MUSIQUE >> Fiches pédagogiques
>> CARMEN (1875)
de Georges
BIZET (1838-1875)
Opéra en 3 actes
(ou 4 si l'on sépare les deux tableaux de l'acte 3)
Ce n’est que dans les dernières années de sa vie que Georges BIZET travaille à l’œuvre qui sera son plus grand succès, l'opéra Carmen. Il est alors malade du cœur et perclus de rhumatismes.
Cet opéra, qui est une des oeuvres les plus connues de G.BIZET à l'heure actuelle, a pourtant connu un échec le soir de la "première" représentation, le 3 mars 1875 (avec dans le rôle de Carmen, Célestine Galli-Marié). Ni le public, ni les critiques ne comprirent la valeur de cette œuvre ; jugée trop indécente, l’œuvre sera censurée dans l'indifférence du public. Il faudra attendre que cette oeuvre soit complétée de récitatifs pour que Carmen devienne un grand opéra et connaisse un succès définitif, mais G.BIZET meurt en 1875, le jour de la trente et unième représentation. Ce n'est qu'après la mort de G.BIZET (3 mois jour pour jour après la première représentation), le 3 juin 1875, que son génie allait enfin être reconnu.
Le livret, tiré d'une nouvelle de Prosper Mérimée (par Meilhac et Halévy), nous conte l'histoire d'une bohémienne andalouse, fantasque et passionnée, qui vit sans contrainte et entraîne avec elle un brigadier, qu'elle abandonnera pour un toréador.
NB : "Carmen" est un prénom féminin provenant du mot latin Carmen qui signifie "le poème". Il évoque l'Espagne suite à la nouvelle de Prosper Mérimée.
Carmen est une figure archétypale du monde méditerranéen. Attachée aux gitans d’Espagne, elle est l’ensorceleuse, la Ghoula du Maghreb, qui réduit l’homme en esclavage. Hors la loi, excessive, éprise de liberté, Carmen pousse son amant au crime. Le mythe de Carmen s’inscrit en lettres de sang. Carmen la sauvageonne assume pleinement sa condition de femme.
|
Don José, brigadier (ténor) + Escamillo, toréador (baryton) + Micaëla, paysanne (soprano) Mercédès, bohémienne (mezzo-soprano) Frasquita, bohémienne (soprano) Le Dancaïre, contrebandier (baryton) Le Remendado, contrebandier (ténor) Moralès, brigadier (baryton) Zuniga, lieutenant (basse) Andrès, lieutenant (ténor) Un guide (rôle parlé) Lillas Pastia, aubergiste (rôle parlé) Un bohémien (basse) Une marchande d'oranges (alto) + Officiers, dragons, cigarières, bohémiennes, bohémiens, marchands ambulants, etc. |
L'opéra "Carmen" fonctionne sur un schéma type d'opéra comique (chanté et un peu parlé) :
Conseillère(s) : |
Amoureuse : |
(Jeune) Amoureux : |
Jalouse : |
|
Père ou conseiller : |
Personnage(s) qui déséquilibre : |
|
"Carmen est un opéra pour la liberté des femmes..."
Personnage essentiel dans l'histoire de la littérature et dans l'histoire de l'opéra, Carmen est née de l'imaginaire de Prosper Mérimée, qui voit dans un coin de l'Espagne, cette gitane révélant l'histoire d'une femme qui conduit l'homme dans cet univers d'amour et de mort, au cœur de cette Espagne goyesque, faite d'ombre et de lumière, d'or et de sang. Carmen va conduire elle-même sa propre mise à mort, sa propre corrida.
Le prélude (composé de 2 parties) nous présente les 3 thèmes principaux (qu'on retrouvera étroitement mêlés dans le dernier tableau de l'acte III). On les entend l'un après l'autre :
1) Le thème vif du défilé qui précède la corrida, joué dans une ambiance bouillonnante par l'orchestre symphonique :
2) L'air du toréador (voir plus bas Acte II)
3) Le thème mystérieux de Carmen, symbole de fatalité, d'amour et de mort :
L'action se déroule à Seville aux environs de 1820. Une jeune fille de Navarre, Micaëla, recherche le brigadier Don José. Les soldats lui disent qu'il arrivera avec la relève de la garde. La fanfare qui annonce la Garde montante (et descendante) retentit à la trompette et aux fifres (flûtes piccolos), auxquels se joignent les voix aiguës des enfants (de manière parodiée) :
Une cloche sonne, c'est la sortie des cigarières de la manufacture de Séville. La plus connue et la plus belle d'entre elles apparaît, elle est entourée de soupirants, c'est Carmen (jeune et jolie gitane employée à la manufacture).
Elle jette au brigadier des Dragons, Don José, une fleur qu'elle a mordue..."Si je t'aime, prends garde à toi !!!" Puis elle interprète la célèbre Habanera : "L'amour est enfant de Bohème"
Don José semble indifférent à la danse de Carmen, celle-ci lui lance la fleur qu'elle porte au corsage (+ le thème de la fatalité retentit à l'orchestre) ; puis le chœur reprend le thème de la Habanera. Resté seul, Don José contemple la fleur.
Sur ces entrefaites arrive Micaëla qui vient lui apporter une lettre de sa mère. Ils chantent un tendre duo qui libère momentanément Don José du charme de Carmen.
Soudain un grand tapage se fait entendre dans la manufacture : Carmen a blessé au couteau une de ses rivales. Arrêtée par la garde, elle est interrogée par Zuniga qu'elle nargue. Menacée d'être emprisonnée par Don José, elle tente de le séduire, en lui disant qu'il l'aime et qu'il la rejoindra chez Lilas Pastia pour danser la Séguedille.
Près des remparts de Séville,
chez mon ami Lillas Pastia, j'irai danser la Seguedille et boire du Manzanilla, j'irai chez mon ami Lillas Pastia. |
+ Troublé, Don José dénoue les liens de Carmen, qui n'a plus qu'à s'enfuir.
Le deuxième acte s'ouvre sur le thème des Dragons d'Alcala, enchaîné
avec une danse bohème, une séguedille endiablée, avec ses compagnes
Frasquita et Mercédès, devant les soldats. Carmen est à la taverne de
Lillas Pastia, considérée par les soldats comme un repaire de
contrebandiers.
Le célèbre, prétentieux et brillant toréador, Escamillo, est annoncé.
Son arrivée est acclamée par tous. Carmen est séduite par ce héros qui chante
les deux airs suivants :
Carmen est sous le charme... Mais la taverne est le repère de contrebandiers, qui proposent à Carmen de participer à une opération, et sont d'accord pour accepter Don José qui doit la rejoindre ce soir. Don José vient au rendez-vous et se laisse envoûter par la bohémienne (En fait : Carmen se moque de lui et le compromet, profitant de sa déclaration d'amour). Soudain, les trompettes sonnent, Don José doit retourner à la caserne. La sonnerie des clairons se superpose au thème de la danse de Carmen. Le ton monte, et Don José chante : "la fleur que tu m'avais jetée", tendre romance qui traduit son état d'âme : il est partagé entre son amour et son honneur de soldat. Survient Zuniga qui lui ordonne de rentrer à la caserne. Humilié, Don José se bat avec son lieutenant qui est rapidement réduit à l'impuissance par les contrebandiers. Le choix de Don José est irréversible.
ACTE III / Premier tableau : Le rideau se lève
sur des rochers... site pittoresque et sauvage... Solitude complète et
nuit noire.
Prélude musical
L'acte III s'ouvre sur le campement des contrebandiers. Don José, rongé par le remords, sent que Carmen lui échappe ; il devient jaloux, se dispute avec elle et la menace même de mort (+ thème de la fatalité). Frasquita et Mercédès se tirent les cartes de tarot qui leur promettent argent et amour ; Carmen essaie à son tour mais les cartes lui prédisent la mort pour elle et pour Don José aussi.
Les contrebandiers partent et laissent Don José en sentinelle. Micaëla, qui est à sa recherche arrive à proximité. C'est dans ce contexte que réapparaît Escamillo (le toréador), venu voir Carmen. Un coup de feu éclate : Don José a failli tuer Escamillo. Les deux hommes s'affrontent au couteau. Don José a le dessus ; quand Carmen survient, elle sauve Escamillo qui l'invite aux arènes de Séville, où il doit se produire. Arrive Micaëla ; après une scène pathétique et violente avec Carmen, Don José, le cœur déchiré, décide de la suivre. Il s'en va auprès de sa mère souffrante mais promet à Carmen qu'ils se reverront.
ACTE III / Second tableau : Les 3 thèmes joués dans le prélude se retrouvent ici mêlés. Cette quatrième et dernière partie de l'opéra nous ramène dans les arènes de Séville.
Nous sommes transportés sur la place des Arènes de Séville. Carmen apparaît rayonnante d'amour au bras d'Escamillo (le toréador).
Frasquita et Mercédès la préviennent que Don José cherche à la voir. Carmen accepte de le rencontrer.
Don José supplie Carmen de reprendre leur vie commune, la bohémienne
refuse.
Peu à peu son désespoir se transforme en colère. Dans les arènes, on acclame
le toréador Escamillo. Devant l'inflexibilité de Carmen, Don José, désespéré,
la poignarde.
La gradation du désespoir de Don José est traduite, à l'orchestre, avec une
puissance émotionnelle et pathétique : accords tendus, silences, crescendo.
Dans un dernier cri d'amour, Don José se jette sur le corps de celle qu'il aime : il avoue son crime, alors on l'emmène en prison ou on peut le tuer aussi... Le thème de la fatalité retentit avec force une dernière fois.
DÉROULEMENT COMPLET DE L'OPÉRA :
Liste des airs, ensembles, choeurs, ...
EXEMPLE DE COURS
(Conseillé pour des élèves de 3ème
car la nouvelle et la description de personnages sont au programme de français)
Introduction :
Universellement reconnu, Carmen est aujourd’hui l’opéra le plus joué au monde.
Le compositeur français Georges BIZET a repris la célèbre nouvelle de Prosper Mérimée (1845) et inaugure son opéra en 1875 juste avant de mourir.
Résumé de l'histoire : Synopsis :
Dans les années 1820, Carmen jeune et jolie gitane employée à la manufacture de cigares de Séville, jette au brigadier des Dragons nommé Don José, une fleur qu’elle a mordu… « Si je t’aime, prends garde à toi !! ».
Lors d’une querelle entre les cigarières, la force armée intervient et Don José cédant au charme de Carmen, favorise sa fuite. Emprisonné à cause de cette complaisance, le brigadier, une fois libéré, compromet sa carrière en se battant avec son supérieur, quitte le droit chemin et rejoint son aimée complice des contrebandiers dans la montagne proche.
Cependant, Carmen aime désormais un autre homme, Escamillo, un célèbre toréador et l’annonce à Don José... Malgré les supplications de ce dernier, Carmen reste insensible et le rejette avec des mots durs. Finalement, tout près de l’arène où triomphe Escamillo, Don José tue Carmen.
Opéra :
Un opéra est un spectacle entièrement chanté unissant théâtre et musique. Né au 17ème siècle, l'opéra est un drame mis en musique avec un orchestre, un choeur, des chanteurs solistes et parfois des acteurs, des danseurs, des figurants, ...
Construit comme une pièce de théâtre, on y entend successivement une ouverture orchestrale, puis un enchaînement d’airs, de récitatifs et de choeurs.
Il existe plusieurs formes d’opéra : l’opéra séria, l’opéra bouffe/comique, le singspield, etc., et plus proche de nous, l’opéra rock. Carmen est un opéra comique bien que la fin soit un véritable drame !
- L'ouverture : Un opéra débute, dans la plupart des cas, par une ouverture. C’est une pièce orchestrale jouée avant le lever du rideau. Elle peut citer certains des thèmes principaux de l’oeuvre : on appelle cela une ouverture « pot-pourri ».
- Air : #Audition n°1 : "L’amour est un oiseau rebelle Carmen" (Carmen Acte I) :
Dans cet air, Carmen (voix de soprano) dialogue avec le choeur. L'accompagnement est basé sur un ostinato rythmique.
- Intermezzo : Morceau qui sert d’introduction. Dans cet opéra, il est placé au début de l’acte III. Accompagné par la harpe (cordes pincées), la flûte entame une belle mélodie, bientôt renforcée par la clarinette (anche simple). Enfin, le hautbois (cor anglais) (anche double), puis l’ensemble de l’orchestre achèvent la pièce.
- Choeur : #Audition n°2 : "Le choeur des gamins / Avec la garde montante" (Carmen Acte I) : Ce morceau est une marche.
- Duo : Composition pour deux voix concertant librement entre elles. #Audition n°3 : "Ma mère je la vois…" (Carmen Acte I).
Don José (ténor) se souvient du passé avec Micaëla (soprano) .
Applications pédagogiques : À mettre en relation avec l'Opéra, l'Espagne, le flamenco, la voix, la danse, la culture, ...
Pour nous écrire : >> N'hésitez pas à nous proposer d'autres fiches pédagogiques consacrées à la musique et aux danses traditionnelles ! N'hésitez pas si vous avez d'autres cours ou idées intéressantes...
<< Page "Populaire dans la musique savante"
© PLANTEVIN.