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MUSIQUE >> Fiches pédagogiques

>> Peer Gynt (1867 puis 1876 puis 1888 puis 1891)
d'Edvard GRIEG (1843-1907)

 

Présentation de l'oeuvre et du compositeur
Historique
Intrigue
Analyse : Suite n°1 et Suite n°2
Liens

 

Thématiques, notions et objectifs : Thème, poème symphonique, nuances, instruments, intensité, pulsation, binaire/ternaire, Norvège ...

PRÉSENTATION :

"Peer Gynt" est à l'origine un conte norvégien qui narre les aventures d'un homme voyageant dans le monde africain et le monde des trolls ... Il nous présente ainsi son évolution, ses sentiments et ses rencontres ...

Ecrit en 1867 par Henrik IBSEN (Livret), il est alors mis en musique par Edvard GRIEG. Cette musique de scène (op. 23) est créée en 1876 au Théâtre de Christiania d'Oslo). Les émotions du personnage sont traduites musicalement dans différents tableaux.

Suite au succès de son oeuvre, E. GRIEG choisit huit de ses meilleurs numéros afin de composer deux suites pour orchestre (op.46 et 55) de quatre tableaux chacune.

Suite n°1
Suite n°2

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BIOGRAPHIE d'Edvard GRIEG :

Compositeur norvégien romantique

Liens : http://perso.wanadoo.fr/garry.holding/music/autres/html/grieg.htm, http://odin.dep.no/odin/fransk/om_odin/stillinger/032005-990362/index-dok000-b-n-a.html

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HISTORIQUE :

C'est le 23 janvier 1874 que le dramaturge norvégien Henrik IBSEN contacte Edvard GRIEG pour lui proposer de composer la musique de scène de son "Peer Gynt", chef-d'œuvre de la littérature dramatique mondiale créé en 1867 mais qui, sous cette forme, devait être donnée pour la première fois à Christiania (Oslo) le 24 février 1876.
Pour ce drame de la condition humaine, qui promène le héros de la Norvège à l'Égypte en passant par les côtes du Maroc avec quelques allusions aux États-Unis et à la Chine dans une aventure picaresque, GRIEG composa une partition de vingt-six numéros enchaînant pages orchestrales, chorales, et solos instrumentaux et vocaux. Mais la vogue, chère au XIXème siècle, des interludes orchestraux, musiques de « mélodrame » accompagnant les textes parlés, chants interrompant le cours de l'intrigue, passa, et l'on n'entendit plus guère cette partition dans son intégralité. Seules les deux suites pour orchestre du compositeur (op. 46 et 55) auront contribué à faire connaître le poème dramatique d'IBSEN.
En fait, à cause des nombreuses révisions et coupures qui se sont succédées, aucune exécution de Peer Gynt n'a été accompagnée de l'ensemble des pages écrites par GRIEG. On crut même les manuscrits originaux perdus jusqu'à ce qu'ils soient retrouvés par hasard dans la Bibliothèque d'Oslo et que le musicologue Runne J. Andersen en publie toutes les révisions faites par le compositeur au cours des années, appuyant son travail sur les intentions exposées par GRIEG dans une lettre de dix-huit pages adressée à Johann Hennum, chef de l'orchestre du théâtre de Christiania.

 

Vers 1870, la Norvège pouvait s'enorgueillir notamment de deux écrivains, Björnsterne Björnson, et d'un compositeur, Edvard Grieg. La postérité les a traités fort différemment. Björnson, apprécié de son vivant dans toute l'Europe, en particulier en France, n'est plus connu aujourd'hui que dans son pays. La gloire d'Ibsen n'a cessé de grandir. Quant à Grieg, jadis le plus célèbre des trois, sa réputation reste internationale, mais n'est plus tout à fait ce qu'elle fut. Grieg commença par collaborer avec Björnson. Il s'agissait d'un projet d'opéra, Olav Trygvason. Grieg commença à travailler aux trois premières scènes en juillet 1873, mais à la fin de l'année, il n'avait pas encore reçu le livret complet et n'avait pas la moindre idée de l'action, même dans ses grandes lignes. Il annonça à Björnson qu'en attendant, il travaillait sur Peer Gynt d'Ibsen (dont il avait fait la connaissance à Rome en 1865). Croyant que c'était un autre opéra, Björnson explosa d'indignation, et Olaf Trygvason en resta là.

Le drame d'Ibsen Henrik "Peer Gynt" (titre en norvégien : Per Gynt, type de livre : Roman - Date de la première édition : 1867) remontait à 1867. C'est pour une représentation prévue à Christiana (Oslo) qu'Ibsen lui-même demanda à Grieg une musique de scène. À l'époque, le public en Norvège ne concevait pas qu'une pièce de théâtre pût être représentée sans musique. Grieg accepta, mais sans grand enthousiasme : il trouvait le « sujet intraitable, sauf en quelques endroits, comme lorsque Solveig chante ». La première représentation de la pièce avec sa musique eut lieu à Christiana le 28 février 1876, en l'absence aussi bien de l'écrivain que du compositeur. Le succès fut énorme, et on atteignit trente-sept représentations, auxquelles mit fin un incendie qui détruisit décors et costumes. Des reprises eurent lieu en 1885, 1892 et 1902. Chaque fois, Grieg révisa sa musique et/ou y ajouta de nouveaux morceaux. La partition complète, publié en 1908, ne comprend pas moins de vingt-trois numéros.

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L'INTRIGUE :

La pièce raconte la chute et la rédemption finale d'un paysan norvégien, Peer Gynt. Bien que sur le point d'obtenir la main de Solveig, jeune fille vertueuse, il se tourne vers la fiancée d'un autre, Ingrid, qu'il finit par abandonner. Il rend visite au légendaire roi des montagnes de Dovre, dont les filles sont des gnomes. Il séduit l'une d'elles, ce qui met sa vie en danger. Il s'enfuit et assiste à la mort de sa mère Aase. Il quitte ensuite la Norvège, et on le retrouve une vingtaine d'années plus tard en Afrique, où il est devenu un riche marchand d'esclaves. Mais sa richesse ne fait que l'inciter à la débauche. Après avoir visité l'Arabie et séduit la belle Anitra, il échoue dans un hospice du Caire. Une vision de Solveig l'incite à regagner son pays natal. Il fait naufrage en route, mais atteint quand même la Norvège, où il meurt dans les bras de Solveig, qui l'a attendu et dont l'amour lui vaut la rédemption.

RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE complète de l'oeuvre originelle :

Peer Gynt vit avec sa mère Aase dans leur pauvre maison. Son père décédé ne leur a pas laissé de quoi vivre. Aase adore son fils mais se rend compte qu’il n’est qu’un affabulateur et un bon à rien. Lorsqu’elle lui apprend qu’Ingrid, une jeune fille de bonne famille qu’il aurait pu épouser, se marie ce jour-là, il décide de se rendre à la noce, et sur un coup de tête enlève la mariée avec laquelle il s’enfuit dans les bois. Il se lasse très vite d’elle, et la renvoie avec des sarcasmes à sa famille. Il rencontre la dame en vert, fille du roi de la montagne, et s’apprète à l’épouser, lorsque le roi se propose de lui mutiler les yeux pour qu’ils voient comme ceux d’un troll. Peer refuse et s’enfuit de la caverne. Il se réfugie auprès de la douce Solveig, qui accepte de s’installer avec lui. Le bonheur de Peer est gâché lorsque la dame en vert lui annonce qu’elle et l’enfant qu’elle a eut de lui rôderont toujours autour de sa cabane. Il s’enfuit.
Peer va d’aventure en aventure. Il fait fortune comme armateur et trafiquant d’esclaves, perd presque tous ses biens dans un naufrage, est adopté par une tribut de bédouins du désert en tant que prophète, se fait voler par Anitra, la jeune fille à laquelle il s’était attaché. Devenu vieux, il revient enfin en Norvège où le diable lui apprend que son heure est venue. Peer court la forêt pour échapper à son sort, et retrouve sa cabane, où Solveig est restée à l’attendre fidèlement, sans douter un seul jour qu’il reviendrait.


>> Nous sommes dans la période symbolique d’Ibsen. Les aventures de Peer Gynt sont remplies de personnages fantastiques et imaginaires (les fameux trolls par exemple). C’est une « pièce à lire » picaresque, où on suit l’évolution du personnage principal et la manière dont il assimile les leçons données par la vie. Dans son obstination à être « lui-même », Peer Gynt est passé à côté de sa vie et il ne comprend qu’à son retour que sa vérité à lui était depuis toujours auprès de Solveig. C’est un classique de la Littérature Norvégienne et mondiale, mis en musique par Grieg.

Peer Gynt, d'après le poème dramatique de Henrik Ibsen, librement raconté par Gerhard Buchner, et traduit par Ulrike Jeanne.

INTRO :

Dans le grand nord, là où les montagnes escarpées laissent à peine passer un rayon de soleil dans les fjords étroits, où hurlent les loups pendant les longues nuits d'hiver et où d'étranges lueurs dansent à travers les forêts, pendant les nuits d'été, là se trouve le pays des trolls.

Les trolls règnent sur les montagnes et tourmentent les humains en leur jouant de vilains tours. Ils essaient par la ruse de transformer les hommes en leurs semblables. Et lorsque un être humain se comporte comme un troll, leur joie est à son comble. Alors, on entend leur rire retentissant résonner d'un rocher à l'autre.

Malheur à l'homme qui les rencontre. Rapidement, il sera leur proie et seul l'amour le plus fidèle pourra le sauver.

Dans ce pays des trolls vivait Peer Gynt. Il habitait seul avec sa mère Aase dans une petite ferme que son père leur avait laissée. Avec la ferme, le père leur avait aussi laissé des dettes et dans le village on chuchotait qu'il avait été un demi-troll.

La mère Aase peinait à rembourser ces dettes toute seule. Car Peer ne s'occupait pas de la ferme. Il préférait vagabonder à travers les montagnes et les forêts et rêvait de devenir un homme célèbre.

Son rêve préféré était d'être empereur. Dans son imagination, il se lançait dans les aventures les plus insensées, et quand il en parlait, il avait du mal à distinguer le rêve de la réalité.

Un jour, Peer revint de la chasse et prétendit qu'il avait traversé les airs à dos de renne pour faire la course avec les nuages.

"Peer, tu mens", dit sa mère, "quand seras-tu enfin raisonnable ? Tu as l'âge de te marier. Prends enfin une femme et aide-moi à la ferme. Prends Ingrid, elle travaille bien et elle est riche."

Peer répondit en riant : "Ingrid se marie aujourd'hui, mais avec un autre homme." "Ainsi c'est trop tard ." soupirait la mère. "Et j'avais tellement espéré que toi et Ingrid ..."

Peer l'interrompit ; il avait soudain une idée. "Et après tout, pourquoi pas ?" dit-il. "Je vais aller la voir et je vais lui dire de m'épouser, moi."
"Mais tu es complètement fou", cria la mère désespérée.
"Mais non" dit Peer, "qui sait chevaucher un renne dans les airs saura aussi faire changer d'avis à une fiancée."

Peer quitta sa mère désemparée et courut à la noce. De loin, il entendait déjà la joyeuse animation de la fête. Il ne se doutait pas qu'il allait y rencontrer son destin - et d'une façon bien différente que ce qu'il avait imaginé.

I) LA NOCE :

Parmi les invités, Peer découvrit une jeune fille, plus naturelle et plus belle que toutes celles qu'il avait jamais rencontrées. Plus il la regardait, plus il était charmé. Il sentait, oui il était sûr qu'elle seule lui était destinée comme épouse.

Il alla vers elle et l'invita à danser. Elle répondit : "Oui, mais pas trop longtemps," et elle ajouta "Je m'appelle Solveig."

Peer aussi lui dit son nom. Alors elle prit peur : "Peer Gynt, juste ciel !" cria-t-elle et partit en courant.

Peer savait qu'il n'était pas très bien vu au village. Les gens le prenaient pour un vulgaire menteur. Plusieurs filles lui avaient déjà refusé une danse. Cela ne le gênait pas particulièrement. Mais que la douce Solveig, qui ne le connaissait que par ouïe-dire, soit partie en courant, cela le toucha durement.

Un moment il resta abasourdi. Puis il dit tout bas : "Et maintenant , on va bien voir" ; et il se donna du courage en buvant avec les autres garçons. Finalement, il alla chercher Solveig et lui demanda une nouvelle fois de danser avec lui. Solveig le regarda avec tristesse et lui dit:"Peer, je regrette pour tout à l'heure, je ne voulais pas te vexer. Mais n'insiste pas."

"Tu as sans doute honte de te montrer avec moi parce que je ne suis pas bien habillé ?" demanda Peer.
"Ce n'est pas cela", répondit Solveig rapidement, "tu ... tu me plais comme tu es. Seulement ..."
"Quoi seulement ?"
"Tu ... tu as trop bu !"

Peer ne savait plus à qui il devait en vouloir davantage : à lui-même ou à Solveig. Qu'importe, il fallait qu'il se libère de sa colère, d'une façon ou d'une autre. Il alla voir Ingrid et l'éloigna des autres invités. Puis il la saisit, la prit sur ses bras et l'emporta rapidement dans la forêt, en escaladant la montagne abrupte. Ingrid crut d'abord à une plaisanterie ; mais très vite elle prit peur et supplia Peer de la ramener à la maison. Il ne l'écouta pas et la tint encore plus fermement. Ils étaient déjà loin lorsque le marié se rendit compte de l'enlèvement et cria : "Peer a enlevé Ingrid !" Enflammé de colère, il partit à leur poursuite avec la moitié des invités. Mais cela fut vain; car personne ne connaissait la montagne aussi bien que Peer.

II) L'ENLÈVEMENT DE LA MARIÉE :

Lorsque la végétation devint plus rare et plus basse et qu'apparurent les rochers nus, Peer s'arrêta. Il était content de lui, car l'enlèvement avait réussi. Ingrid elle-même lui était indifférente ; même elle l'embarrassait. Il la lâcha et dit : "Chacun doit suivre son chemin. Retourne chez toi. Je reste ici."
"Qu'est-ce qui te prend," cria Ingrid indignée, "tu me renvoies toute seule descendre la montagne abrupte en robe de mariée? Sais-tu seulement ce que tu as fait ? Le rapt est un des crimes les plus graves. Cela va te coûter la tête !"

Mais Peer se détourna en riant. Il pensait à Solveig et avait déjà oublié Ingrid. Solveig ! Que fallait-il faire pour gagner son affection ? Dans son imagination il se voyait en héros ! Alors, Solveig ne le refuserait plus. Soudain, il remarqua une jeune femme dans une robe vert vif.

"Où vas-tu, ma belle ?" lui demanda-t-il.
"Au château de mon père", fut la réponse.
"Ainsi, tu es la fille d'un roi ?"
"Mon père est le roi des trolls, Brose, le roi de la montagne."

Si vous croyez qu'à présent Peer fut effrayé, vous vous trompez. Car Peer ne craignait pas les trolls. En secret, il désirait même depuis longtemps en rencontrer un vrai. Et maintenant c'ètait la princesse troll en personne qui se tenait devant lui !

"Cela tombe bien", dit-il, "ma mère est la reine Aase."
"Cela ne se voit pas", dit la femme troll.
"C'est comme ça chez nous: l'or paraît comme la suie et la poussière."
"Exactement comme chez nous: le noir paraît blanc et l'affreux paraît charmant."
"Le grand paraît petit et le crasseux paraît propre."

La femme en vert lui sauta au cou : "Oui, Peer, je vois que nous allons bien ensemble, tous les deux. Viens avec moi. Tu deviendras le roi des trolls."

Enfin devenir roi ! C'était presque aussi bien qu'empereur et cela lui convenait tout-à-fait. Un sanglier arriva en courant. Peer Gynt l'enfourcha d'un bond et prit la femme troll devant lui. Et ils partirent vers le château des trolls, franchirent le portail et entrèrent dans la grande salle du roi de la montagne.

III) Dans la caverne du roi de la montagne ...

Etc ...

En 1888, Grieg choisit quatre numéros pour en faire une première suite d'orchestre, et en 1891 quatre autres pour une seconde suite.

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ANALYSE des deux suites pour orchestre :

* Suite n°1 : Opus 46 (1888)

1) Le matin : (Début)
Le matin se lève, il fait beau : Majeur, avec de belles couleurs harmoniques à chaque fois différentes ...
Le thème est d'abord exposé à la flûte qui le partage avec le hautbois (tuilage de timbres et simplifie). Il est ensuite repris aux cordes plus fort.
Trilles symbolisent les oiseaux
> Musique instrumentale de style concertant qui se répète et se transpose, module.

2) La mort d'Âase : (vers 3'40''; exemple d'une version où la suite n°1 fait 14'12'')
Thème dramatique aux cordes, avec des demi-cadences sur des accords de 9ème mineure de dominante ...

3) La danse d'Anitra : (8'18'')
« Peer est prit pour un prophète, il est l'invité d'un sheik et la belle Anitra danse pour le séduire. » (Michel Parouty). On aurait pu s'attendre à quelque couleur orientale... en fait, ce sont plutôt des rythmes typiquement scandinaves.

4) Dans le palais (le château, le hall, la caverne) du roi de la montagne : (11'38'')
Pulsation, accélération, finit sur un rythmé déchainé et très fort, puissant.

Peer fut surpris : la salle royale n'était qu'une grotte obscure, faiblement éclairée par des torches. Autour du roi de la montagne étaient accroupis d'innombrables trolls. D'autres couraient dans tous les sens, se disputaient et se battaient. Le roi avait l'air vieux et rabougri.

"Tu as accompli une bonne action de troll", dit le roi à Peer. "C'est pourquoi je te donne la main de ma fille."
"Je la prends," dit Peer, "et ton royaume aussi."
"Pas si vite", répondit le roi, "Tu en auras une moitié en dot et l'autre moitié après ma mort. Mais d'abord, tu dois devenir un vrai troll."
"Comment cela ?" demanda Peer.
"Dans ton monde, parmi les humains, on dit : « Homme, sois toi-même. » Chez nous, on dit : « Troll, suffis - toi à toi-même. » Jure que désormais tu ne vivras et agiras que selon notre devise."

Peer réfléchit. En fait, il avait toujours vécu ainsi et n'avait jamais fait que ce qui lui convenait. Ainsi, il n'eut pas de mal à dire : "Je le jure."

"Bon," reprit le roi, "tu devras aussi nous ressembler physiquement. Il te manque une caractéristique essentielle dans le dos."
"Pourquoi dois-je devenir aussi laid que vous ?" Peer se sentit mal à l'aise.
Au lieu de répondre, le roi fit signe à un troll - courtisan qui lui attacha une queue de cochon.
"Si tu nous trouves laids", continua le roi, "c'est que tes yeux sont malades. Je te trancherai un œil et te graverai dans l'autre la bonne façon de voir." Un autre troll-courtisan lui tendit un couteau bien tranchant.

C'en fut trop pour Peer. "C'est une chose à quoi je ne consentirai jamais" cria-t-il. "Tu peux garder ta fille et ton royaume ! Je m'en vais."
"Cela ne sera pas si simple", répondit le roi, "il est facile de pénétrer ici, mais impossible de sortir."

Le roi de la montagne fit un signe à ses trolls. Aussitôt, ils se jetèrent sur Peer, le frappèrent, le griffèrent et le mordirent. Il vit déjà sa dernière heure arrivée. Alors, dans sa grande détresse, il cria : "Solveig !"

Des cloches d'église sonnaient au loin. Aussitôt, les trolls se mirent à hurler et s'enfuirent instantanément. Peer partit, en boitant, aussi vite que possible. Bientôt, il tomba dans l'herbe et s'endormit épuisé. À son réveil, le jour commençait à se lever et Peer fut heureux de pouvoir regarder le monde avec des yeux intacts.

NB : Dans ce mouvement, il est facile de monter une petite séquence de pratique rythmique avec des élèves : on frappe la pulsation puis dans la coda on joue les accents sur deux timbres différents de hauteur différente.

 

* Suite n°2 : Opus 55 (1891)

1) La Plainte d'Ingrid : ()

La Suite n°2 débute par la Plainte d'Ingrid (Allegro furioso puis Andante doloroso), qui sert de prélude à l'acte II et décrit la peine de la fiancée de Peer, abandonnée le soir de ses noces.

2) Danse arabe : ()

La joyeuse et colorée Danse arabe (Allegretto vivace), avec chœur et mezzo-soprano (chanson d'Anitra) dans la version originale, se situe à la scène 6 de l'acte IV, où elle précède la lascive «Danse d'Anitra».

3) Le retour de Peer Gynt : ()

Le retour de Peer Gynt (Allegro agitato), prélude de l'acte V, décrit le dernier voyage du héros et le tempête dont il est presque victime.

avec : La Marche des trolls : () et La Marche Nuptiale : ()

4) La chanson de Solveig : ()
2 parties différentes :
1- Lent, calme,
2- rythmée

La Chanson de Solveig (Andante), page célèbre entre toutes, se situe à la scène 10 de l'acte IV : symbole de confiance et de fidélité, Solveig attend le retour de Peer Gynt, et chante tout en filant au soleil devant sa hutte.

LA CHANSON DE SOLVEIG :

L'hiver peut s'enfuir, le printemps bien aimé
Peut s'écouler.
Les feuilles d'automne et les fruits de l'été,
Tout peut passer.
Mais tu me reviendras, O mon doux fiancé,
Pour ne plus me quitter.
Je t'ai donné mon cœur, il attend résigné,
Il ne saurait (pourrait) changer.

Que Dieu daigne encore dans sa grande bonté,
Te protéger,
Au pays lointain qui te tient exilé,
Loin du foyer.
Moi je t'attends ici, cher et doux fiancé,
Jusqu'à mon jour dernier.
Je t'ai gardé mon cœur, plein de fidélité,
Il ne saurait changer.

NB : Cette mélodie a été reprise par S. GAINSBOURG dans sa chanson "Lost Song".

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+ BONUS : Quelques extraits ont été utilisés comme musique de films, de publicité :

+ Une version de Darry COWL

LIENS :

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