INDEX de tous les Troubadours

Les Troubadours et leurs chansons

 

Raimbaut de Vaqueiras / Raimbaud de Vacqueyras (...1155-1207) :

Raimbaud de Vacqueyras était le fils d'un pauvre chevalier...
Il serait né à Vacqueyras mais a séjourné principalement en Italie. Il est mort à Salonique lors de la 4e croisade où il avait accompagné son protecteur Boniface de Montferrat.

+ Pour en savoir plus...

NB : De Vacqueyras (84) ou de Vacquières (34) ?

Raimbaut de Vaqueiras

34 chansons (dont 8 partitions de musique)

+

Remarque sur le style de Raimbaud de Vacqueyras :


* Altas ondas que venetz suz la mar / Hautes vagues qui venez sur la mer :

- Titres possibles selon les différents manuscrits et éditions :

- Présentation de cette chanson : Canso, chanson d'amour, lamentation.
NB : On n'a pas retrouvé de partition de cette chanson mais plusieurs artistes ont créé des mélodies sur laquelle elle est parfois chantée.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Altas ondas qve venetz svs la mar
qve fai lo vent sai e lai demenar
de mon amic sabetz novas comtar
qvi lai paset no lo vei retornar.

REFRIN :
Et oi Dev d'amor
Ad hora.m dona joi et ad hora dolor.

COUBLET N°2 :
Oi, avra dousa qvi vens dever lai
On mon amic dorm e sejorn' e jai
Del dous alein vn bevre m'aporta.i
La bocha obre per gran desir qv'en ai.

AU REFRIN

COUBLET N°3 :
Mal amar fai vasal d'estran païs
Car en plor tornan e sos jocs e sos ris
Ja non cvdei mon amic me traïs
qv'ev li donei so qve d'amor me qvis.

AU REFRIN

COUBLET N°1 :
Àutis oundo que venès sus la mar,
Que fai lou vènt çai e lai demena,
De moun ami sabès novo counta
Que eila passè ? Lou vese pas tourna.

REFRIN :
E o, Diéu d'amour,
Quouro me douno de joio e quouro de doulour.

COUBLET N°2 :
O, auro douço que vèn devers eila
Ounte moun ami dor e sejourno e jais
Dóu dous alen, un béure aporto-me aqui !
La bouco óubre, pèr grand desir que n'ai.

AU REFRIN

COUBLET N°3 :
Fai mau d'ama un vassau d'estrange païs
Car en plour tornon e soun jo e soun rire.
Jamai creiguère que moun amic me trahiguèsse
Que ié dounère ço que d'amour me demandè.

AU REFRIN

COUPLET N°1 :
Hautes vagues qui venez sur la mer,
Que le vent fait osciller ici et là,
Avez-vous des nouvelles de mon amant
Qui a traversé la mer ? Je ne le vois pas revenir.

REFRAIN :
Et oui, Dieu d'amour,
Parfois cela me donne de la joie et parfois de la douleur.

COUPLET N°2 :
Ô douce brise, qui viens de là-bas
Où mon amant dort, séjourne et ment,
Amène-moi ici un verre de sa douce haleine !
J'ouvre la bouche pour l'envie que j'en ai.

AU REFRAIN

COUPLET N°3 :
Cela fait mal d'aimer un guerrier d'une terre étrangère,
Car ses étreintes et ses rires se transforment en larmes.
Je n'ai jamais pensé que mon ami me trahirait,
Puisque je lui ai donné tout l'amour qu'il demandait.

AU REFRAIN

VERSE N°1 :
Tall waves coming over the sea,
Which the wind makes sway hither and thither
Do you have any news of my lover
Who crossed the sea? I can't see him coming back!

CHORUS :
Ah, god, this love!
Sometimes it gives me joy and sometimes pain!

VERSE N°2 :
O sweet breeze, who come from down there
Where my lover sleeps and dwells and lies,
Bring me here a goblet of his sweet breath!
I open my mouth out of the craving I have.

TO CHORUS

VERSE N°3 :
It hurts to love a warrior from a foreign land,
For his embraces and laughter turn to weeping.
Never did I think my friend would betray me,
Since I gave him all the love he requested.

TO CHORUS

Discographie / Enregistrements :
- CD "Trobar 1 : Chansons des troubadours" par Jan-Maria CARLOTTI et Michel MARRE (Ed. Silex / Auvidis / naïve / Believe, 1995)


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* Ara.m digatz, Rambaut, si vos agrada / Maintenant, dites-moi, Raimbaud, s'il vous plaît :

- Présentation de cette chanson : Cette chanson est une "tenso" où l'adversaire de Raimbaud est le marquis Albert MALASPINA.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ara.m digatz, Rambaut, si vos agrada,
Si.us es aissi, cum eu auch dire, pres,
Que malamen s'es contra vos guidada
Vostra dompna de sai en Tortones,
Don avetz faich mainta cansson en bada ;
Mas ill a faich de vos tal sirventes
Don etz aunitz, et ill es vergoignada,
Que vostr' amors no.il es honors ni bes,
Per q'ella s'es aissi de vos loignada.

COUBLET N°2 :
Albert marques, vers es q'ieu ai amada
L'enganairitz don m'avetz escomes,
Que s'es de mi e de bon pretz ostada ;
Mas no.n puosc mais, qu'e ren no.il ai mespres,
Anz l'ai tostemps servida et onrada ;
Mas vos e lieis persegua vostra fes,
C'avetz cent vetz per aver perjurada,
Per qe.is clamon de vos li Genoes,
Que, malgrat lor, lor empeignetz l'estrada.

COUBLET N°3 :
Per Dieu, Rambaut, d'aisso.us port garentia
Que maintas vetz per talan de donar
Ai aver tout, e non per manentia
Ni per thesaur q'ieu volgues ajostar ;
Mas vos ai vist cent vetz per Lombardia
Anar a pe, a lei de croi joglar,
Paubre d'aver e malastruc d'amia,
E feira.us pro qi.us dones a manjar,
E membre vos co.us trobei a Pavia.

COUBLET N°4 :
Albert marques, enoi e vilania
Sabetz ben dir e mieils la sabetz far,
E tot engan e tota fellonia
E malvastat pot hom en vos trobar,
E pauc de pretz e de cavallaria,
Per qe.us tolgront ses deman Val de Tar ;
Peiracorva perdetz vos per foillia ;
E Nicolos e Lanfrancos da Mar
Vos podon ben appellar de bausia.

COUBLET N°5 :
Per Dieu, Rambaut, segon la mi' esmansa,
Fesetz que fols qan laissetz lo mestier
Don aviatz honor e benananssa ;
E cel qe.us fetz de joglar cavallier
Vos det enoi, trebaill e malananssa
E pensamen et ir' et encombrier,
E tolc vos joi e pretz et alegranssa,
Que puois montetz de ronssin en destrier
Non fesetz colp d'espaza ni de lanssa.

COUBLET N°6 :
Albert marques, tota vostr' esperanssa
Es en trazir et en faire panier :
Enves totz cels c'ab vos an acordanssa
E que.us servon de grat e volontier
Vos non tenetz sagramen ni fianssa ;
E s'ieu non vail per armas Olivier,
Vos non valetz Rotlan, a ma semblanssa,
Que Plasensa no.us laissa Castaignier :
Tol vos la terr' e no.n prendetz venganssa.

COUBLET N°7 :
Sol Dieus mi gart, Rambaut, mon Escudier,
En cui ai mes mon cor e m'esperanssa,
A mon dan get de trobar vos e 'n Pier,
Vis de castron magagnat, larga panssa !

Albert marques, tuich li vostre gerrier
Ant tal paor de vos e tal doptanssa
Qu'il vos clamon lo marques putanier,
Deseretat, desleial, ses fianssa.

COUBLET N°1 :
Aro, digas-me, Raimbaut, se vous agrado,
Se .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, dites-moi, Raimbaud, s'il vous plaît,
S'il se trouve, comme je l'ai entendu dire,
Qu'elle s'est mal comportée envers vous,
Ici à Tortona ; et je veux dire votre dame,
Cette dame pour laquelle vous avez écrit plusieurs chansons en vain ;
Mais elle a fait une telle parodie de vous
Pour laquelle vous êtes avilie, et elle est honteuse ;
Votre amour n'a apporté ni honneur ni avantage,
Et c'est pourquoi elle vous a laissé ainsi.

COUPLET N°2 :
Marquis Albert, il est vrai que j'ai aimé
Le trompeur avec lequel vous m'invitez 
Et qui s'est balancé de moi, et de bonne valeur ;
Mais je ne peux pas faire plus, car je ne lui ai rien fait défaut ;
Au lieu de cela, je l'ai toujours servie et honorée ;
Mais elle, et vous, que votre foi brisée tourmente,
Ce que vous avez violé cent fois par cupidité, de
Sorte que les Génois protestent contre vous,
Malgré leurs protestations, contre eux sur la route.

COUPLET N°3 :
Par Dieu, Raimbaud, je peux vous assurer ceci :
Que bien des fois par volonté de faire un don
Et non pour m'enrichir, j'ai pris de l'argent,
Et je ne l'ai pas fait pour un trésor que je pourrais vouloir amasser ;
Mais je vous ai vu cent fois à travers la Lombardie
À pied, comme il sied à un misérable bouffon,
Pauvre et malheureux en amour,
Ayant besoin de quelqu'un pour vous offrir de la nourriture :
Et rappelez-vous comment je vous ai trouvé à Pavie.

COUPLET N°4 :
Marquis Albert, choses ennuyeuses et méchantes
Venez bien à vous dans le discours, et encore mieux dans la pratique,
Et toute tromperie et toute trahison
Et méchanceté peuvent être trouvées en vous,
Et peu de valeur, et peu de chevalerie,
Donc ils vous ont pris Val di Taro sans entrave,
Et vous perdez Pietracorva par folie ;
Et Nicolo et Lanfranco da Mar
Pourraient bien vous appeler infidèles.

COUPLET N°5 :
Par Dieu, Raimbaut, à mon avis,
Vous avez fait une bêtise quand vous avez abandonné le métier
O ù vous avez trouvé l'honneur et la facilité ;
Et celui qui vous a transformé de bouffon en chevalier
Vous apporte chagrin, tourment et malheur
Et soucis, et tristesse et embarras
Et prend de la joie et de la valeur et de la joie de vous ;
De plus, depuis que vous êtes passé d'un bourrin à un coursier,
Vous n'avez pas touché un coup d'épée ou de lance.

COUPLET N°6 :
Marquis Albert, toute votre espérance
Est de trahir et de tromper :
Envers tous ceux qui ont des trêves avec vous
Et vous servent avec empressement et de bonne volonté
Vous ne gardez ni serment ni foi ;
Et là où je ne suis pas un Oliver à bras
Vous êtes, il me semble que ce n'est pas tout à fait un Roland,
Puisque Piacenza ne quitte pas votre Castagnero :
Il prend votre terre, et vous aucune vengeance.

COUPLET N°7 :
Raimbaud, si Dieu ne me garde que mon écuyer,
Dans lequel j'ai mis mon cœur et mon espoir,
Je me fiche de votre versification pour le
Visage de monsieur Pier d'une chèvre chanceuse, grosse !

Marquis Albert, tous vos ennemis
Ont une telle peur de vous et une telle méfiance
Qu'ils vous appellent le marquis prostitué,
D éshérité, injuste et indigne de confiance.

VERSE N°1 :
Now, tell me, Raimbaut, if you please,
If it actually, as I hear say, happened
That she has behaved ill towards you,
Here in Tortona; and I mean your lady,
The very one for whom you've written many a song in vain;
But she has made such a parody of you
For which you are debased, and she is shamed;
Your love brought neither honour nor advantage,
And that is why she has left you in this fashion.

VERSE N°2 :
Marquis Albert, it is true I have loved
The deceiver you goad me with
And who has swayed from me, and from good worth;
But I can't do more, since I haven't failed her in anything;
Instead I have always served and honoured her;
But her, and you, may your broken faith torment,
That which you have violated a hundred times out of greed,
So that the Genoese protest that you,
In spite of their protests, assail them on the highway.

VERSE N°3 :
By God, Raimbaut, I can assure you this:
That many times out of will to donate
And not in order to enrich myself, I have taken money,
Nor did I do so for any treasure I might want to hoard;
But I have seen you a hundred times through Lombardy
On foot, as befits a wretched jester,
Poor of wealth and unfortunate in love,
Needing somebody to gift you with some food:
And remember how I found you in Pavia.

VERSE N°4 :
Marquis Albert, annoying and villainous things
Come well to you in speech, and even better in practice,
And all deception and all treachery
And malice can be found in you,
And little of worth, and little chivalry,
Therefore they took from you Val di Taro unimpeded,
And you lose Pietracorva out of folly;
And Nicolo and Lanfranco da Mar
May well call you faithless.

VERSE N°5 :
By God, Raimbaut, in my opinion
You did a foolish thing when you abandoned the trade
Where you found honour and ease;
And he who turned you from jester into knight
Brings you grief, torment and misfortune
And worries, and sorrow and embarrassment
And takes joy and worth and mirth from you;
Moreover, since you rose from a nag to a steed
You didn't land a blow of sword or lance.

VERSE N°6 :
Marquis Albert, all your hope
Is in betraying and in cheating:
Towards all those that have truces with you
And serve you eagerly and willingly
You keep neither oath nor faith;
And where I am no Oliver with arms
You are, it seems to me, not quite a Roland's worth,
Since Piacenza doesn't leave your Castagnero:
It takes your land, and you no vengeance.

VERSE N°7 :
Raimbaut, if God only keeps me my Squire,
In which I have put my heart and hope,
I don't care for your versifying for sir Pier's
Face of a cankerous goat, you fat paunch!

Marquis Albert, all your enemies
Have such fear of you and such distrust
That they call you the whoring marquis,
Disinherited, unfair and untrustworthy.


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* Ara pot hom conoisser e proar / Maintenant, on peut savoir et prouver :

- Titres possibles : (Ref. ID : 392.003 / R : 061v)

- Présentation de cette chanson : Chanson de croisade.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ara pot hom conoisser e proar
Que de bos faitz rend Dieus bon guizerdon,
C'al pro marques n'a faich esmend' e don,
Q'el fai son pretz sobre.ls meillors pojar
Tant qe.il crozat de Frans' e de Campaigna
L'an quist a Dieu per lo meillor de totz
E per cobrar lo sepulcr' e la crotz
On Jhesus fon, q'el vol en sa compaigna
L'onrat marques, et a.il Dieus dat poder
De bons vassals e de terr' e d'aver
E de ric cor per far miels so que.il taigna.

COUBLET N°2 :
Tant a d'onor e vol honratz estar
Q'el honra Dieu e pretz e mession
E si mezeis, que s'eron mil baron
Ensems ab lui, de totz si sap honrar,
Q'el honra.ls sieus et honra gen estraigna,
Per q'es desus qan l'autre son desotz ;
C'a tal honor a levada la crotz
Que non par ges mais honors li sofraigna,
C'ad honor vol est segl' e l'autr' aver,
E Dieus a.l dat forssa, geing e saber
Co.ls ai' amdos, e tant qant pot s'en laigna.

COUBLET N°3 :
Cel qui fetz air' e cel e terr' e mar
E freig e caut e ploi' e vent e tron
Vol q'el sieu guit passon mar tuich li bon,
Si cum guidet Melchion e Gaspar
En Bethleem, que.l plan e la montaigna
Nos tolen Turc, e Dieus no.n vol dir motz.
Mas a nos taing, per cui fo mes en crotz,
Que lai passem, e qui que sai remaigna
Vol s'avol vid' e sa greu mort vezer,
Q'en laig pechat estam c'om deu temer,
Don qecs er soutz si.n flum Jordan si baigna.

COUBLET N°4 :
Dieus si laisset vendre per nos salvar,
E.n soffri mort e.n receup passion,
E l'auniront per nos Juzeu fellon,
E.n fon batutz e liatz al pilar,
E.n fon levatz el trau q'er' en la faigna
E correjatz de correjas ab noz
E coronatz d'espinas en la crotz :
Per q'a dur cor totz hom qe.l dan non plagna
Qe.ns fant li Turc que volont retener
La terr' on Dieus volc mortz e vius jazer,
Don nos n'eschai grans gerr' e grans mesclaigna.

COUBLET N°5 :
Mas tant nos fai nostre pechatz torbar
Que mort vivem e non sai dire com,
C'un non i a tant gaillart ni tant pro,
Si a un gauch non ai' autre pesar,
Ni es honors q'ad anta no s'afraigna,
Car contr'un gauch a.l plus rics mil corrotz.
Mas Dieus es gaugz per c'om si seign' en crotz,
Per que non pot perdre qui lui gazaigna !
Per q'ieu am mais, s'a lui ven a plazer,
De lai morir que sai vius remaner
En aventura, fos mi' Alamaigna.

COUBLET N°6 :
Nostr' estol guit sains Nicholaus de Bar,
E.il Campanes dreisson lor gonfanon,
E.l marques crit Monferrat e.l leon,
E.l coms flamencs Flandres als grans colps dar,
E fieira.i qecs d'espaz' e lansa.i fraigna,
Que leu aurem los Turcs totz mortz e rotz
E cobrarem en camp la vera crotz
C'avem perdut! e.il valen rei d'Espaigna
Fassant grans ostz sobre.ls Maurs conquerer,
Que.l marques vai ost e setge tener
Sobre.l soudan e pass' en breu Romaigna.

COUBLET N°7 :
Nostre Senher nos mand' e.ns ditz a totz
Qu'anem cobrar lo sepulcr' e la crotz !
E qui volra esser de sa companha
Mueira per lui, si vol vius remaner
Em paradis, e fassa som poder
De passar mar e d'aucir la gen canha.

Bels Cavalliers, per cui fatz sos e motz,
Non sai si.m lais per vos o.m leu la crotz,
Ni sai cum an ni sai comen remigna,
Que tant mi fai vostre bels cors plazer
Q'ieu muor s'ie.us vei e, qand no.us puosc vezer,
Cuich morir sols ab tot' autra compaigna.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUBLET N°7 :
Noste segnour nous .

COUPLET N°1 :
Maintenant, on peut savoir et prouver
Que Dieu aux bonnes actions donne une bonne récompense,
Et au vaillant marquis, il a donné et m'a aidé à
Faire valoir sa valeur au-dessus des meilleurs,
De sorte que les croisés de France et de Champagne
L'ont demandé à Dieu comme le meilleur de tous
Pour retrouver le sépulcre et la croix
Où était Jésus, lui qui veut dans son train
L'honorable marquis ; et Dieu lui a donné beaucoup
De bons vassaux, de terres et de richesses
Et de courage pour faire mieux ce qui lui appartient.

COUPLET N°2 :
Il a tellement d'honneur, et veut aussi le garder,
Qu'il honore Dieu, sa valeur et sa générosité
Et lui-même, de sorte que si mille barons étaient
Avec lui, il se tiendrait sur eux tous honorablement ;
Il s'honore et honore des personnes étrangères
Afin qu'il soit félicité lorsque d'autres sont blâmés ;
Il a porté la croix avec un tel honneur
Qu'il ne semble pas manquer d'autres honneurs,
Car avec honneur, il veut gagner ce monde et l'autre
Et Dieu lui a donné la force, l'esprit et d'apprendre
À les avoir tous les deux, et il s'efforce de de son mieux.

COUPLET N°3 :
Celui qui a fait l'air et le ciel et la terre et la mer
Et le froid et la chaleur et la pluie et le vent et le tonnerre
Veut que tous les hommes de bien traversent la mer sous sa direction,
Tandis qu'il conduit Melchior et Caspar
À Bethléem, car les plaines et les montagnes
Nous séparent des Turcs. et Dieu ne prononcera pas un mot.
Il nous convient, pour qui il a été placé sur une croix,
De la traverser; et celui qui reste ici
Veut voir une mauvaise vie et une mort grave :
Parce que nous nous attardons dans un péché sale, cet homme doit redouter,
Et dont chacun sera délivré en se baignant dans le Jourdain.

COUPLET N°4 :
Dieu s'est laissé vendre pour nous sauver,
A souffert la mort et a enduré sa passion ;
Et des Juifs diaboliques l'ont insulté pour nous,
Et il a été battu et attaché à un poteau,
Et a été élevé sur la poutre qui se tenait dans la boue
Et il a été fouetté avec des fléaux noués
Et couronné d'épines sur la croix :
Ainsi, le cœur dur est le homme qui ne pleure pas le mal que
Les Turcs nous causent, en voulant garder
Les pays où Dieu voulait habiter, vivants et morts :
Nous devons donc faire la guerre et déclencher d'énormes combats.

COUPLET N°5 :
Mais notre péché nous contrarie à un point tel
Que nous vivons comme des morts, je ne peux pas dire comment,
Puisqu'il n'y a pas d'homme si courageux ni si vaillant que,
S'il a de la joie quelque part, il n'aura pas de chagrin ailleurs,
Il n'y a pas non plus d'honneur qui ne devienne honteux :
Le plus chanceux a un plaisir sur mille griefs.
Mais Dieu, au nom duquel on se croise, est joie, de
Sorte que celui qui gagne de lui ne peut pas perdre ;
Donc j'aime mieux, s'il le veut,
Y mourir que de rester en vie ici
En péril, étaient les miennes en Allemagne.

COUPLET N°6 :
Saint-Nicolas de Bari dirige notre flotte
Et ceux de Champagne lèvent leur gonfalon
Crient le marquis "Monferrat et le lion !"
Et le comte flamand crie "Flandres" en tailladant fortement ;
Et déjà chaque blessure avec son épée et briser sa lance,
De sorte que, bientôt, nous aurons les Turcs tous morts et mis en déroute
Et nous gagnerons sur le terrain la vraie croix que
Nous avons perdue; et que les braves rois d'Espagne
Fassent triompher les grandes armées sur les Maures,
Puisque le marquis attaque et assiège
Le soldan, et traversera bientôt la Roumanie.

COUPLET N°7 :
Notre seigneur nous commande et nous conseille tous
D'aller chercher le sépulcre et la croix ;
Et celui qui veut être de son train,
Laissez-le mourir pour lui s'il veut rester en vie
Dans le ciel, et laissez-le faire ce qu'il peut
Pour traverser la mer et tuer ces malédictions.

Fair Knight pour qui j'écris des chansons et des paroles,
Je ne sais pas si je dois renoncer pour toi, ou porter la croix
Ni comment y aller, ni comment rester ;
Tant ton beau corps me plaît,
Que je meurs si je te vois et si
Je ne peux pas te voir: j'ai peur de mourir, en compagnie de qui que ce soit.

VERSE N°1 :
Now one can know and prove
That God to good deeds gives good reward,
And to the valiant marquis he has given gift and meed
Making his worth stand above the best,
So that the crusaders of France and of Champagne
Have asked for him of God as the best of all
To retrieve the sepulchre and the cross
Where Jesus was, he who wants in his train
The honoured marquis; and God has given him plenty
Of good vassals, land and wealth
And of brave heart to do better what behoves him.

VERSE N°2 :
He has so much of honour, and wants too keep it,
That he honours God, and worth and generosity
And himself, so that if a thousand barons were
Along with him, he would stand over them all honour-wise;
He honours himself and honours stranger people
So that he's praised when others are blamed;
He has worn the cross with such honour
That it doesn't seem he lacks other honours,
Since with honour he wants to win this world and the other
And god has given him strength, wit and learning
To have them both, and he endeavours at his best.

VERSE N°3 :
He who made air and sky and earth and sea
And cold and heat and rain and wind and thunder
Wants all good men to cross the sea under his guidance
Lead as he lead Melchior and Caspar
To Bethlehem, since plains and mountains
Part us from the Turks and God won't utter a word.
It befits us, for whom he was set onto a cross,
To cross thereto; and he who stays here
Wants to see an ill life and a grievous death:
Because we linger in filthy sin, that man must dread,
And from which each'll be delivered by bathing in the Jordan.

VERSE N°4 :
God let himself be sold to save us,
And suffered death and endured his passion;
Fiendish Jews insulted him for our sake,
And he was beaten and bound to a stake,
And raised onto the beam that stood in the mud
And he was lashed with knotted scourges
And crowned with thorns on the cross:
So, hard-hearted is the man that doesn't mourn the harm
The Turks cause us, in wanting to keep
The lands where God wanted to dwell, alive and dead:
So we ought to wage war and stir huge fights.

VERSE N°5 :
But our sin thwarts us to such a degree
That we live like dead men, I can't tell how,
Since there is no man so brave nor so valiant that,
If he has joy somwhere, he shan't have sorrows somewhere else,
Nor is there honour that doesn't turn to shame:
The luckiest has one pleasure out of a thousand grievances.
But God, in whose name one crosses himself, is joy,
So that he who gains of Him can't lose;
So I love better, if He so likes,
To die there than to stay alive here
In peril, were Germany mine.

VERSE N°6 :
St. Nicholas of Bari lead our fleet
And those of Champagne lift their gonfalon
Cry the marquis "Monferrat and the lion!"
And the Flemish count cry "Flandres" while strongly slashing;
And leet each wound with his sword and break his lance,
So that, soon, we'll have the Turks all dead and routed
And we'll win on the field the true cross
We have lost; and let the brave kings of Spain
Make great armies triumph over the Moors,
Since the marquis attacks and besieges
The soldan, and will presently cross to Rumania.

VERSE N°7 :
Our Lord commands and advises us all
To go retrieve the sepulchre and cross;
And he who wants to be of his train,
Let him die for Him if he wants to stay alive
In Heaven, and let him do what he can
To cross the sea and kill those curs.

Fair Knight for whom I write songs and lyrics,
I don't know whether to renounce for your sake, or wear the cross
Nor how to go, nor how to remain;
So much your beautiful body pleases me,
That I die if I see you and if can't see you:
I fear to die, in anyone's company but yours.


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* Ar pren camgat per tostemps de xantar / Maintenant, je me détourne du chant pour toujours :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras ??? (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ar pren camgat per tostemps de xantar,
E laix solaz e gauig e alegrer,
E viuré tristz, marritz, ab cossirer
Per totstemps mays, c'axi.m cove a far,
Pus mort' es leys que hom no pot blasmar
De nuylla re qui.l sia malestan ;
No m'a que far uymays solaz ne xan.

COUBLET N°2 :
En mon pays jamays no vuyl estar,
Car no.y vey re qui.m pusca far plaser.
Las! que faray, que axi.m desesper ?
Qu'eu no vey res qui.m pusca alegrar
A tan gran dol, tan greu per conortar,
Qu'eu mays non cuyt veser d'aytal semblan,
Ne jes la mort no.m pot far major dan.

COUBLET N°3 :
A seyner Deus ! de vos no.m puix lauçar,
C'aytal fora, s'eu m'agues lo poder.
Ben la volgra a mos obs retener
Sol per aysso qu'eu posques remirar
Ses grans bontatz un hom no troba par,
E.l seu bel cors asalt e benestan,
E la valor e.l pretz c'avia gran.

COUBLET N°4 :
A ! co m'es greu, can no puix demostrar
Con suy iratz ne co.m dey captener.
Pus iratz suy qu'eu no fas aparer,
E ay ne dret, car anc major pezar
No.m pot far mort: assatz hé que plorar !
Al ver seynor la su' arma coman,
Que la meta lay davan sen Johan.

COUBLET N°5 :
Oymays ben puix lo seu bo pretz lauzar,
Car anc no vi myls dona xaptener
Endret valor, ne segons son poder
Fazia be co qui.l fos benestan ;
Plazen era en fayt e en parlan,
Qu'en ren d'aysso nuyl hom no es dubtan,
Per qu'eu la am mays tostemps sens engan.

Segle xaytiu ! als non es mas engan :
Un plus te vey, mays te vay meynsprezan.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, je me détourne du chant pour toujours,
Et je laisse l'amusement, le plaisir et la joie,
Et vivrai triste, affligé, avec le malheur
Comme mon compagnon éternel, car cela m'appartient,
Car la mort est une loi que personne ne peut blâmer
Pour tout ce qui est inconvenant ;
Je n'ai plus rien à voir avec l'amusement et le chant.

COUPLET N°2 :
Je ne resterai plus dans mon pays,
Car je n'y vois rien qui puisse me plaire.
Hélas ! Que dois-je faire, qui désespère ainsi ?
Car je ne vois rien qui puisse me remonter le moral
D'une telle douleur, si difficile à calmer
Car je ne peux jamais espérer la revoir comme elle,
Ni la mort ne peut me causer une plus grande perte.

COUPLET N°3 :
Ah, seigneur Dieu ! Je ne peux pas te louer,
Puisqu'une telle dame vivrait encore, si j'avais le pouvoir.
Je voudrais beaucoup la garder pour moi
Pour la seule raison de contempler
Sa grande gentillesse, à laquelle on ne peut trouver d'égal,
Et son beau corps, gracieux et en apparence,
Et le mérite et la valeur qu'elle avait tant.

COUPLET N°4 :
Ah ! Comme c'est grave, quand je ne peux pas montrer
Combien je suis triste, ni comment je dois me retenir.
Je suis plus triste que je ne le dis
Et à juste titre, car une douleur plus grande
Ne pouvait pas m'infliger: telle cause j'ai pour les larmes !
Je recommande son âme au vrai seigneur,
Qu'il l'ait mis là, devant Saint-Jean.

COUPLET N°5 :
Eh bien, puis-je louer maintenant sa grande valeur,
Car jamais je n'ai vu une femme se tenir meilleure
En ce qui concerne le mérite, ni qui, selon ses moyens,
Se porterait mieux dans ce qui était en apparence ;
Elle était agréable à la fois en paroles et en actes,
Car nul ne doute de cette seule particule,
Pour laquelle, sans tromperie, je l'aime toujours.

Ô misérable monde ! Vous n'êtes qu'un trompeur :
Plus je vous vois, plus je vous méprise.

VERSE N°1 :
Now do I turn away from singing forever,
And I leave amusement, pleasure and mirth,
And shall live sad, afflicted, with woe
As my eternal mate, for this behoves me,
Since death is a law which none can blame
For anything one finds unseemly;
I have naught to do with amusement and singing no more.

VERSE N°2 :
I shall remain no longer in my country,
Since I don't see in it anything that may please me.
Alas! What shall I do, who despair so?
For I don't see anything that may cheer me up
From such a sorrow, so hard to assuage
Since I can never hope to see her like again,
Nor can ever death cause me a greater loss.

VERSE N°3 :
Ah, lord god! I cannot praise you,
Since such a lady would live still, if I had the power.
I would much like to keep her for myself
For the sole reason of contemplating
Her great kindness, to which one can find no equal,
And her beautiful body, gracious and seemly,
And the merit and worth she had so much of.

VERSE N°4 :
Ah! How grievous it is, when I cannot show
How sorrowful I am, nor how I must restrain myself.
I am more sorrowful than I give out
And rightly so, for a greater pain
Death could not inflict me: such cause I have for tears!
I commend her soul to the true lord,
That he put it there, in front of St. John.

VERSE N°5 :
Well may I praise henceforth her great worth,
For never did I see a woman keep herself better
As far as merit is concerned, nor who, according to her means
Would carry herself better in what was seemly;
She was agreeable both in words and in deeds,
For no man doubts this one particle,
For which, without deception, I love her evermore.

O wretched world! You are but a deceiver:
The more I see you, the more I keep despising you.


[Remonter]

* A vos bona don' e pros / À vous, bonne et vaillante dame :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras ? (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
A vos, bona don' e pros,
Vas cui van tug mei consir,
Dic en chantan mas razos,
Qu'estiers no.us aus descubrir
So qu'ieu ai e mon coratge.
Per que ? Quar no.i es l'auzars.
Tant es est pensamens cars
C'ades i tem dir folatge.

COUBLET N°2 :
E s'entre las mil chansos,
Dona, i puesc esdevenir
En un bon mot ho en dos
Que.m voillatz sol obezir,
Intratz soi el dreg viatge
D'amor, e totz mos chantars
Sera fis e mos cors clars,
E restaurara.l dampnatge.

COUBLET N°3 :
Mas per vos mezeis saus fos,
Que no.m laisasetz murir,
E quar anc parlei de vos,
C'autra no.m pot abelir.
Per Dieu, no.i gardetz paratge,
Qu'eisid' etz de totz cujars,
Qu'eu ni autre no.us es pars
De pretz ni de ric linhatge.

COUBLET N°4 :
E si.m queretz ochaizos
Adreg mi podetz ausir,
E qui.n vol esser janglos,
Si.s vol, mal ho ben pot dir ;
Mas pauc fai de vassalatge
Sel que lai on merceiars
No val ni gens razonars
Ditz enueg ni vilanatge.

COUBLET N°5 :
Mas ieu no soi consiros
Mas de vos a grat servir,
Per qu'eu n'ai maintas sazos
Pensamen que.m fai languir,
C'az autra for' agradatge
So que.us es enueigz amars,
E quar de re no.us soi vars,
Mostratz me semblant salvatge.

COUBLET N°6 :
Mas lai on es obs perdos,
On nuils hom non pot faillir,
Me sia Dieus amoros
Aitan quant ieu vos dezir
Ses tric e ses cor volatge ;
E s'anc ves amor fui vars
Aras m'es dous l'esperars,
E no.m clam de lonc badatge.

Vencut, en nostre lenguatge
M'es plus dous c'autre parlars
De na Beatritz lauzars,
Et ai en trop bon uzatge.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
À vous, bonne et vaillante dame
Vers qui toutes mes pensées se tournent,
Je dis mon esprit en chant,
Car sinon je n'ose dévoiler
Ce qui se cache dans mon cœur.
Pourquoi ? Parce que je manque d'audace.
Tellement chère à moi est cette obsession,
Que je redoute de parler bêtement.

COUPLET N°2 :
Et si, parmi les mille chansons,
Madame, je peux réussir
Avec un mot ou deux heureux
À vous faire simplement écouter,
J'ai pris le bon chemin
De l'amour, et tout mon art
Sera louable et mon cœur léger,
Et le la perte trouvera réparation.

COUPLET N°3 :
Mais laisse-moi être sauvé par vous,
Et ne me laissez pas mourir,
Car je me suis toujours référé à vous,
Car aucune autre femme ne peut me charmer.
Par Dieu, ne garde pas ton rang,
Car tu es avant tout présomption,
Et ni moi ni personne d'autre ne sommes ton égal,
Ni en valeur ni en noble ascendance.

COUPLET N°4 :
Et si vous cherchez une pomme de discorde,
Tuez-moi tout de suite à la place,
Et celui qui veut être indiscret
Peut parler mal ou bien à sa guise ;
Mais ce n'est pas un chevaleresque
Qui, quand le raisonnement
Et le discours courtois échouent,
Dit des choses désagréables et méchantes.

COUPLET N°5 :
Mais mon seul souci
Est de vous servir sans meed,
Pour lequel j'ai, bien des fois,
Des soucis qui me font languir,
Car ce qui plairait à une autre femme
Est un ennui grave pour vous,
Et puisque je ne suis pas du tout inconstant envers vous,
Vous me donnez des regards hostiles.

COUPLET N°6 :
Mais en ce qui concerne le pardon,
Il n'y a pas d'homme qui n'en ait pas besoin:
Que Dieu m'aime
Autant que je te désire,
Sans trahison et sans voltige ;
Et si jamais j'étais amoureux, inconstant,
Maintenant l'espoir m'est doux,
Et je ne me plains pas d'un long retard.

Vencut, dans notre langue,
Il n'y a pas de discours qui me soit plus cher
Que l'éloge de Dame Béatrice,
Et j'en ai une très bonne pratique.

VERSE N°1 :
To you, my good and valiant lady
Towards whom all my thoughts turn,
I speak my mind in song,
For otherwise I dare not unveil
What hides in my heart.
Why? Because I lack the audacity.
So dear is to me this obsession,
That I dread to speak foolishly.

VERSE N°2 :
And if, among the thousand songs,
Lady, I can succeed
With a happy word or two
In merely making you listen to me,
I have taken the right path
Of love, and all my art
Will be praiseworthy and my heart light,
And the loss will find reparation.

VERSE N°3 :
But let me be saved through you,
And don't let me die,
For I always referred to you,
Since no other woman can charm me.
By god, do not keep to your rank,
For you are above all presumption,
And neither I nor anyone else is your equal,
Either in worth or in noble ancestry.

VERSE N°4 :
And if you seek a bone of contention,
Kill me right away instead,
And he who wants to be indiscreet
Can speak ill or good as he pleases;
But he is not a chivalrous man
Who, when reasoning
And courtly discourse fails,
Says unpleasant and villainous things.

VERSE N°5 :
But my sole concern
Is to serve you without meed,
For which I have, many times,
Worries which make me languish,
Because what would please another woman
Is grievous annoyance to you,
And since I am not at all inconstant towards you,
You give me hostile glowers.

VERSE N°6 :
But when it comes to forgiveness,
There is no man who doesn't need it:
May god love me
As much as I desire you,
Without treachery and fickle heart;
And if I ever was, in love, inconstant,
Now hope is sweet to me,
And I don't complain of a long delay.

Vencut, in our language
There is no discourse dearer to me
Than praise of Dame Beatritz,
And I have and exceedingly good practice in it.


[Remonter]

* Ben sai e conosc veramen / Je sais bien :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ben sai e conosc veramen
Que vers es so que.l vilas di,
Que nuils hom, qu'es dins son aizi,
Trobe tot so que vai queren,
E s'anc non ac malanansa
No sap que s'es benestansa ;
Mas adoncx l'es totz sos deleitz doblatz
Quan sap l'aize salvatge,
E n'ama mais tot so dins son estatge.

COUBLET N°2 :
Mas d'ome.m meravill fortmen,
Que sap mals e bes autressi
E sap com va.l cars al moli,
E pot viure onradamen,
Com pot far tan gran enfansa
Que suefra tal malestansa
Que an per mar ; mas als dezamparatz,
Que non an peins ni gatge,
Lais tot aquo, e fas autre viatge.

COUBLET N°3 :
Que.ill mermes (...) son cozen
El anar: d'autrui o de si
A gran regart ser e mati
Em poder d'aigua e de ven,
(...)
Et es tot jorn en balansa,
Et a.i vestirs rovillos e moillatz,
E gens d'avol linhatge
Dir l'aun enueg e faraun li outratge.

COUBLET N°4 :
E qui mal tra e peitz aten
Ja de be no.ill fassa hom fi,
Ans ha regart per tot aqui
On vai, ni perte ribamen,
E ja no.ill tengron fiansa
Ni sagramen ni fermansa,
Ans, si podon, li sera.l sieus panatz ;
Ges ieu no tenc per sage
Ric c'o persec, ans fai doble folatge.

COUBLET N°5 :
Qu'ieu pretz mais jazer nutz e gen
Que vestitz josta peleri,
E mais aigua fresca ab bon vi
(...)
(...) que ransa,
E mais joia que pezansa,
E bos manjars e palafres assatz
Que bescueitz ab auratge,
E bels ostals mais que port ni ribatge.

COUBLET N°6 :
Per qu'ieu m'en part, s'anc n'aic talen
De l'anar ni anc abeli,
E qui.s vol, segua aquest traï
E garde levan e ponen ;
Qu'ieu am mais estar en Fransa,
On ha mais joi et onransa,
Et ab totz vens ieu penrai vas totz latz
En luec ferm alberguatge,
E cui plaira, segua aquest viatge.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Je saisvraiment bien
Qu'il y a du vrai dans ce que dit le paysan :
Que tout homme qui reste à la maison
Trouve tout ce qu'il cherche à l'étranger,
Et s'il n'a jamais souffert de malaise,
Il ne sait pas ce qu'est la facilité.
Mais donc son plaisir est doublé
Quand il se loge de manière extrêmement désagréable
Et qu'il aime d'autant plus ce que contient sa maison.

COUPLET N°2 :
Mais je m'émerveille beaucoup de voir comment un homme
Qui sait aussi bien le
Bien que le mal et qui connaît le chemin du monde,
Et qui peut mener une vie honorable,
Pourrait agir de manière enfantine
Au point de traverser tous les inconforts
De la traversée de la mer. Mais laissons les misérables
Qui n'ont ni gage ni actif,
Tout avoir : je prends un chemin différent.

COUPLET N°3 :
Pour (...) diminuerait (...) sa douleur cuisante
par cheminant à l' étranger : que ce soit pour lui-même ou pour les autres,
Il est inquiet matin, midi et soir,
À la demande de la mer et le vent,
(...)
Et il est en danger chaque jour,
Et ses vêtements sont tachés et trempés,
Et les gens de vile descendance
L'agacent et le harcèlent.

COUPLET N°4 :
Et quand on va mal et qu'on s'attend à pire,
Ne vous attendez pas à ce que quelqu'un l'aide :
Au lieu de cela, il devrait s'inquiéter où
Qu'il aille, et le rivage n'est pas pour lui ;
Envers lui, les gens ne tiennent pas leur parole,
Ni leurs vœux et leurs engagements ;
Au contraire, s'ils le peuvent, la volonté le dépouillera de ses droits ;
Je ne considère pas sage
Un homme riche qui poursuit cela: il commet plutôt une double folie.

COUPLET N°5 :
Car je préfère me coucher nu dans un endroit agréable
Que vêtu et à côté d'un pèlerin,
Et de l'eau fraîche et du bon vin en plus
(...)
Que rance (...),
Et la joie plus que les soucis,
Et la bonne nourriture et beaucoup de palfrey
Plus que le biscuit de navire entre les tempêtes,
Et la demeure juste plus que le port ou le rivage.

COUPLET N°6 :
Je renonce donc, si je le souhaitais, à
Aller sur les mers :
Que celui qui veut suivra ce mode de vie
Et regarde à l'est et à l'ouest [pour des signes de vent] ;
Car j'aime plus rester en France,
Où l'on trouve plus de joie et d'honneur,
Et quel que soit le vent qui souffle, je prendrai, vers tous les points cardinaux,
Un hébergement sur la terre ferme,
Et je laisserai celui qui l'aime faire ce voyage.

VERSE N°1 :
I know well and truly recognise
That there is truth in what the peasant says:
That any man who stays at home
Finds everything he seeks abroad,
And if he never suffered unease,
He doesn't know what ease is.
But therefore his pleasure is doubled
When he lodges in a wildly unpleasant manner
And he loves the more what his house contains.

VERSE N°2 :
But I greatly marvel at how a man
Who knows bad and good equally well
And knows the way of the world,
And can lead an honourable life,
Could act so childishly
As to go through all the discomforts
Of crossing the sea. But let the wretched
Who have neither pledge nor asset,
Have it all: I take a different path.

VERSE N°3 :
For (...) would lessen (...) his smarting pain
by journeying abroad: either for himself or for others,
he is worried morning, noon and night,
at the behest of sea and wind,
(...)
and he is in danger each day,
and his clothes are stained and soaked,
and people of vile descent
annoy and harass him.

VERSE N°4 :
And when one fares badly, and expects worse,
Don't expect anyone to help him:
Instead, he ought to worry wherever
He goes, and the shore is not for him;
Towards him people don't keeps to their word,
Nor to their vows and pledges;
Instead, if they can, the will despoil him of his rights;
I don't consider wise
A rich man who pursues this: rather, he commits a double folly.

VERSE N°5 :
For I prefer lying naked in a pleasant place
Than clothed and next to a pilgrim,
And fresh water and good wine more
(...)
Than rancid (...),
And joy more than worries,
And good food and many a palfrey
More than ship biscuit between tempests,
And fair dwelling more than harbour or shore.

VERSE N°6 :
So I renounce, if I ever wished for it,
Going on the seas:
Let he, who will, follow this way of life
And peer eastwards and westwards [for signs of wind];
For I like more to remain in France,
Where one finds more joy and honour,
And whatever wind may blow, I'll take, towards all cardinal points,
Lodging on dry land,
And let he, who likes it, make that journey.


[Remonter]

* Conseil don a l'emperador / Conseil donné à l'empereur :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Conseil don a l'emperador,
Pois per conseil fai totz sos plais,
E non faria meins ni mais
Mas tant con sei conseillador
Li volun far dir' e faire :
E.il conseil, s'el vol esser pros,
Qe don, sens conseil, derenan ;
E, ses conseil ab sos baros,
Creza.l conseil del plus prezan,
Q'aissi 's conseils d'emperaire.

COUBLET N°2 :
Pueis eu li conseil sa honor,
Creza m'en, si.n vol, o s'en lais ;
E se.l senescal no.s n'irais
Ni Coine del cosseil major,
Eu serai bos cosseillaire,
E darai conseil a els dos,
Qant lur segnor consseillaran,
Qe.il cosseillen de far rics dos ;
Mas no sai s'amdos m'en creiran,
Ni eu no.ls en forzi gaire.

COUBLET N°3 :
E si no.s meillur' en la flor,
Lo frugz poiri' esser malvais ;
E gart se q'al seu tort non bais,
Qe pujatz es en grant honor,
Et es bels e de bon aire ;
E se vol creire mos sermos,
Ja no.i aura anta ni dan,
Anz sera granz honors e pros,
Car se pert cels c'ab lui estan,
Tart venran de son repaire.

COUBLET N°4 :
E non tema freg ni calor,
Ni.s baign ni sojorn em palais,
Qe al col a cargat tal fais
Qe, s'el non es de gran valor,
Greu lo poira a cap traire ;
Qe li Blac e.il Coman e.il Ros
E.il Turc e.il Paian e.il Persan
Seran contra lui ab Grifos ;
E si per pretz non trai afan,
Tot qant a faig pot desfaire.

COUBLET N°5 :
Q'el e nos em tuig pecchador
Dels mostiers ars e dels palais,
On vei pecar los clercs e.ls lais ;
E se.l sepulchre non secor,
Serem vas Dieu plus pechaire,
Q'en pechat tornara.l perdos,
E se.l conqis no 'stai enan ;
Mas s'el es larcs ni coratjos,
Ben leu pot anar osteian
A Babiloni' e al Caire.

COUBLET N°6 :
Tota sa forz' e sa vigor
Taign qe mostr' als Turcs part Roais,
Qe tuit li soudan e.il alcais
E.il amirail e.il almassor
N'esperan lansar e traire ;
Et er n'encolpatz Nevelos,
E.ls doz' electors blasmaran,
Se.l sepulchr' es mais en preizos ;
E.l dux m'er apellatz d'enjan
Si.l vol del socors estraire.

COUBLET N°7 :
Al marescal voil retraire
Mon cosseil, q'es leials e bos;
Mas lui, e Miles de Burban,
Blasmarai se non es fort pros
(...)
(...)
(...)
(...)
(...)
E larcs e francs l'emperaire.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
J'offre un conseil à l'empereur,
Car il fait tous ses plans par conseil,
Et ne ferait rien de plus ou de moins
Que ce que ses conseillers
Veulent qu'il dise et fasse :
Et je le conseille, s'il veut être vaillant,
Donner, sans conseil, désormais ;
Et, sans conseil avec ses barons,
Qu'il croit au conseil de l'homme le plus digne,
Parce que c'est ainsi qu'un empereur devrait se consulter.

COUPLET N°2 :
Puisque je conseille ce qui lui fait honneur,
Qu'il me croie, s'il le veut, ou laisse tomber l'affaire ;
Et si le Sénéchal ou Conon
Du Grand Conseil ne se fâche pas,
Je serai un bon conseiller
Et je les conseillerai tous les deux :
Quand ils conseillent leur seigneur,
Qu'ils leur conseillent de donner avec munificence ;
Mais je ne sais pas s'ils vont me croire tous les deux,
Ni les forcer à quoi que ce soit.

COUPLET N°3 :
Et s'il n'y a pas d'amélioration dans la fleur,
Le fruit pourrait être mauvais ;
Et qu'il prenne garde de ne pas se baisser à tort,
Puisqu'il s'est élevé à un grand honneur,
Et qu'il est beau et de noble lignée ;
Et s'il choisit de croire mes paroles,
Il n'y trouvera ni honte ni perte;
Il aura plutôt un grand honneur et un grand profit,
Car s'il abandonne ceux qui l'entourent, les
Gens hésiteront à rejoindre son train.

COUPLET N°4 :
Et qu'il ne craigne ni le froid ni la chaleur,
Et qu'il se vautre et s'attarde dans son palais,
Puisqu'il a placé un tel fardeau autour de son cou
Que, à moins qu'il ne soit exceptionnellement vaillant,
Il aura du mal à en sortir la tête ;
Pour les Valachiens et les Cumans et les Varègues,
Et les Turcs et les Pagans et les Perses
Se déplaceront contre lui avec les Grecs;
Et s'il ne supporte pas le labeur pour la valeur,
Il peut défaire tout ce qu'il a fait.

COUPLET N°5 :
Car lui et nous sommes tous coupables
De l'incendie criminel des églises et des palais
O ù je vois pécher les clercs et les laïcs ;
Et s'il ne secoure pas le Sépulcre,
Nous serons les plus pécheurs envers Dieu,
Puisque le pardon se transformera en péché,
Si la conquête n'est pas poursuivie ;
Mais s'il est libéral et sans peur,
Il peut très facilement se déplacer en conquérant
Vers Babylone et Le Caire.

COUPLET N°6 :
Il doit montrer toute sa force et sa vigueur 
Aux Turcs au-delà de Roais,
Car tous les sultans et les cadis
Et les émirs et les califes
Espèrent envoyer et lancer des missiles ;
Et la culpabilité tombera sur Névelon,
Et sur les douze électeurs
Si le Sépulcre reste emprisonné ;
Et le Doge sera accusé de tromperie
S'il veut se retirer de ce sauvetage.

COUPLET N°7 :
Je veux relier au maréchal
mon conseil, car il est fidèle et bon ;
Mais lui et Milon de Brabant ,
Le blâmerai-je si l'empereur ne l'est pas
(...)
(...)
(...)
(...)
(...)
Et très vaillant, généreux et sérieux.

VERSE N°1 :
I offer a counsel to the Emperor,
Since he makes all his plans by council,
And wouldn't do anything more or less
Than what his counsellors
Want him to say and to do:
And I counsel him, if he wants to be valiant,
To give, without counsel, henceforth;
And, without a council with his barons,
That he believe the counsel of the worthiest man,
Because that's the way an emperor should consult.

VERSE N°2 :
Since I counsel what brings him honour,
Let him believe me, if he wants, or just drop the matter;
And if the Senechal or Conon
Of the Great Council don't get angry,
I shall be a good counsellor
And will give counsel to them both:
When they counsel their lord,
Let them counsel him to give munificently;
But I don't know whether they'll both believe me,
Nor do I force them in anything.

VERSE N°3 :
And if there is no improvement in the flower,
The fruit could be bad;
And let him beware not to lower himself to wrong,
Since he has risen to great honour,
And he is handsome and of noble lineage;
And if he chooses to believe my words,
He shan't find shame nor loss in it;
Rather, he shall have great honour and profit,
For if he abandons the ones around him,
People will hesitate to join his train.

VERSE N°4 :
And let him fear neither cold nor heat,
And let him wallow and linger in his palace,
Since he has placed such a burden around his own neck
That, unless he is exceptionally valiant,
He'll find it hard to slip his head out of it;
For Wallachians and Cumans and Varangians,
Turks and Pagans and Persians
Will move against him along with the Greek;
And if he doesn't endure toil for worth's sake,
He may undo all he has done.

VERSE N°5 :
For he, and us, are all guilty
Of the arson of the churches and palaces
Wherein I see the clerics and laymen sin;
And if he doesn't succour the Sepulchre,
We shall be the more sinners towards god,
Since the pardon will turn into sin,
If the conquest is not carried forward;
But if he is liberal and fearless,
He can very easily move as a conqueror
Towards Babylon and Cairo.

VERSE N°6 :
All his strength and vigour
Must he show the Turks beyond Roais,
Since all the sultans and cadis
And emirs and caliphs
Are hoping to spear and hurl missiles;
And the guilt shall fall on Névelon,
And on the Twelve Electors
If the Sepulchre remains imprisoned;
And the Doge shall be accused of deception
If he wants to pull off from this rescue.

VERSE N°7 :
I want to relate to the Marshal
My advice, since it is loyal and good;
But he and Milon de Brabant
Shall I blame if the Emperor is not
(...)
(...)
(...)
(...)
(...)
Most valiant, generous and earnest.


[Remonter]

* D'amor no.m lau, qu'anc non pogey tan aut / D'amour j'ai été perché si haut :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
D'amor no.m lau, qu'anc non pogey tan aut
Qu'atertam bas non sia dessendutz ;
E s'anc fuy guays entendeire ni drutz
Ma dona.m fai tot refrezir del caut,
Que.m tolh tot gaug e tota ira.m dona
E me meteys e tot quan m'a promes,
E mas cansos me semblo sirventes,
Et ieu que.n pert lo cor e la persona.

COUBLET N°2 :
Qu'ieu fora pro ricx e de bon azaut,
Sol de s'amor pogues yssir a lutz ;
Mas trahitz sui si cum fo Ferragutz,
Qu'a Rotlan dis tot so major espaut,
Per on l'aucis; e la bella fellona
Sap (qu'ieu l'ai dig) ab qual gienh m'aucizes :
Ab un dous ris me nafra.l cor d'un pes,
Ab que m'auci on mielhs m'acuelh ni.m sona.

COUBLET N°3 :
Sol que.l plagues emblar lo premier saut,
Jamais per lieys no fora cossegutz.
Pero s'ieu fos ben amaz ni volgutz
Ieu chantera ab cor verai e baut.
Mas er tenso quar ma dona.m tensona,
Quar sap qu'ieu am mielhs d'autr' hom' e genses ;
E.lh trefana, sol quar es belha res,
Vol qu'om la sierv' e ren non guazardona.

COUBLET N°4 :
Cortz e guerras e torney et assaut
E domneyar e donar e condutz
Son tug mei pes, e so.yl d'amor tengutz,
A la falsa, si tot noqua m'en laut.
Mas mala fos tam belha ni tam bona,
Qu'ab son ric pretz m'a ses benfag conques ;
Et ylh val mai, ab sol que.y fos merces,
Que nulh' autra, e genser si razona.

COUBLET N°5 :
Si m'a bon cor ara.lh prec e l'incaut
Que.m do sa joy' e.m prometa salutz,
Que.n port anelhs e manjas els escutz,
E.m fassa tant per que de lieys no.m raut ;
Si non, vau m'en el pays de Tortona,
E si de sai mi deu venir us bes,
A Dieu coman Proensa e Gapenses,
Qu'ieu remanh pres si cum perditz en tona.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUPLET N°1 :
Je n'aime pas l'amour, car je n'ai jamais été perché si haut
que je ne pouvais pas être lancé aussi bas.
Et si jamais j'ai été un soupirant et un amant joyeux,
Madame me prend de la chaleur et me refroidit,
car elle ne me donne que du chagrin et me prive de ma joie
et de moi-même et de tout ce qu'elle m'a promis.
Et maintenant, il semble que mes chansons d'amour étaient des parodies
et que je perds la tête et la santé.

COUPLET N°2 :
En effet, je serais assez riche et chanceux,
si seulement je pouvais me libérer de mon amour pour elle ;
mais je suis trahi, tout comme Ferragutz,
qui a parlé à Roland de sa plus grande faiblesse, de
sorte qu'il a été tué; et la jolie traître
sait, parce que je lui ai dit, par quel art elle pouvait me tuer :
avec un doux sourire, elle pleure mon cœur avec une charge
avec laquelle elle me tue quand elle me supplie au mieux et me parle.

COUPLET N°3 :
Si elle consentait seulement à renoncer à la première attaque,
je ne serais jamais un match pour elle.
Et pourtant, si j'étais la bienvenue et bien aimée,
je chanterais avec un cœur vrai et vif.
Mais je suis querelleur maintenant, puisque ma dame me défie,
parce qu'elle sait que j'aime mieux et plus noblement que n'importe quel homme ;
et cette traîtresse, juste parce qu'elle est une belle chose,
veut être servie et n'accorde aucune récompense.

COUPLET N°4 :
Les tribunaux et les guerres et les tournois et les combats
et la courtoisie et la générosité et le divertissement
sont toute ma préoccupation, et pourtant je suis submergé d'amour
à ce faux, bien qu'il ne me plaise pas du tout.
Mais une malédiction sur une si belle et si aimable,
car grâce à sa grande renommée, elle m'a gagné sans aucun paiement ;
et elle serait meilleure, si seulement elle avait pitié,
que n'importe qui d'autre, et plus charmante en parlant aussi.

COUPLET N°5 :
Si elle se soucie de moi maintenant, je la prie et la supplie
qu'elle me donne son cadeau et me promette le salut,
afin que je puisse porter des bagues et des manches sur mes boucliers,
et qu'elle fasse assez pour empêcher que je m'éloigne d'elle ;
sinon, je pars pour la ville de Tortona,
et si de là venait quelque chose de bon pour moi,
je recommande à Dieu Provence et Gap,
où je suis tenu comme une perdrix dans un piège.

VERSE N°1 :
I don't enjoy love, since never I perched so high
That equally low I couldn't be cast.
And if I ever was a joyful suitor and lover,
My lady takes me from the warmth and chills me,
For she gives me naught but sorrow, and deprives me of my joy
And of my own self and of all she's promised me.
And now it looks like my love-songs were parodies,
And that I am losing my mind and health.

VERSE N°2 :
Indeed I would be rich enough and lucky,
If I only I could break loose from my love of her;
But I am betrayed just as was Ferragutz,
Who told Roland about his greatest weakness,
So that he was killed; and the pretty traitor
Knows, because I've told her, by which art she could slay me:
With a sweet smile she grieves my heart with a load
With which she kills me when best she entreats me and talks to me.

VERSE N°3 :
If she'd only consent to desist from the first attack,
I would never be a match for her.
And yet, if I were welcome and well loved,
I would sing with a true and sprightly heart.
But I am quarrelsome now, since my lady defies me,
Because she knows I love better and more nobly than any man;
And this traitress, just because she's a beautiful thing,
Wants to be served, and grants no reward.

VERSE N°4 :
Courts and wars and tournaments and fights
And wooing and generosity and entertainment
Are my whole preoccupation, and yet I am thralled with love
To that false one, albeit it doesn't please me at all.
But a curse on such a lovely and amiable one,
For through her high renown she has gained me with no payment;
And she'd be better, if only she had mercy,
Than anyone else, and more charming when speaking, too.

VERSE N°5 :
If she cares for me now I pray her and beg her
That she gives me her gift and promise me salvation,
So that I may wear rings and sleeves on my shields,
And that she does enough to prevent my straying from her;
Otherwise, I leave for the town of Tortona,
And if from there should come anytihng good for me,
I commend to God Provence and Gap,
Where I am held like a partridge in a trap.


[Remonter]

* Domna, tant vos ai preiada / Madame, je vous ai tant priée :

- Présentation de cette chanson : Dans cette chanson, le troubadour supplie sa dame de s'intéresser à lui et de ne pas dévaloriser sa langue provençale... Raimbaud parle en langue d'oc, la dame en dialecte génois.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Domna, tant vos ai preiada,
Si.us plaz, q'amar me voillaz,
Q'eu sui vostr' endomenjaz,
Car es pros et enseignada
E toz bos prez autreiaz ;
Per qe.m plai vostr' amistaz.
Car es en toz faiz cortesa,
S'es mos cors en vos fermaz
Plus q'en nulla Genoesa,
Per q'er merces si m'amaz ;
E pois serai meilz pagaz
Qe s'era mia.ill ciutaz,
Ab l'aver q'es ajostaz,
Dels Genoes.

COUBLET N°2 :
Jujar, voi no sei corteso
Qe me chaidejai de zo,
Qe niente no farò.
Ance fossi voi apeso
Vostr' amia non serò.
Certo, ja ve scanerò,
Provenzal malaurao !
Tal enojo ve diro :
Sozo, mozo, escalvao
Ni ja voi non amerò,
Q'eu chu bello marì ò
Qe voi no sei, ben lo so.
Andai via, frar', eu temp'ò
Meillaurà.

COUBLET N°3 :
Domna gent' et essernida,
Gai' e pros e conoissenz,
Valla.m vostr' ensegnamenz,
Car jois e jovenz vos gida,
Cortesi' e prez e senz
E toz bos captenemenz ;
Per qe.us sui fidels amaire
Senes toz retenemenz,
Francs, humils e merceiaire,
Tant fort me destreing e.m venz
Vostr' amors, qe m'es plasenz ;
Per qe sera chausimenz,
S'eu sui vostre benvolenz
E vostr' amics.

COUBLET N°4 :
Jujar, voi semellai mato,
Qe cotal razon tegnei.
Mal vignai e mal andei
Non avei sen per un gato,
Per qe trop me deschasei,
Qe mala cosa parei !
Ni no volio qesta cosa,
Si fossi fillo de rei.
Credì voi que sia mosa ?
Mia fe, no m'averei !
Si per m'amor ve chevei,
Oguano morrei de frei :
Tropo son de mala lei
Li Provenzal.

COUBLET N°5 :
Domna, no.m siaz tant fera,
Qe no.s cove ni s'eschai ;
Anz taing ben, si a vos plai,
Qe de mo sen vos enqera
E qe.us am ab cor verai,
E vos qe.m gitez d'esmai,
Q'eu vos sui hom e servire,
Car vei e conosc e sai,
Qant vostra beutat remire
Fresca cum rosa en mai,
Q'el mont plus bella no.n sai,
Per qe.us am et amarai,
E si bona fes mi trai,
Sera pechaz.

COUBLET N°6 :
Jujar, to proenzalesco,
S'eu aja gauzo de mi,
Non prezo un genoì.
No t'entend plui d'un Toesco
O Sardo o Barbarì,
Ni non ò cura de ti.
Voi t'acaveilar co mego ?
Si.l savera me' marì,
Mal plait averai con sego.
Bel messer, ver e' ve dì :
No vollo questo latì !
Fraello, zo ve afì.
Proenzal, va, mal vesti,
Largaime star.

COUBLET N°7 :
Domna, en estraing cossire
M'avez mes et en esmai ;
Mas enqera.us preiarai
Qe voillaz q'eu vos essai,
Si cum Provenzals o fai,
Qant es pojatz.

Jujar, no sero con tego,
Pos' asi te cal de mi !
Meill varà, per sant Martì,
S'andai a ser Opetì,
Que dar v'a fors' un roncì,
Car sei jujar.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Madame, tant je vous ai priée,
S'il vous plaît, pour m'accorder votre amour
Puisque vous m'avez en esclavage,
Parce que vous êtes vaillante et noble,
Et douée de toutes bonnes vertus ;
Pour cela, j'aime votre amitié.
Parce que vous êtes bon dans toutes les actions,
Mon cœur est pris par vous
Plus que par tout autre génois,
Donc ce sera une miséricorde si vous m'aimez ;
Et puis je serais mieux payé
Que si cette ville était à moi
Avec la richesse amassée
Par les Génois.

COUPLET N°2 :
Bouffon, tu n'es pas courtois
qui harcèle avec moi ce
qui ne fera rien.
Allez plutôt vous faire pendre :
je ne serai pas votre ami.
Au lieu de cela, je vais vous trancher la gorge,
provençal mal élevé !
Je vais vous insulter ainsi :
crasseux et crasseux,
je ne vous aimerai jamais,
moi qui ai un mari plus beau
que vous, et je le sais bien.
Va-t'en, frère, je l'ai
mieux avec lui.

COUPLET N°3 :
Madame, gentille et sage,
joyeuse et vaillante et instruite,
votre connaissance m'aide,
car la joie et la jeunesse vous conduisent,
avec gentillesse, valeur et sens
et toutes les bonnes manières ;
Puisque je suis pour vous un prétendant fidèle
sans aucune réserve
sérieuse, humble et suppliante,
me saisit si fort et me gagne
votre amour, ce qui me plaît ;
Ce sera donc le meilleur choix
si je suis le bienvenu
et ton ami.

COUPLET N°4 :
Bouffon, tu parais fou
quand tu te tiens à un tel raisonnement.
Vous venez mal, et vous partez mal :
vous n'avez pas de cervelle pour correspondre à un chat,
pour cette raison vous me déplaisez trop,
ça ressemble à une chose pourrie !
Je n'aimerais pas non plus cette chose
si vous étiez le fils d'un roi.
Pensez-vous que je suis un idiot ?
Par ma foi, tu ne m'auras pas.
Si vous aviez mis mon amour en gage,
cette année vous mourriez de froid :
trop, c'est la mauvaise volonté
du Provençal.

COUPLET N°5 :
Madame, ne soyez pas si cruelle avec moi,
ce n'est pas conforme, ça ne vous va pas !
Au lieu de cela, ce qui est bon, si vous voulez,
c'est que je vous en supplie par mon esprit
Et que je vous aime d'un vrai cœur,
Et que vous enlevez ma découragement
Puisque je suis votre homme et votre serviteur,
Parce que je vois et me souviens et sais,
Quand je contemple ta beauté,
Fraîche comme une rose en mai,
que je n'en connais pas de plus belle au monde, 
Car je t'aime et je t'aimerai
Et si la bonne volonté me trahit,
Ce sera un péché.

COUPLET N°6 :
Bouffon, votre provençal
- je m'en réjouis -
ne vaut pas un sou pour moi.
Je ne vous comprends pas plus qu'un Allemand,
Un Sarde ou un Berbère
et je ne me soucie pas de vous.
Voulez-vous vous disputer avec moi ?
Si mon mari le sait,
vous passerez un mauvais moment avec lui.
Joli type, je vais vous dire, en vérité :
je ne veux pas de cette conversation !
Frère, soyez sûr.
Allez, loqueteux provençal,
laissez-moi tranquille.

COUPLET N°7 :
Madame, à une étrange inquiétude
Que vous m'avez émue et à l'angoisse ;
Mais quand même, je vous prie
De bien vouloir consentir à tester
Comment un Provençal le fait
Lors du montage.

Bouffon, je ne serai pas avec vous ;
mais comme vous vous souciez tant de moi,
vous feriez mieux, par Saint-Martin,
D'aller voir Sir Obizzino,
Qui vous donnera peut-être un petit mot,
Puisque vous êtes un bouffon.

VERSE N°1 :
Lady, so much I have endeared you,
An you please, to grant me your love
Since you have me in thrall,
Because you are valiant and noble,
And gifted with all good virtues;
For this I like your friendship.
Because you are kind in all actions,
My heart is taken by you
More than by any other Genoese,
So it'll be mercy if you love me;
And then I'd be better repaid
Than if that city were mine
Along with the wealth hoarded
By the Genoese.

VERSE N°2 :
Jester, you are not courteous
That harass with this me,
Who shall do nothing.
Rather, go get hanged:
I shan't be your friend.
Instead, I'll slit your throat,
Ill-bred Provençal!
I'll insult you thus:
Filthy, scabby dunce
I'll never love you,
I, who have a husband more handsome
Than you are, and know it well.
Go away, brother, I have
It better with him.

VERSE N°3 :
Lady, kind and wise,
Merry and valiant and learned,
Your knowledge be of help to me,
Since joy and youth conduct you,
Along with kindness, worth and sense
And all good manners;
Since I'm to you a faithful suitor
Without any reserve
Earnest, humble and pleading,
So strongly grips me and wins me
Your love, which pleases me;
Therefore it will be the best choice
If I am welcome
And your friend.

VERSE N°4 :
Jester, you sound insane
When keeping to such a reasoning.
Badly you come, and badly go away:
You don't have brains to match a cat,
For this reason you displease me too much,
It looks like a rotten thing!
Nor would I like this thing
If you were a king's son.
Do you think I am a fool?
By my faith, you shan't have me.
If you'd pawned my love,
This year you'd die of cold:
Too much is the ill will
Of the Provençal.

VERSE N°5 :
Lady, don't be so cruel to me,
It isn't meet, it doesn't fit you!
Instead, what is proper, if you like,
Is that I beg you through my wit
And that I love you with a true heart,
And that you take my dejection away
Since I am your man and servant,
Because I see and remember and know,
When I contemplate your beauty,
Fresh as a rose in May,
That I don't know any fairer one in the World,
For this I love you and will love you
And if good will betrays me
It shall be a si.

VERSE N°6 :
Jester, your Provençal
-May I rejoice-
Isn't worth a penny to me.
I don't understand you more than a German
Or Sardinian or Berber
Nor do I care about you.
Do you want to wrangle with me?
If my husband knows it,
You'll have a bad time with him.
Nice chap, I'll tell you, in truth:
I don't want this talk!
Brother, be sure.
Go, ragged Provençal,
Leave me alone.

VERSE N°7 :
Lady, to a strange concern
You have stirred me, and to anguish;
But still, I shall beg you
That you consent to assay
How a Provençal does it
When mounting.

Jester, I shan't be with you;
But since you care so much for me,
You'd better, by St. Martin,
Go to Sir Obizzino,
Who will perhaps give you a nag,
Since you are a jester.


[Remonter]

* D'una dona.m tueill e.m lais / D'une femme je m'éloigne :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
D'una dona.m tueill e.m lais,
Qu'ieu no vueill sa paria
Pos vei que va de biais
Ni que ten autra via ;
Qu'eu l'era fis e verais
E ses tota bauzia,
Que per ma fe
E' l'amava mais que re ;
Fassa son be,
C'a far l'er, si.s pliu per me.

COUBLET N°2 :
Ges non pres un botacais
Dona que aitals sia
C'un prenda et autre.n lais :
Non fai ges cortezia.
Soven presta son carcais,
Nuils hom non s'i fadia,
Segon qu'ieu cre ;
Quar molt es de gran merce,
Qu'ieu ho sai be
E d'autres moltz, per ma fe.

COUBLET N°3 :
Ges una pruna d'avais
En s'amor non daria,
Si be.m fai ni col ni cais ;
Per que.us ho celaria ?
Quan la vei, m'o tenh a fais,
S'alre far en podia.
Sabes per que ?
(...)
Dieus que.m mante
L'en do so que l'en cove.

COUBLET N°4 :
Ben es tornad' en debais
La beutat qu'ill avia,
E no l'en te pro borrais
Ni tefinhos que sia,
Et es ben razos hueimais,
Que.l jovens te sa via ;
E par li be
A son escueill, qui la ve :
Mal si capte
E fara peitz per jase.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUPLET N°1 :
Je laisse une femme et je m'éloigne d'elle,
Car je ne veux pas de sa compagnie
parce que je vois qu'elle va de travers
et suit un autre chemin ;
Car je suis fidèle et fidèle à elle
Et pleinement sans tromperie,
parce que, par ma foi,
je l'aimais plus que tout ;
Qu'elle fasse ce qui est bon pour elle
Car elle le fera, si elle s'engage à m'avoir.

COUPLET N°2 :
Je n'aime pas une grosse
Dame façonnée
pour prendre un homme et en laisser un autre :
La courtoisie est autre chose.
Elle prête souvent son carquois,
Personne ne fait trop d'efforts pour y arriver,
je crois ;
Car elle est pleine de miséricorde,
comme je le sais bien,
Et beaucoup d'autres aussi, près de moi.

COUPLET N°3 :
Une prune sauvage est plus que
je ne donnerais pour son amour,
bien qu'elle me fasse des passes ;
Pourquoi devrais-je vous le cacher ?
Quand je la vois, ça me fait mal,
même si elle pouvait agir différemment.
Est-ce que tu sais pourquoi ?
(...)
Que Dieu, qui me soutient,
Lui donne ce qui lui convient.

COUPLET N°4 :
La beauté qu'elle avait
est plutôt tombée,
Et la bourrache ne l'aide pas,
Ni aucun maquillage,
Et c'est pour une bonne raison
Que sa jeunesse s'en va;
Et il est clair,
Par son attitude, quand on la voit
qu'elle agit mal
Et qu'elle agira pire demain.

VERSE N°1 :
I leave a woman and depart from her,
Because I don't want her company
Because I see she goes aslant
And follows another path;
For I as faithful and true to her
And fully without deceit,
Because, by my troth,
I loved her more than anything;
Let her do what's good for her
Because she shall do it, if she pledges herself to have me.

VERSE N°2 :
I prize not a fat
Lady fashioned so
As to take one man and leave another:
Courtesy is something else.
She often lends her quiver,
Nobody strives too much to get there,
I do believe;
For she is plenty merciful,
As I know well,
And so do many others, by my troth.

VERSE N°3 :
A wild plum is more than
I'd give for her love,
Albeit she makes passes at me;
Why should I conceal it from you?
When I see her, it grieves me,
Even if she could act different.
Do you know why?
(...)
May god, who maintains me,
Give her what suits her.

VERSE N°4 :
The beauty she had
Has rather fallen down,
And borage doesn't help her
Nor any makeup there is,
And that for a good reason,
That her youth is going away;
And it is clear,
By her bearing, when one sees her
That she acts bad
And she will act worse tomorrow.


[Remonter]

* Eissamen ai gerreiat ab amor / J'ai fait la guerre à l'amour :

- Titres possibles : (Ref. ID : 392.013 / R : 061v)

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Eissamen ai gerreiat ab amor
Co.l francs vassals gerrei' ab mal seignor,
Qe.il tol sa terr' a tort, per que.l gerreia,
E qan conois qe.il gerra pro no.il te,
Pel sieu cobrar ven puois a sa merce.
Et eu ai tant de joi cobrar enveia
C'ad amor qier merce del sieu pechat
E mon orgoill torn en humilitat.

COUBLET N°2 :
Gauch ai cobrat, merce de la meillor,
Qe.m restaura la dan q'ai pres aillor,
E s'amistat per plaich d'amor m'autreia
Ma bella dompn' e per sieu mi rete
E.m promet tant per qe.l reprovier cre
Que ditz : "qui ben gerreia, ben plaideia" ;
Q'en chantan ai ab amor gerreiat
Tant c'ab midonz n'ai meillor plait trobat.

COUBLET N°3 :
El mon non a rei ni emperador
Q'en lieis amar non agues plaich d'onor,
Car sa valors e sos pretz seignoreia
Sobre totas las pros dompnas c'om ve,
Car mieills s'enanss' e plus gen si capte
E mieills acuoill e mieills parl' e dompneia,
E mostr' als pros son pretz e sa beutat,
Salva s'onor, e reten de totz grat.

COUBLET N°4 :
Dompna, ben sai, si merces no.m socor,
Qu'eu non vaill tant qe.us taign' ad amador,
Car tant valetz, per que mos cors feuneia
Car non puosc far tant rics faitz co.us cove
A mi qe.us am; empero no.m recre
De vos amar, que vassals, puois derreia,
Deu poigner tant tro fassa colp honrat,
Per q'ie.us enquis pois m'aguetz conseill dat.

COUBLET N°5 :
S'ieu non sui rics segon vostra ricor
Ni pro valens a vostra gran valor,
Mon poder fatz, e sui cel qe.us merceia
E.us serv e.us blan e vos am mais que re
E.m gart de mal e m'esfortz de tot be
Per vostr' amor, e mieills mi par que deia
Pros dompn' amar bon cavallier prezat
Endreich d'amor c'un ric outracujat.

COUBLET N°6 :
Vostre beill huoill plazen, galiador,
Rizon d'aisso don eu sospir e plor,
E l'adreitz cors q'ades genss' e coindeia
M'auci aman, tals enveia m'en ve !
E si ab vos non trob amor e fe,
Mais no.m creirai en ren c'auia ni veia,
Ni.m fiarai en dompna d'aut barat,
Ni ja non vuoill c'autra.m don s'amistat.

Bels Cavalliers, vostr' amors mi guerreia,
E prec merce e franc' humilitat
C'aissi.us venssa cum vos m'avetz sobrat.

Na Beatritz, las melhors an enveya
De vostre pretz e de vostra beutat,
Que gensa vos e.l don de Monferrat.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
J'ai fait la guerre à l'amour de la même manière
Qu'un noble vassal fait la guerre à un mauvais suzerain
Qui prend sa terre à tort, de sorte que le vassal le combat
Et quand il se rend compte qu'un tel combat ne peut pas être fructueux,
il poursuit pardon pour regagner ses droits.
Et j'ai tellement envie de retrouver la joie
Que je demande à l'Amour de pardonner ses propres torts
Et je transforme ma fierté en humilité.

COUPLET N°2 :
J'ai retrouvé le bonheur par la miséricorde des meilleurs,
Qui me compensent la perte que j'ai subie ailleurs.
Ma belle dame m'accorde son amitié
dans un règlement généreux et me retient comme son prétendant
Et me promet tellement que je crois l'adage
Qui dit : "Qui se bat bien s'installe bien" ;
Car j'ai tellement combattu avec mes chansons
que j'ai trouvé un meilleur règlement avec ma dame.

COUPLET N°3 :
Ce monde ne connaît pas de roi ou d'empereur
Qui n'aurait pas, en l'aimant, un règlement honorable,
Car son mérite et sa valeur règnent
Sur toutes les femmes précieuses que l'on peut voir,
Car elle se lève plus haut et se porte plus gracieusement
Et se divertit mieux, et discute et pratique les manières courtoises mieux,
Et montre au vaillant sa valeur et sa beauté,
Garde son honneur et exige l'approbation de tous.

COUPLET N°4 :
Madame, je sais bien, si la compassion ne me sauve pas,
que je ne mérite pas d'être gardé comme votre amant,
parce que vous valez tellement, que dans mon cœur il y a de la frustration
parce que je ne peux pas accomplir des actes aussi élevés qu'il
m'appartient, moi qui vous aime ; cependant, je ne m'abstiens pas
de t'aimer, car le guerrier, une fois qu'il a quitté ses rangs,
doit se battre jusqu'à ce qu'il porte un coup honorable,
et c'est pourquoi je t'ai cherché après que tu m'as conseillé.

COUPLET N°5 :
Même si je ne suis pas aussi haut-né qu'il convient à votre rang,
Ni aussi vaillant que [convient] à votre mérite,
je fais tout ce que je peux, et je suis celui qui vous supplie
Et vous sert et vous bland et vous aime plus que tout.
Et je garde de l'inconduite et je m'efforce de tout ce qui est honorable
Par amour pour vous; et je pense qu'il est plus sensé
qu'une dame de rang aime un bon chevalier de bonne réputation,
(quand l'amour est concerné) qu'un noble présomptueu.

COUPLET N°6 :
Vos beaux yeux qui se froissent et trompent
Se moquent de ce qui me fait soupirer et pleurer,
Et votre personne droite, qui est toujours plus belle et plus fine,
me tue avec amour, tel est le désir qu'elle suscite en moi !
Et si je ne trouve pas l'amour et la vérité en toi,
je ne croirai jamais rien de ce que j'entends ou vois,
Ni ne ferai confiance à une femme haut placée,
Ni ne désirerai qu'une autre m'accorde sa faveur.

Beau chevalier, votre amour me combat,
et je prie pour que la miséricorde et la grâce simple
vous conquièrent comme vous m'avez vaincue.

Dame Béatrice, les meilleures [dames] envient
votre valeur et votre beauté,
ce qui donne de l'éclat à vous et au seigneur de Monferrat.

VERSE N°1 :
I have waged war on love the same way
A noble vassal wages war on an evil Suzerain
Who takes his land wrongfully, so that The vassal fights him
And when he realises that such a fight can't be fruitful,
He sues for pardon to regain his rights.
And I have such a craving to regain joy
That I ask Love to forgive its own wrongs
And I turn my pride into humility.

VERSE N°2 :
I have regained happiness by the mercy of the best,
Who compensates me of the loss I have suffered elsewhere.
My comely lady grants me her friendship
In a generous settlement and retains me as her suitor
And promises me so much that I believe the adage
Which says: "Who fights well settles well";
For I have fought so much with my songs
That I have found a better settlement with my lady.

VERSE N°3 :
This world doesn't know king or emperor
Who wouldn't have, in loving her, an honourable settlement,
Since her merit and worth rule
Over all the prized women one can see,
For she stands up higher and carries herself more graciously
And entertains better, and discourses and practices the courtly ways better,
And shows to the valiant her worth and her beauty,
Guards her honour and commands everyone's approval.

VERSE N°4 :
Lady, I know well, if compassion doesn't rescue me,
That I'm not worth of being kept as your lover,
Because you are worth so much, that in my heart there is frustration
Because I cannot accomplish such high deeds as it behoves
Me, who love you; however, I don't desist
From loving you, for the warrior, once he has left his ranks,
Must fight until he lands an honourable blow,
And that is why I sought you after you had advised me.

VERSE N°5 :
Even if I am not as high-born as befits your rank,
Nor as valiant as [befits] your merit,
I do all I can, and I am the one who entreats you
And serves you and blandishes you and loves you more than anything;
And I keep from misconduct and strive towards all that is honourable
Out of love for you; and I think it is more sensible
That a lady of rank loves a good, reputable knight,
(When love is concerned) than a presumptuous nobleman.

VERSE N°6 :
Your beautiful eyes which cozen and deceive
Laugh at what makes me sigh and weep,
And your upright person, which is ever lovelier and finer,
Kills me with love, such is the longing it stirs in me!
And if I don't find love and truth in you,
I shall never believe anything I hear or see,
Nor trust a woman of high position,
Nor desire that another one bestows her favour on me.

Beautiful Knight, your love fights me,
And I beg that mercy and simple grace
May conquer you as you have vanquished me.

Dame Beatriz, the best [ladies] envy
Your worth and your beauty,
Which gives lustre to you and to the lord of Monferrato.


[Remonter]

* El so que pus m'agensa / À la mélodie la plus délicieuse :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
El so que pus m'agensa
De Mon Rabey,
Vos diray com comensa
Un ric torney,
Que fo fag en Proensa.
Qui mielhs o fey
Vos diray ses bistensa,
C'om mens de mey
Non cobri ni non jensa
Malvat domney.
Perdutz fo, qui que.l vensa,
El garlambey
Mans destrier de valensa,
Mas yeu no vey
Qui planha la falhensa.

COUBLET N°2 :
Gen fe la comensansa
Lo don del Baus!
E, qui.l ver en romansa,
Ac sos chivaus
Gran gol' e grossa pansa
E semblet braus,
Si que.l jorn en balansa
Juys lo vassaus,
Qu'en Raimon ab sa lansa
Lo mes el raus,
Rainoart, ses doptansa,
Que.l caval claus !
E.n Guilhem per semblansa
No se.n fes maus,
Ans quer alhor enguansa.

COUBLET N°3 :
En la cocha feria
Vi tot premier
Dragonet, que sezia
Us en destrier
Pauc, mas poder avia
Gran e sobrier !
Mas un pauc de feunia
L'a son corssier,
Que l'a tolt gualhardia
Et alegrier !
Per so.n cazec lo dia
Lai el gravier !
Mas non planh la falhia
Del cavayer
Qu'es de sa companhia.

COUBLET N°4 :
Lo coms cuy fon Belcaire
Venc al sembel
Desus un destrier vaire,
C'om ten per bel !
E.n Pos fo sos justaire,
Qui que.n gragel,
De Monlaur, o que.n laire,
Que.l gastinel
Li saup jen de jotz traire
Fresqu' e novel !
E.l coms no.y dona gaire,
Car pus isnel
N'a conquis de bon aire,
Que cre s'ensel
Trop mielhs per justa faire.

COUBLET N°5 :
Barral, sel de Marcelha,
Vi gent armat
Sul destrier c'a la selha
Negr' e.l pel plat,
E val be mil tans celha
Sel d'en Lobat.
Sel de Vila.l redelha,
Que l'ai trobat
Lay desotz una trelha
Tot enpachat,
C'a pauc no.l desparelha
Del saur pomat !
E.n Barraus s'escabelha
Coma neyat,
Pueys rete.l per l'aurelha.

COUBLET N°6 :
Si vi en la telena
En Pons justar
De Mondrago, c'a pena
O aus comtar,
Qu'ieu lo vi en l'arena
Jos trabucar,
Que, tota s'asta plena,
Lo fes tombar
Us escudiers, quen mena
Lo ros liar
Magre, cuy par la vena
Gross' al colar!
E.n Pos no s'esfelena
De recobrar,
Ans quer alhors estrena.

COUBLET N°7 :
Jen venc en la batalha
Lo dons garnitz
De Meolho, ses falha,
Qui.l ver en ditz !
E fo pus gras que calha
Sos arabitz !
Ab Nicolau s'engalha,
Que.l fon aizitz,
(...)
(...)
Que.l mes jotz la ventalha
Lo cal que nitz,
Si c'anc no.n restet malha !
E.l dons en ritz,
Pueys ditz que no li.n calha.

COUBLET N°8 :
Jen vi en la mesclanha
Mon Avengut
Sus en caval d'Espanha,
C'a trop tengut !
No sap qui.l se guazanha,
Qu'el l'a perdut
(...)
(...)
Que lay part Alamanha
Son esperdut
Li trey d'una companha !
Mas non aug brut
Ni home que.ls en planha,
Car so vencut
Lay en la terr' estranha.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
À la mélodie la plus délicieuse
Du Mont Rabey,
Je vous dirai comment a commencé
Un magnifique tournoi
Qui s'est déroulé en Provence.
Qui a le mieux réussi,
Je vous le dirai sans tarder,
Car aucun homme jamais moins que moi
N'a couvert ou embelli
Un mauvais courtage.
Peu importe qui a remporté
Le prix du tournoi, il y avait de
nombreuses montures précieuses,
Mais je ne vois
Personne se lamenter de la perte.

COUPLET N°2 :
Bien commencé
le seigneur des Baux
et, à vrai dire,
son cheval avait une
grande mâchoire et un gros ventre
et avait l'air de mauvaise humeur, de
sorte que la vie de ce vassal était
suspendue par un fil ce jour-là ;
puisque Sir Raimon, avec sa lance, l'a
jeté dans les joncs
(Raimon Rainoart, bien sûr)
pour que le cheval s'arrête.
Et monsieur Guilhems, apparemment,
n'a pas été blessé
et a même demandé une compensation ailleurs.

COUPLET N°3 :
Au premier rang de la mêlée,
j'ai vu, avant tout,
Dragonet, qui montait sur
une monture qui était
petite, mais qui avait une vigueur
grande et superbe !
Mais un peu de crime a toujours
, sa monture
qui lui a enlevé son esprit
avec sa joie!
Pour cela, la journée est devenue
encore pire !
Mais ils ne déplorent pas la chute
du chevalier
ceux qui sont ses amis.

COUPLET N°4 :
Le comte qui détenait Belcaire
se déplace sur le terrain
sur un coursier hétéroclite
considéré comme magnifique!
Et monsieur Pos a jailli avec lui,
(celui qui peut grogner à cela)
monsieur Pos de Monlaur, (celui qui peut aboyer à cela)
qui a habilement pris sous lui
le poulain
qui était frais et jeune.
Et le comte ne discute pas
car plus rapidement
il a gagné un autre de bonne ascendance
qui, selon lui, supporte
mieux sa selle pour s'occuper des tournois.

COUPLET N°5 :
Barral, celui de Marseille,
J'ai vu bien armé
Sur la monture qui a le sourcil
foncé, et lisse sa fourrure
Et son sourcil vaut mille fois
le cheval de monsieur Lobat.
L'homme de Vila l'a capturé,
Comme je l'ai trouvé
L à-bas, sous un filet
Tout emmêlé, de
sorte qu'il s'est presque séparé
De son oseille pommelée!
Et monsieur Barral a lutté
Comme un homme qui se noie,
Puis l'a tenu par l'oreille.

COUPLET N°6 :
Puis j'ai vu, à l'intérieur de la clôture, des
joutes, monsieur Pons
De Mondragon, et j'ose à peine
En parler
Parce que je l'ai à peine vu
entrer dans l'arène
quand, carré, avec sa lance
un écuyer l'a désarçonné !
celui qui apporte son
cheval rougeâtre de fourrure mixte,
maigre, sa veine visible,
boursouflée, sur le cou !
Et monsieur Pons n'a pas essayé
pour récupérer :
est allé à la place et a trouvé sa fortune ailleurs.

COUPLET N°7 :
Bien approché du combat
Le seigneur vêtu
De Mévouillon, sans faille,
en vérité !
Plus gros qu'une caille
était son Arabe !
Il a été accueilli par Nicolaus
Qui était préparé pour lui
(...)
(...)
et il a placé sous son ventail
[cette ligne est incompréhensible]
pour qu'aucun courrier ne soit laissé !
Et le seigneur a ri
Puis a dit que cela ne le dérangeait pas.

COUPLET N°8 :
Noble, j'ai vu dans la mêlée
Mon Avengut
Sur un cheval espagnol
Qu'il a gardé trop longtemps!
Je ne sais pas qui l'a gagné
Depuis qu'il l'a perdu
(...)
(...)
Là-bas, quelque part en Allemagne
A rencontré le malheur
Les trois d'un groupe !
Mais je n'entends ni rumeurs
Ni homme pour déplorer leur perte
Parce qu'ils y sont vaincus
Là dans ce pays étranger.

VERSE N°1 :
To the most delightful melody
Of Mont Rabey,
I'll tell you how began
A magnificent tournament
That was held in Provence.
Who fared best,
I'll tell you without delay,
Since no man ever less than me
Covered or embellished
An ill courting.
Lost were, no matter who won
The tournament prize,
Many precious steeds,
But I see no one
Lamenting the loss.

VERSE N°2 :
Well begun
The lord of Baux
And, to tell the truth plainly
His horse had
Large jaw and big belly
And looked ill-tempered,
So that that vassal's life
Hung by a thread that day;
Since Sir Raimon, with his lance
Threw him into the rushes
(Raimon Rainoart, of course)
So that the horse stopped.
And sir Guilhems, apparently,
Was unharmed
And even seeked compensation elsewhere.

VERSE N°3 :
In the forefront of the melee,
I saw, before all,
Dragonet, who was riding
A steed that was
Small, but had vigour
Great and superb!
But a bit of felony still
Has, his mount
That has taken his spirit off him
Along with his mirth!
For this the day turned
To even worse!
But they don't lament the fall
Of the knight
Those that are his friends.

VERSE N°4 :
The count who held Belcaire
Moves to the field
On a motley steed
Thought of as beautiful!
And sir Pos jousted with him,
(Whoever may growl at this)
Sir Pos of Monlaur, (whoever may bark at this)
Who skillfully took from under him
The colt
Which was fresh and young.
And the count doesn't argue
Since more quickly
He has won some other one of good ancestry
Which he thinks bears his saddle
Too much better to care for tournaments.

VERSE N°5 :
Barral, the one from Marseilles,
I saw well armed
On the steed that has its eye-brow
Dark, and sleek its fur
And its eye-brow alone is worth a thousand times
The horse of sir Lobat.
The man from Vila captured him,
As I have found him
There, under a net
All entangled,
So that he was almost parted
From his dappled sorrel!
And sir Barral struggled
Like a drowning man,
Then held it by the ear.

VERSE N°6 :
Then I saw, within the fence,
Jousting, sir Pons
Of Mondrago, and I hardly
Dare tell of it
Because I barely saw him
Entering the arena
When, square, with his lance
A squire unhorsed him!
One who brings his
Reddish horse of mixed fur,
Lean, its vein visible,
Bloated, on the neck!
And sir Pons didn't endeavour
To recover:
Instead went and found his fortune elsewhere.

VERSE N°7 :
Well approached the fight
The apparelled lord
Of Mévouillon, without a flaw,
In truth!
Fatter than a quail
Was his Arab!
He was met by Nicolaus
Who was prepared for him
(...)
(...)
And he placed under his ventail
[This line is incomprehensible]
So that no mail was left!
And the lord laughed
Then said he didn't mind.

VERSE N°8 :
Noble, I saw in the melee
My Avengut
On a Spanish horse
Which he kept too long!
I don't know who gained it
Since he has lost it
(...)
(...)
Yonder, somewhere in Germany
Met misfortune
Three of a group!
But I hear no rumours
Nor man to lament their loss
Because they are vanquished
There, in that foreign land.


[Remonter]

* Engles, un novel descort / Engles, un nouveau descort :

- Présentation de cette chanson : Raimbaud parle du mythe de Tristan et Iseult (importé en France par Guillaume de Poitiers)...

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Engles, un novel descort
Fauc per remembransa
De vos, en cui me conort
De ma greu malenansa,
Qu'atressi.m nafr' amors fort
Cum vos de sa lansa,
Estiers que gaug e deport
N'avetz et ieu pezansa ;
Et agra.m fait piegz de mort
Ma don' e fiansa,
Mas bos comjatz m'a estort
De sa mal' acordansa,
Que parti m'en al seu tort
En desacordansa,
Mas ela.m quis pois acort,
On ai bon' esperansa.

COUBLET N°2 :
Per semblansa
Greu venjansa
Cujet de me prendre,
Qu'e balansa
Mes s'amansa,
On pogra mort atendre.
Ses doptansa
Andreus de Fransa
No.s saup tan gen rendre,
Qu'alegransa
.m fo fermansa,
Al mielhs q'eu saup entendre,

COUBLET N°3 :
Que ja non la perdes
Ni autra non ames
E que segur estes
De lieys, on que m'anes,
Qu'elha tenri' ades
Lo sieu cor del mieu pres.

COUBLET N°4 :
S'ie.y puesc atenher,
Be.m fes aut empenher
Mos Belhs Cavaliers,
Cant li.m plac senher
Lo bran per estenher
Jelos lauzengiers.
Belh' es ses penher,
E no s'en pot fenher
Adregz ricx parliers.
Be.m pot destrenher,
Qu'elh' es don' e senher
De mi ses totz pariers.

COUBLET N°5 :
Mas cum que.m destrenha,
Jamais no.m planherai
Mal que d'elha.m venha,
Mas lo ben grazirai
E l'onrad' ensenha
Del sieu nom cridarai;
E si prendre.m denha,
A tapi li venrai.

COUBLET N°6 :
Si cum Tristans, que.s fes guaita,
Tro qu'Yzeus fo vas si traita.
Mort d'espaz' ai' eu forfaita,
Quan ja fos per me retraita
Tan grans honors, si.m fos faita,
Per qu'es folhs qui ja.m n'aguaita.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Engles, je compose un nouveau contraste
En me souvenant
De vous, en qui je trouve du réconfort
Dans mes détresses,
Car sinon les blessures d'amour me nuisent profondément
Avec sa lance, comme vous,
à la différence que tu en as le bonheur
et l'amusement, et je douleur ;
Et ma confiance et ma dame
M'auraient condamné à quelque chose de pire que la mort,
Mais un départ honorable m'a délivré
De sa mauvaise foi ;
Car je suis parti avec culpabilité de son côté,
et en dispute,
Mais après elle a cherché une réconciliation,
De sorte que j'ai de grands espoirs.

COUPLET N°2 :
Apparemment,
elle a pensé à prendre
une forte vengeance,
Car elle a mis son amour
en danger,
De sorte que je m'attendrais à mourir.
Sans aucun doute,
André de France
Ne s'est pas rendu aussi gracieusement,
Car il y avait de la joie
pour moi dans l'assurance
(autant que je pouvais comprendre),

COUPLET N°3 :
Que je ne devrais jamais la perdre
Ni aimer une autre femme
Et que je resterais sûre
D'elle, où que j'aille,
Puisqu'elle tenait maintenant
Son cœur à côté du mien.

COUPLET N°4 :
Si je pouvais l'atteindre,
ma Beautiful Knight
m'a vraiment élevé
quand elle était heureuse de ceindre
l'épée pour anéantir les
calomniateurs jaloux.
Elle est belle sans maquillage
et sans habile bavard de la haute société
peut rire à ses dépens.
Elle peut très bien me contraindre,
car elle est ma dame et souveraine
sans pairs.

COUPLET N°5 :
Mais, peu importe comment elle me contraint,
je ne regretterai jamais
un mal qui vient d'elle pour moi
mais je remercierai pour le bien
et je crierai le
signal honorable de son nom.
Et si elle daigne me prendre,
je viendrai à elle aussi furtivement.

COUPLET N°6 :
Que Tristan, qui est devenu gardien
jusqu'à ce que Yseut vienne à lui.
Puis-je mériter de mourir par l'épée
si à travers moi était exposé
un si grand honneur, s'il m'a été accordé,
De sorte qu'il est insensé qui devrait garder un œil sur moi pour cela.

VERSE N°1 :
Engles, I compose
A new contrast remembering
You, in whom I find comfort
In my dire straits,
Because otherwise love wounds harms me deeply
With its lance, as it does you,
With the difference that you have happiness
And amusement from it, and I grief;
And my trust and my lady
Would have doomed me to something worse than death,
But an honourable departure has delivered me
Of her bad faith;
For I have left with guilt on her side,
And in contention,
But afterwards she sought a reconciliation,
So that I have high hopes.

VERSE N°2 :
Apparently,
She thought of taking
A heavy vengeance,
For she put her love
In jeopardy,
So that I'd expect to die.
Without doubt,
Andrew of France
Didn't surrender as graciously,
Since there was gladness
For me in the assurance
(As far as I could understand).

VERSE N°3 :
That I should never lose her
Nor love another woman
And that I'd remain sure
Of her, wherever I would go,
Since she would now hold
Her heart next to mine.

VERSE N°4 :
If I could reach her,
My Beautiful Knight
Truly raised me high
When she was pleased to gird upon me
The sword to annihilate
Jealous slanderers.
She is beautiful without makeup
And no clever prattler of the high society
Can have a laugh at her expense.
She can well constrain me,
Since she is my lady and sovereign
With no peers.

VERSE N°5 :
But, no matter how she constrains me,
I shall never lament
An ill which comes from her to me
But I will thank for the good
And I will cry the honourable
Signal of her name.
And if she deigns to take me,
I shall come to her as stealthily.

VERSE N°6 :
As Tristan, who turned watchman
Until Yseut went to him.
May I deserve to die by the sword
If through me were exposed
Such a great honour, if it were bestowed on me,
So that he is foolish who should keep an eye on me for this.


[Remonter]

* Era.m requier sa costum' e son us / Maintenant, l'amour demande son hommage :

- Titres possibles : (Ref. ID : 392.002 / R : 061r)

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Era.m requier sa costum' e son us
Amors, per cui plaing e sospir e veill,
C'a la genssor del mon ai quist conseill
E.m ditz q'ieu am tan aut cum puosc en sus
La meillor dompna, q'ella.m n'es fermanssa
C'onors e pretz m'er e pros e non dans ;
E car ill es del mon la plus prezans
Ai mes en lieis mon cor e m'esperanssa.

COUBLET N°2 :
Anc non amet tan aut cum eu negus
Ni tant pro dompn', e car no.i trob pareill
M'enten en lieis e l'am al sieu conseill
Mais que Tisbe non amet Pyramus,
Que jois e pretz sobre totas l'enanssa,
Qu'il es als pros plazens et acoindans
Et als autres es d'orgoillos semblans,
Larga d'aver e de doussa coindanssa.

COUBLET N°3 :
Anc Persivals qand en la cort d'Artus
Tolc las armas al cavallier vermeill
Non ac tal gauch cum eu del sieu conseill,
E.m fai morir si cum mor Tantalus,
Que so.m veda de que.m don' aondanssa
Midonz q'es pros, cortess' e benestans,
Ric' e gentils, joves e ben parlans,
E de bon sen e de bella semblanssa.

COUBLET N°4 :
Bella dompna, aitant arditz e plus
Fui qan vos quis la joia del cabeill
E qe.m dassetz de vostr' amor consseill
No.n fo del saut a Tir Emenadus,
Mas a mi.n chai mais de pretz e d'onranssa
Q'endreich d'amor fo l'ardimens plus grans ;
Mas ben deu far tal ardit vostr' amans,
Moira per vos o n'aia benananssa.

COUBLET N°5 :
Ja mos Engles no.m blasme ni m'acus
Si.m loing per lieis d'Aureng' e del Monteill,
C'aissi.m don Dieus del sieu bel cors conseill
Cum las meillors valen de lieis en jus,
E s'ieu fos reis d'Englaterr' o de Fransa
Loignera m'en per far totz sos comans,
Q'en lieis es totz mos cors e mos talans
Et es la res don plus ai desiranssa.

COUBLET N°6 :
Belh Cavalier, en vos ai m'esperansa,
E quar vos es del mon la plus prezans
E la plus pros, no mi deu esser dans
Quar vos mi des cosselh e.m fos fermansa.

Na Beatritz de Monferrat s'enansa
Quar totz bos faitz li van ades denans,
Per qu'ieu dauri ab sas lauzors mos chans
E trai m'enan ab sa belha semblansa.

COUBLET N°1 :
Aro, .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, l'amour demande son hommage
et ses redevances, de sorte que je pleure, soupire et
me réveille, car j'ai demandé conseil à la plus gracieuse de la terre,
Et elle m'a dit d'aimer la meilleure dame
dans les cercles les plus élevés possibles, et qu'elle accorde
Cet honneur et cette valeur en découleront, profit et aucune perte ;
Et comme elle est la plus digne du monde,
J'ai mis mon cœur et mon espoir en elle.

COUPLET N°2 :
Personne n'a jamais aimé dans une sphère aussi élevée que moi,
Ni une femme tout aussi honorable; et comme son homologue est introuvable,
je me suis fixé sur elle et je l'aime, suivant ses conseils,
plus que Pyramus n'a aimé Thisbé,
car la joie et la valeur la soulèvent au-dessus de tout le monde,
car elle est gracieuse et aimable envers les vaillants
tout en gardant un visage hautain envers les autres,
généreux de sa richesse et de sa douce disposition.

COUPLET N°3 :
Même Perceval, quand à la cour du roi Arthur,
il a pris l'armure du Vermilion Knight,
ne s'est pas réjoui comme moi de son conseil ;
Et elle me fait mourir comme Tantale,
en me gardant de ce qu'elle me donne en abondance,
ma dame qui est excellente, courtoise et parfaite,
noble et bonne, jeune et éloquente,
sage et de belle mine.

COUPLET N°4 :
Belle dame, quand j'ai demandé
la joie d'une mèche de cheveux
et que tu m'as conseillé de toucher mon amour pour toi
j'étais plus audacieux qu'Emendaus en agressant Tyr,
mais plus de valeur et d'honneur me sont dus
parce que c'est dans l'amour que l'on a le plus osé ;
mais vraiment, votre amant doit faire preuve d'une telle audace,
que cela finisse par mourir pour vous ou par atteindre le bonheur.

COUPLET N°5 :
Que mon Engles ne me blâme pas ou ne m'accuse pas
Si je m'éloigne , pour elle, loin d'Orange et de Montélimar,
car Dieu me conseille de toucher sa belle personne,
car même les meilleurs valent moins qu'elle,
Et si j'étais le roi d'Angleterre ou de la France,
J'abandonnerais mon royaume pour faire tout ce qu'elle propose,
Car mon cœur et mon désir sont en elle
Et c'est la chose que je désire le plus.

COUPLET N°6 :
Beau chevalier, en vousi j'ai placé mon espoir,
Et puisque tu es le plus digne du monde
Et le plus précieux, cela ne devrait pas être à ma perte,
Car vous m'avez donné des conseils et étiez ma garantie.

Dame Béatrice de Monferrat accroît sa renommée,
Car toutes les bonnes actions la précèdent maintenant;
Pour laquelle je dore de mon art avec ses louanges,
Et pousse ma réputation en avant à travers sa belle mine.

VERSE N°1 :
Now love requests its tribute
And its dues, so that I weep and sigh and wake,
For I have sought counsel from the most gracious one on earth,
And she told me to love the best lady
In the highest possible circles, and that she grants
That honour and worth will come from it, profit and no loss;
And since she is the worthiest in the world,
I have put my heart and hope in her.

VERSE N°2 :
Nobody ever loved in such a high sphere as I do,
Nor an equally honourable woman; and since her peer can't be found
I set my mind on her and love her, following her advice,
More than Pyramus loved Thisbe,
Since joy and worth uplift her above everyone else,
For she is gracious and amiable towards the valiant
While keeping a haughty countenance towards the others,
Generous of her wealth and of sweet disposition.

VERSE N°3 :
Even Perceval, when at King Arthur's court,
He took the armour from the Vermilion Knight,
Didn't rejoice as I do from her counsel;
And she makes me die as Tantalus did,
By keeping me from what she gives me aplenty,
My lady who is excellent, courtly and perfect,
Noble and kind, young and eloquent,
Wise and of beautiful countenance.

VERSE N°4 :
Beautiful lady, when I asked for
The joy of a lock of your hair
And that you advised me touching my love for you
I was more daring than Emendaus when assaulting Tyre,
But more worth and honour are due to me
Because in love was the greatest daring;
But truly, your lover must display such daring,
Whether it ends in dying for you or in attaining bliss.

VERSE N°5 :
Let not my Engles blame me or accuse me
If I stray, for her sake, away from Orange and Montélimat,
For God counsel me touching her fair person,
As even the best are worth less than her,
And if I were the king of England or of France,
I would abandon my realm to do all she bids,
Because my heart and my desire are in her
and she is the thing I long for the most.

VERSE N°6 :
Beautiful Knight, in you I have placed my hope,
And since you are the worthiest in the world
And the most precious, that should not be to my loss,
Because you gave me advice and were my warranty.

Lady Beatriz of Monferrato enhances her fame,
Since all good deeds precede her now;
For which I gild with my art with her praises,
And push my reputation forward through her beautiful mien.


[Remonter]

* Eras quan vey verdeyar / Maintenant je vois verdoyer :

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Eras quan vey verdeyar
Pratz e vergiers e boscatges,
Vuelh un descort comensar
D'amor, per qu'ieu vauc aratges ;
Q'una dona.m sol amar,
Mas camjatz l'es sos coratges,
Per qu'ieu fauc dezacordar
Los motz e.ls sos e.ls lenguatges.

COUBLET N°2 : (en italien)
Io son quel que ben non aio
Ni jamai non l'averò,
Ni per april ni per maio,
Si per ma donna non l'o ;
Certo que en so lengaio
Sa gran beutà dir non sò,
Çhu fresca qe flor de glaio,
Per qe no m'en partirò.

COUBLET N°3 : (en français)
Belle douce dame chiere,
A vos mi doin e m'otroi ;
Je n'avrai mes joi' entiere
Si je n'ai vos e vos moi.
Mot estes male guerriere
Si je muer per bone foi ;
Mes ja per nulle maniere
No.m partrai de vostre loi.

COUBLET N°4 : (en gascon)
Dauna, io mi rent a bos,
Coar sotz la mes bon' e bera
Q'anc fos, e gaillard' e pros,
Ab que no.m hossetz tan hera.
Mout abetz beras haisos
E color hresc' e noera.
Boste son, e si.bs agos
No.m destrengora hiera.

COUBLET N°5 : (en galicien)
Mas tan temo vostro preito,
Todo.n son escarmentado.
Por vos ei pen' e maltreito
E meo corpo lazerado:
La noit, can jatz en meu leito,
So mochas vetz resperado ;
E car nonca m'aprofeito
Falid' ei en mon cuidado.

COUBLET N°6 : (mélangé)
Belhs Cavaliers, tant es car
Lo vostr' onratz senhoratges
Que cada jorno m'esglaio.
Oi me lasso que farò
Si sele que j'ai plus chiere
Me tue, ne sai por quoi ?
Ma dauna, he que dey bos
Ni peu cap santa Quitera,
Mon corasso m'avetz treito
E mot gen favlan furtado.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, je vois verdoyer
Des pelouses, des tonnelles et des bois,
je veux commencer un contraste
sur l'amour, à cause duquel je suis bouleversé ;
car une dame m'aimait,
mais son esprit a changé
et je sème donc l'inimitié
entre les mots, les sons et les langues.

COUPLET N°2 :
Je suis celui qui n'a rien de bon
et je ne l'aurai jamais,
ni en avril ni en mai, à
moins que je ne l'aie par ma dame.
Certes, dans sa langue,
je ne peux décrire sa grande beauté,
plus fraîche que la fleur de glaïeul,
raison de ma persévérance.

COUPLET N°3 :
Chère belle et douce dame,
À vous, je me donne et m'octroie ;
Je n'aurai pas ma joie entière
Sauf si je vous ai, vous et moi.
Vous êtes une méchante guerrière
Si je meurs par ma bonne foi ;
Mais encore, il n'y a aucune manière
Que je me sépare de votre loi.

COUPLET N°4 :
Madame, je m'abandonne à vous
Car vous êtes la meilleure et la plus vraie
Qui ait jamais été, et vive et vaillante,
Si seulement vous n'étiez pas si cruelle avec moi.
Les plus justes sont vos traits
Et votre teinte fraîche et vive.
Je suis à vous, et si je vous avais,
Rien ne me manquerait.

COUPLET N°5 :
Mais je crains tellement votre colère
que je suis en désespoir de cause ;
Pour vous j'ai du labeur et de la torture
Et mon corps est déchiré :
La nuit, quand je me couche,
je me réveille plusieurs fois ;
Et comme je ne gagne rien pour moi,
j'ai échoué dans mon intention.

COUPLET N°6 :
Beau chevalier, si précieux est
votre esclave honoré
Que chaque jour je désespère.
Hélas, que dois-je faire
Si celle que j'appelle ma chérie
Me tue, je ne sais pas pourquoi ?
Madame, par ma foi en vous
et par le chef de sainte Quiteria,
vous m'avez enlevé mon cœur
Et vous l'avez volé par des paroles très douces.

VERSE N°1 :
Now that is see becoming verdant
Lawns and bowers and woods,
I want to begin a contrast
About love, on whose account I am distraught;
For a lady used to love me,
But her mind has changed
And therefore I sow enmity
Among the words, the sounds and the languages.

VERSE N°2 :
I am the one who have no good
Nor ever shall I have it,
Either in April or in May,
Unless I have it through my lady.
True, in her own language
I cannot describe her great beauty,
Fresher than gladiolus' flower,
The reason of my persistence.

VERSE N°3 :
Fair, sweet dear lady,
To you I give and give up myself;
I shan't have my whole joy
Unless I have you and you me.
You are a most treacherous enemy,
If I die through my good faith;
But still, there is no way
I shall part from your dominion.

VERSE N°4 :
Lady, I surrender to you
As you're the best and truest
That ever was, and sprightly and valiant,
If only you weren't so cruel to me.
Most fair are your features
And fresh and lively your hue.
I am yours, and if I had you,
Nothing would be lacking to me.

VERSE N°5 :
But so much I fear your anger
That I am in complete despair;
For you I have toil and torture
And my body is racked:
At night, when I lay in bed,
I am awoken many a time;
And since I gain no good for myself,
I have failed in my intent.

VERSE N°6 :
Fair Knight, so precious is
Your honoured thrall
That every day I despair.
Alas, what shall I do
If she whom I call my dearest
Kills me, I know not why?
My lady, by my faith in you
And by the head of Saint Quiteria,
You have taken away my heart,
And stolen it by most sweet talk.


[Remonter]

* Gaita be, gaiteta del chastel / Protège-bien, gardien du château :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Gaita be, gaiteta del chastel,
Quan la re que plus m'es bon e bel
Ai a me trosqu'a l'alba.
E.l jornz ve e non l'apel !
Joc novel
Mi tol l'alba,
L'alba, oi l'alba.

COUBLET N°2 :
Gait', amics, e veilh' e crid' e bray,
Qu'eu sui ricx e so qu'eu plus voilh ai.
Mais enics sui de l'alba,
E.l destrics que.l jorn nos fai
Mi desplai
Plus que l'alba,
L'alba, oi l'alba.

COUBLET N°3 :
Gaitaz vos, gaiteta de la tor,
Del gelos, vostre malvays seynor,
Enujos plus que l'alba,
Que za jos parlam d'amor.
Mas paor
Nos fai l'alba,
L'alba, oi l'alba.

COUBLET N°4 :
Domn', adeu que non puis mais estar ;
Malgrat meu me.n coven ad annar.
Mais tan greu m'es de l'alba,
Que tan leu la vei levar ;
Enganar
Nos vol l'alba,
L'alba, oi l'alba.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUPLET N°1 :
Protège bien, petit gardien du château,
car ce qui est pour moi le meilleur et le plus juste
Est le mien jusqu'à l'aube.
Et le jour vient, sans appel !
Le jour nouveau
prend une nouvelle étreinte loin de moi,
L'aube, oui hélas, l'aube.

COUPLET N°2 :
Ward, mon ami, et réveille-toi et crie et chante,
Car je suis riche et j'ai ce que je désire le plus.
Mais je suis en colère contre l'aube:
La tristesse du jour nous apporte
Me déplaît
plus que l'aube,
L'aube, oui hélas, l'aube.

COUPLET N°3 :
Gardez-vous, gardien de la tour,
Des jaloux, votre misérable seigneur,
Plus gênant que l'aube,
Car ici-bas nous parlons d'amour.
Mais nous avons peur
de l'aube,
L'aube, oui hélas, l'aube.

COUPLET N°4 :
Madame, adieu, car je ne peux plus rester ;
Je dois partir malgré moi.
Comme cela me fait mal, l'aube
Que je vois venir si vite ;
l'aube
signifie trahison,
L'aube, hélas, l'aube.

VERSE N°1 :
Ward well, little warden of the castle,
Since the thing that is to me the best and fairest
Is mine until dawn.
And the day comes, uncalled for!
The dawn
Takes a new embrace away from me,
The dawn, alas, the dawn!

VERSE N°2 :
Ward, my friend, and wake and scream and sing,
Since I am rich and have what I most desire.
But I am angry at the dawn:
The sadness daylight brings us
Displeases me
More than the dawn,
The dawn, alas, the dawn!

VERSE N°3 :
Keep yourself, keeper of the tower,
Against the jealous one, your lord, wretched,
More bothersome than the dawn,
Since down here we discourse of love.
But we are afraid
Of the dawn,
The dawn, alas, the dawn!

VERSE N°4 :
Lady, farewell, since I cannot stay any longer;
I must leave, in spite of myself.
How it grieves me, the dawn
Which I see coming forth so quickly;
The dawn
Means treachery,
The dawn, alas, the dawn!


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* Gerras ni plaich no.m son bo / Ni les guerres ni les traités ne sont bons :

- Titres possibles : (Ref. ID : 392.018 / R : 048v)

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Gerras ni plaich no.m son bo
Contr' amor e nuill endreig,
E cel fabrega fer freig
Q'en vol ses dan far son pro,
C'aissi.m vol amors aucire
Cum auci.ls sieus seigner mals,
Qan sa gerra m'es mortals
E sa patz pieitz de martire ;
E s'anc jorn fom enemic,
Anc Tibauz ab Lodoyc
No fetz plait ab tans plazers
Cum eu, qan sos tortz m'esders.

COUBLET N°2 :
Car per esmend' e per do
M'a sobre.ls amans eleig
Ma dompn', on son tuit bon deig
Pausat en bella faisso,
Don muor d'ir' e de conssire,
Car no.m n'estai comunals
Amors! c'ab sospirs corals
M'auci.l bels semblans trazire
De lieis cui am ses cor tric,
C'ab joven gerrei' antic,
Qu'il val sobre totz valers,
So.m mostr' auzirs e vezers.

COUBLET N°3 :
Qan pens cals es ni qui so,
Be.m sui mes en ord' estreig,
E s'ieu qier mais que non deig,
Sa gran beutat n'ochaiso
Qe.m forss' e.m fai l'orguoill dire,
E sa colors naturals,
C'ades genss' e no.i mescl' als
Mas gais solatz ab doutz rire ;
E pos tant amar si.m gic,
Pauc l'enanso.il miei destric,
E si.l sieus bels digz es vers,
Tot don val mos bos espers.

COUBLET N°4 :
Si m'estassetz a razo,
Bella dompna, ni a dreig,
Ja no.m tengratz tant destreig
En vostr' onrada preiso,
Don non ai poder qe.m vire,
Anz sui tant fis e leials
Vas vos que vas mi.n sui fals,
E.us am tant que mi n'azire ;
E s'ieu no.n fauc tant ni.n dic
Cum s'ataing al vost' amic,
Als faitz m'en sofraing poders
Et al vostre laus sabers.

COUBLET N°5 :
En luoc de faitz d'aut baro
Vos am e.us prec e.us dompneig,
E.l vostre bel cors adreig
Laus e gard a cui ni co,
E qan puosc ben far, no.i tire,
Q'esser deu vostr' amics tals
Que si' entre.ls pros cabals ;
E car sofretz q'ie.us desire,
Cuig esser pars del plus ric,
E qan d'autras mi fadic,
No m'o fai far nocalers,
Mas vostr' onratz capteners.

COUBLET N°6 :
E non es ni er ni fo
Gensser de neguna leig
Ni mieiller, per q'ieu enpleig
Lo mieu oc el vostre no,
E si fos del plus gauzire,
Al dieu d'amor for' engals,
Q'el sieu paradis sui sals
Car vos sui hom e servire,
Qe.l sieu meillor san prezic ;
Mas fals lausengier enic
M'ant tout als precs mains lezers,
Aissi.m tol mains gaugz temers.

COUBLET N°7 :
Dompna, .l bos conseills m'er mals
Qe.m detz, si no.m donatz als,
E car non l'aus contradire,
Don vos l'onrat conseill ric
De l'emperador Fredric,
C'aissi.m taing mais de plazers
Cum sui d'amans lo plus vers.

Lo rics pretz sobrecabls
De na Biatriz es tals
C'om no.l pot tot lauzan dire ;
Mas endreig d'amor vos dic
De mon Bel Cavallier ric
C'a mais de pretz, et es vers,
Aissi n'ai' eu mos plazers !

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
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COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
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COUBLET N°6 :
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COUPLET N°1 :
Ni la guerre ni les traités ne me sont bons
dans mes relations avec l'Amour,
Et celui qui veut faire avancer sa cause sans perte
se forge du fer froid,
Car l'amour veut me tuer de la même manière
qu'un seigneur du mal tue ses propres hommes,
depuis sa guerre est mortel pour moi
Et sa paix pire que le martyre;
Et pourtant, si jamais nous étions ennemis,
Thibaut n'a pas fait son traité
avec Louis avec autant de joie
que moi, quand il a réparé ses torts contre moi.

COUPLET N°2 :
Car, en tant que réparation et cadeau,
ma dame, dans laquelle toutes les qualités sont
placées dans un ensemble élégant,
m'a élevé au-dessus de tous les amants,
par lesquels je meurs de chagrin et de soins,
car cet amour est unilatéral.
Avec des soupirs déchirants,
l'aspect avare et traître de celle
que j'aime d'un cœur loyal me tue,
car avec sa beauté elle combat ses aînés,
car sa valeur dépasse tout le monde:
ainsi la vue et l'ouïe me le montrent.

COUPLET N°3 :
Quand je pense à qui elle est et à qui je suis,
je mérite d'être surveillée de près,
et si j'implore plus que je ne le devrais, c'est
sa grande beauté qui en est responsable,
car elle m'oblige et me fait dire des choses fières,
etc. fait sa teinte naturelle,
qu'elle rend encore plus belle, et ne se mélange pas avec autre chose
qu'un plaisir lumineux et un rire doux ;
et comme elle me laisse tellement aimer,
ma douleur ne lui profite que peu,
et si ses belles paroles sont véridiques,
mes grandes attentes valent tout cadeau.

COUPLET N°4 :
Si vous vous comportiez équitablement avec moi,
belle dame, et selon la droite,
vous ne me retiendriez pas ainsi
dans votre cage d'honneur,
dont je n'ai pas le pouvoir de me libérer ;
au lieu de cela, je suis si constant et fidèle
envers vous que je suis infidèle envers moi-même
et je vous aime tellement que je me méprise moi-même ;
et si je ne fais pas, ni ne dis, autant
que ce serait le cas pour votre amant,
c'est parce que je n'ai pas le pouvoir pour cela,
et l'apprentissage pour vous tisser une louange appropriée.

COUPLET N°5 :
Au lieu des actes d'un grand noble,
je vous aime et vous supplie et vous courtise,
et louez et défendez, en toute occasion,
votre beau corps droit,
et quand je peux faire le bien, je n'hésite pas,
car votre amant doit être l'un de ceux
qui sont comptés parmi les vaillants et les parfaits ;
et puisque vous tolérez que je vous désire,
je pense que je suis parmi les plus riches,
et quand je me lasse des autres femmes,
ce n'est pas par indifférence,
mais à cause de votre honnêteté.

COUPLET N°6 :
Il n'y a pas, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais,
d'aucune race, une femme plus gracieuse
Ni meilleure ; c'est pourquoi je plie
Mon "oui" à votre "non"
Et si je devais vous apprécier pleinement,
je serais égal au dieu de l'amour,
Car dans son ciel est mon salut,
puisque je suis votre suzerain et votre serviteur
Et je vénère donc son meilleur saint.
Mais les calomniateurs faux et méchants
M'ont privé de toute possibilité de supplication
et, de même, la crainte me prive de beaucoup de bonheur.

COUPLET N°7 :
Madame, les bons conseils que vous m'avez donnés
m'auront de mauvais augure si vous ne m'en donnez pas plus ;
Et comme je n'ose pas le contredire,
je vous donne les honorables et splendides conseils
De l'empereur Frédéric,
Car je mérite beaucoup de plaisir
d'être le plus vrai amant.

La valeur noble et exceptionnelle
De Dame Béatrice est telle
Qu'on ne peut la décrire avec éloge ;
Mais en ce qui concerne l'amour, je vous dis
que mon noble beau chevalier
vaut mieux: et c'est vrai,
alors je peux en profiter !

VERSE N°1 :
Neither war nor treaties are any good to me
In my dealings against Love,
And he who wants to advance his cause without loss
Is forging cold iron,
Because love wants to kill me the same way
An evil lord kills his own men,
Since its war is deadly to me
And its peace worse than martyrdom;
And yet, if ever we were enemies,
Thibaut didn't make his treaty
With Louis with as much gladness
As I did, when it redressed its wrongs against me.

VERSE N°2 :
For, as a reparation and gift,
My lady, in which all qualities are
Placed in elegant array,
Has lifted me above all lovers,
Whereby I die of sorrow and care,
For this love is one-sided.
With heart-rending sighs,
The treacherous comely aspect of her
Whom I love with a loyal heart kills me,
For with her beauty she fights her elders,
Since her worth surpasses everyone's:
So sight and hearing show me.

VERSE N°3 :
When I think about who she is and who I am,
I deserve to be put under close watch,
And if I entreat more than I should,
Her great beauty takes the blame,
Since it forces me and makes me say proud things,
And so does her natural hue,
Which she makes even lovelier, and doesn't mix with anything
But bright enjoyment and sweet laughter;
And since she lets me love so much,
My pain profits her but little,
And if her fair words are truthful,
My great expectations are worth any gift.

VERSE N°4 :
If you dealt fairly with me,
Beautiful lady, and according to right,
You wouldn't keep me restrained so
In your honoured cage,
From which I have no power to free myself;
Instead I am so constant and loyal
Towards you that I am unfaithful to myself,
And love you so much that I despise myself;
And if I don't do, nor say, so much
As would behove your lover,
It is because I lack the power for that,
And the learning to weave you a proper praise.

VERSE N°5 :
Instead of the deeds of a high nobleman,
I love you and entreat you and court you,
And praise and defend, in every occasion,
Your beautiful upright body,
And when I can do good, I don't hesitate,
Since your lover must be one such
As is counted among the valiant and perfect;
And since you tolerate that I desire you,
I think I am among the wealthiest,
And when I grow tired of other women,
It isn't out of indifference,
But because of your honourable bearing.

VERSE N°6 :
There isn't, there never was and never will there be,
Of any breed, a woman more gracious,
Nor a better one; therefore I bend
My "yes" to your "no"
And if I were to enjoy you fully,
I would be equal to the god of love,
For in his heaven is my salvation,
Since I am your liege-man and your servant
And so I worship its best saint.
But the false and wicked slanderers
Have deprived me of all opportunities of entreaty
And, likewise, awe deprives me of much happiness.

VERSE N°7 :
Lady, the good advice you gave me
Will bode me ill, if you don't give me more;
And since I don't dare contradict it,
I give you the honourable, splendid counsel
Of the Emperor Frederick,
Since I deserve much pleasure
For being the truest lover.

The noble, outstanding worth
Of Dame Beatriz is such
That one cannot describe it in praises;
But as far as love is concerned, I tell you
That my noble Beautiful Knight
Is worthier: and it is true,
So may I enjoy her!


[Remonter]

* Ges, si tot ma don' et amors / Si tôt que ma dame et mon amour :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ges, si tot ma don' et amors
M'an bauzat e mes a lor dan,
No.us cugetz qu'ieu n'oblit mon chan
Ni qu'en vailla meins ma valors
Ni que ja.n lais nuill autr' onrat mestier
Ni nuill bon fait que.s tanh' a cavalier,
Ni que.m tueilla bona vid' avols mortz,
Si coma fes quan passei lai los portz.

COUBLET N°2 :
Galop e trot e saut e cors,
Veillars e maltrait et afan
Seraun mei sejorn darenan,
E sufrirai freitz e calors,
Armatz de fer e de fust e d'asier,
E mei ostal seraun bosc e semdier
E mas chansos sirventes ab descortz,
E mantenrai los frevols contra.ls fortz.

COUBLET N°3 :
Mas per o quar mi for' honors,
S'ieu trobes dona benestan,
Avinen e cueind' e prezan,
A cui no plagues ma dolors,
Que no.s vires ni crezes lauzengier
Ni no.s fezes trop preiar, s'ieu l'enquier,
De leis amar fora leus mos acortz,
S'ill ames me, c'aitals es mos conortz.

COUBLET N°4 :
Mas qu'ar sobra mon sen folors,
Qu'estat n'aurai perdutz un an
Per una fals' ab cor truan !
Mas jois m'a tan dousas sabors
Que.m pot dar gaug e tolre consirier
Mal grat d'amor e de mon cor leugier
E de midons, c'a totz tres soi estortz,
E ponharai com senes els m'esfortz

COUBLET N°5 :
De servir e d'autras lauzors,
E de totz bons faitz trair' enan,
De pretz e de lans' e de bran,
Entre.ls reis e.ls emperadors !
Vas Monferrat e sai vas Foncalquier
Viurai de guerr' a lei de mainadier !
E pos d'amor no.m ve autre cofortz,
Partirai m'en, et er sieus totz lo tortz ;

COUBLET N°6 :
Car ai proat d'amor tot son mestier:
C'aisill que son camjador e leugier
Son meils amat, e qui la serf es mortz,
Per qu'ieu soi ricx, quar ieu li soi estortz.

Na Biatriz, vostre ric prez sobrier
Salf Deos e gart, aisi com voill e qier,
E qi no.l vol sia desfaiz e morz,
Q'a lui no plaz joi, solaz ni deporz.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Maintenant, bien que ma dame et mon amour
M'ont dégradé et méprisé,
Ne pensez pas que j'oublie mon art à cause de cela,
Ni que mes prouesses sont diminuées,
Ni que j'abandonne tout autre métier honorable
Ni aucune bonne action qui sied à un chevalier,
Ni qu'une mort de base prendra ma vie noble,
comme elle l'a fait quand j'ai traversé ces cols.

COUPLET N°2 :
Galoper et trotter, sauter et courir,
La veille nocturne, l'inconfort et la fatigue
Seront désormais mes divertissements,
Et je souffrirai du froid et de la chaleur,
Armés de fer, de bois et d'acier,
Et les bois et les routes seront mes habitations
Et beaucoup les chansons doivent être des satires stridents
Et je défendrai les faibles contre les forts.

COUPLET N°3 :
Mais puisque ce serait un honneur pour moi
Si je trouvais une dame de distinction,
attirante, agréable et digne,
qui n'apprécierait pas mon grief
et qui ne serait pas inconstante, ou qui croirait des calomniateurs
et qui ne le serait pas trop difficile de gagner si je la courtisais,
je devrais être facilement enclin à l'aimer,
Si elle m'aimait, car tel est mon confort.

COUPLET N°4 :
Mais maintenant la folie gagne mon sens,
car j'aurai perdu un an
pour un infidèle au cœur perfide;
mais la joie a tellement de saveurs sucrées
qu'elle peut me donner du bonheur et faire attention
malgré l'amour et mon cœur capricieux
et de ma dame, car je me suis échappé des trois
et sans leur influence, j'essaierai de m'appliquer.

COUPLET N°5 :
Au service et à d'autres actes louables
et de mettre en avant toutes les bonnes actions
de valeur et de lance et d'épée
parmi les rois et les empereurs.
Là-bas à Monferrat et ici à Forcalquier,
je vivrai de la guerre en mercenaire !
Et comme l'amour ne me réconforte plus,
je m'en irai, et il en prendra tout le blâme ;

COUPLET N°6 :
Parce que j'ai testé tous les côtés de l'amour :
Ceux qui sont inconstants et inconstants
Sont les mieux aimés, et celui qui sert est perdu,
De sorte que je suis riche, après y avoir échappé.

Lady Biatriz, votre précieuse renommée inégalée
Je recommande à Dieu, comme je le souhaite et prie ;
Eet celui qui s'y oppose, qu'il soit défait et mort,
Car il n'aime pas la joie, le plaisir et le plaisir.

VERSE N°1 :
Now, albeit my lady, and Love,
Have degraded and disdained me,
Don't think that I forget my art because of this,
Nor that my prowess is diminished,
Nor that I abandon any other honourable trade
Nor any good deed that befits a knight,
Nor that a base death shall take my noble life,
As it did when I crossed those passes.

VERSE N°2 :
Galloping and trotting, jumping and running,
Nightly watch and discomfort and fatigue
Will be my entertainment henceforth,
And I shall suffer from cold and from heat,
Armed with iron, with wood and with steel,
And woods and roads shall be my lodgings
And many songs shall be strident satires
And I shall uphold the weak against the strong.

VERSE N°3 :
But since it'd be an honour for me
If I found a lady of distinction,
Attractive, pleasing and worthy,
And who wouldn't enjoy my grievance
And who wouldn't be fickle, or believe slanderers
And who wouldn't be too hard to win if I wooed her,
I should be readily prone to love her,
If she loved me, because such is my comfort.

VERSE N°4 :
But now folly wins over my sense,
For I shall have wasted a year
For a faithless one with a treacherous heart;
But Joy has so many sweet flavours
That it can give me bliss and take care away
In spite of love and of my fickle heart
And of my lady, for I have escaped from all three
And without their influence, I shall try to apply myself.

VERSE N°5 :
To service and to other praiseworthy acts
And to putting forward all good deeds
Of valour and lance and sword
Among the kings and emperors.
Yonder in Monferrato and here in Foncalquier
I shall live of war as a mercenary !
And since love comforts me no further,
I shall go away, and it will take all the blame;

VERSE N°6 :
Because I have assayed all sides of love:
Those who are inconstant and fickle
Are loved best, and he who serves is lost,
So that I'm rich, having escaped from it.

Lady Biatriz, your precious, unequalled fame
I commend to God, as I wish and pray;
And he who opposes this, let him be undone and dead,
Since he dislikes joy, pleasure and delight.


[Remonter]

* Ja hom pres ni dezeretatz / Un homme pris ou déshérité :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras ??? (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ja hom pres ni dezeretatz
Non er de bos amicx garnitz,
E.l manens qu'es d'aver issitz
Es vil tengutz e pauc amatz,
E tostems hom desbaratatz
Ditz hom c'a perdut per nosen,
E ten hom greu per fol manen
Ni home quan fort l'es ben pres ;
E fora savis e cortes
Qui des tan bon conseill denan
Com fai quant hom ha pres lo dan.

COUBLET N°2 :
Ben pot hom en autruis foudatz
Apenre com er plus complitz,
Plus onratz e plus obezitz,
E plus francx e plus ensenhatz ;
E non pot esser fort senatz
Qui no.s dona garda soven
Com l'uns pueja, l'autre deisen,
E qui no conquer, quan luecx es,
Amicx; e quan los ha conques,
Gart los, quar mais hi a d'afan
Qu'el conquerer, al mieu semblan.

COUBLET N°3 :
Vilas es et outracuidatz
Totz hom, quan si sent enrequitz,
Que.s cuida c'ab sos vilas digz,
Ab sobrieiras ni ab foudatz
Li deia hom esser privatz,
Ni c'om ja l'am de bon talen ;
E si tot hom lo.i fai parven
Per paor, aquo non es res,
Que quan lo trob' om en deises,
Ab gaug et ab alegrer gran
Rizon tug, quant el vai ploran.

COUBLET N°4 :
Eu dic que ben es estragatz
Hom rics erguillos descauzitz,
Que vol ades tener aunitz
Sos vezis ni apoderatz ;
E deu ben esser aziratz
E mal volgutz per tota gen,
Et es razo si mal l'en pren,
Que nos avem vist et apres,
Per un ho per dos ho per tres,
Que si son anat percassan,
Don tug devem esser membran.

COUBLET N°5 :
C'aissi n'es lo setgle passatz
Que l'uns es pex, l'autr' eisernitz,
L'us vilas, l'autre gen noiritz,
L'un mal apres, l'autr' ensenhatz,
E de totz mals estars cargatz,
L'un vertader, e l'autre men ;
Qu'el mon non a un tan valen
En cui tug bon aip sion mes,
For lo rei dels Aragones,
Quar en lui son tug ben sobran,
Ja non sabres demandar tan.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUPLET N°1 :
Un homme captif ou déshérité
n'est pas tout à fait entouré de bons amis,
et le riche, quand il est privé de ses biens,
est méprisé et aimé très peu,
et à propos de l'homme vaincu,
on dit toujours qu'il a perdu par stupidité.
Mais un homme riche ou celui que la chance a grandement favorisé
n'est presque jamais considéré comme stupide ;
ce serait un homme sage et courtois,
celui qui pourrait donner à l'avance les bons conseils
que tout le monde fait après avoir subi une perte.

COUPLET N°2 :
De la folie des autres, on peut bien
apprendre à être plus accompli,
plus vénéré et plus obéi,
et plus sérieux et plus instruit;
et aucun ne peut être très sensé
à moins qu'il ne remarque souvent
comment l'un monte et l'autre tombe,
et comment on ne gagne pas, quand l'occasion se présente,
Des amis; et, une fois qu'il les a gagnés,
qu'il les garde, parce que cela
me semble plus gênant que de les gagner.

COUPLET N°3 :
Il est vulgaire et présomptueux
Tout homme qui, en devenant plus riche,
pense que, malgré tous ses discours vulgaires,
son arrogance et sa folie,
Les gens seront des amis proches de lui
et l'aimeront de tout leur cœur ;
Et si tout le monde le fait paraître
Si effrayé, cela ne veut rien dire,
Car quand sa fortune décline,
Avec plaisir et grande joie
tout le monde rit quand il pleure.

COUPLET N°4 :
Je vous dis que la quintessence de la folie
pour un riche riche arrogant et ignorant,
veut déshonorer
et affaiblir ses voisins ;
Et il est bon qu'il soit détesté
Et irréfléchi par tout le monde,
Et ce n'est juste que si sa chance tourne,
Car nous avons vu et appris que,
grâce à d'innombrables exemples de personnes
, ils se sont harcelés,
et tout le monde devrait souviens-toi de ça.

COUPLET N°5 :
Car la voie du monde est telle
Qu'un homme est insensé, l'autre intelligent,
une base et l'autre bien élevé ,
un ignorant et l'autre instruit,
bien qu'affligé par toutes les mauvaises manières,
L'un véridique et l'autre un menteur,
De sorte qu'il n'y a personne sur terre digne
d'être doté de chaque bonne qualité,
À l'exception du roi d'Aragon,
Car en lui toutes les vertus sont suprêmes,
Peu importe combien vous pouvez en demander.

VERSE N°1 :
A captive or disinherited man
isn't quite surrounded by good friends,
and the wealthy, when deprived of his possessions
is despised and loved very little,
and about the vanquished man
one always says that he lost out of stupidity.
But a rich man or the one whom luck has greatly favoured
is hardly ever considered foolish;
he would be a wise and courteous man,
he who could give in advance such good advice
as everybody does after one has suffered a loss.

VERSE N°2 :
From other people's foolishness, one can well
learn how to be more accomplished,
more revered and more obeyed,
and more earnest and more learned;
and none can be very sensible
unless he often takes notice of
how one rises and the other falls,
and how one does not gain, when the opportunity is there,
friends; and, once he has gained them,
let him keep them, because this is more troublesome,
it seems to me, than gaining them.

VERSE N°3 :
He is vulgar and presumptuous
he who, upon turning richer,
thinks that, in spite of all his vulgar talk,
his arrogance and foolishness,
people will be close friends of his
and like him with all their heart;
and if everybody makes it seem so
out of fear, it doesn't mean a thing,
since when his fortune declines,
with pleasure and great mirth
everybody laughs when he cries.

VERSE N°4 :
I tell you that the epitome of madness
for an arrogant, ignorant rich man,
is wanting to keep dishonoured
and weak his neighbours;
and it is fit that he is hated
and ill-considered by everyone,
and it is only fair if his luck turns,
since we have seen and learnt that
from countless examples of people
that they have gone about harrying each other,
and everybody ought to remember this.

VERSE N°5 :
For the way of the world is such
that one man is foolish, the other intelligent,
one base and the other well-breed,
one ignorant and the other learned,
--although afflicted by all bad manners--
one truthful and the other a liar,
so that there is no one on earth so worthy
as to be endowed with each good quality,
except for the king of Aragon,
for in him all virtues are supreme,
no matter how many you may ask for.


[Remonter]

* Ja non cujei vezer / Je n'ai jamais pensé voir :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Ja non cujei vezer
C'amors mi destreises
Tant que dompna.m tengues
Del tot en son poder,
Que contra lor orguoill
For' orgoillos, cum suoill,
Mas beutatz e jovens
E gentils cors plazens
E.il gai dich plazentier
De mon Bel Cavallier
M'ant faich privat d'estraing ;
E puois durs cors s'afraing
Vas amor en luoc car,
Sap mieills sa dompn' amar
C'umils trop amoros,
De totas enveios.

COUBLET N°2 :
Ma dompna.m pot aver
E nuill' autra non ges,
Per o qe.il gensser es
E car sap mais valer,
C'aitals es cum la vuoill,
Que ren no.i met ni.n tuoill :
Coind' e gai' e plazens,
Bella et avinens,
Et a bon pretz entier,
E sen qan l'a mestier
E foudat lai o.is taing,
E nuils bes no.il sofraing,
C'ab faitz et ab honrar
Si fai a totz prezar
E lauzar als plus pros
Qe.i vezon mais razos.

COUBLET N°3 :
E si.m vol retener
Aissi cum m'a promes,
Mout m'es ben d'amor pres,
Mas trop fatz lonc esper,
Que del dezir mi duoill
Qe.m mostron siei beill huoill
E sa cara rizens ;
E si.m des sos cors gens
So c'ab son conseill qier,
Vencut agr' a sobrier
D'aventura Galvaing,
Q'en sa merce remaing
Pois mi volc autreiar
Qe'eu la pogues preiar
Et amar en rescos
E.n fezes mas chanssos.

COUBLET N°4 :
Dieus la.m lais conquerer,
E vailla.m dreitz e fes,
Q'ieu sui del tot conques,
C'a lieis no.m puosc tener ;
E pois vassals acuoill
Seignor en son capduoill,
Qe.il es obediens,
Pauc d'esfortz fai si.l vens.
Doncs midonz si.m conquier
C'ab fin cor vertadier
Li sui, e s'ela.m fraing
Mos covens, nuill gazaing
Non pot el mieu dan far,
E fara s'en blazmar
S'ieu la serv en perdos
E puois l'es mos dans bos.

COUBLET N°5 :
Dompn', aisso.m fai temer
Qe.m failla.l gaugz enpres,
Car me sui tant aut mes
Per q'ieu tem bas cazer ;
Mas no.m viest ni.m despuoill
Ab negun mal escuoil,
Que celans e temens
Et homils e sofrens
Vos sui, ses cor leugier ;
E ditz el reprovier
C'onratz bes mal refraing,
Per c'a vos m'acompaing,
Qe.il mal seignor avar
Fant lor vassals baissar,
E.l larcs enanss' ab dos
Si e sos compaignos.

COUBLET N°6 :
De solatz e d'aver
Es larg', e no.i fail res,
Pros dompna, mas merces,
E merce.us vuoill qerer,
C'aprop la flor e.l fuoill
Nais d'albre fruitz c'om cuoill,
E merces nais breumens
Apres valor e sens,
Qui franchamen l'enquier ;
Et hom ja fai mainier
D'un esparvier guilfaing,
Et eu qe.us mi complaing
Non puosc merce trobar,
E Dieus cum poc formar
Tantas bellas faissos
Lai on merces non fos ?

COUBLET N°7 :
Mala.m poc tant plazer
Vostre gens cors cortes,
Q'ieu pert d'autras mains bes,
C'aissi.m deu escazer,
Car per vos mi destuoill,
Com a.n Gui d'Esiduoill,
A cui fo sovinens
La rein' entendens,
Don la fad' el vergier
Perdet; et eu sofier
E veill e plor e plaing
Per vos, e pens e.m laing
Cum pogues conquistar,
E degra.us gazaignar,
Q'ie.n pert d'autras per vos
Que m'agran faich joios.

COUBLET N°8 :
Bona dompna valens,
Cortes' e conoissens,
Non crezatz lausengier
Ni jelos malparlier
De mi, c'ab vos remaing ;
C'ad autra no.m complaing,
Ni puosc mais dompn' amar,
Mas servir et honrar
Las vuoill totas per vos,
Q'etz plus bell' e plus pros.

Na Biatritz valens,
Etz bella e plazens,
E.us donon pretz entier
Dompnas e cavallier
E qui qe.us acompaing.
A totz si cum lor taing
Sabetz ben dir e far
E.ls meillors mais honrar,
E s'ieu dic ben de vos,
Assatz n'ai compaignos.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Je n'ai jamais pensé voir
L'amour m'attraper pour qu'une
femme me tienne
si totalement en son pouvoir ;
Car contre l'orgueil des autres,
j'aurais fière fierté, comme c'est mon habitude,
Mais la beauté et la jeunesse
Et un corps gracieux et agréable
Et les paroles brillantes et agréables
De mon beau chevalier
M'ont privé de ma sauvagerie ;
Et un cœur dur, brisé
par amour d'un objet précieux,
peut mieux aimer une dame
Qu'un homme humble et excessivement aimant
qui convoite toutes les femmes.

COUPLET N°2 :
Ma dame peut m'avoir,
et aucune autre ne peut,
car elle est la plus agréable
et parce qu'elle a plus de valeur.
Et elle est exactement comme je lui souhaiterais,
afin que je n'ajoute ni n'enlève rien :
charmant et lumineux et agréable,
beau et attrayant,
et elle a le mérite à la perfection,
et elle est sage quand c'est nécessaire
et idiote quand c'est approprié ;
elle ne manque pas de bonne qualité,
car par ses actes et son honneur,
elle fait que tout le monde la valorise,
et les plus vaillants la louent
car ils voient le mieux sa bonne cause.

COUPLET N°3 :
Et si elle veut me garder
comme elle me l'a promis,
j'ai bien fait en amour;
Mais mon espérance est trop longtemps différée
Car je souffre du désir
Que ses beaux yeux
Et son visage souriant font naître en moi ;
Et si elle cédait son corps agréable
(que ses conseils m'ont poussé à rechercher),
j'aurais gagné
Une fortune supérieure à Gauvain,
car je reste à sa merci
car elle était heureuse de concéder
Que je pouvais la conjurer
Et l'aimer en secret
Et composer mes chansons pour elle.

COUPLET N°4 :
Dieu m'a laissé la gagner !
que mon droit et ma fidélité me soient utiles,
puisque je me suis entièrement gagné
Et que je ne peux plus lui résister ;
Et lorsqu'un vassal accueille
dans sa forteresse le seigneur auquel
il doit obéissance,
ce dernier ne fait aucun grand acte en le soumettant.
Par conséquent, si ma dame me conquiert,
Qui suis, avec mon cœur noble et véridique,
Le sien, et si elle rompt
sa trêve avec moi, aucun gain
peut venir de ma perte,
et elle s'expose à des reproches
si je la sers sans récompense
et elle profite alors de ma perte.

COUPLET N°5 :
Madame, une chose me fait craindre
que mon plaisir ne soit pas atteint,
et c'est que j'ai grimpé si haut
que je redoute de tomber ;
mais je ne tombe pas dans la tentation
ou ne révèle rien,
mais me cachant et craignant,
humble et souffrant,
je suis à vous, avec un cœur indéfectible ;
et le proverbe dit
qu'un bien honorable apaise les malades,
alors je me lie à vous
depuis que les seigneurs malfaisants et avares
dégradent leurs vassaux,
tandis que le généreux exalte avec des cadeaux à la fois
eux-mêmes et leurs compagnons.

COUPLET N°6 :
Précieuse dame, vous êtes libérale
dans le divertissement et la richesse
et ne manquez que de miséricorde,
Et c'est la miséricorde que je veux vous demander,
Car après la fleur et la feuille,
le fruit que l'homme cueille est né sur l'arbre,
Et la compassion apparaît actuellement
après la valeur et la sagesse,
si l'on la recherche avec ferveur ;
et on peut même apprivoiser
un autours rapace,
tandis que moi, qui vous en appelle,
Je ne trouve aucune pitié,
Et comment Dieu a-t-il pu façonner
Autant de beaux traits
où il n'y a pas de pitié?

COUPLET N°7 :
Tristement, cela pourrait-il m'attirer autant,
ton corps agréable et gentil,
Car je manque beaucoup de faveur des autres femmes ;
et puisque je me détourne pour vous,
je dois partager le sort
de monsieur Guy d'Excideuil,
qui se souvint de
La reine amoureuse
et perdit donc
la fay dans la tonnelle ;
et je souffre
Et me réveille et pleure et déplore
Comment je peux vous gagner
Et être en mesure de vous gagner,
alors que je manque, pour vous, d'autres
Qui m'auraient rendu heureux.

COUPLET N°8 :
Bonne, digne dame,
courtoise et sage,
ne croyez pas les commérages
ni les calomniateurs jaloux
quand ils me mentionnent, qui restent les vôtres ;
car je n'apporte pas mon cas à un autre
et je ne peux pas aimer une autre femme,
mais je veux servir et honorer
tous pour vous,
qui êtes les plus beaux et les plus précieux.

Précieuse Dame Béatrice,
La beauté et le plaisir sont à vous ;
mesdames et chevaliers,
et quiconque peut être en votre présence,
peuvent bien le voir.
À tous, selon leur dû,
vous pouvez dire et faire ce qui est bien
et vous honorez encore mieux les meilleurs,
De sorte que si je parle de vous avec éloge,
je suis en bonne compagnie.

VERSE N°1 :
I never thought I'd see
love grip me so that
a woman would hold me
so totally in her power;
since against others' pride
I'd pit pride, as is my habit,
but beauty and youth
and a gracious, pleasant body
and the bright, pleasing talk
of my Beautiful Knight
have deprived me of my wildness;
and a hard heart, when broken
for love of a precious object,
can love a lady better
than a humble, excessively loving man
who lusts after all women.

VERSE N°2 :
My lady can have me,
and no other can,
for she is the most pleasing
and because she has greater worth.
And she is just as I would wish her,
so that I wouldn't add or take anything away:
charming and bright and pleasant,
beautiful and attractive,
and she has merit to perfection,
and she is wise when necessary
and silly when it's proper;
she doesn't lack any good quality
since by her deeds and her honour
she makes everybody prize her,
and the most valiant praise her
since they best see in her good cause.

VERSE N°3 :
And if she wants to keep me
as she has promised me,
I have done well in love;
but my hope is too long deferred
for I suffer from the desire
that her beautiful eyes
and smiling countenance stir in me;
and if she yielded her pleasant body
(which her advice moved me to seek),
I would have won a superior
fortune than Gauvain,
for I remain at her mercy
since she was pleased to concede
that I could entreat her
and love her in secret
and compose my songs for her.

VERSE N°4 :
God let me win her!
may my right and faithfulness avail me,
since I am entirely won myself,
and can no longer resist her;
and when a vassal welcomes
in his stronghold the lord
he owes obedience to,
the latter performs no great deed in subduing him.
Therefore, if my lady conquers me,
who am, with my noble, truthful heart,
hers, and if she breaks
her truce with me, no gain
can come from my loss,
and she exposes herself to blame
if I serve her without reward
and she then takes advantage of my loss.

VERSE N°5 :
Lady, one thing makes me fear
that my pleasure shall not be achieved,
and that is that I have climbed so high
that I dread falling down;
but I don't fall into temptation
or reveal anything,
but hiding and fearing,
humble and suffering,
I am yours, with unswerving heart;
and the proverb says
that an honourable good assuages the ill
so I bind myself to you
since evil, avaricious lords
debase their vassals,
while the generous exalt with gifts both
themselves and their companions.

VERSE N°6 :
Precious lady, you are liberal
with entertainment and with wealth
and don't lack anything but mercy,
and it is mercy I want to ask you for,
because after the flower and the leaf,
the fruit that man picks is born on the tree,
and compassion presently appears
after worth and wisdom,
if one seeks it earnestly;
and one can even tame
a rapacious goshawk,
while I, who appeal to you,
cannot find any mercy,
and how could God shape
so many beautiful features
where no mercy is?

VERSE N°7 :
Wretchedly could it appeal to me so much,
your pleasant, kindly body,
since I miss much favour from other women;
and since I turn away for your sake,
I must share the fate
of Sir Gui of Excideuil,
who remembered
the amorous queen
and therefore lost
the fay in the bower;
and I suffer
and wake and weep and lament
how I can win you
and be able to gain you,
while I miss, for your sake, others
who would have made me happy.

VERSE N°8 :
Good, worthy lady,
courteous and wise,
don't believe the gossip
nor jealous slanderers
when they mention me, who remain yours;
since I do not bring my case to another
nor can I love another lady,
but I want to serve and honour
all for the sake of you,
who are the most beautiful and precious.

Precious Dame Biatriz,
beauty and delight are yours;
ladies and knights,
and whoever may be in your presence,
can see it full well.
To all, according to their due,
you can say and do what's right
and you honour the best even more,
so that if I talk praisingly about you,
I am in good company.


[Remonter]

* Kalenda maia / Calendes de mai :

- Titres possibles : (Ref. ID : 392.009 / R : 062r)

- Présentation de cette chanson : Estampie.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207).
+ Adaptation française par DEJEANNE et René de CASTÉRA (Ed. Rouart-Lerolle, Paris, d'après le manuscrit de la BNF n°22543). (Cf. Palais du Roure d'Avignon)
+ Adaptation de Robert MONTFORT (Cf. Palais du Roure d'Avignon)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Adaptation en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Kalenda maia
Ni fueills de faia
Ni chans d'auzell ni flors de glaia
Non es qe.m plaia,
Pros dona gaia,
Tro q'un isnell messagier aia
Del vostre bell cors, qi.m retraia
Plazer novell q'amors m'atraia
E jaia,
E.m traia
Vas vos, donna veraia,
E chaia
De plaia
l gelos, anz qe.m n'estraia.

COUBLET N°2 :
Ma bell' amia,
Per Dieu non sia
Qe ja.l gelos de mon dan ria,
Qe car vendria
Sa gelozia,
Si aitals dos amantz partia ;
Q'ieu ja joios mais non seria,
Ni jois ses vos pro no.m tenria ;
Tal via
Faria
Q'oms ja mais no.m veiria ;
Cell dia
Morria,
Donna pros, q'ie.us perdria.

COUBLET N°3 :
Con er perduda
Ni m'er renduda
Donna, s'enanz non l'ai aguda
Qe drutz ni druda
Non es per cuda ;
Mas qant amantz en drut si muda,
L'onors es granz qe.l n'es creguda,
E.l bels semblanz fai far tal bruda ;
Qe nuda
Tenguda
No.us ai, ni d'als vencuda ;
Volguda,
Cresuda
Vos ai, ses autr'ajuda.

COUBLET N°4 :
Tart m'esjauzira,
Pos ja.m partira,
Bells Cavalhiers, de vos ab ira,
Q'ailhors no.s vira
Mos cors, ni.m tira
Mos deziriers, q'als non dezira ;
Q'a lauzengiers sai q'abellira,
Donna, q'estiers non lur garira :
Tals vira,
Sentira
Mos danz, qi.lls vos grazira,
Qe.us mira,
Cossira
Cuidanz, don cors sospira.

COUBLET N°5 :
Tant gent comensa,
Part totas gensa,
Na Beatritz, e pren creissensa
Vostra valensa ;
Per ma credensa,
De pretz garnitz vostra tenensa
E de bels ditz, senes failhensa ;
De faitz grazitz tenetz semensa ;
Siensa,
Sufrensa
Avetz e coneissensa ;
Valensa
Ses tensa
Vistetz ab benvolensa.

COUBLET N°6 :
Donna grazida,
Qecs lauz' e crida
Vostra valor q'es abellida,
E qi.us oblida,
Pauc li val vida,
Per q'ie.us azor, donn' eissernida ;
Qar per gencor vos ai chauzida
E per meilhor, de prez complida,
Blandida,
Servida
Genses q'Erecs Enida.
Bastida,
Finida,
N'Engles, ai l'estampida.

COUBLET N°1 :
Calendo mai
Ni fueio de
Ni cant d'aucèu ni flour de
Noun es .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Ni les calendes de mai,
Ni les feuilles de hêtre,
Ni les chants d'oiseau, ni les fleurs de glaïeul
Ne sont à mon goût,
Ô noble et joyeuse dame,
Jusqu'à ce que j'aie un messager de la flotte 
De votre belle personne pour me parler
Des nouveaux plaisirs que l'amour et la joie
Apportent ;
Et je vous répare
À vous, dame vraie ;
Et laissez-moi écraser
Et frapper
Les jaloux, avant de partir d'ici.

COUPLET N°2 :
Mon bel ami
Par Dieu, ce ne sera jamais :
Que par jalousie on se moque de mon mal,
Il coûterait cher
Sa jalousie
Si elle était de nature à partager deux amants ;
Depuis plus jamais je serais heureux
Je ne connais pas non plus le bonheur sans vous ;
Je prendrais
Une telle manière
Que je ne serais plus jamais revu par les hommes ;
Ce jour-là,
Je mourrai,
Brave dame, où je vous perdrai.

COUPLET N°3 :
Comment pourrais-je perdre
Ou retrouver
Une dame avant de l'avoir eue ?
Ni leman ni amant ne le
Sont par la seule imagination ;
Mais quand un prétendant se transforme en amant
Grand est l'honneur qu'il a gagné,
Telle est la renommée produite par un doux regard ;
Pourtant, je ne t'ai jamais
Tenu
Vous que je n'ai jamais, ni d'autres ne t'ont gagné ;
Aspiré,
Obéi,
Vous que j'ai, sans aucune autre aide.

COUPLET N°4 :
Je me réjouirais à peine
Si je me séparais de toi,
Mon beau chevalier, dans le chagrin,
Car il ne tourne nulle part ailleurs
Mon coeur, ni ne me traîne
Mon désir, puisqu'il ne désire rien d'autre.
Les calomniateurs, je le sais, seraient ravis,
Madame, sinon ils ne trouveraient pas la paix.
Celui-là verrait
Et écouterait
Ma perte, qui vous en serait redevable alors qu'il vous
Regarde
Et considère
Dans sa présomption, pour laquelle mon cœur soupire.

COUPLET N°5 :
Si gentiment s'épanouit,
Brillant surtout,
Noble Béatrice, et si gentiment grandit
Votre valeur ;
À mon avis,
Votre domination est ornée de valeur
Et de juste discours, sans aucun doute.
Vous êtes la source d'actes gracieux ;
L'apprentissage
Et la miséricorde que
Vous avez, ainsi que les connaissances ;
Bravoure
Au-delà de toute dispute que
Vous habillez de bonté.

COUPLET N°6 :
Gracieuse dame,
Que tout le monde loue et proclame
Votre valeur, ce qui donne un tel plaisir ;
Et celui qui vous oublie
Ne vous accorde que la vie
Et je vous adore donc, distinguée dame ;
Depuis que je vous ai choisi comme le plus gentil
Et le meilleur, chargé de valeur,
Je vous ai flattée
Et servi
Plus gentiment qu'Éric ne l'a fait.
Composé
Et terminé,
Dame Engles, j'ai l'estampie.

COUPLET N°1 :
Calendes de mai,
Ni feuilles de hêtre,
Ni chants d'oiseau, ni fleurs de glaïeul, ne me font plaisir,
Ma dame me plaît tant qu'un gracieux messager dire
De votre beaux corps qu'il retrace
Plaisir nouveau qu'amour m'octroya que la joie
M'entraine ;
Vers vous
Ma dame vrai rayon ;
Et changeant de place
Les jaloux qui pourraient m'éloigner d'elle.

COUPLET N°2 :
Ma belle amie
(Par Dieu ne soit !)
Que des jaloux rient de mon malheur,
Car quiconque montrera
Sa jalousie
Afin de séparer amants et qu'ils se quittent ;
Depuis plus jamais je serais heureux
Que ce soit pour rire mais non sérieux
Qu'il dise votre nom tendrement
O mort de ma vie qu'homme jamais ne voit ça !
Douce amie je mourrais si j'avais le malheur de vous perdre.

COUPLET N°3 :
Et comment perdue
Me sera rendue
Ma dame d'amour que je n'ai pas eue ?
De fidèles et d'amies en n'es pas connue
Mais quand amants ou fidèles se changent
L'honneur est grand que sa beauté s'en accrue
Le bel aspect sait faire telle brouille
Toute nue
T'ai tenue !
Sans t'avoir jamais vaincus !
Désirée,
Bien aimée,
Je vous ai aux autres ravie éperdue.

COUPLET N°4 :
Ô dame gracieuse
Quelle louange proclamée
Votre valeur qui est toute en beauté
Et quiconque vous oublie doit perdre la vie
Puisque dans l'azur maitresse pour l'éternité
Pour mon grand bonheur, je vous ai choisie.
Et pour le plus haut prix de gloire et d'honneur,
Ô blancheur sans tache comme tro et pour luide
Pour toi, ô ma dame, j'ai écrit cette doune d'amour.

VERSE N°1 :
Neither calends of May,
Nor leaves of beech
Nor songs of bird, nor gladiolus flowers
Are of my liking,
O noble and merry lady,
Until I have a fleet messenger
Of your beautiful person to tell me
Of new pleasures love and joy
Are bringing;
And I repair
To you, true lady;
And let me crush
And strike
The jealous, before I depart from here.

VERSE N°2 :
My beautiful friend
By God, this never be:
That out of jealousy one scoffs at my harm,
He'd command a dear price
For his jealousy
If it were such as to part two lovers;
Since never again I'd be happy
Nor would I know happiness, without you;
I'd take
Such a way
That I'd never be seen by men again;
That day
I'll die,
Brave lady, in which I lose you.

VERSE N°3 :
How could I lose
Or retrieve
A lady, before I have had her?
Neither leman nor lover
Is such by imagination alone;
But when a suitor turns into a lover
Great is the honour he has accrued,
Such is the fame produced by a sweet glance;
Yet naked
Held
You I have never, nor others have won you;
Longed for,
Obeyed
You I have, without any meed.

VERSE N°4 :
I'd hardly rejoice
Should I part from you,
My Beautiful Knight, in sorrow,
Since it doesn't turn anywhere else
My hart, nor drags me
My desire, since it desires naught else.
The slanderers, I know, would be pleased,
Lady, as otherwise they'd find no peace.
Such one would see
And listen to
My loss, who would be indebted to you for it
As he looks at you
And considers
In his presumption, for which my heart sighs.

VERSE N°5 :
So kindly blossoms,
Shining above all,
Noble Beatriz, and so kindly grows
Your valour;
In my opinion
Your dominion is adorned with worth
And of fair speech, without doubt.
You are the source of gracious deeds;
Learning
And mercy
You have, along with knowledge;
Valour
Beyond all dispute
You clothe in kindness.

VERSE N°6 :
Gracious lady,
Everyone praises and proclaims
Your worth, which gives such pleasure;
And he who forgets you,
Prizes life but a trifle
And so I adore you, distinguished lady;
Since I have chosen you as the kindest
And as the best, laden with worth,
I have flattered
And served
You more kindly than Eric did Enid.
Composed,
And ended,
Dame Engles, I have the estampida.


[Remonter]

* Las frevols venson lo plus fort / Les faibles gagnent plus que les forts :

- Présentation de cette chanson : Cette chanson est une devinalho, c'est-à-dire une série d'énigmes, à chaque couplet.
Voici les 6 réponses : 1) Les femmes, 2) Parlez et honorez, 3) Les produits issus du raisin (vin, jus de fruit, vinaigre), 4) Graines, 5) La bouche, 6) Le seigneur médiéval.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Las frevols venson lo plus fort,
Que fortz frevol non pot durar ;
Quar frevol vey fort frevolar,
Aissi bat frevols contrafort,
E.n frevol trop tan de vigor
Quez a fort tol sa gran valor.
Fortz a frevol non a poder.

COUBLET N°2 :
Us niens es qu'adutz a mort
So qu'el fai e qu'el pot desfar,
Que es so que lo mons ten car ;
Doncx al mon fai niens gran tort.
E.l mons, cum suefre tal folhor ?
Quar niens a tan gran sabor
Que.l mons l'acuel el cartener.

COUBLET N°3 :
Vist ai e trobat en ma sort
Que d'agre potz doussor gitar
Ab breu aten ses ajustar ;
Doncs agr' e dous eysson d'un port.
E fai tant agres ab doussor
Que l'ivern mescla ab calor ;
Mas l'agres fuy al dous parer.

COUBLET N°4 :
Soven mi do gaug e conort,
Que vey lo mort ressuscitar.
Mais pot mortz que vius acabar,
Per qu'ieu ab lo mort be m'acort.
Et el mort a trop gran ricor,
Per que mortz non deu far paor,
Que.l mortz no notz e pot valer.

COUBLET N°5 :
En la canal que ditz conort,
Vey caut e freyt entremesclar ;
Ab l'un pot l'autre amortar,
E son abduy d'engual comport.
Ricx ers tan cum gitaras por,
E pupres si. Te dic color ?
Non ieu, ans mescle sen ab ver.

COUBLET N°6 :
Per frevols son vencut li fort,
E potz d'agre doussor gitar,
E caut e freyt entremesclar,
E niens met son don a mort,
Et el mort a trop gran ricor,
E ric perdon si per honor
Que fan, e deu lur escazer.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Les faibles gagnent les plus forts,
Car les forts ne peuvent pas résister aux faibles ;
Puisque je vois les faibles s'affaiblir fortement,
Et c'est ainsi que les faibles sont tombés des remparts,
Et dans les faibles il y a tellement de vigueur
Qu'elle prend aux forts ses grandes prouesses.
Le fort n'a aucun pouvoir sur le faible.

COUPLET N°2 :
C'est une chose insignifiante, qui amène la mort
À ce qu'elle fait et à ce qu'elle peut défaire,
Ce que les gens ont le plus d'estime ;
Donc cette bagatelle fait beaucoup de tort aux gens.
Et comment les gens font-ils face à cette folie ?
Parce que cette bagatelle fait tellement plaisir
Que les gens l'accueillent et la chérissent.

COUPLET N°3 :
J'ai vu et trouvé dans mon lot
Que l'on peut extraire la douceur de l'acidité
À court terme et sans rien ajouter ;
Donc aigre-doux partait du même port.
Et je fais tellement de tristesse dans la douceur
Que l'hiver se mêle à l'été ;
Mais l'aigreur s'enfuit à la vue de la douceur.

COUPLET N°4 :
Je me réjouis souvent et je prends courage
Quand je vois les morts reprendre vie.
Les morts peuvent accomplir plus que les vivants,
De sorte que je suis bien d'accord avec les morts.
Et les morts ont une puissance extrêmement grande,
Afin que les morts ne doivent pas effrayer,
Car les morts ne font pas de mal et peuvent apporter du profit.

COUPLET N°5 :
Dans le canal qui parle de confort,
Je vois la chaleur et le froid se mélanger ;
Ils peuvent s'entretuer,
Et ils ont tous deux un effet égal.
Vous serez riche tant que vous gaspillerez,
Et pauvre aussi. Je te raconte une fable ?
Pas moi : au lieu de cela, je mélange l'esprit avec la vérité.

COUPLET N°6 :
Les forts sont vaincus par les faibles,
Et l'on peut extraire la douceur de l'aigreur,
Et mêler chaleur et froid ensemble,
Et une bagatelle annihile son don,
Et les morts sont extrêmement riches,
Et les riches se ruinent
En donnant généreusement, et cela doit avoir besoin de leur arriver.

VERSE N°1 :
The weak win the stronger ones,
since the strong can't resist the weak;
since I see the weak strongly weakening,
and that's how the weak fell ramparts,
and in the weak is so much vigour
that it takes from the strong its great prowess.
The strong has no power over the weak.

VERSE N°2 :
It is a trifling thing, which brings death
to what it makes and to what it can undo,
which is what people hold in highest esteem;
therefore this trifle greatly wrongs people.
And how come people cope with this folly?
Because this trifle gives such pleasure
that people welcomes and cherishes it.

VERSE N°3 :
I have seen and found in my lot
that one can extract sweetness from sourness
on a short notice and without adding anything;
sweet and sour set out therefore from the same port.
And I make so much sourness out of sweetness
that winter is mixed with summer;
but sourness flees at sweetness' sight.

VERSE N°4 :
I often rejoice and take heart
when I see the dead come back to life.
The dead can achieve more than the living,
so that I agree well with the dead.
And the dead have exceedingly great might,
so that the dead ought not to scare,
since the dead don't harm, and can bring profit.

VERSE N°5 :
In the channel that speaks comfort
I see heat and cold blending together;
they can kill each other,
and they are both of equal effect.
You will be rich as long as you squander,
and poor as well. Am I telling you a fable?
Not me: instead, I mix wit with truth.

VERSE N°6 :
The strong are conquered by the weak,
and one can extract sweetness from sourness,
and mingle heat and cold together,
and a trifle annihilates his gift,
and the dead are exceedingly wealthy,
and the rich ruin themselves through lavishly
giving, and that must needs happen to them.


[Remonter]

* Leu pot hom gauch e pretz aver / Il est facile pour un homme d'avoir de la joie et du mérite :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Leu pot hom gauch e pretz aver
Ses amor, qui be.i sap poignar,
Ab qe.is gart de tot malestar
E fassa de ben son poder ;
Per q'ieu, si tot amors mi faill,
Fatz tant de ben cum puosc e vaill,
E s'ieu pert ma dompn' et amor
Non vuoill perdre pretz ni valor.
Q'estiers puosc viure onratz e pros,
Per que no.m cal far d'un dan dos.

COUBLET N°2 :
Pero ben sai, si.m desesper,
Qe.l mieills de pretz i desampar,
C'amors fa.ls mellors meillurar
E.ls plus malvatz pot far valer,
E sap far de volpill vassal
E.l desavinen de bon taill,
E don' a mains paubres ricor ;
E pois tant i trob de lauzor
Eu sui tant de pretz enveios
Que ben amera s'amatz fos.

COUBLET N°3 :
Mas per o m'en vuoill estener,
C'amors tol mais que non vol dar,
Que per un be.il vei cent mals far
E mil pesars contr'un plazer,
Et anc non det joi ses trebaill.
Mas, cum qe.is vuoilla, so engaill,
Q'ieu non vuoill son ris ni son plor !
Puois non aurai gauch ni dolor,
Sivals no.il serai mals ni bos,
E lais m'estar desamoros.

COUBLET N°4 :
Pois totz bos aips vuoill retener,
Ja non remaigna per amar,
Puois no.m poira jois repropchar
Ni pretz qe.ls met' e noncaler,
Ni q'en ren vas lor m'anuaill!
C'us amoros desirs m'assaill
Per tal q'el mon non a genssor,
E prend en luoc de ben l'onor,
Car vol qu'eu lau en mas chanssos
Son pretz e sas bellas faissos.

COUBLET N°5 :
Ja sa beutat ni son saber,
Son bel ris ni son gen parlar
No.m cuich ma dompna vendre car,
Que be.m puosc de s'amor tener.
Mas qan si ve dinz son miraill
Color de robin ab cristal,
E car la lauzon li meillor,
Mi cuj' aver per servidor,
Cais c'onors m'er si no m'es pros !
Mas non cuich q'ieu l'am em perdos.

COUBLET N°6 :
Ab cor faich vau midonz vezer,
C'ara.m pot perdre o gazaignar ;
E si vol mos precs escoutar
Aura.m sempres a son voler,
E si.n autra razon m'assail
No.is taing qe.m tenson ni.m baraill
Ab lieis, mas pens d'autr' amador,
Et anc Floris de Blanchaflor
Non pres comjat tant doloiros
Cum eu, dompna, si.m part de vos.

COUBLET N°7 :
Johan ses terra, si d'amor
Non ai en breu gauch et honor,
Jamais non serai amoros
E viurai mal grat d'amor pros.

Pero si ma dompna.m socor,
Q'es caps de pretz e de valor,
Ben poirem estar eu e vos
Honrat entre.ls drutz cabalos.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Il est facile pour un homme d'avoir de la joie et du mérite
Sans amour, s'il sait lutter
Et s'il s'abstient de toute mauvaise conduite
Et fait autant de bien qu'il est en son pouvoir ;
Par conséquent, bien que tout amour me déçoive,
Je fais autant de bien que je le peux et j'obtiens de la valeur,
Et si je perds ma dame et mon amour,
Je ne veux pas perdre le mérite ni la renommée.
Comme je peux autrement vivre une vie honorable et vaillante,
je ne me soucie pas de doubler ma perte.

COUPLET N°2 :
Mais je sais bien que si je désespère,
je renoncerai à la meilleure partie du mérite,
Car l'amour s'améliore même le meilleur
Et peut donner de la valeur même au pire ;
il peut faire un combattant d'un lâche
Et donner du poli à un rustre,
Et des cadeaux à beaucoup de pauvres avec de la richesse.
Et puisque j'y trouve tant de louanges,
Je suis tellement avide de valeur
Que j'aimerais bien si j'étais aimé.

COUPLET N°3 :
Mais je veux m'en abstenir pour le moment
Car l'amour prend plus qu'il ne donnera
et pour une aubaine je vois cent maux accordés
Et mille soucis pour un seul plaisir,
Et jamais cela n'a donné de la joie sans angoisse.
Mais, quelles qu'en soient les implications, c'est la même chose pour moi,
Puisque je ne veux ni son rire ni ses pleurs ;
Puisque je n'aurai ni joie ni douleur,
du moins je ne serai ni bien disposé ni mal disposé envers elle
Et je me contenterai de rester sans amour.

COUPLET N°4 :
Puisque je veux garder toutes les bonnes qualités,
ne me laissez pas tarder dans le business de l'amour,
afin que plus tard joie ou reproche
ne puisse pas m'accuser d'indifférence
ou que je les néglige en aucune façon.
Car je suis pris par une envie amoureuse
envers une personne dont la grâce est inégalée dans ce monde,
Et au lieu d'une récompense, je prends l'honneur,
Car elle veut que je loue dans de nombreuses chansons
Sa valeur et ses belles caractéristiques.

COUPLET N°5 :
Pourtant, ma dame ne pensera pas que sa beauté et son esprit,
son beau rire et son discours raffiné
me coûteront cher,
car je peux bien m'abstenir de l'aimer.
Mais quand elle se regarde dans son miroir,
la couleur de rubis mélangée à du cristal,
et parce que la meilleure éloge,
elle pense qu'elle m'a pour servante
comme si c'était un honneur pour moi, même si je n'en tire rien !
Mais qu'elle ne pense pas que je l'aimerai sans contrepartie.

COUPLET N°6 :
Avec des intentions résolues, je vais voir ma dame,
car maintenant elle peut me perdre ou me gagner ;
et si elle veut écouter mes supplications,
elle m'aura toujours à ses ordres ;
mais si elle me réprimande pour une raison ou une autre,
qu'elle ne pense pas que je vais me disputer ou me quereller
avec elle, mais que je vais me tourner vers un autre amant,
et même Floire de Blanchefleur
n'a pas pris un congé si douloureux
que je prendrai de vous, madame, si je me sépare de vous.

COUPLET N°7 :
Johan ses terres, si d'amour,
actuellement, de joie et d'honneur,
je ne serai plus jamais amoureux
et vivrai, malgré l'amour, vaillamment.

Mais si ma dame vient à mon secours,
elle qui est le sommet de la valeur et du mérite,
nous prendrons une place honorable, vous et moi,
parmi les amants chevaleresques.

VERSE N°1 :
It is easy for a man to have joy and merit
without love, if he knows how to strive
and if he refrains from all ill conduct
and does as much good as is in his power;
therefore, albeit all love disappoints me,
I do as much good as is in my power and achieve worth,
and if I lose my lady and love,
I don't want to lose merit nor renown.
Since I can otherwise live a honourable and valiant life,
I don't care to double my loss.

VERSE N°2 :
But I know well that if I despair,
I shall relinquish the best part of merit,
because love improves even the best
and can give worth even to the worst;
it can make a fighter out of a coward,
and give polish to a boor,
and gifts many a poor man with riches.
And since I find so much to praise in it,
I am so covetous of worth
that I would well love if I were loved.

VERSE N°3 :
But I want to abstain from it for the moment
since love takes more than it will give
and for a boon I see a hundred ills bestowed
and a thousand worries for a single pleasure,
and never did it give joy without anguish.
But, whatever the implications, it's the same to me,
since I don't want either its laughter or its weeping;
since I shall have neither the joy nor the pain,
at least I shan't be either well-disposed or ill-disposed towards it
and shall be content to remain loveless.

VERSE N°4 :
Since I want to keep to all good qualities,
let me not be tardy in the love business,
so that later neither Joy nor Worth
will be able to accuse me of indifference
or that I neglect them in any way.
For I am taken by an amorous craving
towards one whose grace is unsurpassed in this world,
and instead of a reward I take the honour,
since she wants me to praise in many a song
her worth and her beautiful features.

VERSE N°5 :
Yet my lady shan't think that her beauty and her wit,
her beautiful laughter and her refined talk
will command a high price from me,
because I can well refrain from loving her.
But when she looks at herself in her mirror,
the colour of ruby mixed with crystal,
and because the best praise her,
she thinks she has me for a servant
as if that were an honour for me, even if I don't get anything from it!
But let her not think I shall love her unrequited.

VERSE N°6 :
With resolute intentions I go see my lady,
for now she can lose or win me;
and if she wishes to listen to my entreaties,
she'll have me forever at her command;
but if she chides me for one reason or another
let her not think that I'll dispute or quarrel
with her, but that I'll turn to another lover,
and not even Floire from Blanchefleur
took such a painful leave
as I shall take of you, lady, if I part from you.

VERSE N°7 :
John Lackland, if I don't receive,
presently, joy and honour,
I shall never be amorous again
and shall live, in spite of love, valiantly.

But if my lady comes to my rescue,
she who is the summit of worth and merit,
we shall take an honourable place, you and me,
among the chivalric lovers.


[Remonter]

* Leus sonetz / Sonnet léger :

- Présentation de cette chanson : Cette chanson est un sirventès. Le modèle choisi par Raimbaud de Vacqueyras est "Los apleiz" de Giraut de Borneil.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Leus sonetz,
Si cum suoill,
Vuoill ades e mon chan,
C'un sirventes prezan
Vuoill far ; mas hom no.is cui
Q'ieu ja cel avol brui
Estiers ni en chantans,
Q'anta e dans
Mi par e volpillatges,
Qand ja.is part bos lignatges
Ni l'uns a l'autre faill ;
Q'ieu vei que.l Bautz assail
E tal' et es talatz,
Et a parens assatz,
Manens e sojornatz,
E mains altres juratz,
Cui faill cors e barnatz.

COUBLET N°2 :
Per so dreitz
Non acuoill
C'om sos amics soan
Per gerra, co.l Bautz fan
Lor paren dui e dui ;
Que n'Azemars lor fui,
De Peitieus, tot enans,
Tant l'es affans
Gerra e metre gatges !
Mas del plaich fon messatges,
Puois tolc se de trebaill.
En Girautz, al miraill,
Ademars sos coignatz
(mas Bar' es derocatz)
L'en blasm', et eu si fatz,
Car del comt' es privatz
Qe.il tol sas eretatz.

COUBLET N°3 :
Giraudetz
Amics vuoill
Qe.is sojorn aqest an,
C'aissi.s coven d'enfan
Que sas armas estui
Qand hom gast' e destrui
Sos amics plus prezans.
El e Rostans,
Plus parliers c'us gramages,
Tenon per gerr' ostatges,
C'anc trepas ni sonaill
Ni ausberc ab capmaill
No fo per els portatz,
Ni lor cavals armatz,
Ni colps pres ni donatz ;
Pero.l coms ten en patz
Lo castel de Mornatz.

COUBLET N°4 :
Si.l comtetz
De l'orguoill
Qe.l coms li vai mostran
Non fai meillor deman,
Ben sapchatz q'ieu non sui
Dels sieus, anz lo refui,
C'uoimais es bels e grans
E per semblans
Als enemics salvatges ;
E.l poders e.l paratges
Taing c'a bon pretz s'engaill,
E gerrei e baraill
Com joves estrunatz.
Mals e braus es doptatz,
E cel deseretatz
Q'es humils ni vol patz
Er prenda cal li platz.

COUBLET N°5 :
Si neletz
D'autre fuoill
Cantarai, car si van
Li baron cambian;
Q'en Guillems se desdui,
De Monpeslier, a cui
Vim jurar sobre sains
Gerr' e masans,
E dec segre.ls viatges
Del Bautz, mas sos coratges
L'es viratz d'altre taill,
E.l coms non es d'un aill
Cregutz ni sos comtatz !
E.n Bernartz, q'es raubatz,
D'Andus', e desfiatz,
Et a.ls covinens fratz
Del Bautz et oblidatz.

COUBLET N°6 :
Lo valletz
De Nantuoill
Feri mieills de son bran
Q'en Dragonetz ogan ;
E.l Bautz pense d'autrui,
Q'el non fer ni hom lui
De manes ni de lans.
Ai qans gazainz
E qans bons vassalatges
Sol far, et es dampnatges
Qe tant leu s'anuaill,
Qand ve c'om sobrassaill
Sos parens plus prezatz
E sojorna.is delatz !
En Guillems Arnautz jatz,
Que n'es tant mal protatz
C'om l'en ten per malvatz.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Un sonnet léger,
Comme c'est mon habitude,
Que je demande, et mon chant :
parce que je veux composer
ès ; mais que personne ne pense
que je cache de vives dissensions
dans mes chansons ou ailleurs,
Car je pense que c'est la honte,
Le mal et le gaspillage
Quand il y a quelque part une famille noble
dont les membres échouent.
Et maintenant je vois le seigneur de Baux (de Provence) attaquer
Et vaincre et être vaincu
Et il a beaucoup de parents,
qui sont riches et prennent leur aise,
ainsi que de nombreux autres alliés assermentés,
dont le cœur et la valeur leur manquent.

COUPLET N°2 :
La justice, en soi,
n'admet pas
qu'il faille rejeter ses amis
en temps de guerre, ses proches le font toujours,
L'un avec l'autre et avec le seigneur des Baux.
Azemar de Poitiers
les a d'abord évités dès le départ,
Si stressant qu'il trouve qu'il fait
La guerre et donne des garanties.
Au lieu de cela, il a envoyé des mots d'accord
et a ainsi mis fin à ses ennuis.
Voyant cela, Guiraut
Ademar, son beau-frère
(maintenant que Barri est en ruine)
Le blâme, tout comme moi,
Car monsieur Azemar est un bon ami du comte
et le prive toujours de son héritage.

COUPLET N°3 :
Giraudet
Ami pourrait bien
s'amuser cette année
Car c'est pour un enfant
Qu'il accroche ses armes
Quand les gens endommagent et détruisent
Ses meilleurs amis.
Lui et Rostan,
que nul avocat n'est plus bavard,
sont retenus en otages pendant la guerre,
Car ni cloche ni pièces standard,
ni haubert ni courrier n'ont
jamais été portés par eux,
Ni leurs chevaux
Ni sellés ni coup porté ou pris par leur.
Ainsi le comte maintient en paix
Le château de Mornas.

COUPLET N°4 :
Si le jeune comte
ne fait pas de protestation plus forte contre
l'arrogance que
le comte lui montre,
qu'il soit clair pour vous que je ne le représente
pas et que je le renie à la place,
car maintenant il est vraiment un adulte
et, en ce qui concerne l'apparence,
féroce envers l'ennemi.
Le pouvoir et l'ascendance
doivent être égalés par la valeur, je pense :
laissez-le se battre et se quereller
comme un jeune impétueux.
Un homme malade et violent est respecté
et le déshérité
qui est humble et qui veut la paix,
qu'il prenne désormais pour lui celui qu'il aime.

COUPLET N°5 :
De même,
je chanterai
d'autres torts parce que
les barons se jurent eux-mêmes.
Prenez monsieur Guillems de Montpellier,
qui s'amuse, celui que
nous avons vu jurer sur des reliques sacrées
de la guerre et des ravages ;
il aurait dû suivre les voyages
du seigneur des Baux, mais ses pensées
L'ont tourné vers d'autres directions ;
et le comte, ni ses domaines
ont gagné une tête d'ail.
Et [ainsi s'amuse] Sir Bernartz d'Anduze,
qui est dépouillé et défié, qui
a rompu son accord
avec le Seigneur des Baux et l'a oublié.

COUPLET N°6 :
Le jeune héros
de Nantueil a
mieux manié son épée au combat
que Dragonet, cette année.
Que le Seigneur des Baux pense à quelqu'un d'autre
puisque cet homme ne frappe pas, et il n'est pas frappé,
sans trop d'hésitation.
Hélas, quelles réalisations,
quels exploits de grande valeur
ferait-il, et c'est une honte
qu'il s'effondre dans l'indolence
quand il voit des gens attaquer
ses parents les plus dignes
alors qu'il tourne au ralenti dans les environs!
Et Guillem Arnaus sommeille :
il s'est tellement mal comporté
que les gens pensent qu'il a mal tourné.

VERSE N°1 :
A light song
(as is my habit)
I ask for, and my singing:
because I want to compose
a grand sirventes; but let no man think
that I conceal base dissension
in my songs or elsewhere,
since I think it is shame
and harm and waste
when there is somewhere a noble family
whose members fail each other.
And now I see the lord of Baux attack
and defeat and being defeated
and he has relatives aplenty,
who are rich and take their ease,
and many other sworn allies as well,
whose heart and valour fails them.

VERSE N°2 :
Justice, in itself
doesn't admit
that one should reject his friends
in times of war, still his relatives do it,
one with another and with the lord of Baux.
First Azemar of Poitiers
shunned them from the outset,
so stressful does he find
waging war and placing guaranties.
Instead, he sent words of agreement
and thus ended his troubles.
Seeing this, Guiraut
Ademar, his brother-in-law,
(now that Barri is in ruins)
blames him, and so do I,
because sir Azemar is a good friend of the count
and still deprives him of his inheritance.

VERSE N°3 :
Giraudet
Amics may well
amuse himself this year
since it is meet for a child
that he hangs his weapons
when people damage and destroy
his worthiest friends.
He and Rostan,
than whom no lawyer is more talktative,
are kept as hostages during the war
since neither bell nor standard-pieces,
neither hauberk nor mail
was ever worn by them,
nor ever were their horses saddled
nor a blow given or taken by them.
Thus the count keeps the castle
of Mornas in peace.

VERSE N°4 :
If the young count
doesn't make stronger protest
touching the arrogance
the count is showing him,
let it be clear to you that I don't stand
for him, and that I disown him instead,
since now he's very much a grown-up
and, as far as looks go,
fierce towards the enemy.
Both power and ancestry
must be equalled by worth, I think:
let him fight and quarrel
like an impetuous youth.
An ill, violent man is respected
and the disinherited
who is humble and wants peace,
let him take henceforth to himself whom he likes.

VERSE N°5 :
Likewise
I shall sing
about other wrongs because
the barons are forswearing themselves.
Take Sir Guillems of Montpellier,
who amuses himself, he whom
we saw swear on holy relics
about war and havoc;
he ought to have followed the journeys
of the lord of Baux, but his thoughts
have turned him towards other directions;
and the count, nor his domains
have earned a head of garlic's worth.
And [so does amuse himself] Sir Bernartz of Anduze,
who is despoiled and defied,
and has broken his agreement
with the Lord of Baux and forgotten it.

VERSE N°6 :
The young hero
of Nantueil
wielded his sword better in battle
than Dragonet, this year.
Let the Lord of Baux think of somebody else
since this man doesn't strike, nor is he struck,
without much hesitation.[?]
Alas, which achievements,
which feats of great valour
would he do, and it is a shame
that he slumps into indolence
when he sees people attacking
his worthiest relatives
while he idles in the surroundings!
And Guillem Arnaus slumbers:
he has carried himself so badly
that people think he's gone bad.


[Remonter]

* No m'agrad' iverns ni pàscors / Je n'aime pas l'hiver ni le printemps :

- Titres possibles : (Ref. ID : 392.024 / R : 061v)

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
No m'agrad' iverns ni pascors
Ni clars temps ni fuoills de garrics,
Car mos enans mi par destrics
E totz mos majer gaugz dolors,
E son maltrag tuit miei lezer
E desesperat miei esper ;
E si.m sol amors e dompneis
Tener gai plus que l'aiga.l peis !
E pois d'amor me sui partitz
Cum hom issillatz e faiditz,
Tot' autra vida.m sembla mortz
E totz autre jois desconortz.

COUBLET N°2 :
Pois d'amor m'es faillida.il flors
E.l dolz fruitz e.l grans e l'espics,
Don gauzi' ab plazens prezics
E pretz m'en sobrav' et honors
E.n sabi' entre.ls pros caber,
Era.m fai d'aut en bas cazer ;
E si no.m sembles fols esfreis,
Anc flama plus tost non s'esteis
Q'ieu for' esteins e relinquitz
E perdutz en faitz et en digz
Lo jorn qe.m venc lo desconortz
Que non merma, cum qe.m refortz.

COUBLET N°3 :
Bels armatz e bos feridors,
Setges e calabres e pics,
E traucar murs nous et antics,
E vensser bataillas e tors
Vei et aug; e non puosc aver
Ren qe.m puosc' ad amor valer !
E vauc cercan ab rics arneis
Gerras e coitas e torneis,
Don sui conqueren enriquitz ;
E pois jois d'amor m'es failitz,
Totz lo mons no.m parri' us ortz,
Ni mos chans no m'es mais confortz.

COUBLET N°4 :
Doncs, qe.m val conquistz ni ricors ?
Qu'eu ja.m tenia per plus rics
Qand er' amatz e fis amics,
E.m paissi' ab n'Engles amors ;
N'amava mais un sol plazer
Que sai gran terr' e gran aver,
C'ades on plus mos poders creis
Ai major ir' ab mi mezeis,
Pois mos Bels Cavalliers grazitz
E jois m'es loignatz e fugitz,
Don mais no.m naissera conortz,
Per q'es majer l'ir' e plus fortz.

COUBLET N°5 :
Pero no.m comanda valors,
Si be.m sui iratz ni enics,
Q'ieu don gaug a mos enemics
Tan q'en perda pretz ni lauzors,
Q'ancar puosc dan e pro tener,
E sai d'irat joios parer
Sai entre.ls Latins e.ls Grezeis ;
E.l marques, que l'espaza.m seis,
Gerreia Blacs e Drogoiz,
Et anc pois lo mons fon bastitz
Nuilla gens non fetz tant d'esfortz
Cum nos, cui Dieus a gent estortz.

COUBLET N°6 :
Lo marques n'es honratz e sors
E.l Campanes e.l coms Enricx,
Sicar, Montos e Salanicx
E Costantinople socors,
Quar gent sabon camp retener,
E pot hom ben proar en ver:
Qu'anc mais nulha gent non ateis
Aitan gran honor, apareys.
Per bos vassals, valens, arditz,
Es nostr' emperis conqueritz,
E Dieus trameta nos esfortz
Coissi.s tray' a cap nostra sortz !

COUBLET N°7 :
Anc Alixandres non fetz cors
Ni Carles ni.l reis Lodoics
Tan honrat, ni.l pros n'Aimerics
Ni Rotlans ab sos poignadors
Non saubron tan gen conquerer
Tan ric emperi per poder
Cum nos, don poja nostra leis ;
Q'emperadors e ducs e reis
Avem faitz, e chastels garnitz
Prop dels Turcs e dels Arabitz,
Et ubertz los camins e.ls portz
De Brandiz tro al Bratz Sain Jorz.

COUBLET N°8 :
Per nos er Domas envazitz
E Jerusalem conqueritz
E.l regnes de Suri' estortz,
Que.ls Turcx o trobon en lur sortz.

Los pellegris perjurs, fraiditz,
Qi nos an sai en camp geqitz,
Qi los manten e cortz es tortz,
Que chascuns val mens vius que mortz.

Belhs dous Engles, francx et arditz,
Cortes, essenhatz, essernitz,
Vos etz de totz mos gaugz conortz,
E quar viu ses vos, fatz esfortz.

COUBLET N°1 :
Noun m'agrade ivèr ni
Ni clar tèms ni fueio de
Car
E
E
E
E
T
E .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Je n'aime ni l'hiver ni le printemps,
Ni le temps clair ni les feuilles de chêne,
Car ma progression me semble enchevêtrée
Et toutes mes plus grandes jouissances peines
Et toutes mes plaisirs souffrances
Et tous mes espoirs sans espoir ;
Et l'amour et la courtoisie
me gardaient aussi gai qu'un poisson dans l'eau !
Et depuis que je me suis séparé de l'amour en
tant qu'homme exilé et ruiné,
Toute autre vie me semble la mort
Et toutes les autres joies la désolation.

COUPLET N°2 :
Depuis que j'ai perdu la fleur de l'amour
Et le fruit sucré, et le grain et l'oreille,
Dans lesquels je me suis réjoui avec un discours agréable
Et qui ont donné une abondance d'honneur et de valeur
Et où je pouvais me mettre parmi les vaillants,
tandis que maintenant, cela me fait tomber du sommet ;
Et si cela ne me semblait pas une préoccupation stupide,
Aucune flamme ne s'éteindrait
plus vite que moi ne s'éteindrait et serait oubliée
Et perdue à la fois en paroles et en actes
Le jour où la désolation m'est venue
Qui ne diminuera pas, malgré ma efforts.

COUPLET N°3 :
De beaux guerriers et de bons épéistes, des
Sièges, des catapultes et des piques,
Et la rupture des murs anciens et nouveaux,
Et la défaite des bataillons et des tours que
Je vois et j'entends ; et je ne peux rien obtenir
qui me servirait en amour !
Et je pars à la recherche, vêtu d'une armure coûteuse,
De guerres et de mêlées et de tournois
où je suis, conquérant, enrichi ;
Et depuis qu'on me refuse la joie de l'amour,
le monde entier me semble plus petit qu'une tonnelle,
et mon art ne me console plus non plus.

COUPLET N°4 :
Alors, à quoi me servent les conquêtes et la richesse ?
Je me considérais en effet plus riche
Quand j'étais aimé, et j'avais des maîtresses,
outre l'amour de mon noble Engles ;
une seule courtoisie me plaisait plus
Qu'ici de grandes dominations et de grandes richesses,
Car maintenant, plus mon pouvoir grandit,
plus le ressentiment de mon cœur augmente aussi,
Depuis que mon beau chevalier chéri
Et ma joie avec elle se sont éloignés et ont fui loin de moi ,
afin que le confort ne vienne jamais à moi,
ce qui augmente et renforce ma désolation.

COUPLET N°5 :
Cependant, la vaillance ne m'ordonne pas,
bien que je sois opprimé et vexé,
Que je donne à mes ennemis une raison de bonheur,
afin d'être dépourvue de valeur et de réputation,
Car je peux encore faire du mal et du bien,
Et je peux dissimuler mon malheur
avec le latin et les grecs ;
Et le marquis, qui m'a ceint de l'épée,
combat les Valachites et les Drogobites,
Et jamais, depuis la création du monde,
Personne n'a accompli des actes tels
Que nous, que Dieu a gracieusement livrés.

COUPLET N°6 :
Le marquis est ainsi honoré et élevé
Et les Champenois et Comte Henry,
Sicar, Modon et Salonique
Et Costantinoples sont soulagés,
Car ils savent bien tenir le champ de bataille,
Et on peut en trouver la preuve :
Que personne n'a jamais réussi
une telle gloire est apparente.
Grâce à des vassaux bons, vaillants et audacieux,
notre empire est conquis,
Et que Dieu nous envoie des renforts
pour que notre destinée puisse être accomplie.

COUPLET N°7 :
Jamais Alexandre n'a mené une expédition
aussi honorable, ni Charlemagne,
ni le roi Louis, ni le vaillant monsieur Aimeric,
Ni Roland avec ses guerriers :
ils ne pouvaient pas conquérir autant de monde,
un empire aussi puissant
que le nôtre, où notre parole est loi ;
car nous avons créé des empereurs, des
ducs et des rois, et nous avons occupé des châteaux
Près des Turcs et des Arabes,
Et ouvert le chemin et les ports
De Brindisi au détroit de Saint-Georges.

COUPLET N°8 :
Par nous, Damas est agressé
Et Jérusalem a conquis
Et le royaume de Syrie libéré,
car les Turcs trouvent cela dans leurs prophéties.

Faux est celui qui maintient en cour
les pèlerins parjures et frauduleux
Qui nous ont abandonnés ici sur les champs de bataille,
car chacun vaut moins vivant que comme cadavre.

Juste, doux anglais, sérieux et intrépide,
Courtois, savant, distingué,
Vous êtes l'inspiration de tous mes plaisirs,
Et en vivant sans vous, j'exécute un exploit.

VERSE N°1 :
I don't like winter nor spring,
nor clear weather nor oak leaves,
since my advancement seems to me entanglement
and all my greater enjoyments pains
and all my pleasures sufferings
and all my hopes hopeless;
and love and courting used to
keep me as gay as a fish in water!
And since I parted from love
as an exiled and ruined man,
every other life seems death to me
and all other joys desolation.

VERSE N°2 :
Since I have lost the flower of love
and the sweet fruit, and the grain and the ear,
in which I rejoiced with pleasant discourse
and which gave abundance of honour and worth
and where I could fit among the valiant,
while now it makes me fall low from the summit;
and if it didn't seem to me a foolish concern,
no flame would fade
quicker than I would fade and be forgotten
and lost both in words and in deeds
the day the desolation came to me
that won't diminish, in spite of my efforts.

VERSE N°3 :
Handsome warriors and good swordsmen,
sieges, catapults and pikes,
and breaking of walls old and new,
and defeat of battalions and towers
I see and hear; and I cannot get
anything that would avail me in love!
And I go seeking, clad in costly armour,
wars and frays and tournaments
where I am, conquering, enriched;
and since I am denied the joy of love,
the whole world seems to me smaller than a bower,
nor does my art console me anymore.

VERSE N°4 :
So, what do conquests and wealth avail me?
I did indeed consider myself wealthier
when I was loved, and had mistresses,
besides my noble Engles' love;
a single courtesy pleased me more then
than here great dominions and great riches,
since now, the more my power grows
the more does as well my heart's resentment,
since my cherished Beautiful Knight,
and joy with her, have strayed away and fled from me,
so that comfort shall never come to me,
which increases and strengthens my desolation.

VERSE N°5 :
However, valour does not order me,
albeit I am oppressed and vexed,
that I give my enemies reason for happiness,
so to be depleted of worth and reputation,
since I can still do harm and good,
and I can dissimulate my unhappiness
with the Latin and the Greeks;
and the marquis, who girded me with the sword,
fights the Wallachians and Drogobites,
and never, since the world was created,
did anyone perform such deeds
as us, whom god has graciously delivered.

VERSE N°6 :
The marquis is thereby honoured and uplifted
and the Champenois and Count Henry,
Sicar, Modon and Salonika
and Costantinoples relieved,
since they know well how to hold the battle-field,
and one can find evidence of this:
that nobody ever achieved
such glory is apparent.
Through good, valiant, daring vassals
our empire is conquered,
and let god send us reinforcements
so that our destiny can be fulfilled.

VERSE N°7 :
Never lead Alexander an expedition
so honourable, nor did Charlemagne
nor king Louis nor the valiant Sir Aimeric
nor Roland with his warriors:
they could not conquer so many people,
an empire so endowed with power
as ours, where our word is law;
for we have created emperors,
dukes and kings, and we have manned castles
near the Turks and Arabs,
and opened the path and ports
from Brindisi to St. George's Straits.

VERSE N°8 :
Through us, Damascus is assaulted
and Jerusalem conquered
and the kingdom of Syria liberated,
for the Turks find this in their prophecies.

Wrong is he who maintains in court
the perjured, fraudolent pilgrims
who have deserted us here on the battlefields,
since each of them is worth less alive than as a corpse.

Fair, sweet Engles, earnest and fearless,
courteous, learned, distinguished,
you are the inspiration of all my pleasures,
and in living without you, I perform a feat.


[Remonter]

* No puesc saber per que.m sia destregz / Je ne peux pas savoir pourquoi je suis en détresse :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
No puesc saber per que.m sia destregz
Ni sai on es amors qu'om tan mentau,
Qu'ieu non l'auzi ni non la vey ni l'au,
Mas per semblans mais hi truep tortz que dretz.
Mas als clamans l'aug clamar amor fina :
Ve.us lo conort que m'enuej' e.m destruy
E.m fai amar lieys que.m ten pres e.m fui
Et en fugens m'encaussa e.m camina.

COUBLET N°2 :
Partir no.m puesc ni no sai estar quetz,
Qu'ira.m fai dir gaban mon talan brau !
Tan suy destretz qu'ie.m rancur quar non gau
Lieys qu'ieu am mais que non amet vasletz
Guis de Nantuelh la piussel' Ayglentina,
E muer aman ! tan outracujatz sui
Quar non podem dire.l marit abduy,
E.n torn' a ma et auci sa vezina.

COUBLET N°3 :
E doncx que.m val lauzenjars ni abetz
Per l'oc reman e per lo non m'esmau !
Et er m'a far lo conort del bertau,
Cum selh que ditz en chantan en Folquetz,
Qu'a Tortona, lai part Aleixandrina,
Queyra merce, mas say no truep refuy !
Et er me grieu si.m part de lieys per bruy :
Sol o comens, qu'er dans si no s'afina.

COUBLET N°4 :
Bona dona, fis e francx et adretz
Vos ai estat e portat vostre lau !
Parlem abduy planamens e suau,
Et entendetz que.us diray esta vetz :
Amada.us ai mays qu'Andrieus la reyna !
Premeiramens que fos mieus ni d'autruy
Suy ieu vostres, e serai ses tot cuy.
Doncx non es vos ma sor ni ma cozina.

COUBLET N°5 :
Lo jorn que.ns ac amors abdos eletz,
Vostra beutat me det l'erguelh del pau,
Que remira.l vert e.l vermelh e.l blau
Tro per erguelh s'erra de las paretz !
Aquelh erguelh li te tro que.l cap clina,
Que ve sos pes! et ieu contrafas luy,
Quan vey midons qu'ab belh semblan m'aduy
Gaug et erguelh, tro qu'ap no m'atayna.

En Proensa, quant encaus ni quan fuy,
Crit Monferrat, la senha de qu'ieu suy,
E Tortona, lai part Aleyssandrina.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUPLET N°1 :
Je ne peux pas comprendre la cause de ma détresse
et je ne sais pas où est cet amour, qui est si glorifié,
Car je ne l'ai pas entendu, je ne le vois pas et je ne l'entends pas maintenant
Mais, à en juger par les apparences, il y a est plus faux que juste.
Mais j'entends ceux qui l'invoquent l'appeler "amour précieux" :
et c'est la consolation qui m'attriste et me gaspille
Et me fait aimer celui qui m'a pris dans l'esclavage et me fuit
Et en fuyant, il m'assaut et me poursuit.

COUPLET N°2 :
Je ne peux pas partir et je ne peux pas me taire,
Car la colère me pousse à exprimer mes intentions féroces en mots grossiers ;
Je suis tellement tourmenté que je me plains de ne pas aimer
Celui que j'aime plus que le jeune héros
Guy de Nantueil n'a aimé la jeune fille Églantine,
Et je meurs de mon amour ! Je suis tellement en colère
Parce que nous deux ne pouvons rien dire au mari,
Et il déforme et maltraite sa femme.

COUPLET N°3 :
Et donc, à quoi me servent la flatterie ou la ruse ?
Si elle dit "oui" je resterai, et si "non" je partirai ;
Et j'aurai la consolation du misérable,
Comme celle mentionnée par monsieur Folquet dans sa chanson,
Car à Tortona, là par Alexandrie,
je demanderai grâce, car ici je ne trouve pas de refuge.
Et cela me chagrine, si je la quitte pour cause de querelle :
je viens de commencer [ma courtoisie], et ce sera dommage si je ne m'améliore pas.

COUPLET N°4 :
Gracieuse dame, je vous ai été
vraie, sincère et droite, et j'ai tissé vos louanges !
Discutons clairement et suavement,
Et écoutons ce que je vais dire cette fois :
je vous ai aimé plus qu'André n'a aimé la reine ;
avant de m'appartenir à moi-même ou à un autre,
Je suis à vous, et il en sera toujours ainsi.
Et pourtant, vous n'êtes ni ma sœur ni ma cousine.

COUPLET N°5 :
Le jour où l'amour nous a cueillis tous les deux,
Votre beauté m'a donné la fierté du paon,
Qui regarde son vert et vermillon et bleu
Jusqu'à ce qu'il souffre d'illusions de noblesse.
Et il garde cette fierté jusqu'à ce qu'il plie la tête
et regarde ses propres pieds ; et je l'imite
Quand je vois ma dame qui, avec son beau visage, m'apporte
Joie et orgueil, jusqu'à ce que son refus m'inquiète.

En Provence, quand j'attaque et quand je recule,
Je crie : "Monferrat !", Le signal de mon seigneur,
Et "Tortona", là par Alexandrie.

VERSE N°1 :
I can't understand the cause of my distress
nor do I know where this love is, which is so glorified,
because I didn't hear it, nor do I see it nor do I hear it now
but, judging by appearances, there is more wrong in it than right.
But I hear those who invoke it call it "precious love":
and that is the consolation which saddens and wastes me
and makes me love the one who has me in thrall and flees me
and while fleeing assails and pursues me.

VERSE N°2 :
I can't depart nor am I able to be quiet
since anger stirs me to vent my fierce intentions in crude words;
I'm so tormented that I complain that I do not enjoy
the one I love more than the young hero
Gui of Nantueil loved the maiden Ayglentine,
and I die of my love; I am so incensed
because we two cannot tell the husband anything,
and he warps and mistreats his woman.

VERSE N°3 :
So, what good is flattery or ruse to me?
If she says "yes" I shall stay, and if "no" shall I depart;
And I will have the consolation of the wretch,
as the one mentioned by sir Folquet in his song,
since in Tortona, there by Alessandria,
I shall beg for mercy, since here I find no refuge.
And it grieves me, if I leave her becaiuse of a quarrel:
I have just begun [my wooing], and it'll be a pity if I don't improve on it.

VERSE N°4 :
Gracious lady, I have been to you
true, sincere and upright, and I have woven your praises!
Let us discourse clearly and suavely,
and listen to what I'll say this time:
I have loved you more than Andrew loved the queen;
before I belong to myself or to another,
I am yours, and so it shall ever be.
And still, you are not my sister nor my cousin.

VERSE N°5 :
The day love has picked us both,
your beauty gave me the pride of the peacock,
who looks unto his green and vermillion and blue
until he suffers from delusions of nobility.
And he holds to this pride until he bends his head
and looks at his own feet; and I imitate him
when I see my lady who, with her fair countenance, brings me
joy and pride, until her refusal causes me distress.

In Provence, when I attack and when I retreat,
I cry "Monferrat!", the signal of my lord,
and "Tortona", there by Alessandria.


[Remonter]

* Savis e fols, humils et orgoillos / Sage et fou, humble et fier :

- Titres possibles : (Ref. ID : 392.028 / R : 061r)

- Présentation de cette chanson : Canso.

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Savis e fols, humils et orgoillos,
Cobes e larcs e volpills et arditz
Sui qan s'eschai, e gauzens e marritz,
E sai esser plazens et enojos
E vils e cars vilans e cortes,
Avols e bos, e conosc mals e bes,
Et ai de totz bos aips cor e saber,
E qand ren faill fatz o per non poder.

COUBLET N°2 :
En totz afars sui savis e gignos
Mas midonz am tant q'ie.n sui enfollitz,
Qe.il sui humils on pieitz mi fai e.m ditz
E n'ai orguoill car sai q'es bell' e pros,
E sui cobes c'ab son bel cors jagues
Tant que plus larcs en sui e mieils apres,
E sui volpils car no.n l'aus enquerer
E trop arditz car tant ric joi esper.

COUBLET N°3 :
Bella dompna, tals gaugz mi ven de vos
Que marritz vauc car non vos sui aizitz,
Car per vos sui als pros tant abellitz
Qu'enojant s'en li malvatz enojos ;
Be.m tenrai vil s'ab vos no.m val merces,
Q'ie.m tenc tant car per vos en totas res
Que per vilan m'en fatz als crois tener
E per cortes als pros tant sai valer.

COUBLET N°4 :
D'amor dis mal e mas autras chansos
Pel mal qe.m fetz la bell' enfanairitz,
Mas vos, dompna, ab totz bos aips complitz,
Mi faitz tans bes q'esmenda m'es e dos,
C'amors e vos m'avetz tal ren promes
Que val cen dos c'autra dompna.m fezes ;
Tant valetz mais, per q'ie.us vuoill mais aver,
E.us tem perdre e.us vuoill mais conquerer.

COUBLET N°5 :
Jois e jovens et avinens faissos,
Dompn', e.l gens cors d'enseignamen noiritz
Vos ant pretz dat, q'es pels meillors auzitz,
E, per ma fe, si m'aventura fos
Q'ieu ni mos chans ni m'amors vos plagues,
Lo mieils de pretz auri' en vos conques
E de beutat, e puosc o dir en ver,
Que per auzir o sai e per vezer.

COUBLET N°6 :
Bels Cavalliers, chausimens e merces
E.il fin' amors e.il sobrebona fes
Qez eu vos port mi deuria valer
Endreg d'amor, c'autre joi non esper.

Na Biatritz, vostre bel cors cortes
E.il grans beutatz e.l fins pretz q'en vos es
Fai gent mon chan sobre.ls meillors valer,
Car es dauratz del vostre ric pretz ver.

COUBLET N°1 :
Sage e fada, umble e ourgouious,
C .

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Sage et stupide, humble et fier,
Cupide et généreux, avide et audacieux,
Suis-je quand je le dois, joyeux et désespéré,
Et je peux être courtois et grossier,
Et vil et accompli et grossier et gentil,
Désagréable et bon, et je sais bonne et mauvaise fortune
Et avoir la volonté et l'esprit pour toutes les bonnes qualités,
Et quand j'échoue carrément, je le fais par manque d'opportunité.

COUPLET N°2 :
Je suis sage et ingénieux dans tous les domaines
Mais j'aime tellement ma dame que je me tourne vers une idiote :
plus elle m'abuse dans la parole et dans les actes, plus je lui suis soumise
Et j'en suis fier parce que je sais qu'elle est belle et noble,
Et j'ai envie de son corps, de mentir par là,
Tellement que je deviens plus généreux et plus gentil,
Et je suis un lâche parce que je n'ose pas lui demander,
Et trop audacieux parce que j'espère une telle joie généreuse.

COUPLET N°3 :
Belle dame, un tel bonheur vient de vous
Que je marche dans le désespoir parce que je ne peux pas vous approcher,
Car à travers vous je suis devenu si agréable aux hommes vaillants
Que j'agace les misérables ennuyeux ;
Je me considérerai bien comme vil si la miséricorde ne prévaut pas avec vous,
Car à cause de vous, je me considère comme si accompli en toutes choses
Que je fais que les petits hommes me considèrent comme un rustre
autant que les vaillants me considèrent comme courtois.

COUPLET N°4 :
Je parle mal d'amour dans beaucoup d'autres chansons
À cause de la blessure que le beau trompeur m'a infligée,
Mais vous, madame, dotée de toutes les bonnes qualités,
accordez-moi une telle grâce que ce sont des réparations et des cadeaux pour moi,
Car vous et l'amour m'avez promis une chose
Qui vaut cent fois ce qu'une autre femme m'accorderait.
Tellement plus que tu vaux, tellement plus je veux t'avoir,
Et j'ai peur de te perdre, et je veux te gagner.

COUPLET N°5 :
La joie et la jeunesse et les manières charmantes,
Madame, et votre agréable personne imprégnée de sagesse vous
ont donné la renommée, afin que les meilleurs vous écoutent
Et, par ma foi, si j'étais si chanceux
Que vous m'aimiez, ou mon art ou mon amour,
J'aurais gagné le meilleur de toi
Et de la beauté aussi, je peux bien le dire
parce que je le sais par mes oreilles et par mes yeux.

COUPLET N°6 :
Beau chevalier, la pitié et la miséricorde
Et l'amour précieux et la dévotion suprême
Que je vous offre devraient valoir
un amour simple, car je ne me soucie pas des autres joies.

Dame Béatrice, votre beau visage bienveillant
Et la grande beauté et la valeur précieuse qui sont en vous
Font que mon art l' emporte facilement sur le meilleur,
Car il est doré par votre grand et vrai mérite.

VERSE N°1 :
Wise and foolish, humble and proud,
covetous and generous and cravenly and daring
am I when I must, and joyous and desperate,
and I can be courteous and boorish,
and vile and accomplished and rude and kind,
unpleasant and good, and I know good and bad fortune
and have the will and wit for all good qualities,
and when I squarely fail, I do so out of lack of opportunity.

VERSE N°2 :
I am wise and ingenious in all matters
but I love my lady so much that I turn to a fool:
the more she abuses me in speech and in deed, the more I am submissive to her,
and I am proud of this because I know that she is comely and noble,
and I crave her body, to lie by it,
so much that I become more generous and kinder,
and am a coward because I dare not ask her,
and too daring because I hope for such a bountiful joy.

VERSE N°3 :
Beautiful lady, such happiness comes from you
that I walk in despair because I cannot approach you,
for through you I have become so agreeable to valiant men
that I annoy by it the annoying wretches;
I shall well think of myself as vile if mercy does not prevail with you
for because of you I think of myself as so accomplished in all things
that I make petty men consider me a boor
as much as the valiant consider me courtly.

VERSE N°4 :
I speak ill of love in many other songs
because of the injury which the beautiful deceiver inflicted on me,
but you, lady, endowed with all good qualities,
grant me such meed that it is reparation and gift to me,
since you and love have promised me such a thing
as is worth a hundred times what any other woman'd bestow on me.
So much more you are worth, so much more I want to have you,
and fear to lose you, and want to win you.

VERSE N°5 :
Joy and youth and charming manners,
lady, and your pleasing person imbibed with wisdom
have given you fame, so that the best listen to you
and, by my troth, if I were so lucky
that you liked me, or my art or my love,
I would have gained the best of worth in you,
and of beauty, too, I may well say
because I know it from my ears and from my eyes.

VERSE N°6 :
Beautiful Knight, pity and mercy
and the precious love and supreme devotion
which I offer you should be worth
simple love, because I don't care for other joys.

Dame Biatriz, your beautiful, kindly countenance
and the great beauty and precious worth which are in you
makes my art easily defeat the best,
for it is gilded by your high and true merit.


[Remonter]

* Seigner Coine, jois e pretz et amors / Seigneur Coine, joie, prix et amour :

- Présentation de cette chanson : Cette chanson est un partimen. Ici, l'adversaire de Raimbaut est le célèbre trouvère Conon de Béthune (1150-1220), qui a très certainement écrit ses réponses en français. Malheureusement, l'original est perdu et dans les seuls manuscrits existants, les paroles de Conon ont été traduites en "mauvais provençal" Et donc la version en français ci-dessous n'est qu'une re-traduction de ce "mauvais provençal"...

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Seigner Coine, jois e pretz et amors
Vos comandon que juzaz un lor plai
D'une dompna q'a dos entendedors,
Qe fan per lei tot qant a pretz l'eschai,
E son andui d'un prez e d'un parage ;
E l'uns li ditz s'amor e son corage,
L'autre tem tant que no.ill lo ausa dir :
Gardaz qal deu meilz a merce venir.

COUBLET N°2 :
Certes, Raimbaut, lo taiser es folors:
Se ge ne qer merce, per qe l'aurai ?
Pos qe ma dame aura totas valors,
Ja de merci no mes desperarai.
Qerre merci non es ges poing d'oltrage,
Que Judas fo perduz per son folage,
Qui de proier no s'ausa enardir ;
Mainz pechadors fai desespers morir.

COUBLET N°3 :
Seigner Coine, danz l'es e deshonors
A cel que qer lo don, pois li estrai,
E sobre toz amadors l'es paors
Q'om li die : "Ja no m'en parlez mai !"
E l'autr' amans tem dir lo seu dampnage,
Car cel que tem sap d'amor son usage :
Si no l'enqer, enqerren la.l sospir ;
Lo ben q'eu qer faz ma domna.m merir.

COUBLET N°4 :
Certes, Raimbaut, cum q'eu faza aillors,
Ja ma domna mon mal non celarai,
Car hom pot trop tart qerir lo secors,
E que me val socors pos mort serai ?
Fols es qui cel' al mege son malage,
Qe.l n'es plus greus e plus greu ensoage ;
Anz lo dei hom si per tems descobrir,
Si sa dame vol, puosc' ades garir.

COUBLET N°5 :
Seigner Coene, d'esparvers e d'austors
Vuoill qe.m mostrez, qe d'amor eu me sai ;
Que cel que qer no se fid' en lauzors
Ni en sa dame ni el ben que.il fai,
Qe.l querre fai de joi privat salvage.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUPLET N°1 :
Seigneur Conon, la joie, la valeur et l'amour
Vous demandent de juger leur différend au sujet
D'une dame qui a deux prétendants
Qui font pour elle tout ce qui vaut la peine,
Et qui sont tous les deux de la même distinction et du même rang ;
Et l'un révèle son amour et ses intentions,
L'autre a tellement peur qu'il n'ose pas le dire :
Réfléchissez à celui qui mérite le plus la miséricorde.

COUPLET N°2 :
Assurément, Raimbaut, garder le silence est une folie :
Si je ne demande pas la pitié, pourquoi l'aurai-je ?
Puisque ma dame aura toutes les vertus,
Je ne désespérerai pas de pitié.
Demander la miséricorde n'est pas un motif pour être accusé d'outrage,
Puisque Judas a été damné par sa folie
quand il n'a pas osé être audacieux et prier ;
le désespoir a fait mourir de nombreux pécheurs.

COUPLET N°3 :
Seigneur Conon, la perte et la honte sont dues
À celui qui demande le cadeau, car il la force
Et il a, surtout des amoureux, peur
Qu'on lui dise : "Ne le mentionne plus jamais !"
Et l'autre amant craint de prononcer sa propre damnation,
Car celui qui craint connaît les voies de l'amour :
Si je ne la supplie pas, mes soupirs le font ;
Je fais que ma dame me récompense de la faveur que je recherche.

COUPLET N°4 :
Assurément, Raimbaut, quelle que soit la façon dont je puisse agir ailleurs,
je ne cacherai pas ma douleur à ma dame,
Car on peut demander un sauvetage trop tard,
Et à quoi me sert le secours si je suis mort ?
C'est un fou qui cache sa maladie au médecin,
Car il devient plus malade et plus difficile à guérir ;
Au lieu de cela, il faut le révéler à temps pour que,
Si sa femme le souhaite, il puisse actuellement guérir.

COUPLET N°5 :
Seigneur Conon, je préfère que
Vous me parliez des éperviers et des palombes, car je connais ma leçon d'amour ;
Car celui qui supplie ne fait pas confiance à la réputation,
Ni à sa dame, ni au service qu'il rend,
et la demande rend étranger à la joie de celui qui en a eu connaissance.

VERSE N°1 :
Lord Conon, joy and worth and love
ask you to judge a dispute of theirs
about a lady who has two suitors
who do for her all that worth demands,
and are both of the same distinction and rank;
and one reveals his love and his intentions,
the other is so afraid that he dares not say it:
consider which deserves mercy the most.

VERSE N°2 :
Surely, Raimbaut, remaining silent is folly:
if I do not ask for pity, why shall I have it?
Since my lady will have all virtues,
I shan't despair of pity.
Asking for mercy isn't ground for being accused of outrage,
since Judas was damned by his folly
when he didn't dare be bold and pray;
despair has made many sinners die.

VERSE N°3 :
Lord Conon, loss and shame are due
to the one who asks for the gift, since he forces her
and he is, above all lovers, afraid
of being told "Never mention this again!"
and the other lover fears to pronounce his own damnation,
since he who fears knows the ways of love:
if I do not entreat her, my sighs do so;
I make my lady reward me with the favour I seek.

VERSE N°4 :
Surely, Raimbaut, howsoever I may act in other matters,
I shan't conceal my pain from my lady,
since one can ask for rescue too late,
and what good is succour to me if I am dead?
He is a fool who hides his malady from the doctor,
since he grows sicker, and harder to cure;
instead, one should reveal it on time so that,
if his lady wants, he can presently heal.

VERSE N°5 :
Lord Conon, I'd rather you tell me
about sparrow-hawks and goshawks, since I know my lesson about love;
for he who entreats doesn't trust reputation
nor his lady nor the service he renders,
and asking makes a stranger to joy of one who was privy to it.


[Remonter]

* Senher n'Aymar, chauzes de tres baros / Seigneur Aymar, choisissez parmi trois barons :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Senher n'Aymar, chauzes de tres baros
Cal prezas mais, e respondes premiers,
Et aprop vos responda.n Perdigos :
Qe l'uns es larcs e gais e ufaniers,
E.l segonz es adretz e bons terriers
Et alques larcs, mas non d'aital semblanza,
E.l ters es bos per conduich e per lanza
E gen garnens; cals a meillors mestiers ?

COUBLET N°2 :
En Rainbaut, aisel dic qu'es plus pros
C'ab mezura fai toz sos fatz entiers,
E n'es sos pretz longamen cabalos,
E.n pot esser als enemics sobriers ;
S'el es adretz, cortes ni placentiers,
Doncs val el mais, segon la mi' ismanza,
Qu'elz autres dos a tan de pejuranza,
Per que negus non l'es de pretz pariers.

COUBLET N°3 :
Baros, eu sai que.us venserai amdos,
Car mantenc lai don soi plus galaubiers,
Ab ufana, q'es cabs, ab messios,
De proeza e prez plus vertadiers.
E monseihner aia terr' e deniers,
Pos proeza no.l plaz ni non l'enanza !
E.n Rainbauz mainteihna sels de Franza,
C'armas e vis es toz lor conseriers.

COUBLET N°4 :
Perdiguon, trop a granz meillurazos
Sel que ten jen los sieus e.ls estrangiers,
Et es temsutz mais ab cen compaihnos
Que s'us autres n'avia dos milliers.
Et ufana non es mas cors leugiers
E fols pretz vans, c'ab non-poder balanza,
E rics escars non pod aver honranza
Ab menutz dos per plazers mesongiers.

COUBLET N°5 :
En Rainbaut, rics hom braus orgoillos
Es lo vostre, car es bons cavalliers,
Per que non val tan la vostra razos,
Que pauc ni pro non met mas en sabriers ;
E.n Perdigos pren con joglars laniers,
Qu'en penr' aver a tota s'esperanza !
E.l mieus es gais e de bella semblanza,
Si tot non vol pretz d'orbs ni d'escassiers.

COUBLET N°6 :
A monseihnor vei qu'enoja.l tensos,
C'ades manten los sieus fatz menudiers,
E vol proez' e bon pretz metre jos,
Sol car no.n sab ni no.n es cosdumiers ;
E.n Rainbautz mante los cors pleniers,
Qu'en pron manjar a toa sa fianza,
Mas si.l marches li fos d'aital semblanza,
Enqer fora joglars o escudiers.

COUBLET N°7 :
Senher n'Aymar, vos etz vencutz primiers !
E.n Perdigos viule descortz o dansa,
Que contrafa n'Estornel ab sa lansa,
E no fora de luy aitals mestiers.

(...)
(...)
(...)
(...)

A monsenher tanh aissi pretz entiers
Cum a mi fay lo regisme de Fransa !
E.n Raymbautz, quant ab armas s'eslansa,
Sembla trop mielhs jocglars que cavalliers.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Seigneur Aymar, choisissez, sur trois messieurs,
Celui que vous jugez le meilleur, et répondez d'abord,
Et après vous, laissez Perdigon répondre :
L'un est généreux,gai et ostentatoire,
Le second est intelligent et un bon homme d'État
Et quelque peu généreux, mais mais pas autant,
E le troisième est remarquable pour son hospitalité et sa lance
Et pour ses beaux vêtements. Lequel se comporte le mieux ?

COUPLET N°2 :
Monsieur Raimbaut, je dis que celui qui mérite le plus
est celui qui applique la modération à tout,
Et son mérite en gagne plus,
Et il peut être plus fort que son ennemi ;
S'il est juste, courtois et agréable,
il l'est aussi, à mon avis,
Car les deux autres ont un tel nombre de défauts,
que ni l'un ni l'autre ne peuvent l'égaler au mérite.

COUPLET N°3 :
Messieurs, je sais que je vais vous battre tous les deux,
Car je me tiens là où j'ai le plus de chance :
Avec ostentation, qui est le sommet, avec la libéralité,
Du mérite et de la valeur la plus vraie.
Et que mon seigneur ait des terres et des richesses,
car le mérite ne lui plaît pas et ne le fait pas avancer,
tandis que Raimbaut peut défendre les Français,
dont les seules préoccupations sont les armes et la wassail.

COUPLET N°4 :
Perdigon, des progrès bien plus importants s'abattent
Sur celui qui supplie à la fois son propre peuple et ses étrangers,
Et il est plus craint avec cent compagnons
Que vous ne le seriez si vous en aviez mille ;
Et l'ostentation n'est qu'un cœur capricieux
Et une vaine gloire insensée qui vacille dans son impuissance ;
Et un riche avare ne peut pas gagner l'honneur
par de petits cadeaux faussement prometteurs.

COUPLET N°5 :
Monsieur Raimbaut, votre homme est hautain,
féroce et fier parce qu'il est un bon chevalier,
De sorte que votre argument est fallacieux,
Car il ne dépense rien, sauf pour une soupe de sauce ;
Et Perdigon choisit comme un bouffon avide,
Qui met tout son espoir dans le gain matériel.
Mon homme est gai et a de belles manières,
bien qu'il ne recherche pas l'estime des aveugles et des boiteux.

COUPLET N°6 :
Je vois que ce débat porte mon seigneur,
Car il continue de soutenir des faits mineurs,
Et mettrait la valeur et la valeur en jeu
uniquement parce qu'il n'y est pas habitué ;
Et Raimbaut défend l'estomac plein,
Car un repas est tout ce qu'il espère,
Mais si le marquis avait les mêmes vues,
il serait toujours bouffon ou écuyer.

COUPLET N°7 :
Seigneur Aymar, vous êtes le premier à perdre ;
Et laisser Perdigon jouer une discorde ou danser sur la viole,
Car il imite monsieur Starling avec sa lance,
Et un tel métier lui convient mal.

(...)
(...)
(...)
(...)

Le plus grand mérite convient à mon seigneur,
tout comme le royaume de France me convient !
Et monsieur Raimbaut, quand il roule avec une armure,
Ressemble beaucoup plus à un ménestrel qu'à un chevalier.

VERSE N°1 :
Lord Aymar, choose, out of three gentlemen,
the one you deem the best, and answer first,
and after you, let Perdigon answer:
one is generous, gay and ostentatious,
the second is intelligent and a good statesman
and somewhat generous, but just not as much,
the third is remarkable for his hospitality and his lance
and for his handsome apparel. Which one behaves best?

VERSE N°2 :
Sir Raimbaut, I say the one who is most deserving
is the one who applies moderation to everything,
and his merit gains the more from it,
and he can be stronger than his enemy;
if he is righteous, courteous and pleasant,
so is he the worthiest, in my opinion,
for the other two have such a score of flaws,
that neither can equal him in merit.

VERSE N°3 :
Gentlemen, I know that I'll defeat you both,
for I stand there where I am luckiest:
with ostentation, which is the summit, along with liberality,
of merit, and the truest worth.
And let my lord have land and riches,
since merit does not appeal to him and does not advance him,
while Raimbaut may defend the French,
whose sole concerns are arms and wassail.

VERSE N°4 :
Perdigon, far greater advances befall
on the one who entreats handsomely both his own people and strangers,
and he is more feared with a hundred companions
than you two would be if you had a thousand;
and ostentation is nothing but a fickle heart
and foolish vainglory which totters in its impotence;
and a rich miser cannot gain honour
through falsely-promising small gifts.

VERSE N°5 :
Sir Raimbaut, your man is haughty,
fierce and proud because he is a good knight,
so that your argument is fallacious,
for he spends nothing except for some gravy soup;
and Perdigon chooses like a greedy jester,
who puts all his hope in material gain.
My man is gay and has fine manners,
although he doesn't seek the esteem of the blind and lame.

VERSE N°6 :
I see this debate wears my lord,
for he keeps on upholding minor facts,
and would put valour and worth at stake
solely because he is not used to them;
and Raimbaut defends a full stomach,
because a meal is all he hopes for,
but if the marquis had the same views,
he would still be a jester or a squire.

VERSE N°7 :
Lord Aymar, you are the first to lose;
and let Perdigon play a discord or dance on the viol,
since he imitates Sir Starling with his lance,
and such a trade suits him ill.

(...)
(...)
(...)
(...)

The highest merits befit my lord
just as the Realm of France befits me!
And sir Raimbaut, when he rides with armour,
looks far more like a minstrel than like a knight.


[Remonter]

* Si ja amors autre pro non tengues / Si l'amour n'offre pas d'autre avantage :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras ??? (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Si ja amors autre pro non tengues
Mas car om n'es plus gais e plus cortes
E miels parlanz e de meillor solatz
E.n conois miels los pros entre.ls malvatz
Et enten miels q'es mensonja ni ver
E tri' enanz q'es enueg ni plazer,
Pos amors sap tan ric guizardon rendre
Neguna res no.s deu d'amor defendre.

COUBLET N°2 :
Donc, ma domna, vostre franc cors, so.m pes,
Mas amors es flors e frugz de totz bes,
Se.us conseilha paratges ni beutatz
Qe non ametz, mal s'es acosseillatz :
Con mais vos fa Dieus e valors valer
Vos devetz mais d'humilitat aver.
Mas tant m'es aut c'ap re no.i puesc atendre,
Ni.l vostre pretz non vol tan bas descendre.

COUBLET N°3 :
E car eu am la plus avinen res
C'anc dels oils vis, degra trobar merces,
Oc, se.l plagues, car lai on es juvatz
De totz bos aibs, aten c'umilitatz
Li entr' el cor tan qe.m do ses qerer
Lo joi q'eu ja per qerrer non esper,
Qe.m vueilh totz temps, car aus en leis entendre,
De malvestat escondir e defendre.

COUBLET N°4 :
Tant m'a amors e jois lassat e pres
El sieu fin cor gai e cortes,
On es plazers e jovenz e beutatz,
E.l sieus cars pretz q'es flors dels plus prezatz,
Qe.l gaugz q'eu n'ai non pot en mi caber.
Gardatz si.m fezes amors null plazer
Si.m dera gaug, q'era per sol l'entendre
N'ai tals mil gaugz qe rics seria.l mendre.

COUBLET N°5 :
A vos, per cui pretz viu e nais et es
Et a cobrat som briu en totas res,
Bella donna, contessa de Burlatz,
Ren ma chanzon, car ades meilluratz ;
Q'ont qe vivatz ja non pot dechazer
Pretz ni jovenz ni solatz ni plazer,
C'aissi co.l venz fa lueng la flam' escendre
Vei vostre pretz sobre.ls meillors estendre.

COUBLET N°6 :
A Mon Segur, chanzon, te fai saber,
E digas li, e semblara plazer,
C'om miels de leis no sap dir ni entendre
Ni miels chantar, mas trop poignh' ad apendre.

Plus Avinen, si be.us vau tart vezer,
Mais res mas vos e mi non a poder,
Ni fas chanzo per donar ni per vendre,
Mas sol per vos, si la degnatz apendre.

Los lauzengiers, bels amics, vei empendre,
Qe.us sonon gent e.us blasmo de seguendre.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Si l'amour n'offrait aucun autre avantage
que de rendre un discours plus joyeux et plus courtois 
Et meilleur, et une meilleure compagnie
Et mieux pour dire le vaillant par le moyen
Et mieux pour dire le mensonge de la vérité
Et capable de dire à l'avance ce qu'est l'ennui ou le plaisir,
Puisque l'amour peut donner une si riche richesse,
Rien ne devrait se protéger de l'amour.

COUPLET N°2 :
Par conséquent, ma dame, mon opinion est que,
puisque l'amour est la fleur et le fruit de tout bien,
Si le rang et la beauté conseillent à votre juste de ne
pas aimer, ils le conseillent mal :
plus Dieu et le mérite vous exaltent,
plus vous êtes humble devrait avoir.
Mais [votre statut] est tellement supérieur au mien que je ne peux en aucun cas l'atteindre,
et votre valeur n'est pas prête à descendre si bas.

COUPLET N°3 :
Et comme j'aime la chose la plus charmante
Que mes yeux aient jamais vue, je devrais trouver grâce,
si cela lui plaisait, car, alors qu'elle bénéficie
De toutes les bonnes qualités, j'attends tant d'humilité
pour entrer dans son cœur qu'elle me donne sans demander
Quelle joie je ne pouvais espérer en demandant ;
Car j'ai toujours envie, puisque j'ose lui aspirer,
De rejeter et de refuser un comportement inconvenant.

COUPLET N°4 :
L'amour et la joie sont tellement pris au piège et m'ont pris
dans sa précieuse personne gaie et courtoise,
O ù résident le plaisir, la jeunesse et la beauté,
ainsi que sa valeur élevée (qui est la fleur des plus dignes)
Que le plaisir que je ressens ne peut pas être contenu dans moi.
Considérez quel plaisir l'amour me donnerait
S'il me faisait plaisir, car rien qu'en l'écoutant,
je ressens des milliers de joies qu'un haut-né m'envierait.

COUPLET N°5 :
À vous, par qui le mérite est né, vit et a son être,
Et a rassemblé sa vigueur dans tous les domaines,
Belle dame, comtesse de Burlatz,
coule ma chanson, car tu t'améliores toujours ;
où que vous résidiez, il n'y a ni valeur ni jeunesse,
ni amusement, ni plaisir,
Car au fur et à mesure que le vent propage la flamme au loin
Je vois votre valeur régner sur le meilleur.

COUPLET N°6 :
À mon avis, faites-vous connaître, en chanson,
Et dites-lui, car cela lui plaira,
Que personne ne peut parler, ni comprendre ni chanter
mieux qu'elle, car elle s'efforce excessivement d'apprendre.

Très gracieux, bien que je m'attarde à vous voir,
rien d'autre que vous n'a de pouvoir sur moi,
et je n'écris pas des chansons à donner ou à vendre,
Mais pour vous seulement, si vous daignez l'apprendre.

Bel ami, je vois les calomniateurs avancer :
ils parlent gentiment, et vous blâment par la suite.

VERSE N°1 :
If love offered no other advantage
but to make one merrier and more courteous
and better discoursing, and a better company
and better at telling the valiant from the mean
and better at telling lie from truth
and able to tell in advance what is annoyance or pleasure...
since love can give so rich a meed,
nothing should shield itself from love.

VERSE N°2 :
Therefore, my lady, my opinion is that,
since love is the flower and fruit of all good,
if rank and beauty advise your fair person
not to love, they advise it ill:
the more god and merit exalt you,
the more humility you ought to have.
But [your status] is so much higher than mine that I can't in any wise attain it,
nor is your worth willing to descend so low.

VERSE N°3 :
And since I love the most charming thing
that my eyes ever saw, I should find mercy,
yes, if it pleased her, for, while she profits
of all good qualities, I wait for so much humility
to enter her heart that she gives me without asking
what joy I could not hope for by asking;
since I always want, since I dare aspire to her,
to reject and refuse an unseemly behaviour.

VERSE N°4 :
So much have love and joy ensnared and caught me
in her precious, gay and courtly person,
where pleasure, youth and beauty reside,
along with her high worth (which is the flower of the worthiest)
that the delight I feel cannot be contained in me.
Consider what pleasure love would give me
if it gave me delight, since merely by listening to her
I feel such a thousand joys that a high-born would should envy me.

VERSE N°5 :
To you, through whom merit is born, and lives and has its being,
and has mustered its vigour in all matters,
beautiful lady, countess of Burlatz,
flows my song, for you ever improve;
wheresoever you reside, there worth nor youth
nor amusement nor pleasure can decline,
for as the wind spreads the flame afar
so I see your worth reign over the best.

VERSE N°6 :
Make yourself known, my song, to My Assurance,
and tell her, for it will please her,
that no one can speak, nor understand nor sing
better than her, for she exceedingly strives to learn.

Most Gracious, albeit I tarry in seeing you,
nothing but you has power over me,
nor do I write songs for giving or selling,
but for you only, if you deign to learn it.

Beautiful friend, I see the slanderers advance:
they speak kindly, and blame you thereafter.


[Remonter]

* Truan, mala guerra / Truands, mauvaise guerre :

- Présentation de cette chanson : Cette chanson est un sirventès. Raimbaud raconte ici un fait historique (Dame Béatrice)

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Truan, mala guerra
Sai volon comensar
Domnas d'esta terra
E vilas contrafar :
En plan o en serra
Volon ciutat levar
Ab tors,
Quar tan pueia l'onors
De leis que sotzterra
Lur pretz e.l sieu ten car,
Qu'es flors
De totas las melhors,
Na Biatritz; car tan lur es sobreira
Qu'encontra lieis faran totas senheira
E guerr' e fuec e fum e polvereir.

COUBLET N°2 :
La ciutatz s'ajosta
E fan murs e fossatz ;
Domnas, ses somosta,
I venon de totz latz,
Si que pretz lur costa
E jovens e beutatz.
E pes
Que.l filha del marques
N'aura manta josta,
Car a conques en patz
Totz bes
E totz bos aibs cortes ;
E car es pros e franch' e de bon aire
Non estara plus en patz que sos paire,
Que tornatz es a lansar et a traire.

COUBLET N°3 :
Domnas de Versilha
Volon venir en l'ost,
Sebeli e Guilha
E na Riqueta tost,
La mair' e la filha
D'Amsiza, can que cost ;
Ades
Ven de Lenta n'Agnes
E de Ventamilha
Na Guilhelm' a rescost.
Empres
Er la ciutatz en pes.
De Canaves i ven molt gran companha,
De Toscana, e domnas de Romanha,
Na Tomazin' e.l domna de Soranha.

COUBLET N°4 :
Engles e Garsenda
E Palmeir' e n'Auditz,
N'Aud' e na Berlenda,
N'Agnes e n'Eloitz,
Volon que lur renda
Joven na Biatritz ;
Si no,
Las domnas de Ponso
En querran esmenda.
E lai part Mon Senitz
Somo
La ciutatz Contesso,
Qu'ades guerrei leis qu'es tan bon' e bella,
Que sos gens cors tol a la Damizella
E a totas color fresqu' e novella.

COUBLET N°5 :
Maria la Sarda
E.l domna de sant Jortz,
Berta e.l Bastarda
Mandon tot lur esfortz,
Que joves Lombarda
Non rest de sai los portz.
E sai
Qu'a na Biatritz plai,
Quar lurs reiregarda
Non pot esser tan fortz
Qu'esglai
Lo sieu fin pretz verai.
Donan lur senh, cavalcon ab gran joia ;
Fag an ciutat et an li mes nom Troia :
Poestat fan de midons de Savoia.

COUBLET N°6 :
La ciutatz se vana
De far ost en arrenc,
E sona.l campana,
E lo vielhs comuns venc,
E ditz per ufana
Que chascuna desrenc ;
Pueis ditz
Que.l bela Biatritz
Estai sobeirana
De so que.l comuns tenc :
Aunitz
N'es totz e desconfitz.
Trompas sonon e la poestatz cria :
"Demandem li beutat e cortezia,
Pretz e joven", e totas cridon : "Sia !".

COUBLET N°7 :
La ciutatz se vueia
E movon lur carros,
E.l vielhs comuns pueia
E gieton en lur dos
Coirassas de trueia
Ab que cobron lurs os ;
Gambais
An et arcs e carcais,
E non temon plueia,
Ni mals temps no lur nos.
Ueimais
Veirem de grans assais.
De totas partz comenson a combatre ;
Na Biatritz cuidan de pretz abatre,
Mas non lur val, s'eran per una quatre.

COUBLET N°8 :
Per los murs a fendre
Fan engenhs e castels,
E calabres tendre,
Gossas e manganels,
Fuec grezesc acendre,
E fan volar cairels ;
De jos
Traucan murs ab bossos.
Per tal no.s vol rendre
Lo sieus joves cors bels,
Joios,
Faz de bellas faissos.
Totas cridan : "Ajuda, tras l'esponda !"
L'un' a l'altra ; la tersa ten la fronda,
E trazon tug li genh a la reonda.

COUBLET N°9 :
Na Biatritz monta
E va.s de pretz garnir :
Ausberc ni porponta
Non vol, e vai ferir
Sel' ab cui s'afronta,
Que pres es de morir ;
E jonh
Et abat pres e lonh.
Fait a tanta jonta
Que l'ost fai desconfir ;
Pueis ponh
Tant que.l carros desjonh.
Tanta n'a prez' e derrocad' e morta
Que.l vielhs comuns s'esmai' e.s desconorta,
Si qu'a Troia l'enclaus dedinz la porta.

COUBLET N°10 :
Na Biatritz, be.m plai quar es estorta
A las vielhas, que.l vostres gens cors porta
Pretz e joven, c'a lor proeza morta.

Bels Cavaliers, vostr' amors mi conorta
E.m dona joi e m'alegr' e.m deporta,
Quant autra gens s'esmai' e.s desconorta.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUBLET N°4 :
.

COUBLET N°5 :
.

COUBLET N°6 :
.

COUPLET N°1 :
Je sais que les dames
de ce pays veulent déclencher
une misérable et mauvaise guerre
à la manière des paysans :
dans les plaines ou dans les hauts plateaux,
Elles veulent élever une ville
Avec des tours,
si haut placé est l'honneur
De celui qui enterre
Leur vaut, et chérit chèrement la sienne,
elle qui est la fleur
De toutes les meilleures femmes,
Dame Béatrice parce qu'elle est si supérieure à eux
Qu'ils élèveront tous leurs standards,
Et la guerre et le feu et la fumée et la poussière contre elle.

COUPLET N°2 :
Les citoyens assemblent
Et construisent des murs et des tranchées ;
Mesdames, sans sommation,
Y viennent de toutes parts :
Ce qui est en jeu, c'est leur valeur,
jeunesse et beauté.
Et je pense
Que la fille du marquis
Aura sa part de joutes,
Puisqu'elle a gagné, en temps de paix,
Toutes les vertus
Et toutes les bonnes qualités courtoises ;
Et comme elle est précieuse et sérieuse et de grande race,
Elle ne restera pas paisible plus longtemps que son père,
Qui est revenu à la lance et à l'arc.

COUPLET N°3 :
Les dames de la Versilia
Veulent rejoindre l'hôte,
Sebeli et Guilha
Et, bientôt, Dame Riqueta ;
La mère et la fille
D'Incisa ont coûté ce qu'elles pouvaient ;
Maintenant
Dame Agnes vient de Lenta
Et de Vintimille,
en secret, Dame Wilhelmina.
Bientôt
la ville sera érigée.
Une très grande entreprise vient du Canavese,
De la Toscane, et des dames de Romagne,
Dame Thomasina et la dame de Soragna.

COUPLET N°4 :
Engles et Garsende
et Palmyra et Dame Auditz,
Dame Alda et Dame Berlenda,
ès et Dame Eloïse,
insistent pour récupérer les
Jeunes de Dame Béatrice ;
Sinon,
La dame de Ponzone
demandera à sa réparation.
Et là, au-delà de Moncenisio,
la ville
appelle la jeune comtesse
pour lui faire la guerre, qui est si juste et vertueuse
Que son corps agréable prive la jeune femme
Et tout le monde de leur couleur fraîche et jeune.

COUPLET N°5 :
Maria la Sarde
Et la Dame de San Giorgio,
Berta et Bastarda
rassemblent toutes leurs forces,
afin qu'aucune jeune femme lombarde
Ne tourne au ralenti, d'ici aux frontières.
Et je sais
Que cela plaît à Dame Béatrice,
Car leur arrière-garde
Ne peut pas être assez forte
pour submerger
sa vraie et précieuse valeur.
Ils donnent leur signal, ils roulent avec beaucoup d'enthousiasme ;
ils ont fait leur ville et l'ont nommée Troie :
En tant que maire, ils élisent ma Dame de Savoie.

COUPLET N°6 :
La ville se vante
De former une armée en bataille,
Et la cloche sonne,
Et l'ancienne commune arrive,
Et dit avec arrogance
Que tout le monde marche en avant;
Puis il est dit
Que la belle Béatrice
règne maintenant
sur ce que la commune possédait:
elle est donc complètement
défigurée et vaincue.
Les trompettes retentissent et le maire crie :
"Nous exigeons la beauté et les manières agréables,
La valeur et la jeunesse", et tous crient : "Qu'il en soit ainsi !".

COUPLET N°7 :
La ville est vidée
Et ils déplacent leurs chars ;
Et la vieille commune monte
Et ils jettent sur leur dos
Des armures de peau de porc
dont ils recouvrent leurs os ;
ils ont des
jerkins, des arcs et des carquois,
et ils ne craignent pas la pluie
et le mauvais temps ne leur fait pas de mal.
Finalement,
Nous verrons de grands assauts.
Ils commencent à se battre de toutes parts ;
ils ont pour but de réduire Dame Béatrice de sa valeur,
Mais ils ne réussissent pas, même s'ils étaient quatre pour chaque défenseur.

COUPLET N°8 :
Afin de briser les murs,
Ils fabriquent des moteurs et des tours de siège,
Et étirent des catapultes,
Des chiennes et des mangonels,
ils allument le feu grec,
Et ils laissent les boulons voler ;
en dessous,
ils franchissent les murs avec des béliers.
Malgré cela, elle ne renoncera pas à
son corps jeune et beau,
agréable
et en forme de beaux traits.
Ils crient tous : "Au-delà des barrières !"
Les uns aux autres ; et un troisième tient la fronde,
Et tout autour, tous les moteurs tirent.

COUPLET N°9 :
Dame Béatrice monte
Et va se parer de valeur :
elle refuse le haubert
et le doublet, et va frapper
Ceux qu'elle affronte,
Qui sont sur le point de mourir ;
elle attaque
Et abat ceux de près et de loin.
Elle a semé tellement de consternation
qu'elle confond l'ennemi ;
puis elle éperonne
jusqu'à ce que le char soit déchiré.
Elle en a capturé, démonté et tué tant de fois
Que l'ancienne commune est consternée et découragée,
De sorte qu'elle s'enferme à l'intérieur des portes de Troie.

COUPLET N°10 :
Dame Béatrice, je suis heureuse que vous ayez échappé
Aux vieilles dames, car votre corps agréable porte
La valeur et la jeunesse, et a perdu leurs prouesses.

Beau chevalier, ton amour me réconforte
Et me donne de la joie et me réjouit et me ravit,
Tandis que les autres sont consternés et découragés.

VERSE N°1 :
I know that the ladies
of this country want to start
a wretched, evil war
in the peasants' manner:
in the plains or in the highland
they want to raise a city
with towers,
so highly placed is the honour
of the one who buries
their worth, and dearly prizes her own,
she who is the flower
of all the best women,
Dame Biatriz; because she is so superior to them
that they will all raise their standards,
and war and fire and smoke and dust against her.

VERSE N°2 :
The citizens assemble
and build walls and trenches;
ladies, without summons,
concur there from all sides:
what's at stake is their worth,
youth and beauty.
And I think
that the marquis' daughter
will have her share of jousts,
since she has won, during peaceful times,
all virtues
and all good courtly qualities;
and since she is precious and earnest and of high breeding,
she won't remain peaceful longer than her father,
who has reverted to the lance and the bow.

VERSE N°3 :
Ladies from Versilia
want to join the host,
Sebeli and Guilha
and, soon, Dame Riqueta;
the mother and the daughter
from Incisa, cost what it may;
now
Dame Agnes come from Lenta
and from Ventimiglia,
in secret, Dame Wilhelmina.
Soon
the city will be erect.
A very large company comes from the Canavese,
from Tuscany, and ladies from Romagna,
Dame Thomasina and the lady of Soragna.

VERSE N°4 :
Engles and Garsenda
and Palmyra and Dame Auditz,
Dame Alda and Dame Berlenda,
Dame Agnes and Dame Eloitz,
insist to get back
youth from Dame Biatritz;
otherwise,
the lady of Ponzone
will demand from her reparation.
And there, beyond Moncenisio,
the city
calls the Young Countess forth
to presently wage war to her who is so fair and virtuous
that her pleasant body robs the Young Lady
and everybody of their fresh and youthful colour.

VERSE N°5 :
Maria the Sardinian
and the Lady of San Giorgio,
Berta and Bastarda
call together all their forces,
so that no young woman from Lombardy
idles, from here to the borders.
And I know
that it pleases Dame Biatritz,
because their rear-guard
can't be so strong
as to overwhelm
her true and precious worth.
They give their signal, they ride with great enthusiasm;
they have made their city, and named it Troy:
as mayor, they elect my Lady of Savoy.

VERSE N°6 :
The city boasts
it will form an army in battle array,
and the bell sounds,
and the old commune comes,
and arrogantly says
that everyone should march forward;
then it says
that the beautiful Beatritz
now reigns
over what the commune owned:
therefore it is utterly
dshonoured and defeated.
The trumpets sounds, and the mayor cries:
"We demand beauty and pleasant ways,
worth and youth", and all cry "So be it!".

VERSE N°7 :
The city is emptied
and they move their chariots;
and the old commune mounts
and they throw on their backs
armours of pigskin
with which they cover their bones;
they have
jerkins and bows and quivers,
and they don't fear the rain
nor does bad weather harm them.
Finally,
we shall see great assaults.
They start fighting from all sides;
they purpose to abate Dame Biatritz from her worth,
but they don't succeed, even if they were four to each defender.

VERSE N°8 :
In order to crack the walls,
they make engines and siege-towers,
and stretch catapults,
bitches and mangonels,
they light Greek fire,
and they let bolts fly;
below,
they breach the walls with battering rams.
In spite of this, she won't surrender
her young, beautiful body,
pleasant,
and shaped of beautiful features.
They all cry: "Up and across the barriers!"
to each other; and a third holds the sling,
and all around all the engines fire.

VERSE N°9 :
Dame Biatritz mounts
and goes deck herself with worth:
she refuses hauberk
and doublet, and goes strike
the ones she confronts,
who are about to die;
she attacks
and fells those near and far.
She has sown so much dismay
that she confounds the enemy;
then she spurs
until the chariot is torn asunder.
So many has she captured, dismounted and killed
that the old commune is dismayed and disheartened,
so that it locks itself inside the doors of Troy.

VERSE N°10 :
Dame Biatritz, I am glad you escaped
the old ladies, for your pleasant body carries
worth and youth, and has slain their prowess.

Beautiful Knight, your love comforts me
and gives me joy and gladdens me and delights me,
while other people are dismayed and disheartened.


[Remonter]

* Tuich me pregon, Engles, qe vos don saut / Tout le monde me prie, Engles, de vous accuser :

- Présentation de cette chanson : .

- Paroles et Musique : Raimbaud de Vacqueyras (…1155-1207)

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
Tuich me pregon, Engles, qe vos don saut
Del fol anar don es en fol venguz,
Don toz autr' om fora decaseguz ;
Mas vos es tant de ric corage et haut
Qe la foudat, don nulz hom no.us razona,
Sabes cobrir, e si fosson Frances
Cil d'Estela, venjamen n'agraz pres,
Quar no.us donet lo reis, q'om n'ochaizona.

COUBLET N°2 :
Be.m meraveill de vos, en Raimbaut,
Cum vos es tan endreich me irascuz,
Q'en breu serez per fol reconoguz
Plus q'en Peirols qe hom ten per arnaut.
Anaz vos en al rei de Barsalona
Et als autres, si com avez enpres,
Qe mais amaz deniers e paubr' arnes
Q'en Conoguz l'amor de na Falcona.

COUBLET N°3 :
Engles, ben tost venguet n'Aimars l'assaut,
Qe.ill pescador si.us preiron con un luz.
Non dic eu ges qe anc fosses batuz,
Si non fon colps que vengues de resaut ;
E no.n mier mal si.l reis no.us det ni.os dona,
Ni car crezes lo sagel del borgues,
Lo prodome per qe n'avez comes :
Bons Dieus fora n'Aimars que tost perdona.

COUBLET N°1 :
.

COUBLET N°2 :
.

COUBLET N°3 :
.

COUPLET N°1 :
Tout le monde insiste, Engles, pour que je vous accuse
Du voyage fou quand vous êtes revenu comme un fou,
et qui aurait dégradé tout autre homme ;
Mais vous êtes si intrépide et si né
Que cette folie, dont personne ne vous exempte,
Vous savez couvrir ; et si ceux d'Estela
avaient été français, vous vous seriez vengés d'eux,
Puisque le roi vous a refusé un cadeau dont personne ne le blâme.

COUPLET N°2 :
Vous m'étonnez vraiment, monsieur Raimbaut,
d'être si acrimonieux envers moi :
vous serez bientôt reconnu comme un fou,
encore plus que Peirol, qui est considéré comme un fou.
Partez avec vous au roi de Barcelone
Et aux autres, comme vous l'avez entrepris,
Puisque vous aimez l'argent et les vêtements pauvres
plus que monsieur Conoguz ne fait l'amour de Dame Falcona.

COUPLET N°3 :
Engles, monsieur Aimar a très vite vengé l'attaque,
Quand ces pêcheurs vous ont attrapé comme un brochet.
Je ne dis pas tout à fait que vous avez été battu,
sauf pour un coup qui est venu sur le rebond ;
ni le roi à blâmer s'il a refusé et vous refuse un cadeau,
ou parce que vous avez fait confiance au sceau du hamburger,
Le vaillant à cause de qui vous avez tout commencé :
si Sir Aimar pardonnait si facilement, il serait le bon Dieu lui-même.

VERSE N°1 :
Everyone insists, Engles, that I accuse you
of the madded journey when you came back as a madman,
and which would have debased any other man;
but you are so fearless and highly born
that this folly, from which no one exempts you,
you know how to cover; and if those of Estela
had been French, you would have taken revenge upon them,
since the king refused you a gift, for which no one blames him.

VERSE N°2 :
You truly astonish me, Sir Raimbaut,
in being so acrimonious towards me:
you will presently be recognised as a madman,
even more so than Peirol, whom is considered a lunatic.
Away with you to the king of Barcelona
and to the others, as you have undertaken,
since you love money and poor apparel
more than Sir Conoguz does the love of Dame Falcona.

VERSE N°3 :
Engles, Sir Aimar very soon avenged the attack,
when those fishermen caught you like a pike.
I don't quite say you were beaten up,
save for a blow which came on the rebound;
nor is the king to blame if he refused and refuses you a gift,
or because you trusted the seal of the burger,
the valiant because of whom you started it all:
if Sir Aimar forgave so easily, he'd be the good god himself.


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* 1/ L :

- Présentation de cette chanson : C.

- Paroles et Musique : E ().

Version originelle :

Version provençale
en graphie mistralienne :

Traduction en français :

Traduction en anglais :

COUBLET N°1 :
E.

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Pour en savoir plus :

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* Discographie

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Page réalisée à but pédagogique et culturel.
© Traductions en français et en provençal mistralien réalisées par Thibaut PLANTEVIN.
© Traductions en anglais issues de diverses sources : www.trobar.org, www.lyricstranslate.com, Google traduction, Wiki et multiples forums. Merci à tous !
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