET N°8 :
Per l'espavent mi doill
E pel gran be, qu'avant n'ai fait orgoill,
Si q'ieu non deing mon oill
Girar ves autre foill,
Qar mos cors no m'acoill
Q'ieu ves vos mi renei.

Domna, si lai on soill
No·us vei en breu·m renei.

Far me·n podes orgoill :
Q'ans morrai qe·m renei !

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
Jongleur, par la foi que je dois
À Dieu, à ma dame et à moi-même,
je suis tombé dans la terreur,
Car je ne vois plus
Celle à qui je m'abandonne totalement
maintenant et pour toujours.

COUPLET N°2 :
Et je sais que nous ne serons jamais ensemble,
car ma dame l'interdit. Pourquoi as-tu tant peur ?
Un œil serait ma rançon
pour ne pas craindre que tu me quittes ;
si seulement vous ne me jugeriez pas
Moins si j'en étais privé.

COUPLET N°3 :
Ni la faim, ni l'insomnie, ni la soif
- une seule ou mille ensemble - ne m'ont autant bouleversé
que son attitude froide.
Car je vais bientôt souffler dans le vent
Parce que je ne vous vois pas, à qui il appartient
De calmer ma souffrance.

COUPLET N°4 :
Ah ! Dame de cœur timide,
j'ai bien peur que ma bouche ne rouille
si je ne t'embrasse pas de la gorge
au front, celui qui pourrait grommeler ;
Je partirais en exil
avant de laisser une autre femme m'embrasser.

COUPLET N°5 :
Et combien de temps vais-je mourir !
La chance que j'ai eue d'elle me tourmente tellement ! Qu'il revienne à sa place !
Ah, madame, secourez
L'homme le plus abject qui ait jamais
aimé, afin que mon corps
soit proche du vôtre !

COUPLET N°6 :
Hélas, désir, pourquoi tu ne meurs pas ?
Et, seigneur dieu, lance-le rapidement !
Sinon, qu'elle ressemble à ma sœur
à ceux qui connaissent l'obstacle,
afin que notre gaieté
soit acceptée par tous !

COUPLET N°7 :
Madame, je ne prétends pas être triste
Afin d'être méprisé par vous
Mais parce que je redoute les fausses rumeurs
Des trahisons insidieuses :
À tel point je me suis séparé
De mon bon sens habituel.

COUPLET N°8 :
Je pleure à cause de la peur
Et du grand bien qui était autrefois ma fierté,
de sorte que je ne veux pas tourner
les yeux ailleurs,
Car mon cœur n'accepte pas
Que je vous abandonne.

Madame, si je ne vous vois pas bientôt
à l'endroit habituel, je vous abandonnerai.

Vous pouvez être fier de cela :
je mourrais avant de vous abandonner.

VERSE N°1 :
Joglar, by the faith I owe
god, my lady and myself,
I have lapsed into terror,
for I do not see anymore
her to whom I wholly surrender
now and forever.

VERSE N°2 :
And I know that we shall never
be together, for my lady forbids it. Why do you fear so much?
An eye would be my ransom
no to fear you'd leave me;
if only you wouldn't esteem
me less if I were deprived of it.

VERSE N°3 :
Not even hunger, nor sleeplessness nor thirst
– one alone or a thousand together – have ever distressed me as much
as does her cold attitude.
For I shall soon be blowing in the wind
because of not seeing you, to whom it behoves
to allay my suffering.

VERSE N°4 :
Ah! Lady of timid heart,
I greatly fear my mouth may rust
if I don't kiss you from the throat
to the brow, whoever might grumble;
I'd go away in exile
before letting another woman kiss me.

VERSE N°5 :
And how soon shall I die!
The good fortune I had of her torments me so! Let it return to its [former] place!
Ah, lady, succour the most
abject man ever to
have loved, so that my body
may be close to yours!

VERSE N°6 :
Alas, desire, why don't you die?
And, lord god, cast it quickly forth!
Else, may she look like my sister
to those who know the obstacle,
so that our merriment
would be accepted by all.

VERSE N°7 :
Lady, I don't pretend to be sad
in order to be scorned by you
but because I dread the false rumours
of the insidious betrayers:
to such extent have I parted
from my usual common sense.

VERSE N°8 :
I grieve because of the fear
and of the great good that was formerly my pride,
so that I care not to turn
my eye elsewhere,
for my heart does not accept
that I give you up.

Lady, if I don't see you soon
in the usual place, I'll give you up.

You can pride yourself on this:
I'd die before giving you up.


[Remonter]

* Lonc temps ai estat cubertz / Longtemps, j'ai été secret :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Lonc temps ai estat cubertz,
Mas Dieus no vol qu'ieu oimais
Puosca cobrir ma besoigna,
Dont mi ven ira et esglais.
Ez escoutatz, cavallier,
S'a ren ai obs ni mestier.

COUBLET N°2 :
D'aisso vos fatz ben totz certz:
Qu'aicels don hom es plus gais
Ai perdutz, don ai vergoigna ;
E non aus dir qui·ls me trais ;
Et ai ben cor vertadier
Car dic tant grand encombrier.

COUBLET N°3 :
Mas per so sui tant espertz
De dir aisso que er plais
Car voill leu gitar ses poigna
Totz los maritz de pantais
E d'ira e de conssirier,
Don moutz m'en fan semblant nier.

COUBLET N°4 :
Si·m fatz coindes e degertz
Si·m sui eu flacs e savais
Volpilz (garnitz e ses broigna) ;
E sui mizels e putnais ;
Escars, vilan conduchier,
De totz lo plus croi guerrier.

COUBLET N°5 :
Per quez es fols adubertz
Totz hom que ia ten a fais
S'ieu cortei -- quar ia m'en loigna ? --
Sa moiller, pois dans non nais
Ad el se son ben sobrier
Li mei mal sospir doblier.

COUBLET N°6 :
Car ia tot non fos desertz
D'aicels, per qu'om pela·l cais,
Tant ai d'als ont me peroigna
-- d'autres avols decs on bais --
Per que domna ab cors entier
No·m deu prezar un dinier.

COUBLET N°7 :
E si mos chans m'es suferz
Eu chan, qu'enquers no m'en lais ;
Pustel'hui sus en sa groigna
A totz marit si·s n'irais
S'ieu tant grant mon dol plenier
Voill cobrir ab alegrier.

COUBLET N°8 :
A dompnas m'en soi profertz
E datz, per que m'en ven jais ;
Si noc'ai poder que i joigna
En jazen, ades engrais
Solament del desirier
E del vezer, qu'als non quier.

La comtessa a Monrosier
Volgra auzis mon gaug entier.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
Longtemps, j'ai été secret,
Mais Dieu ne veut plus que je
Puisse couvrir mon besoin,
Pour lequel je suis triste et effrayé.
Écoutez, chevaliers,
Si j'ai besoin ou si je mérite quelque chose.

COUPLET N°2 :
Je vous l'assure :
j'ai perdu ce qui fait le plus plaisir,
et cela me fait honte ;
Et je n'ose pas dire qui me l'a pris ;
J'ai, en effet, un cœur sincère,
Car j'avoue une chose si maladroite.

COUPLET N°3 :
Mais je suis si pressé
De dire ce que je déplore
Parce que je veux, après la hâte, soulager
Tous les maris de l'effroi,
du chagrin et de l'inquiétude,
à cause de quoi ils me regardent avec méfiance.

COUPLET N°4 :
Bien que j'agisse de façon agréable et galante,
Je suis, en effet, émacié et sauvage,
un lâche, à la fois sans armes ou avec une cuirasse ;
et je suis lépreux et puant,
un hôte bas et avare,
le pire guerrier de nous tous.

COUPLET N°5 :
Par conséquent, il est un imbécile évident
quiconque est dérangé
Si je courtise - pourquoi me chasse-t-il jamais d'elle ? -
Sa femme ; car le mal ne lui vient pas
si sont encore plus grands
Mes soupirs doublés et misérables..

COUPLET N°6 :
Car même si je n'en ai pas été privé
à cause de quoi on arrache sa barbe,
J'ai tellement plus à me lisser
- j'ai encore de mauvaises habitudes à gogo -
Pour qu'aucune dame sensée
Ne pense que je vaux la peine farthing.

COUPLET N°7 :
Et si mon chant est toléré,
Je chanterai, car je n'abandonne pas encore;
chaque mari a un bouton
sur son museau s'il se met en colère
Si mon chagrin omniprésent,
Je veux couvrir avec gaieté.

COUPLET N°8 :
Je me suis offert et donné aux dames,
Et c'est une source de joie ;
Si je n'ai jamais le pouvoir d'y ajouter
pendant que je suis au lit, je ne suis nourri
qu'en désirant
Et en voyant, puisque je ne demande rien d'autre.

Que la comtesse de Montrosier
Veuille entendre ma profonde joie.

VERSE N°1 :
I have been secretive for a long time,
but god doesn't want me to be able
to cover my need anymore,
for which I am sad and afraid.
Now listen, knights,
if I need, or deserve, anything.

VERSE N°2 :
I assure you of this:
I have lost (and that shames me)
that which makes one most merry;
and I don't dare say who took it from me;
I have, indeed, a sincere heart,
for I admit such an awkward thing.

VERSE N°3 :
But I am in such a hurry
to tell that which I lament
because I want, post-haste, to relieve
all husbands from the fright,
the grief and the worry,
because of which they look at me askance.

VERSE N°4 :
Although I act pleasant and gallant,
I am, in fact, emaciated and feral,
a coward, both unarmed or with a breastplate;
and I am leprous and stinking,
a base and stingy host,
the worst warrior of us all.

VERSE N°5 :
Therefore he is an obvious fool
whoever is bothered
if I court – why ever does he drive me away from her? –
his wife; for harm doesn't come
to him if my doubled, wretched
sighs are even greater.

VERSE N°6 :
For even if I were not deprived
of that because of which one tears his beard away,
I have so much more to preen myself about
– I have further bad habits galore –
so that no lady in her good mind
would think I'm worth a farthing.

VERSE N°7 :
And if my singing is tolerated,
I['ll] sing, for I don't give up yet;
every husband has a pimple
on his snout if he gets angry
if I wish to cover with gaiety
this all-pervading grief of mine.

VERSE N°8 :
I have offered, and given, myself
to ladies, and it is a source of joy;
if I never have power to add to it
while in bed, I am nourished
merely by desiring
and seeing, since I ask for nothing else.

Let the countess of Montrosier
agree to hear my thorough joy.


[Remonter]

* Non chant per auzel ni per flor / Je ne chante pas pour l'oiseau ni pour la fleur :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Non chant per auzel ni per flor
Ni per neu ni per gelada,
Ni neis per freich ni per calor
Ni per reverdir de prada ;
Ni per nuill autr'esbaudimen
Non chan ni non fui chantaire,
Mas per midonz en cui m'enten,
Car es del mon la bellaire.

COUBLET N°2 :
Ar sui partitz de la pejor
C'anc fos vista ni trobada,
Et am del mon la bellazor
Dompna, e la plus prezada ;
E farai ho al mieu viven :
Que d'alres non sui amaire,
Car ieu cre qu'ill a bon talen
Ves mi, segon mon vejaire.

COUBLET N°3 :
Ben aurai, dompna, grand honor
Si ja de vos m'es jutgada
Honranssa que sotz cobertor
Vos tenga nud'embrassada ;
Car vos valetz las meillors cen !
Q'ieu non sui sobregabaire –
Sol del pes ai mon cor gauzen
Plus que s'era emperaire !

COUBLET N°4 :
De midonz fatz dompn'e seignor
Cals que sia·il destinada.
Car ieu begui de la amor
Ja·us dei amar a celada.
Tristan, qan la·il det Yseus gen
E bela, no·n saup als faire ;
Et ieu am per aital coven
Midonz, don no·m posc estraire.

COUBLET N°5 :
Sobre totz aurai gran valor
S'aitals camisa m'es dada
Cum Yseus det a l'amador,
Que mais non era portada.
Tristan! Mout presetz gent presen :
D'aital sui eu enquistaire !
Si·l me dona cill cui m'enten,
No·us port enveja, bels fraire.

COUBLET N°6 :
Vejatz, dompna, cum Dieus acor
Dompna que d'amar s'agrada.
Q'Iseutz estet en gran paor,
Puois fon breumens conseillada ;
Qu'il fetz a son marit crezen
C'anc hom que nasques de maire
Non toques en lieis. – Mantenen
Atrestal podetz vos faire !

Carestia, esgauzimen
M'aporta d'aicel repaire
On es midonz, qe·m ten gauzen
Plus q'ieu eis non sai retraire.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Je ne chante pas pour l'oiseau ni pour la fleur
Ni pour la neige ni pour le gel
Ni pour le froid, oh non !, ni pour la chaleur
Ni pour les prairies qui redeviennent vertes ;
Ni pour aucune autre merveille
Je ne chante pas ni n'ai jamais chanté,
Mais seulement pour ma dame, en qui je me réjouis
Car c'est la plus belle femme de la terre.

COUPLET N°2 :
Je suis maintenant partie de la pire
Qui ait jamais été vue ou trouvée,
Et j'aime de ce monde la plus belle
Dame et la plus précieuse ;
Et je le ferai jusqu'à ma mort :
car je n'aime rien d'autre
Car je crois qu'elle
m'aime beaucoup, autant que je puisse voir.

COUPLET N°3 :
Madame, je serai en effet très honoré
Si je vous suis accordé
le privilège de
Vous tenir nus sous des couvertures ;
Car vous valez les cent meilleures femmes ;
et je ne me vante pas trop :
à la seule pensée, mon cœur se réjouit
plus que si j'étais l'empereur.

COUPLET N°4 :
Où que se trouve mon destin,
je fais de ma dame mon maître et mon seigneur ;
Puisque j'ai bu de [la coupe de] l'amour,
j'aimerai pour toujours en secret.
Tristan, quand le noble et juste
Isolde le lui a donné, ne pouvait pas faire autrement ;
Et j'aime ma dame avec un serment
tel que je ne peux pas y renoncer.

COUPLET N°5 :
Je serai estimé sur tout le monde
Si on me donne un vêtement tel
que celui qu'Isolde a donné à son amant,
Car il n'a jamais été enfilé.
Tristan ! Vous avez grandement apprécié ce noble don,
et j'en suis le demandeur ;
Si celui que je courtise m'en offre,
Je ne vous en veux pas, beau frère.

COUPLET N°6 :
Voyez, madame, comment Dieu secourt
Une dame qui a tendance à aimer.
Car Isolde était dans une grande peur,
Puis elle fut bientôt aidée ;
Car elle a fait croire à son mari
Qu'aucun homme né d'une femme
Ne l'avait touchée - Actuellement,
vous pouvez faire la même chose !

Carestia, apporte-moi la joie
de ce refuge
Où est ma dame, qui me fait me réjouir
Plus que je ne peux le dire moi-même.

VERSE N°1 :
I do not sing for bird nor for flower
nor for snow nor for frost
nor for cold, oh no!, nor for heat
nor for the meadows that turn green again;
no: no other marvel
I sing, or ever did sing,
but my lady, in whom I am well pleased
for she is the most beautiful woman on Earth.

VERSE N°2 :
I have now departed from the worst
lady that was ever seen or found,
and I love of this world the fairest
lady, and the most precious one;
and I shall do so till I die:
for I shan't love aught else
for I believe she is quite fond
of me, as far as I can see.

VERSE N°3 :
Lady, I shall, indeed, be greatly honoured
if I am granted by you
the privilege of holding you
naked under blankets;
for you are worth the best hundred women;
and I am not overly boastful:
at the sole thought, my heart rejoices
more than if I were the emperor.

VERSE N°4 :
Wherever my destiny lies,
I make of my lady my master and liege;
since I drank of [the cup of] love,
I shall love forever secretly.
Tristan, when the noble, fair
Isolde gave it to him, couldn't do otherwise;
and I love my lady with an oath
such that I cannot renounce it.

VERSE N°5 :
I shall be esteemed over everybody else
if I am given a vestment such
as the one Isolde gave her lover,
for it was never donned.
Tristan! Greatly you prized that noble gift,
and of it I am the questant;
if the one whom I court gifts me with it,
I bear you no envy, fair brother.

VERSE N°6 :
See, lady, how god succours
a lady who is prone to loving.
For Isolde was in great fear,
and then she was soon aided;
for she had her husband believe
that no man born of woman
had touched her – Presently,
you can do the same thing!

Carestia, bring me joy
from that shelter
where is my lady, who keeps me rejoicing
more than I myself can tell..


[Remonter]

* Parliers (...) ana / Parleurs :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Parliers (...) -ana
(...) en chan
(...) -an
Quar ma tra (...) -orda
(...) blancas
O qar (...) -el
(...) poget tan
So (...) -an.

COUBLET N°2 :
Vas lei no (...) -ana
(...) comtessa prezan,
Cui met – e no·ill pes – denan ;
E non ai cauzit la borda
Car ai las sobranas brancas,
Ab so que per n'Izabel
S'assai d'alques en soan.
Quar no·m demandon son dan !

COUBLET N°3 :
Catalana am
"Ha ni sobra", so dizion antan
Mas ar no·m val tan ni can
Quar tota gens no·n s'acorda
E non passon pons e plancas ;
Que non remazes per gel
Tro que fos sols guerrejan.
– De qal dir quex prenga man.

COUBLET N°4 :
Que·l reis non a cor d'ufana,
A parven ni a semblan,
Qar absol novia tiran.
– Cans enrabiatz lo morda,
Reis, qui·us ditz per c'ar n'estancas !
Qu'ieu no·l vos tenc per fizel
Qui·us ho vedes conseillan,
C'ans vos te trop per enfan !

COUBLET N°5 :
Cortezia n'es baudana
E Vilania·s n'espan !
Et Amors n'eis de guaran !
E qar no·i trop pro, e·n orda,
Lais – car sent paraulas rancas.
No·m eslag l'amar e·l mel
D'amor, e non dig parlan
L'escut, e so que·i resplan.

COUBLET N°6 :
Si per razo am vilana
Com es sesta don ieu chan ;
M'i fos enpres ab talan
Sai entre·l Monteill e Gorda.
La forsa c'ai en las ancas
Perda ieu, e·l fetg'e·l fel,
S'ieu trop pel agues ferran
Non fezes guerr'e deman.

Jotglar, Dieus nos gart d'enguan
Sitot ilh non fan deman.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Parleurs (...)
(...) en chant
(...)
Car (...)
(...) blanc
Ou car (...)
(...)
(...) .

COUPLET N°2 :
Envers elle ne pas (...)
(...) digne comtesse,
Que je mets - que cela ne la désole pas - en avant ;
Et je n'ai pas vu la terre,
Car j'ai les plus hautes branches,
pourvu qu'elle soit entreprise avec
un peu de mépris.
Qu'ils ne me demandent pas quelque chose qui pourrait lui nuire !

COUPLET N°3 :
J'aime une femme catalane ;
"Il a plus que ce dont il a besoin", ont-ils dit l'année dernière,
Mais maintenant cela ne m'aide pas du tout,
Car personne n'est d'accord
Et ils ne traversent ni ponts ni planches.
Je ne devrais pas rester à cause du froid
Avant de me battre seul.
- à partir de quels mots chacun peut prendre son commandement.

COUPLET N°4 :
Le roi ne tarde pas à la renommée,
Il y parvient en apparence,
Car il congédie cruellement sa fiancée
- Roi, laisse un chien enragé le mordre
qui te dit de t'arrêter maintenant dans cette affaire !
Car je ne vous considère pas fidèle
Qui vous en empêche par ses conseils ;
il vous considère plutôt comme un enfant.

COUPLET N°5 :
La courtoisie est, à cause de cela, la tromperie,
Et la bassesse, à cause de cela, se répand !
Et l'amour se comporte d'une manière extraordinaire !
Et pour qu'il n'y trouve pas d'avantage et ne tourne pas [un conte],
Je le laisse ainsi - car j'entends des mots boiteux.
Je ne sépare pas l'amer et le doux
Amoureux et ne mentionne pas
L'écusson et ce qui y brille.

COUPLET N°6 :
En effet, j'aime par le livre une femme née
Comme celle-ci dont je chante ;
J'ai été pris de désir
Ici, entre Monteil et Gordes.
Puis-je perdre la force que j'ai
dans mes reins et mon foie et ma vésicule biliaire
Si j'ai trop de cheveux gris
pour ne pas attaquer et porter plainte.

Jongleur, que Dieu nous garde de la tromperie,
mais ils ne font pas de réclamation.

VERSE N°1 :
Motormouths (...)
(...) in song
(...)
because my(...)
(...) white
or because (...)
(...) would perch so
his (...)

VERSE N°2 :
Towards her not (...)
(...) worthy countess,
whom I put – may this not grieve her – forward;
and I haven't beheld the earth,
for I have the highest branches,
provided that it is undertaken by Lady Izabel
somewhat scornfully.
May they not ask me for something that would harm her!.

VERSE N°3 :
I love a Catalan woman;
"He has more than he needs", so they said last year,
but now it doesn't help me at all,
for no people agree with each other
and they cross neither bridges nor planks.
I ought not to stay back because of cold
until I was fighting alone.
– from which words, may each take his command.

VERSE N°4 :
The king doesn't long for renown,
in all appearance,
for he cruelly dismisses his fiancée
– King, let a rabid dog
bite him who tells you to stop now in this affair!
For I do not consider faithful to you
him who keeps you from it by his advice;
rather, he considers you too much of a child.

VERSE N°5 :
Courtesy is, because of it, deceit,
and baseness, because of it, is spread!
and Love behaves in an extraordinary fashion!
And so that he may not find in it advantage and spin [a tale],
I leave it thus – for I hear limping words.
I do not part the bitter and the sweet
in love and do not mention
the escutcheon and what shines in it.

VERSE N°6 :
Indeed, I love by the book a base-born woman
such as this one I am singing about;
I was taken with desire
here, between Monteill and Gordes.
May I lose the strength I have
in my loins and my liver and my gall bladder
if I have too much grey hair
not to make an attack and bring a claim.

Joglar, may god keep us from deceit,
albeit they do not make a claim.


[Remonter]

* Peire Rotgier, a trassaillir / Pierre ROGIER :

- Présentation de cette chanson : Ce poème est en réponse au poème "Senh'en Raymbaut" du troubadour Pierre ROGIER.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Peire Rotgier, a trassaillir
M'er per vos los digz e·ls covens
Qu'eu aic ab midonz, totz dolens,
De chantar, q'ie·m cuidiei soffrir ;
E pois sai etz a mi vengutz
Cantarai, si n'ai estat mutz,
Que non vuoill remaner confes.

COUBLET N°2 :
Mout vos dei lauzar e grazir
Car anc vos venc cors ni talens
De saber mos chaptenemens ;
E vuoill qe·n sapchatz alqes dir.
E ja l'avers no·m si'escutz,
S'ieu sui avols ni recresutz,
Que pel ver non passetz ades.

COUBLET N°3 :
Car qui per aver vol mentir,
Aquel lauzars es blasmamens
E tortz e mals enseignamens,
E fai·n als autres escarnir.
Q'en dich non es bos pretz saubutz
Mas el faich es puois conogutz,
E pels faitz veno·il dich apres.

COUBLET N°4 :
Per me voletz mon nom auzir.
Cals son -- o drutz . . . Er clau las dens !
C'ades poja mos pessamens
On plus de prïon m'o conssir !
Ben vuoill sapchatz que non sui drutz
Tot per so c'ar non sui volgutz ;
Mas ben am, sol midonz m'ames !

COUBLET N°5 :
Peire Rotgier, cum puosc sofrir
Qez eu am aissi solamens ?
Meravill me! Si viu de vens !
Tortz er si·m fai midonz morir !
S'ieu muor per liei farai vertutz
Per qu'eu cre que si fos perdutz
Dreitz fora que puois mi nogues.

COUBLET N°6 :
Era·il ven en cor que m'azir,
Mas ja fo q'er'autres sos sens !
C'aitals es sos entendemens
Per q'ieu li dei totz temps servir
Pel ben qe·m n'es escazegutz ;
Ja no m'en vengues mais salutz
Li dei totz temps estar als pes.

COUBLET N°7 :
Si·m volgues sol tant consentir
Q'ieu fos totz temps sos entendens,
Ab bels digz n'estera jauzens,
E feira·m ses faitz esgauzir !
E degra·m ben esser cregutz
Qu'eu non dic tan que·m fos creguz
Mas del Bon Respeig don visques.

Bon Respeig, d'aut sui bas cazutz !
E si no·m ereb sa vertutz
Per conseil li don qe·m pendes !

COUBLET N°1 :
Pèire ROUGIÉ .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Pierre ROGIER, je dois,
Pour vous, violer les promesses et les accords
Que j'ai avec ma dame, avec tristesse,
Au sujet du chant, que j'avais l'intention de renoncer ;
Mais puisque vous êtes venu me voir ici,
Je chanterai, bien que je sois stupide,
Car je ne veux pas être [votre] débiteur.

COUPLET N°2 :
Je vous remercierai et vous féliciterai beaucoup,
Puisque vous aviez l'intention et le désir
De savoir comment je me conduis ;
Et je souhaite que vous ayez quelque chose à dire à ce sujet.
Et que mes richesses ne me protègent pas,
Si je suis méchant ou lâche,
de votre transmission de la vérité.

COUPLET N°3 :
Car faire l'éloge de celui qui veut se tromper
par les richesses est le blâme
Et le mauvais et le mauvais élevage,
Et incite les autres à se moquer de lui.
Car la vraie valeur n'est pas connue des dictons
Mais elle est reconnue dans les actions à la place,
Et le discours [devrait] suivre les actes.

COUPLET N°4 :
Vous souhaitez entendre mon titre de ma part.
Qu'est-ce que je suis : un muet ou (...) Maintenant, je ferme la bouche !
Pour l'instant mes réflexions montent
plus haut plus je le considère !
Je vous souhaite en effet de savoir que je ne suis pas un muet
pour la raison précise que je ne suis pas désirée ;
mais j'aime bien: si seulement ma dame m'aimait!.

COUPLET N°5 :
Pierre ROGIER, comment puis-je supporter
un tel amour unilatéral ?
Je me demande ! Je vis ainsi sur l'air mince.
Ce sera mal si ma dame me fait mourir:
Si je meurs pour elle, je ferai un miracle
De sorte que je crois que si elle était perdue [pour moi],
il serait alors bon pour moi de me faire du mal.

COUPLET N°6 :
Maintenant, il lui vient à l'esprit de me souhaiter du mal,
Mais il fut un temps où son opinion était différente ;
son amour est tel
que je dois la courtiser pour toujours
À cause du bien qui en est sorti ;
même si elle ne voulait plus me saluer,
je devrais toujours être à ses pieds.

COUPLET N°7 :
Si elle voulait seulement m'accorder autant,
Que je serais son éternel prétendant,
je serais heureuse et douce de parole,
Et elle me ferait me réjouir sans rien de charnel.
Et je dois en effet être cru,
Car je ne parle pas, peu importe combien cela grandit en moi,
sauf à propos du bon respect, c'est pourquoi je vivrais.

Bonne attente, je suis passé de haut en bas !
Et si son pouvoir ne me sauve pas,
je lui conseille de me pendre.

VERSE N°1 :
Peter ROGIER, I must,
for your sake, violate the promises and agreements
I have with my lady, quite sorrowfully,
about singing, which I intended to renounce;
but since you have come to me here
I shall sing, although I have been dumb,
for I don't want to be [your] debtor.

VERSE N°2 :
I shall much thank and praise you,
since you had the intention and wish
to know how I conduct myself;
and I wish you to have something to say about it.
And let not my riches shield me,
if I am mean or cowardly,
from your passing the truth along.

VERSE N°3 :
For praising him who wants to deceive
through riches is blame
and wrong and bad breeding,
and makes the others mock him.
For true worth is not known from sayings
but it is recognised in actions instead,
and the talk [should] follow the deeds.

VERSE N°4 :
You wish to hear my title from me.
What am I: either a leman or (...) Now I shut my mouth!
For now my musings mount
the higher the more I consider it!
I wish you indeed to know that I am not a leman
for the precise reason that I am not desired;
but I love well: if only my lady loved me!

VERSE N°5 :
Peter ROGIER, how can I stand
such a single-sided love?
I do wonder! I live thus on thin air.
It will be wrong if my lady makes me die:
if I die for her, I'll do a miracle
so that I believe that if she were lost [to me],
it'd then be right for me to harm myself.

VERSE N°6 :
Now it comes to her mind to wish me ill,
but there was a time in which her opinion was different;
her love is such
that I must court her forever
because of the good that has come from it;
even if she wouldn't so much as greet me anymore,
I ought to always be at her feet.

VERSE N°7 :
If she only wished to grant me this much,
that I'd be her eternal suitor,
I would be happy and gentle of speech,
and she would make me rejoice without anything carnal.
And I should indeed be believed,
for I don't speak, no matter how much it grows in me,
except about Good Expectation, wherefore I'd live.

Good Expectation, I have fallen from high to low!
And if her power doesn't rescue me,
I advise her to hang me.


[Remonter]

* Pois tals saber mi sortz e m creis / Puisqu'une telle compétence grandit en moi :

- Titres possibles selon les différents manuscrits et éditions : (Ref. ID : 389.036 / X : 088v)

- Présentation de cette chanson : Vers, canso, chanson d'amour.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1147-1173).

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Pois tals saber mi sortz e·m creis
Que trobar sai – et ieu o dic ! –
Mal estara si non pareis
Et er mi blasmat si m'en gic ;
Car so qu'om van'ab la lenga
Taing ben que en pes lo tenga,
Car non pot aver pejor dec
Qui ditz so que no s'avenga.

COUBLET N°2 :
Er ai gaug car sebram dels freis
E remanon sol li abric ;
Li auzellet – et es lor leis
Qe negus de chantar no·is gic –
Us quecs s'alegr'en sa lenga
Pel novel temps que·il sovenga ;
E dels arbres qu'eron tuit sec
Lo foils pels branquils s'arenga.

COUBLET N°3 :
E qui anc jorn d'amar si feis
Non taing q'era s'en desrazic
C'ab lo novel temps que s'espreis
Deu quecs aver son cor plus ric ;
E qui non sap ab la lenga
Dir so que·il coven, aprenga
Consi ab novel joi s'esplec :
C'aisi vol Pretz que·s captenga.

COUBLET N°4 :
Estat ai fis amics adreis
D'una que·m enganav'ab tric,
E car anc s'amors mi destreis,
Tos temps n'aurai mon cor enic ;
Qu'aras non voill qu'ab sa lenga
Auir lo digz que·m destrenga
Per so qu'autre ab lieis s'abrec
Et eu caz so q'aicel prenga.

COUBLET N°5 :
Ab leis remanga·l malaveis
E·l engans et ab son amic ;
Que tals joys m'a pres e m'azeis
Dont ja non creirai fals prezic :
Anz voill c'om mi tail la lenga
S'ieu ja de leis crei lausenga
Ni de s'amor mi desazec,
S'ie·n sabia perdr'Aurenga.

COUBLET N°6 :
Ben taing qu'eu sia fis vas leis
Car anc mais tant en aut non cric.
Que Nostre Seigner, el mezeis,
Ab pauc de far non i faillic ;
C'apenas saup ab la lenga
Dir "aital vuoill que devenga" ;
Qu'a la beutat q'en leis assec
Non volc c'autra s'i espenga.

COUBLET N°7 :
Domna, no·us sai dir loncs plaideis,
Mas far de mi podetz mendic
O plus ric que anc no fon reis ;
Del tot sui en vostre castic !
Sol vos digatz ab la lenga
Consi voletz que·m captenga ;
Qu'eu ai cor qu'enasi estec,
E que ja d'autra no·m fenga !

COUBLET N°8 :
Domna, no·us quier ab la lenga
Mas qu'en baisan vos estrenga
En tal luoc on ab vos m'azec,
E que d'ams mos bratz vos senga.

Levet, fai auzir ta lengua
En cuy beutatz se depenga ;
C'aia tal vers selha qu'ieu dec
Per so que de mi·l sovenga.

COUBLET N°1 :
Puisque tal
Que
M
E
Car ço que
T
Car
Que .

COUBLET N°2 :
Aro ai .

COUBLET N°3 :
E qui .

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
.

COUBLET N°8 :
.

COUPLET N°1 :
Puisqu'une telle compétence jaillit et grandit en moi,
Que je peux écrire de la poésie - et je le revendique ! -
Cela aura l'air mauvais si cela ne se voit pas
Et je serai blâmé si j'abandonne ;
Car ce dont on se vante de sa langue
devrait peser lourdement sur son esprit,
Car il n'y a pas de pire faute
Que de dire quelque chose qui ne se produit pas.

COUPLET N°2 :
Maintenant j'apprécie que nous nous séparions du froid
Et que les abris restent inutilisés ;
Les petits oiseaux - leurs lois imposent
Que personne ne s'en tire sans chanter -
chacun se réjouit dans sa propre langue
à cause du printemps, dont il se souvient ;
Et les branches des arbres, qui étaient toutes sèches,
sont tapissées de feuillage.

COUPLET N°3 :
Et quiconque se met à aimer
Ne doit pas en déraciner maintenant
Car, avec le réveil du printemps,
chacun devrait avoir le cœur enrichi ;
Et celui qui ne sait pas exprimer
avec sa langue ce qui lui appartient, qu'il apprenne
à atteindre son but avec une joie nouvelle :
Car Worth veut que quelqu'un se supporte ainsi.

COUPLET N°4 :
J'ai été le fidèle et vrai amant
D'une femme qui m'a trompé et m'a trompé
Et depuis que j'étais attaché par mon amour pour elle,
je serai toujours plein de ressentiment ;
mais je ne veux pas entendre de ses
mots de bouche qui m'attacheraient
parce que je sais qu'un autre apprécie sa faveur
Et je chasse ce qu'il capture.

COUPLET N°5 :
Laissons la rancune et la tromperie
avec elle et avec son amant ;
Car une telle joie m'a pris et enflammé
que je n'en croirai jamais rien de faux :
je me ferais plutôt couper la langue
avant de croire en la calomnier
et je ne renoncerais pas à son amour,
même si je savais que je perdrais Orange à cause de cela.

COUPLET N°6 :
Il m'appartient de lui être fidèle
Puisque je n'ai jamais été aussi haut.
Parce que même le seigneur lui-même
A failli s'en prendre à elle,
Car il pouvait à peine prononcer
"Ainsi je souhaite qu'elle devienne"
Car il ne veut pas qu'une autre femme aspire
à la beauté qu'il met en elle.

COUPLET N°7 :
Madame, je ne peux pas tisser un long appel,
Mais vous pouvez faire de moi un mendiant
Ou quelqu'un de plus riche que jamais était un roi ;
Je suis entièrement en ton pouvoir !
Dites simplement, de votre bouche,
comment vous voulez que je me comporte ;
Car mon cœur a toujours été ainsi,
Et je ne tombe jamais amoureux d'une autre femme !

COUPLET N°8 :
Madame, je ne demande rien de ma bouche
Mais de vous embrasser, en l'embrassant,
dans un endroit tel que je puisse vous rejoindre
Et vous encercler avec mes deux bras.

Levet, fais entendre ta langue,
Dans laquelle la beauté devrait être dépeinte ;
Que celle que je mentionne ait une telle chanson
qu'elle se souvienne de moi.

VERSE N°1 :
Since such a skill springs and grows in me,
That I can write poetry – and I do claim so! –
It will look bad if it doesn't show
And I shall be blamed if I give it up;
Since that which one boasts with his tongue
Should weigh heavily on his mind,
Since there is no worse fault
Than claiming something that doesn't happen.

VERSE N°2 :
Now I enjoy that we part from the cold
And that the shelters remain unused;
Little birds – their laws impose
That no one get away with no singing –
Each one rejoices in its own language
Because of Spring, which it recalls;
And the branches of the trees, which were all dry,
Are lined with foliage.

VERSE N°3 :
And whoever took to loving
ought not to uproot himself from it now
for, with the awakening of Spring,
each should have his heart enriched;
and he who doesn't know how to express
with his tongue what behoves him, let him learn
how to achieve his aim with novel joy:
for Worth wants one to bear himself so.

VERSE N°4 :
I have been the faithful and true lover
Of a woman who deceived and tricked me
And since I was tethered by my love for her,
I shall always be resentful;
But I don't want to hear from her mouth
Words that would tether me
Because I know that another enjoys her favour
And I hunt what he captures.

VERSE N°5 :
Let spite and deceit remain
With her and with her lover;
Since such joy has taken and inflamed me
That I shall never believe anything false about it:
Rather, I'd have my tongue cut
Before I believe slander about her
Nor would I renounce her love,
Even if I knew that I'd lose Orange because of it.

VERSE N°6 :
It behoves me to be faithful to her
Since I have never waxed so high.
Because even the lord himself
Almost took fault with her,
For he could barely utter
"thus I wish her to become"
For he doesn't want another woman to aspire
To the beauty he put in her.

VERSE N°7 :
Lady, I can't weave a long plea,
but you can make of me a beggar
or someone richer than ever a king was;
I am entirely in your power!
Just say, out of your mouth,
how you want me to behave;
for my heart has always been this way,
and may I never fall for another woman!

VERSE N°8 :
Lady, I don't ask for anything out of my mouth
but to hug you, in kissing,
in a place such that I may join you
and encircle you with both my arms.

Levet, have your voice, in which
beauty should be portrayed;
Let the one I mention have such a song
that she may remember me.

Discographie / Enregistrement :
- CD "Musique du XIIe siècle à nos jours" par Alain BRAVAY et la classe de musique traditionnelle du Conservatoire d'Orange (Ed. Ley Ménestrié de Provence, 2010)


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* Pos trobars plans / Vous pouvez trouver :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Pos trobars plans
Es volguz tan
Fort m'er greu s'i non son sobrans :
Car ben pareis
Qi tals motz fai
C'anc mais non foron dig cantan,
Qe cels c'om tot jorn ditz e brai
Sapcha, si·s vol, autra vez dir.

COUBLET N°2 :
Mos ditz es sans,
Don gap, ses dan.
Per tal joi soi coindes e vans,
Qe mais val neis
Desirs q'ieu n'ai
D'una qe anc no·m ac semblan
(pels sainz c'om qer en Verzelai !)
D'autre joi c'om puesca jauzir !

COUBLET N°3 :
Son ben aurans !
C'ar, per talan
Solamen, so francs et humans,
De dir ves leis
Ben, ni·m fas gai.
Qe·m val si per lieis trag mal gran ?
Si lo mal q'en trac no sap lai,
Mi eis voil d'aitan escarnir.

COUBLET N°4 :
Ben so trafans
Q'eu eis m'engan,
Car dic aiso tan qe vilans !
– cals pros me creis
S'ieu lo mal trai
Per leis, s'il no sapia l'afan ?
– no m'es doncs pros e be no·m vai
Si·m pens qe tan ric joi desir ?

COUBLET N°5 :
Mos volers cans
Qe·m sal denan
Me fai creire qe futz es pans.
Tan aut mespreis
Mon cor, car sai
Q'enfol. M'aurei donc faz l'efan ?
– Tot voll cant vei. – Respeit segrai.
– Respeitz loncs fai omen perir.

COUBLET N°6 :
Sains Julians !
Con vauc torban !
Soi serrazis o crestians ?
Qals es ma leis ?
Non sai. Qe jai
Me posca, de so qe·il deman,
Et atrestan tost, Dieus, si·l plai,
Co fes vin d'aiga, devenir.

COUBLET N°7 :
Pauc soi certans !
(ves qe·us reblan,
Domna.) de vos so molt londans !
Anc no·m destreis
Amors tan mai ;
Per q'ieu non creiria d'un an
C'aissi·us ames per negun plai,
Si bes no m'en degues venir.

Astrius e ma chanso vos man,
Qe dos sautz si rics ar essai ;
Lo ters aut on plus pot om dir.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Puisque le style "trouver"
Est tellement en vogue,
cela m'attristerait si je n'excelle pas :
Car on s'attendrait
À ce que celui qui écrit des mots
comme jamais auparavant ait été mis en chanson
pour pouvoir autrement, s'il le souhaite,
Chantez ce que les gens chantent et pleurent chaque jour.

COUPLET N°2 :
Mon écriture, dont je me vante,
est sensée et inoffensive.
Je suis agréable et vain à cause d'une joie
Telle que même
Le désir qu'il représente,
- que pour une femme qui n'a même jamais eu l'air de m'aimer,
par tous les saints que l'on cherche à Vézelai -
vaut plus que toute autre joie dont on pourrait jouir.

COUPLET N°3 :
Je suis plutôt fou !
Depuis maintenant, par désir
Seul, je suis franc et humain
En écrivant sur ses
Bonnes choses, et je m'en réjouis.
À quoi cela me sert-il, si je souffre de grands maux pour elle ?
Si elle ne sait pas, là [où elle est], à propos des maux que je souffre,
je me moque de moi jusqu'à présent.

COUPLET N°4 :
Je suis un traître en effet
Car je me trompe
en disant cela, tout comme le ferait une churl.
- Quel avantage m'apporte
Si je souffre
Pour elle, si elle ne connaît pas mon angoisse ?
- N'est-ce pas, alors, vaillant et ne me sert-il pas,
juste en pensant que je désire une si noble joie ?

COUPLET N°5 :
Mon ardent désir,
Qui monte devant moi,
Me fait croire que le bois est du pain.
Je me méprise tellement
Mon coeur, car je sais
Je deviens fou. Aurais-je dû agir comme un enfant, alors ?
- Je veux tout ce que je vois. - Je continuerai d'attendre.
- Une longue attente fait périr.

COUPLET N°6 :
Saint Julian,
Comme je suis troublé !
Suis-je sarrasin ou chrétien ?
Quelle est ma croyance ?
Je ne sais pas. Maintenant,
que Dieu, s'il le veut,
Dès qu'il a transformé l'eau en vin,
accorde-moi ce que je désire.

COUPLET N°7 :
J'ai peu de certitude !
(Je vous courtise, comme vous voyez,
Madame.) Je suis loin de vous !
Jamais auparavant l'amour ne m'avait
autant mis sous sa coupe ;
De sorte que je ne croirais pas dans un an
Que je pourrais t'aimer si inconditionnellement
Si rien de bon n'en venait.

Je vous envoie Astrius et ma chanson,
Car j'essaie maintenant deux beaux sauts,
Le troisième [étant] aussi haut que l'on puisse dire.

VERSE N°1 :
Since plain style
is so much in vogue,
it'll grieve me if I don't excel in it:
for one would expect
him who writes such words
as never before had been put to music
to be otherwise able, if he wishes, to sing
what people sing and cry every day.

VERSE N°2 :
My writing, of which I boast,
is sensible and harmless.
I am pleasant and vain because of a joy
such as even
the desire it consists of,
– that for a woman who hasn't even ever looked like she'd like me,
by all the saints one seeks in Vézelai –
is worth more than any other joy one could enjoy.

VERSE N°3 :
I'm rather insane.
Since now, out of desire
alone, I am earnest and kind
in writing about her
good things, and I gladden myself with it.
What does it avail me, if I suffer great ills for her sake?
If she doesn't know, there [where she is], about the ills I suffer,
I am making a fool of myself, so far.

VERSE N°4 :
I am a traitor indeed
for I deceive myself
by saying that, just as a churl would.
– What advantage accrues to me
if I suffer
for her, if she doesn't know my anguish?
– isn't it, then, valiant and doesn't it avail me,
just thinking that I desire such a noble joy?

VERSE N°5 :
My doggone desire,
which mounts before me,
makes me believe that wood is bread.
I despise myself
so much because I know
I'm going insane. Should I have acted like a child, then?
– I want everything I see. – I shall keep expecting.
– A long expectation makes one die.

VERSE N°6 :
Saint Julian,
How troubled I am!
Am I Saracen or Christian?
Which is my belief?
I don't know. Now
may god, if he pleases, as fast as
he turned water into wine,
grant me what I long for.

VERSE N°7 :
I have little certitude!
(I court you, as you see,
lady.) I am far away from you!
Never before did Love have me
so much in its grip;
so that I wouldn't believe in a year
that I could love you so unconditionally
if no good were to come from it.

I send you Astrius ad my song,
for I now attempt two fine leaps,
the third [being] as high as one can possibly tell.


[Remonter]

* S'il cors es pres, la lengua non es preza / Si mon corps est pris, ma langue ne l'est pas :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
S'il cors es pres, la lengua non es preza;
Donx dir puesc ieu so qu'ieu meils volgra far.
Mais ieu poirai m'en en Dieu fïansar,
Et aprop Deu, m'en fi en mon Jotglar :
Qu'en els ar es tot del meu desliurar.

COUBLET N°2 :
Fols, dir ho ai, sitot unc pauc vos peza ;
Ogan d'aiso vos pot hom apelar
Qar de vostra dona que·us te tan quar
Per nuilha re tenetz pres son jotglar.
Dieus afol cel que·us ensenhet amar !

COUBLET N°3 :
Senher en Fol ! (Es paraula corteza)
Las ! quan per me fauc madona plorar !
Que m'avetz tout tres mes, so puesc comdar ;
Tuit devon dir – fe que dei mon Jotglar ! –
Que vos etz sel que fai donas raubar !

COUBLET N°4 :
Fol, per mon cap, en qu'es sa cresma meza,
Non a tan fort raubador sobre mar,
Que drutz raubatz, e donas faitz plorar.
Non agratz pro raubat en mon Jotglar ?
Voletz donx mai ? No·n avetz pro, so·m par.

COUBLET N°5 :
Fol, deme·us prec, qar merce vos ai queza
Que no·m volcsetz del tot adreiturar,
C'ab sol mon dreg no·m podetz ben paguar :
Si per dreg fos, non agratz mon Jotglar.
Ja·us crezet ill de si eussa donar.

COUBLET N°6 :
Fol, e·l sie·us det, qu'en vos s'es de tot meza,
E vos detz leis – e non es ges ben dar
Pos tan val mais; ben l'i devetz tornar.
Qu'als non mi da c'apela son jotglar,
Et tot ab mi non lo podetz egar.

Sitot ab mi no'us hi podetz egar
Si mi·l rendetz, ie·us en farai fin far.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Même si mon corps est pris, ma langue ne l'est pas ;
Donc je peux dire ce que je préfère faire.
Mais je pourrai faire confiance à Dieu avec cela,
Et après Dieu, je ferai confiance à mon jongleur :
Car tout [mon espoir] de liberté est avec eux.

COUPLET N°2 :
Fou, je vais le dire, même si cela peut quelque peu vous attrister ;
à partir de maintenant on peut vous appeler ainsi
Car vous gardez, sans aucune raison, emprisonné le jongleur
de votre dame, qui vous tient tant à cœur.
Que Dieu nuise à celui qui vous a enseigné l'amour.

COUPLET N°3 :
Seigneur le fou (c'est un mot courtois),
Hélas ! Quand je fais pleurer madame !
Car vous m'avez enfermé pendant trois mois, si je peux compter ;
Tous diront - par la foi que je dois à mon jongleur -
Que vous êtes celui qui vole les dames !

COUPLET N°4 :
Fou, près de ma tête, qui a été ointe par elle,
il n'y a pas de pirate plus féroce en mer,
car vous volez des amants et faites pleurer des dames.
Vousu n'avez pas assez volé dans mon jongleur ?
En demandez-vous encore plus ? Vous n'en tirerez aucun avantage, je dirais.

COUPLET N°5 :
Fou, je vous demande une toute petite faveur,
Car j'ai déjà admis que vous ne me donnez pas tout mon dû,
Car en me rendant simplement justice, vous ne seriez pas en mesure de me rembourser :
Si l'affaire était réglée de droit, tu n'aurais pas mon jongleur.
Elle n'a jamais eu l'intention de se donner à vous de sa propre volonté.

COUPLET N°6 :
Folle, elle t'a donné son trésor, en s'engageant envers toi,
et tu t'es réciproque: ce n'est pas une bonne affaire,
car elle vaut bien plus; vous devez en effet l'indemniser.
Car elle ne me donne plus (qu'elle appelle son jongleur)
et tu ne peux certainement pas me comparer.

Bien que vous ne puissiez pas me comparer à ce sujet,
si vous me la rendez, je ferai une belle action pour vous.

VERSE N°1 :
Even though my body is in thrall, my tongue is not;
therefore I can say what I'd rather do.
But I shall be able to trust god with this,
and after god, I trust my Joglar:
for all [my hope] of freedom is with them.

VERSE N°2 :
Fool, I'll say it, although it may somewhat grieve you;
from now on one can call you this
for you keep, for no reason, imprisoned the jongleur
of your lady, who holds you so dear.
May god harm him who taught you love.

VERSE N°3 :
Lord Sir Fool (it is a kind word),
woe is me when I make my lady weep for me!
for you have locked me away for three months, if I can count;
all shall say – by the faith I owe my Joglar –
that you are the one who steals from ladies.

VERSE N°4 :
Fool, by my head, which was anointed by her,
there is no fiercer pirate at sea,
for you steal lovers, and make ladies weep.
Haven't you stolen enough in my Joglar?
Do you demand even more? You won't get any advantage from it, I'd say.

VERSE N°5 :
Fool, I beg a tiny favour of you,
for I have already conceded that you do not give me all my due,
for by merely giving me justice you wouldn't be able to repay me:
if the matter were settled according to right, you wouldn't have my Joglar.
She never intended to give herself to you of her own will.

VERSE N°6 :
Fool, she gave you her treasure, by committing herself to you,
and you reciprocated: it isn't fair bargain,
since she is worth so much more; you ought indeed to compensate her.
For she doesn't give me (whom she calls her jongleur) any more
and you certainly can't compare to me.

Although you cannot compare to me in this matter,
if you give her back to me, I'll do a fine deed for you.


[Remonter]

* Una chansoneta fera / Je ferai une chansonnette :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Una chansoneta fera
Voluntiers laner'a dir ;
Don tem que m'er a murir
E far l'ai tal que sen sela.
Ben la poira leu entendre
Si tot s'es en aital rima ;
Li mot seran descubert
Al quec de razon deviza.

COUBLET N°2 :
Bo·m sap car tan m'apodera
Mos cor que non puesc sufrir
De mon talan descubrir ;
C'ades puech a plena vela
(qui que veya joy dissendre)
Per que no·y puesc nulh'escrima
Trobar, ans m'ai trop suffert
De far parer ma conquiza.

COUBLET N°3 :
Pus ma dona m'es tan vera
(trop miels qu'ieu no·il sai grazir)
S'ieu quier als, tostems m'azir !
Dieus en ira·m met'ab ela
O·m fassa que be·m tanh pendre
Per la gola d'una sima :
Pro m'a dat sol lieys no pert ;
Dieus m'a pagat a ma guiza.

COUBLET N°4 :
Ben saup lo mel de la cera
Triar, e·l miels devezir
Lo iorn que·m fes lieys ayzir ;
Pus, cazen clardat d'estela,
Sa par no·s fay ad contendre
Beutatz d'autra, si be·s lima,
Ni aya cor tan asert
De be s'aribar en Piz.

COUBLET N°5 :
Domna, can mi colc al sera,
La nueyt (e tot iorn) cossir
Co·us pogues en grat servir:
Cant ieu·m pes, qui·m fer ni·m pela
No·m pot far en als entendre ;
Mos cors de gaug salh e guima,
Tan ay en vos mon cor sert
E ma voluntat assiza.

COUBLET N°6 :
Domna, si no ·us alezera
Mos cors, lay on yeu dezir,
Res plus tost no·m pot aucir ;
Si·m tarza, pensatz de tela
Al cor c'om no·s pot defendre !
Que·l vida m'es aytan prima
Soven ay gaug e m'espert
E·m pes : "Mala l'ai conquiza !".

COUBLET N°7 :
Doncx c'ay fag tan long'espera
Que aysi·m degues murir ?
Mas un iorn m'es vis que·m tir
Un an. Lo pretz d'una mela
Non tenc si no·m pot car vendre !
Dreitz ! Per que mos cors m'ensima
C'ades m'estai l'uelh ubert
Vas sela part on l'ay viza ?

COUBLET N°8 :
Deu prec tan de mort m'escrima
Donna, e m'aia suffert
Tro qu'ie·us embraz ses chamiza.

Qui trob'amor ses escrima
Ja non deu planher si pert
Domna qu'es vayra e griza.

COUBLET N°1 :
Farai uno cansouneto
Volountié .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
J'écrirai une chansonnette,
Volontiers facile à chanter,
Dont je crains de mourir :
J'écrirai donc une telle telle qu'elle en cache le sens.
On pourra le comprendre clairement,
Bien que ce soit dans une rime similaire ;
Les mots seront évidents
Pour celui qui les divise raisonnablement.

COUPLET N°2 :
Cela fait du bien, car mon cœur
Me domine tellement que je ne peux pas supporter
De ne pas révéler mes intentions,
Pour l'instant je peux, sans aucune restriction
(celui qui peut voir la joie se décomposer),
De sorte que je ne puisse
Trouver aucun déguisement, plutôt j'ai enduré
Aussi bien ne pas montrer ma conquête au large.

COUPLET N°3 :
Puisque ma dame est tellement fidèle à moi
(bien plus que je ne peux la remercier)
si je demande autre chose, je me détesterai pour toujours !
Que Dieu sème la discorde parmi nous
ou qu'il me fasse en effet mériter d'être pendu
par le cou à la cime d'un arbre :
il m'a donné [tout] du bien, si seulement je ne la perds pas ;
Dieu m'a récompensé à ma façon.

COUPLET N°4 :
Il savait très bien comment séparer le miel
de la cire, et a choisi le meilleur,
Le jour où il l'avait fait pour moi ;
Puisque, sous la lumière des étoiles,
aucune autre beauté féminine n'est faite pour elle,
Aussi polie soit-elle
ou quelle que soit sa détermination
à atteindre le prix.

COUPLET N°5 :
Madame, quand je me couche le soir,
je réfléchis toute la nuit et le jour
Comment puis-je vous servir à votre satisfaction ;
Je pense tellement que si quelqu'un me frappe ou m'arrache les cheveux,
il ne peut pas tourner mon attention ailleurs ;
Je saute et bondis de bonheur,
Tant mon cœur et mon désir
sont fixés en toi.

COUPLET N°6 :
Madame, si je ne vous plait pas
là où je veux,
rien ne peut me tuer plus vite ;
s'il est retardé pour moi, pensez que le tissu
ne peut pas protéger le cœur ;
car je chéris tellement la vie
que souvent je suis heureux, et je me perds
et me muse : "Je l'ai gagnée à mon malheur !".

COUPLET N°7 :
Alors, pourquoi ai-je attendu si longtemps
[seulement] pour mourir de cette façon ?
Mais une journée me semble traîner
pendant un an. Je ne vaux pas la peine
si je ne résiste pas !
D'accord ! Mais pourquoi suis-je exalté
[juste] pour me tenir maintenant les yeux ouverts,
face aux endroits où je l'ai vue ?

COUPLET N°8 :
Je prie Dieu de me protéger de la mort,
Madame, et de m'avoir gardé
Jusqu'à ce que je t'embrasse sans vêtement.

Celui qui trouve l'amour sans leurre
ne devrait pas se plaindre s'il perd
Une dame dont les couleurs sont mutables.

VERSE N°1 :
I shall gladly write a little song,
[one] easy to sing,
of which I fear that I shall die:
so I shall write one such as it conceals its meaning.
One will be able to understand it plainly,
albeit it is in similar rhyme;
the words will be evident
to one who divides them reasonably.

VERSE N°2 :
It feels good, for my heart
so overpowers me that I cannot stand
not revealing my intentions,
for now I can, with no restrictions
(whoever may see joy decaying),
so that I can't find any
disguise, rather I have endured too much
not showing my conquest off.

VERSE N°3 :
Since my lady is so true to me
(so much more so than I can thank her for)
if I ask for something else, I shall hate myself forever!
May god sow discord among us
or let him make me indeed deserve to be hanged
by the neck from a tree-top:
he has given me [all] good, if only I don't lose her;
god has rewarded me my own way.

VERSE N°4 :
He knew well how to part the honey
from the wax, and chose the best,
the day he had her made for me;
since, in the shedding starlight,
no other woman's beauty is made
her match, however polished it may be
or however set her heart may be
to achieving the prize.

VERSE N°5 :
Lady, when I lie down in the evening,
I ponder all night and day
how can I serve you to your satisfaction;
I muse so much that if one hits me or tears my hair away,
he can't turn my attention elsewhere;
I leap and bound out of happiness,
so much my heart and my desire
are fixed in you.

VERSE N°6 :
Lady, if I don't please you
there where I wish to,
nothing can kill me quicker;
if it is delayed for me, think that fabric
can't protect one's heart;
for I cherish life so much
that often I am happy, and lose myself
and muse: "I have won her to my misfortune!".

VERSE N°7 :
Then, why have I waited so long
[only] to have to die this way?
But a day seems to me to drag
for a year. I am not worth
a minnow if I can't resist!
Right-ho! But why am I exalted
[just] for standing now with my eyes open,
facing the places I have seen her in?

VERSE N°8 :
I pray god to shield me from death,
lady, and to have kept me
until I embrace you without a vestment.

He who finds love without a decoy
should not complain if he loses
a lady whose colours are mutable.


[Remonter]

* Un vers farai de tal mena / Je ferai un vers :

- Présentation de cette chanson :

- Paroles et Musique : Raimbaud d'Orange (...1145-10/05/1173)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Un vers farai de tal mena
On vuelh que mos sens paresca,
Mas tant ai ric'entendensa
Que tostz n'estauc en bistensa
Que no posca complir mon gaug ;
Ans tem c'un sol jorn no viva
Tant es mos desirs del fait lonh ;

COUBLET N°2 :
Qu'ins en mon cor me semena
Us volers, e crey que·y cresca
D'amor que·y met tal creyssensa
Que d'als non ai sovinensa,
Ni res qu'ieu aya no·m fa gaug ;
Ans lays, e mos cors esquiva,
Autre joy que d'al non ay sonh.

COUBLET N°3 :
Pero si·n sofr'ieu gran pena
Qu'ins en mon cor sal e tresca,
Qu'anc hom per belha parvensa
Non trays tan greu penedensa.
Mas non ai per qu'ieu n'aya gaug ? –
Quar us volers m'en abriva
E·m ditz qu'en altre joy non ponh.

COUBLET N°4 :
Ben m'a nafrat en tal vena
Est'amors qu'era·m refresca
Don nuls metges de proensa
Nadius no·m pot far guirensa ;
Ni mezina que·m fassa gaug,
Ni ja non er hom qu'escriva
Lo greu mal qu'ins el cor m'esconh.

COUBLET N°5 :
Qu'amors m'a mes tal cadena
Plus doussa que mel de bresca ;
Quan mos pessars en comensa
Pus pes que·l dezirs m'en vensa.
Don per que torn mon plor en gaug
E vau quo fai res penssiva ? –
Quar non aus mostrar mon bezonh.

COUBLET N°6 :
Ben ai ma voluntat plena
De tal sen que s'entrebesca ;
E cuig que m'aia tenensa
Car nuls hom mais per plivensa
Non estet en aitan gran gaug !
Domna, si·m fossetz aiziva
Tost saubra s'en fol m'en peronh.

COUBLET N°7 :
Mas ill non sap qual estrena
M'a dada ni cum m'adesca ;
Quar tant sos pretz sobregensa
Qu'il no cre que per temensa
Auzes ges de lei aver gaug ;
Qu'ill es tant nomenativa
Tem, si·l o dic, no me vergonh.

COUBLET N°8 :
Mas ben grans talans afrena
Mon cor, que ses aigua pesca.
Pus no·ill o puesc a prezensa
Dir, dieus l'en don entendensa
A lieys, tal que me torn en gaug !
Que·l vers farai (que·m caliva)
Dir a lieys a cuy Pretz se jonh.

COUBLET N°9 :
Ricx hom suy si l'enten en gaug,
Mas ieu no sai per que·m viva
Si l'enten e pueys non a sonh.

Non entendray mo mal en gaug ?
Que·l Bos Respiegz vol qu'ieu viva
El mal m'estra don non ai sonh.

COUBLET N°1 :
Farai un ver de talo meno
Onte vole que moun .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

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COUBLET N°6 :
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COUPLET N°1 :
J'écrirai donc un vers
Où je veux que mon esprit apparaisse,
Mais j'ai de si nobles ambitions
Que je sombrerai bientôt dans le doute
pour pouvoir achever mon bonheur ;
Je crois plutôt que je ne vivrai pas un jour,
Tellement mon souhait est de sa réalisation.

COUPLET N°2 :
Car un désir sème dans mon cœur,
Et je crois qu'il naît
De l'amour, ce qui lui donne une telle croissance
Que je n'ai aucun souvenir d'autre chose,
et rien de ce que j'ai ne peut me donner du bonheur ;
bien au contraire : je renonce (et mon cœur fuit)
À d'autres joies, car rien d'autre ne me frappe.

COUPLET N°3 :
Mais cela me fait beaucoup souffrir,
Car il bondit et bat dans mon cœur ;
personne n'a jamais fait une pénitence aussi lourde
[simplement] pour une belle fantaisie.
Mais ça ne me donne pas de quoi être heureux ? -
Le désir ardent m'assaille
Et me dit de ne pas m'appliquer à d'autres joies.

COUPLET N°4 :
Cet amour, qui est maintenant renouvelé pour moi,
m'a en effet blessé dans une veine
telle qu'aucun médecin en Provence
ne peut jamais me guérir
Ni [n'existe-t-il] un remède pour m'apporter le bonheur,
Ni personne non plus qui puisse décrire
La un mal grave que je grave dans mon cœur.

COUPLET N°5 :
Car l'amour m'a lié d'une chaîne
Plus douce que le miel du peigne ;
Quand je commence à en pleurer,
cela me fait encore plus mal que son désir puisse me vaincre.
Pourquoi, alors, je transforme mes pleurs en bonheur
Et flâner perdu dans ses pensées ? -
Car je n'ose révéler ma passion.

COUPLET N°6 :
Mon désir est en effet rempli
De pensées opposées ;
Et j'imagine que cela me tient sous l'emprise
parce que personne n'a jamais été
aussi heureux à crédit seul ;
Madame, si vous m'avez fait grâce,
je saurais bientôt si je me lissais comme une bécasse.

COUPLET N°7 :
Mais elle ne sait pas quel cadeau
Elle m'a fait, ni comment elle m'attire ;
Car sa valeur est si excellente
Qu'elle croit que, par crainte,
Je ne devrais jamais avoir de bonheur d'elle ;
Car elle est si haut placée
que je crains, si je me déclare, qu'elle me fasse honte.

COUPLET N°8 :
Mais un grand désir retient
mon cœur, qui pêche sans eau.
Puisque je ne peux pas lui dire en
face, que Dieu lui donne un aperçu de cela,
afin que cela devienne mon bonheur !
Car je vais faire
Réciter ce verset (qui m'importe) à celle qui est la compagne de Pretz.

COUPLET N°9 :
Je serai le plus noble si elle l'écoute dans le bonheur,
Mais je ne vois aucune raison de vivre
Si elle le comprend et n'y prête pas attention.

Ne dois-je pas interpréter ma souffrance comme du bonheur ?
Pour bonne expédition elle veut que je vive
Et enlève ma douleur, à laquelle je ne prête aucune attention.

VERSE N°1 :
So I shall write a verse
where I want my wit to appear,
but I have such noble ambitions
that I soon lapse into doubt
that I may complete my happiness;
I rather believe that I shan't live a day,
so far my wish is from its realisation.

VERSE N°2 :
For a longing sows in my heart,
And I believe it grows
out of love, which gives it such a growth
that I have no recollection of anything else,
nor can anything I have give me happiness;
quite the opposite: I relinquish (and my heart shuns)
other joys, for nothing else strikes my fancy.

VERSE N°3 :
But it makes me suffer greatly,
for it leaps and frisks in my heart;
never did anyone do such a heavy penance
[merely] for a beautiful fantasy.
But doesn't it give me something to be happy about ? –
For a longing for it assails me
and tells me not to apply myself to other joys.

VERSE N°4 :
This love, which is now renewed for me,
has indeed wounded me in such a vein
that no medic in Provence
can ever cure me
nor [is there a] remedy to bring me happiness,
nor is there anyone, either, who can describe
the grievous ill that I engrave in my heart.

VERSE N°5 :
For love has bound me with a chain
sweeter than honey from the comb;
when I start grieving about it,
it grieves me even more that its desire may overcome me.
Why, then, do I turn my weeping into happiness
and loiter lost in thought? –
For I don't dare reveal my passion.

VERSE N°6 :
My desire is indeed filled
with opposing thoughts;
and I imagine that it holds me in thrall
because nobody was ever
so happy on credit alone;
lady, if you were gracious to me,
I would soon know if I'm preening myself like a woodcock.

VERSE N°7 :
But she doesn't know which gift
she has given me, nor how she lures me;
for her worth is so excellent
that she believes that I, out of awe,
ought not to ever have happiness from her;
for she is so high of rank
that I fear, if I declare myself, that she would shame me.

VERSE N°8 :
But a great desire restrains
my heart, which fishes without water.
Since I cannot tell her to her
face, let god give her insight into this,
so that it may turn into my happiness!
For i shall have this verse (which matters to me)
recited to her who is Pretz's companion.

VERSE N°9 :
I shall be the nobler if she listens to it in happiness,
but I see no reason to live
if she understands it and pays no heed to it.

Shall I not interpret my suffering as happiness?
For Good Expectation wants me to live
and takes away my pain, to which I pay no heed.


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* 1/ L :

- Présentation de cette chanson : C.

- Paroles et Musique : E ().

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
E.

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Discographie / Enregistrements :
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Page réalisée à but pédagogique et culturel.
© Traductions en français et en provençal mistralien réalisées par Thibaut PLANTEVIN.
© Traductions en anglais issues de diverses sources : www.trobar.org, www.lyricstranslate.com, Google traduction, Wiki et multiples forums. Merci à tous !
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