MUSIQUE >> Le Pays-Basque
Le Pays Basque dépend administrativement à la fois de la France et
de l'Espagne. Il est particulièrement connu pour ses fêtes et festivals qui se déroulent toute l'année. Il n’existe pas un village au Pays Basque qui n’organise pas de fêtes locales, autrefois symboliquement rituelles et aujourd'hui plutôt pour le divertissement. Elles ont souvent un caractère religieux : carnaval, fête Dieu, ... (La région de la Soule par exemple est notamment réputée pour sa pastorale, représentation théâtrale, qui est organisée chaque année par un village différent).
Le Pays Basque est aujourd'hui surtout réputé pour ses chorales, pour ses chants polyphoniques. Les poètes et musiciens romains Marcius Fabius Quintalanius et Aurelius Prudencius, de Kalagorri, parlent déjà au 4e siècle d'un orgue tubulaire et de musique polyphonique à deux ou trois voix. Au début du 14e siècle, on trouve déjà une école de polyphonie qui se trouvait à la cathédrale de Pampelune.
Mais l'origine de sa musique instrumentale est encore plus ancienne : on a retrouvé dans les grottes d'Isturitz (en Basse-Navarre) seize flûtes taillées dans des os de vautours. Elles datent du paléolithique supérieur, c'est à dire d'une période remontant au moins 10 000 ans avant Jésus-Christ. Le premier orchestre basque a pu comprendre principalement des percussions pour accompagner les chants : la txalaparta, les cymbales et les tambours.
La mélodie : La musique basque est essentiellement mélodique, qu'il s'agisse des chants ou des mélodies de danse. Parfois, plusieurs mélodies différentes sont utilisées sur un même texte selon la région où l'on se trouve ou aussi une même mélodie sur plusieurs textes.
Le tempo est habituellement Andante, calme et doux. Bien qu'il existe d'anciennes mélodies ayant des gammes chromatiques, la majorité d'entre elles sont construites sur des gammes diatoniques (donc mode majeur et mode mineur). En ce qui concerne la structure, les thèmes musicaux se divisent en trois parties : A, B et A. La première et la troisième partie étant identiques, avec des cadences analogues alors que la seconde partie est différente et plus haute.
Le rythme : Le rythme a d'abord été assez libre car il devait suivre la prosodie du texte. Aujourd'hui encore, de nombreux chants au sud des Pays Basques ont des rythmes irréguliers avec des mesures à 5/8 (> zortziko), 7/8 ou 9/8. Mais au nord, la plupart des chants ont des rythmes réguliers, surtout 2/4, 3/4 et 6/8.
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Instruments traditionnels : Les instruments du Pays Basque sont essentiellement à vent et à percussion (pas de cordes)
- Instruments à vent :
- L'alboka : Instrument à vent, pastoral, type clarinette à tuyau
double (2 tuyaux de bambou ou de bois), réunis par une partie en demi-cercle
; un des tuyaux a cinq trous, l'autre trois. Les anches battantes sont mises
en vibration dans le réservoir d'air formé par une corne de
bovin et une autre corne de boeuf constitue le pavillon.
- La dultzaina : Sorte de cornemuse.
- La gaita navarraise : Sorte de bombarde ou de hautbois rustique (que l'on retrouve en Espagne). Aérophone en bois (ébène, buis, ébonite, rarement en métal) se compose d'un corps de 35 cm de long et d'une anche double taillée dans du roseau que l'on cueille dans la région de Tudela en Navarre. L'anche double produit un son très riche en harmoniques. Son nom est d'origine arabe.
- Le supriñu : Cet aérophone simple et unique est un des plus anciens instruments à anche double de type hautbois. Il est fait d'écorce de noisetier retirée du tronc sous la forme d'une bande. Cette bande est pliée à une extrémité pour former l'anche et est ensuite enroulée pour constituer un tube conique et long. Une pointe d'aubépine permet de maintenir l'écorce enroulée. Deux trous sont percés sur le tube afin d'en faire un instrument à trois tons. La saison pour la fabrication du supriñu était la pleine lune de printemps, et pour pouvoir en jouer dans de bonnes conditions jusqu'à fin juillet, on le conservait dans de l'eau (presque toujours dans un puits).
- Le trikitixa : Accordéon diatonique, importé d'Italie, qui se joint au tambour sur cadre panderoyotzale (tambour de basque), pour accompagner le chant. (Voir aussi :
ici et là et là aussi)
- Le xanbela : Hautbois très proche de la gaita navarraise mais de dimensions plus réduites, son utilisation reste très rustique et essentiellement dans le folklore de la province de Soule.
- Instruments à percussion :
- La tronpa (ou Musukitarra) : Guimbarde.
- L'atabal : Petit tambour, avec timbre.
- Le panderoa : Tambourin basque, percussion membranophone que l'on joue avec les mains.
- Le tambourin à cordes (le tonton) : utilisé par les bergers, permet de donner le bourdon et le rythme.
- La txalaparta : Instrument de musique
à percussion du Pays Basque (ressemblant à une sorte de xylophone primitif), idiophone constitué
de grosses planches en bois, frappées par deux joueurs à l'aide
de deux makilas chacun (grands bâtons). Chaque planche est posée horizontalement sur deux paniers, et entre les paniers et la table on dispose des feuilles de maïs ou des herbes, afin qu'elle puisse vibrer.
NB :
"Txalaparta", c'est aussi une onomatopée
poétique qui évoque le galop du cheval, quand les musiciens,
face à face, frappent de leurs bâtons les 4 épaisses planches
de bois, de différentes essences.
- Mélange particulier : Couple d'instruments
- Le txistu (ou xistu ou chistu) et le chun-chun (ou tamboril ou danbolin) : Couple de deux instruments, constitué d'une assez
longue flûte à bec à trois trous, cerclée de métal, jouée d'une main,
et tambour tamboril de l'autre main... (Cousin du Galoubet-tambourin
provençal)
- La xirula (ou txirula ou txulula) + le ttun-ttun (ou le soka-taldea) : Flûte à bec
à 3 trous (plus courte et donc plus aiguë que le txistu) + tambourin à 6 cordes (cithare produisant à la fois le
rythme et le bourdon, accordé en quinte)
Une banda est composée de deux gaiteros (joueurs de gaita) et d'un atabalari (percussionniste).
Une banda de txistularis est composée au minimum de quatre musiciens : txistu 1, txistu 2, silbote et atabal (tambour). Pratiquement toutes les municipalités du Pays Basque Sud se doivent d'avoir ce type de quatuor pour les cérémonies et fêtes officielles.
La txirula
est généralement accompagnée d’autres instruments comme l’accordéon, la clarinette, le bombardon, le violon et des instruments à percussion.
+ Les bersolari sont des compositions improvisées...
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Chants : Chants polyphoniques du Pays-Basque : 2
fois 4 voix (souvent lents et quasiment que des hommes) (parfois même
sans paroles) le plus souvent interprétés a cappella...
- L'irrintzina : Cri modulé, sorte de hurlement de guerre
primitif, utilisé spécialement pour porter un toast. (À
la vôtre ! À hurler avec modération alors...)
- De nombreux chants sont dédiés aux pêcheurs basques qui partaient plusieurs mois à l'autre bout du monde (notamment à la pêche au thon).
- Exemples populaires :
- "Oi gu hemen bidean galduak" : Le titre de cette chanson signifie littéralement « Nous ici, perdus en chemin » ; elle raconte la complainte de quelques vagabonds, des hommes déracinés qui pleurent leurs origines. Ce chant traditionnel basque est très souvent repris par des bandas durant les Fêtes de Bayonne.
- "Hegoak" (1968) [de Mikel LABOA] : composée d'après le poème "Txoria, txori" de Joxean ARTZE, c'est une des chansons emblématiques du Pays Basque et symbole de la Liberté.
- "Bagare" [du poète Bitoriano GANDIAGA] : Cette chanson a pur but d’unir et de rassembler toutes les 7 provinces du Pays Basque, qui ont la même culture, la même langue (L'euskara).
- "Arrosako Zolan" (1998) [des soeurs Aire Ahizpak] : Créée en 1998 lors d'un festival, cette chanson dont les paroles très engagées correspondent bien à l’éthique du festival qui a pour but de valoriser la culture, la langue et l’identité basque, est tout de suite devenu un symbole populaire.
- + Comptines en basque.
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Danses : Le Pays Basque a su conservé une grande richesse de danses. Pour simplifier, il existe 5 types de danses. Les danses folkloriques sont alors un enchaînement de ces danses, qui diffèrent selon chaque province.
- "La mascarade souletine" : Sorte de bransles que l'on danse lors des fêtes de Carnaval. L'accompagnement musical
exclusif des mascarades est assuré par une formation de deux musiciens
: txululari (joueur de txulula et ttun-ttun) et tabalari (joueur de tambour). La mascarade est un ensemble de danses exécutées par plusieurs danseurs aux fonctions et aux costumes variés :
-
Le txerro est armé d’un bâton terminé par une queue de cheval ;
-
le gatuzain porte un zigzag de bois ;
-
l’enseiñari, en costume noir couturé d’argent est le porteur du drapeau…
-
Le plus original d’entre tous est sans doute le zamalzain qui est une sorte de cavalier coiffé d’une mitre et dont le corps est entouré d’une caisse représentant son cheval.
- La principale danse exécutée pendant la mascarade est celle de Godalet dantza (danse du verre) : les danseurs, à tour de rôle une série de pas et d’entrechats autour d’un verre remplit de vin… Le danseur termine la danse en sautant sur le verre sans le faire tomber.
- "Le fandango" : Originaire des provinces basques d’Espagne, le fandango s’est largement propagé dans tout le Pays Basque. Il constitue désormais une danse typique, mixte, et basée sur un rythme de valse, à 3 temps. Il existe plusieurs variantes de fandango selon la province dans laquelle il est dansé. Il est caractérisé par le port des bras et le claquement des doigts qui rythment la musique.
- "Le arin-arin" : Danse alerte et légère qui suit toujours le fandango avec un rythme est à 2 temps.
- La danse en chaîne est dîte “fermée” lorsqu’elle se danse en cercle ; elle est dîte “ouverte” lorsqu’elle est pratiquée en file. Dans ce cas, hommes et femmes sont disposés côte à côte en longues lignes reliées par des mouchoirs. Cette farandole sinue librement et, parfois, se transforme en ronde pour éxecuter des figures particulières avant de se reformer en ligne.
- "Les Sauts basques (Jauziak ou Mutxikoak) : Certainement une des plus anciennes danses dites “en chaîne fermée” ; les participants forment une grande ronde et enchainent des pas sur les ordres d’un “compteur”. Très pratiquée en Basse-Navarre, les Sauts basques possèdent de nombreuses variantes.
- "Les Mutxiko" (prononcer Moutchiko) était une danse interprétée autrefois par les jeunes hommes. Depuis quelques années, les Mutxiko ont connu un très grand regain d’intérêt de la part du public, notamment dans les villes de la côte où sont désormais organisés régulièrement des rassemblements dominicaux.
- "La Cavalcade Bas-Navarraise" (ou santibate) se déroule comme un défilé, au son de la musique : elle comprend des cavaliers, un tambour-major, des sapeurs coiffés d’un bonnet à poils, de mannequins géants (qui sont généralement portés par les meilleurs danseurs), des volants qui sont coiffés d’un béret rouge et dont la chemise s’orne de rubans multicolores accrochés sur les épaules et retombant dans le dos.
- "Le rondeau" : ...
- Exemples :
En Araba :
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En Biscaye :
- "Arku" : Danse des arceaux
- "Dantzari Dantza" > cycle de 9 danses :
Banango, Binango, Launango, Zortzinango,
Ezpata joko txikia, Ezpata joko nagusia,
Makil jokoa, Dantzariakn et Txontxongilo
- "Gorulari" : Danse mixte avec des arceaux
- "Kaixarranka" : Maire et pêcheurs
- "Txontxongillo" : La danse du chef mort au combat
- "Xemeingo Dantza"
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En Gipuzkoa :
- "Arku Dantza" : Danse des fileuses avec arceaux
- "Agurra" : Danse de salutation
- "Bateleras" : Danse féminine avec rame
- "Erreberentzia" : 2 groupes avec longue épée
- "Espatak" : Danse des petites épées
- "Jorrai" : Danses des sarcloirs ou de l'outre
- "Sorgin Dantza" : Humour coquin par couples
- "Uztai Txiki" : Arceaux de vanniers
- "Zinta Dantza" : mât et rubans
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En Navarre :
- "Axuri Beltza" : Danse chantée, en cercle
- "Bastan" : Femmes, offrande à Dieu afin qu'il assure la fertilité des champs
- "Burgete" : Danse-jeu avec un fouet
- "Erronkariko Thun-Thun" : Ponts par couples
- "Ingurutxo" : Petit tour
- "Iribasko Ingurutxoa" : avec castagnettes
- "Lantzako ihauteria" : Carnaval de Lanz
- "Larrain Dantza" Danse de l'aire
- "Le Zortziko" : carnaval, ville de Lanz
- "Nafar Erriberako Dantzak" : suite de 4 danses joyeuses qui sont : Paloteado, Valse, Tressage et Jota
- "Otsagabiko Dantzak" : L'imbécile
- "Sagar Dantza" : 4 hommes, danse de la pomme
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En Basse-Navarre :
- "Matelotak : marchandes de poisson"
- "Bizar dantza" : danse du barbier
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En Labourd :
- "Fandango"
- "Kaskarotak" : Femmes de pêcheurs
- "Ikuriñari" : Salut au drapeau
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En Soule :
- "Branlea Kontrapasa" : chaîne élégante, par la main
- "Le Gatuzain" : L'homme chat
- "Godalet" : Danse du verre
- "L'Entsenari" : porte drapeau
- "L'Ostalertsa" : La cantinière
- "Le Txerrero" : le gardien des écuries
- "Le Zamaltzain" : L'homme cheval
- "Makil dantza" : longs bâtons
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Fêtes et carnavals : Le Pays Basque a gardé ou reconstitué des fêtes de carnaval (Ihauteri en basque) qui figurent actuellement parmi les plus intéressantes en Europe. Ces pratiques qui gagnent en popularité n'ont rien à voir avec les défilés urbains que le monde entier copie aujourd'hui sur le modèle brésilien. Il s'agit ici de cérémonies d'origine rurale, permettant de retrouver en les décodant des rites dérivés du paganisme. L'approche de ces carnavals n'est toutefois pas aisée, car la plupart se déroulent durant ce que l'on appelle les jours gras (les trois jours précédant le mardi gras, le mardi-gras précédant systématiquement de 47 jours le dimanche de pâques), d'autres s'entourent de secrets et certains restent même interdits aux étrangers à la commune, comme celui d'Ariskun dans la vallée du Baztan (Navarre). Si le défilé labourdin garde une certaine discrétion, en revanche les fêtes des villages basques de Navarre sont maintenant envahies de curieux, car en l'espace de quelques années des carnavals comme ceux de Lantz, d'Ituren et de Zubieta ont acquis une réputation qui leur attire, après ethnologues et chercheurs, une immense foule de visiteurs.
- Exemples :
- Altsasu : momotxorak (les hommes-vaches)
- Carnaval Donostiar : très ancien
- Iturengo ihauteria : yoaldunak (hommes-cloches)
- Lantz : les ziripots (vieux sacs)
- Lapurdiko ihauteria : carnaval labourdin
- Luzaideko ihauteria : au pied nord d'Ibañeta
- Olentzero : Le Noël basque
- San Fermin : les fameuses fêtes de Pampelune
- Vera : les "nousnous"
- Zalduendo : Malquitos et son âne
- Zuberoako ihauteria : La mascarade souletine
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Écoutes proposées :
Titres
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Commentaires
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Hegoak |
Maialen, Mixu et Xabaltx |
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(Ed. Agorila, 2009)
Chanson hymne à la liberté, souvent reprise dans les fêtes et matches de rugby. |
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Danse folklorique |
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Facteur d'instruments : Didier QUEHEILLE |
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Flûte à 3 trous. |
+ Pour en savoir plus :
- Autres sites consacrés à la musique de cette région
: Arromic,
Instruments,
La txalaparta
basque, Chants
et danses de la Vallée d'Ossau, txalaparta.free.fr,
Association F3C, Txala,
Anne ETCHEGOYEN, www.eke.eus, www.musique-basque.fr, www.passion-aquitaine.fr, Wiki, www.fetes.bayonne.fr, Musée de la musique, www.infobasque.com, Analyse musicale mélodie et rythme, Traditions Basques, Les Colibris (chorale du collège St Michel de Cambo), www.sondaqui.com, ...
- Groupes folkloriques : Mutxiko Elkartea, ...
- Chanteurs et groupes style moderne : Begiz Begi, Kobreak, Otsoak, Patxi Garat, Pier-Pol Berzaitz, le choeur d'hommes Aizkoa, ...
- Bibliographie :
- "Euskal Dantza - La danse basque" par Oier ARAOLAZA ARRIETA (Ed. Institut culturel basque, l'Institut Etxepare, 2012) ISBN: 978-84-616-2538-3
- "Kantuz" par
Paul ETCHEMENDY et Pierre LAFITTE (Ed. Eskual-Herria, Bayonne, 1943)
- "Douze chansons amoureuses du Pays Basque français" par
Charles BORDÈS (1863-1909) (Ed. Lerolle & Cie,
Paris - Rouart, 1910)
- "Cent chansons populaires basques" par
Charles BORDÈS (1863-1909)
(Ed. Librairie E. Bouillon, 1898)
- "Chants populaires du Pays basque - Volume de chants" par Jean SALLABERRY (1837-1904) (Ed. Veuve Lamaignère, 1870 > C. Lacour)
Pour nous écrire :
>> N'hésitez pas à nous proposer un site
consacré à la musique et aux danses traditionnelles du Pays Basque,
ou des informations pédagogiques complémentaires concernant cette
région.
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