COUBLET N°1 :
Fort m'enoja, si l'auzes dire,
Parliers quant es avols servire ;
Et hom qu vol trop autr'aucire
M'enoja, e cavals que tire ;
Et enoja·m, si Dieus m'ajut,
Ries hom quan trop porta escut
Quan sol u colp no·i a agut,
Capela e morgue barbut,
E lausengier bec esmolut.
COUBLET N°2 :
Enoja me domn' envejosa
Quant es paubra et orgoillosa,
E marritz qu'ama trop sa sposa,
Neus s'era domna de Tolosa ;
Et enoja·m de cavallier
For de son pais ufanier,
Quant en lo sieu non a mestîer
Mais sol de pestar en mortier
Pebre o de tastar sabrier.
COUBLET N°3 :
Enoja mi d'autra maneira
Hom volpilz quan porta baneira,
Et avols austors en riveira,
E paucs manjars en gran caudeira,
Et enoja·m, per saint Marti,
Trop d'aiga en petit de vi ;
E quan trob escassier mati
M'enoja, e d'orb atressi,
Car no m' azaut de lor cami.
COUBLET N°4 :
Enoja·m longa tempradura,
E carns quant es mal coita e dura,
E prestre qui m en ni-s perjura,
E puta veilla, quan trop dura.
Et enoja·m, per saint Dalmatz,
D'avol home en trop gran solatz ;
E corre quan per via a glatz
E fugir ab caval armatz
M'enoja, e·l maldirs de datz.
COUBLET N°5 :
Et enoja·m, per vita eterna,
Manjar ses foc, quan fort iverna,
E jaser cum veilla calerna (?),
Quant ella flaira en la taverna.
Et enoja·m, car es de fer,
Avols hom qu'a bella moiller,
E per gelosia la fer,
E fai o be qui la enquer
E no lo lai per marit fer.
COUBLET N°6 :
Enoja me per saint Salvaire,
En bona cort avols violaire,
Et en pauca terra trop fraire,
E a bon joc paubres prestaire.
Et enoja·m, per saint Marsel,
Doas penas en un mantel,
E trop parier en un castel,
E rics hom ab pauc de revel,
Et en tornei dard e quairel.
COUBLET N°7 :
Enoja me, si Deus mo vailla,
Longa tabla ab bref toailla,
Et hom ab mas roinos, quan tailla,
Et ausbercs pesanz d'avol mailla ;
Et enoja·m estar a port
Quan trop cor greu venz e plou fort ;
E entre amies dezacort
Aquel enois m'es peiz de mort,
Quan sai que tenson a lor tort.
COUBLET N°8 :
E dirai vos que fort me tira
Veilla gazais quan trops atira
E paubra soudadeir' aira,
E donzels qui sas cambas mira.
Et enoja·m, per saint Aon,
Dompna grassa ab magre con,
E seignoratz que trop mal ton ;
Qui no pot dormir quant a son
Major enoi non a el mon.
COUBLET N°9 :
Ancar i a mais que m'enoja :
Cavalcar ses capa ab ploja,
E quan trob ab mon caval troja
Oui sa manjadoira li voja.
Et enoja·m e no·m sap bo
De sella, quan crolon l'arço,
E fivella ses ardaillo,
E malvaitz hom dins sa maiso,
Car no di ni fai s'enoi no. |
COUBLET N°1 :
Fort .
COUBLET N°2 :
.
COUBLET N°3 :
.
COUBLET N°4 :
.
COUBLET N°5 :
.
COUBLET N°6 :
.
COUBLET N°7 :
. |
COUPLET N°1 :
Fort m'ennuie, si j'ose dire,
Un grand parleur qui est mauvais serveur ;
Et un homme qui toujours tuer quelqu'un
M'ennuie aussi, et un cheval de guerre employé à tirer ;
Et encore, aussi Dieu m'aide,
Un haut baron qui brandit son écu
Où pas un seul coup n'a reçu,
Chapelains et moins barbus,
Et médisants à la bouche affilée.
COUPLET N°2 :
M'ennuie une dame envieuse
Quand elle est pauvre et orgueilleuse,
Et un mari qui aime trop son épouse,
Fût-elle dame de Toulouse ;
Et
m'ennuie un chevalier
Qui hors de son pays fait l'arrogant,
Quand il n'a chez lui d'autre occupation
Que de piler en un mortier
Le poivre ou de goûter la sauce.
COUPLET N°3 :
Ce qui m'ennuie d'une autre manière,
C'est l'homme lâche quand il porte la bannière,
Mauvais autour pour la chasse en rivière
Et maigre repas dans grande chaudière ;
Et
m'ennuie, par Saint Martin,
Trop d'eau dans un peu de vin ;
Et quand je rencontre un éclopé le matin,
M'ennuie aussi, et pareillement d'un aveugle,
Car ne m'amuse guère de faire chemin avec eux.
COUPLET N°4 :
M'ennuie longue tempérance,
Et viande mal cuite et dure ;
Et un prêtre qui ment et parjure,
Et une vieille catin qui trop dure.
Et m'ennuie, par Saint Dalmas,
De voir un méchant homme en trop grande joie ;
De courir quand la route est gelée,
De fuir à cheval tout armé,
Et m'ennuient aussi des injures des joueurs de dés.
COUPLET N°5 :
M'ennuie, par la vie éternelle,
De manger sans feu quand il fait froid,
Et de coucher près d'une vieille lampe
Qui empeste la taverne.
Et
m'ennuie, car c'est chose bien vilaine,
Qu'un méchant homme ait une belle femme,
Et que par jalousie il la batte ;
Et il fait bien, celui qui la requiert d'amour,
S'il ne renonce à l'obtenir en dépit d'un mari farouche.
COUPLET N°6 :
Je hais, par Saint Sauveur,
Dans une belle cour un piètre joueur de viole ;
Et sur une petite terre trop de frères
Et à un bon jeu pauvre parieur.
Je hais encore, par Saint Marcel,
Deux fourrures sur un même manteau,
Et trop de propriétaires pour un seul château,
Et chez un riche peu de divertissement,
Et dans un tournois, dards et carreaux d'arbalète.
COUPLET N°7 :
M'ennuie, aussi vrai Dieu m'aide,
Une courte nappe sur une longue table,
Et le valet qui découpe le rôti avec les mains galeuses,
Et un haubert pesant fait de mailles usées ;
Et
m'ennuie d'attendre au port
Quand trop souffle rude le vent et qu'il pleut fort ;
Et les disputes entre amis,
Cet ennui là m'est pire que la mort,
Quand je sais qu'ils se querellent à tord.
COUPLET N°8 :
Et je vous dirais que j'ai horreur
De la vieille catin qui attire trop de gens
Et qui méprise la pauvre mercenaire ;
Et du damoiseau à cheval qui regarde ses jambes.
Et
je n'apprécie huère, par Saint Aon,
Petit conin chez femme grasse,
Et mauvais seigneur qui trop méchamment tond vilains.
Mais ne pouvoir dormir quand j'ai sommeil
Est ce que je hais le plus au monde.
COUPLET N°9 :
Encore il y a des ennuis qui me pèsent davantage :
Chevaucher sans cape sous la pluie,
Trouver auprès de mon cheval une truie
Qui lui vide sa mangeoire,
Et m'ennuie et ne me plaît guère
Une selle dont les arçons bougent,
Et une boucle sans ardillon,
Et un méchant homme qui dans sa maison
Ne fait et ne dit que d'ennuyeuses sottises. |
VERSE N°1 :
I don't care much, I do declare,
For servants who are jabbering bores ;
And for the blusterer
who always swears
He'll kill someone, and the old cart horse.
And
I dislike, God only knows,
The dandy who is fond of bearing
A shield that's never received a blow;
Monks and priests and the beards they're wearing;
Slanderers
and the lies they're sharing.
VERSE N°2 :
I find that lady most annoying
Who's poor and yet hold haughty views;
Also the husband whose love is cloying,
Althought this lady's from Toulouse ;
And
I dislike Sir Cavalier
Who boasts and preens outside his border,
But home has no more work, I fear,
Than crushing peppercorns in the mortar;
Around the hearth he likes to loiter.
VERSE N°3 :
I cannot stand, I can't abide
The cowardly, flag-waving fop,
A mangy hawk by the riverside,
A scrap of meat in a large pot.
By Saint Martin, there's no delight
In too much water in too little wine;
Nor am I crazy at first light
To bump into someone crippled or blind;
Leading them's no fun, I find.
VERSE N°4 :
I hate an excess of abstention,
And meat that's poorly cooked and stringy;
Priest who are given to invention,
And old whores who, when done, are clingy.
And I dislike, by Saint Dalmatius,
A loathsome man with heavy purses,
Running when there's ice in places,
Fleeing on well-armored horses,
And flinging down the dice, with curses.
VERSE N°5 :
And I'll dislike till the heaven fail
To sup without a fire in winter;
To sleep with a hag when the north wind wails
And odor from the tavern enter.
Too many questions are offensive
From a wench scrubbing the pot;
I don't like husband who's defensive
With the gorgeous wife he's got;
Of gifts for me he's never thought.
VERSE N°6 :
By Saint Salvador, I cannot bear
A good court with a bad viola,
A scrap of land with too many freres,
A good game when they won't bankroll you.
By Saint Marcel, I do deplore
Two fur linings in apparel,
A castle owned by too many lords,
A rich man who's not gay and social,
And tourneys with the dart and quarrel.
VERSE N°7 :
So help me God, I think it's shabby
A short cloth throw on a long table.
A man who carves whose hands are scabby,
A heavy hauberk made of poor metal.
Crossing the mountains, I don't care
For drenching rain in a nasty season
When tempers 'mongst my comrades flare;
I hate like death, its no-ways pleasing
To know they're peevish with no reason.
VERSE N°8 :
And I'll say what else I can forego:
An old whore with too many buyers,
A wench who's always short of dough,
The rake who his own legs admires.
By Saint Abundas, it little pleases
A fat dame whose vagina's tight;
The scoundrel who closely fleeces
His serfs. On Earth there's no worse plight
That being too tired to sleep at night.
VERSE N°9 :
There's even more I'll disavow:
In rain, sans cape, to go out slogging;
Finding my horse with a fat sow-
It's the whole manger she'll be hogging.
I detest, I can't take long
A saddle that's been poorly fastened,
A buckle that's without a prong,
And a blackgaurd with a mansion,
Who's evil in his thought and action. |