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LE FLAMENCO

"Tant qu'il y aura un Gitan fier de sa tradition et de son sang, tant qu'il y aura un Andalou jaloux de ses racines, tant qu'il y aura un être humain ivre de paroxysme ou épris d'absolu, le flamenco vivra !"

"On dit que l'Andalouse est faite de feu et de sang ; elle s'enflamme dans l'arène ; elle aime à en mourir ; elle est la vierge croulant sous ses habits de fête au pèlerinage du Rocio et la Carmen fière de sa nudité.
Sensuelle, violente, passant du soleil de l'arène à la fraîcheur de jardins parfumés, elle provoque, elle force sans tenir compte du sang bouillant qui coule dans les veines de l'homme de son choix. Alors, elle devient Flamenco !"

Origine(s) :

Le mot "flamenco" signifie "flamand" ...

Le flamenco est un dérivé du cante hondo des paysans andalous et trouvant sa plus haute expression chez les gitans de cette région. Le genre musical que l'on appelle Flamenco est le produit d'une tradition vivante qui remonte à la plus haute antiquité. Il est localisé dans la région de l'Andalousie, dans le sud de l'Espagne. Au cours des siècles, il s'est transformé en une forme artistique très structurée, qui utilise le chant (cante), la danse (baile), le jeu de la guitare (toques).

• Dans l'antiquité, on rapportait déjà que dans la région de l'actuelle Andalousie, on trouvait chez les indigènes "un don certain pour la danse et le chant" ! C'est dans cette zone marécageuse et sauvage que va naître le flamenco.
• En 711, les arabes entrent en Andalousie. Ils y resteront plus de 500 ans et seront omniprésents dans la culture andalouse.
• Zyriab, musicien talentueux originaire de Bagdad, chanteur, poète, possédant d'immenses connaissances, arrive en Espagne en 822, et fait rentrer en Andalousie des milliers de chansons d'origine orientale, qui vont former l'une des bases du flamenco. Son esprit créateur, ses rêves, lui inspirent des chants, des compositions multiples, constituant ce grand monument des 24 noubas, avec leurs règles et rythmes qui correspondent aux 24 heures de la journée. À sa mort, il laisse un héritage de plus de 10 000 chants, écoutés et appris dans toute l'Andalousie.
• Au 13^ème siècle, plus de 50 000 juifs et musulmans expulsés d'Espagne se retrouvent à Tlemcen et dans tout le Maghreb. Parmi ces réfugiés, des musiciens apportant avec eux les structuress et les styles des noubas, pratiquent cette musique et l'enseignent aux autochtones. C'est ce qui va devenir la musique dite "arabo-andalouse". Mais la musique et la danse andalouse, d'ores et déjà largement empreintes de l'influence des arabes, vont connaître une fabuleuse révolution avec l'arrivée des gitans. Peuple de nomades (depuis l'an 1001 quand le roi Mohamed Gazni les a obligé à quitté l'Inde du Nord), les gitans traversent la Perse et se séparent en deux branches : l'une au nord passant par la Bavière ou la Bohème et l'autre longeant la méditerrannée par le sud. Chacune de ces branches conservant une partie de la tradition musicale des pays traversés.
• En 1425, les premiers gitans arrivent dans le delta Guadalquivir... Leur route semblant avoir atteint le bout du monde, ils s'y installent. Et c'est ainsi que les gitans du sud retrouvent ceux du nord, partagent leurs retrouvailles, puisent dans les vestiges de la musique arabe : liberté, fougue, spontanéité... Le flamenco explose.
• Pendant ce temps, arabes et chrétiens s'arrachent l'Andalousie. Les gitans deviennent alors une minorité gênante. Pendant près de 200 ans, ils se cachent, deviennent parfois catholiques mais à leur manière. Ce n'est qu'à la fin du 18^ème siècle que le roi d'Espagne donne aux gitans un statut : ainsi le flamenco s'enracine ouvertement dans le peuple d'Andalousie. Pour les gitans, c'est leur trésor. Et pour un peuple pauvre, le plus souvent illettré, un trésor comme celui-là se respecte, s'entretient, se transmet !
• Peu à peu dans les cafés chantants de Séville, cet art se professionnalise ; chaque artiste lui apportant sa propre couleur ...

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Les 3 visages du flamenco : Le flamenco est à la fois une danse, un chant, un instrument, bref un art de vivre ...

1) Le chant (cante) :

• Description : Les cantes sont nombreux. Un cante est une structure musicale qui a son identité mélodique, rythmique et harmonique. Les chants flamenco consistent en une succession de couplets, coplas transmises oralement de générations en générations . Devenues anonymes à force d'être reprises et chantées, elles sont dorénavant écrites par des auteurs spécialisés, des poètes et les artistes. Le Cantaor vient y apporter son expression et son caractère propre.
  Il y a à peu près une soixantaine de Cantes différents avec une appellation différente pour chacun. On les classe par familles. Ils ont pris forme en Andalousie, dans une disposition géographique bien précise. Ainsi la plupart sont à l'origine liés à une région d'Andalousie bien précise : les Tarantas du Levante, la Granadina à Grenade, ou la rondeña à Ronda. Tantôt liés à un contexte historique, tantôt lié à une répartition géographique, ou à un événement religieux (comme les Saetas de la Semaine sainte ou les villancicos flamencos de Noël, sans parler des misas flamencas récemment introduites), certains chants sont rattachés à un contexte socioprofessionnel (les martinetes de la forge, les mirabras du marché de légumes ou les carcelas des prisons).
  Il existe aussi des chants de Ida y vuelta (d'aller et retour) originaires d'Amérique latine et réintégrés au flamenco : La Columbiana , la Rumba et la Güajira cubaines. Mais les formes (Palos) les plus importantes sont: les Soleares, siguiriyas, bulerías, alegrías, Fandangos, Tangos.
  À l'intérieur de ses formes de cantes, nous pouvons distinguer deux grandes familles de cantes : le cante Jondo et le cante Chico. Le premier est la famille des chants flamenco les plus archaïques, chant profond, qui va puiser au plus profond du sentiment et de l'émotion. Son esprit tragique exige du cantaor de la jondura, une authenticité et une profondeur autant dans la voix que dans le sentiment exprimé. Manuel de Falla écrit que le cante jondo lui parait être" un rarissime exemple de chant primitif, le plus vieux de toute l'Europe. Il a la nudité, l'émotion frémissante des races orientales".
• Les voix : Elles sont chaudes, rocailleuses, gorge
• Afillá : voix la plus rauque et enrouée du répertoire flamenco, tire son nom du célèbre chanteur El Fillo.
• B
• La voix particulière d'Antonio Núñez Montoya dit El CHOCOLATE : à la fois nasale et vibrante, "une voix qui fait mal".
• Les paroles des chansons s'appellent des coplas.
• Les principaux cantes :
  • Le martinete : il est le chant de la forge de tradition gitane
  • Cantes de la minas : chant des mineurs qui travaillaient dans des conditions très difficiles. Ces chants sont tristes et admirable de pathétisme vrai.
  • La saeta : saeta signifie "flèche". Cant de caractère religieux, est souvent chanté pendant la semaine sainte.
  • La solea : vient du mot "Soledad" qui signifie solitude. C'est le chant basique du Grand Flamenco, " la reine du cante jondo par sa beauté fulgurante". Elle dépeint des sentiments profonds.
  • La bulería : C'est l'un des cantes "festeros", c'est à dire festifs les plus connus. La bulería fait partie du cante chico, très rythmique, il appelle la danse et s'accompagne de palmas crépitantes.
  • Le Tango : cante dansable dont le berceau se trouve à Séville et Cadix. Considéré comme l'un des quatre piliers du flamenco. PS : Il n'a aucun lien avec le tango argentin.
• Quelques chanteurs : El FILLO, Don Antonio CHACÓN, El CHOCOLATE, Manuel AGUJETAS, ...
• et chanteuses : E

2) La guitare :

• Description : La guitare accompagne le chant Flamenco d'une manière intime. Paco Peña, l'un des guitaristes de premier plan du flamenco contemporain a affirmé que : "L'on a pris la guitare au sérieux dans sa fonction au sein du groupe. Historiquement, elle est particulièrement importante dans le développement du flamenco. C'est elle qui décide des rythmes, de la direction que vont prendre la mélodie et le chanteur en créant des motifs qui, avec la voix seule, n'existaient pas. D'un point de vue pratique, la guitare alimente toute la musique, mais, en Espagne, personne n'a jamais regardé le guitariste pendant le spectacle".
  L'un des premiers Tocaors (guitaristes) dont nous connaissons le nom est Francisco Rodriguez (vers 1840). Ramon Montoya naquit en 1880. Montoya créa un grand nombre d'éléments nouveaux dans la manière de jouer le Flamenco. Il introduisit un grand nombre de phrases qui, depuis, sont passées dans le répertoire de "Flamenco traditionnel"de tout guitariste. Il inventa le solo rondeña, qui fut le premier toque à être crée spécifiquement pour la guitare, tous les autres solos de guitare étant dérivés du cante.
  Un guitariste incontournable connus de tous les aficionados est Paco de Lucia. Il a mis au point un style qui a orienté le flamenco d'une manière nouvelle. Le jeu de Paco de Lucia se distingue par une intensité et une attaque féroces, une aisance extrême de la main gauche et un picado à la rapidité époustouflante. Ses longues années de pratique (il est né en 1947 et commence l'apprentissage de la guitare à 7 ans) et ses dons naturels l'ont conduit à dépasser la technique et à se préoccuper de trouver des harmonies et accords nouveaux et d'ouvrir de nouvelles voies au flamenco sans perdre ses qualités essentielles. Selon Paco Peña : "Paco de Lucia est un génie, comme l'était Sabicas et Ricardo. Il utilise beaucoup d'harmonies et d'accords empruntés au jazz et à la musique d'Amérique Latine, mais il le fait très intelligemment. Il recherche davantage l'effet, mais en gardant le langage du Flamenco".
  La montée dans le monde entier de l'enthousiasme pour la guitare et toutes ses formes, a contribué à accroître l'intérêt pour le flamenco.
• Guitare flamenca, castagnettes
• Concerto
• Le jeu de la guitare : Il existe dans le flamenco un grand nombre de toques différents, provenant en majeur partie de cantes équivalents, et chacun ayant son propre aire et sa structure musicale caractéristique. Traditionnellement les toques, comme les bailes ou les cantes sont divisés en trois groupes: jondo (profond), intermedio (intermédiaires) et chico (petit) . Cependant un cante ou un toque chico n'est pas nécessairement plus facile à exécuter qu'un cante on un toque jondo. La seule différence c'est qu'il est gai et enlevé au lieu d'être tragique. Les guitaristes ont tendance à ne pas classifier les morceaux en jondo, intermedio ou chico mais plutôt à faire la différence entre toques libres et les toque a compás. Chaque toques a compas a une structure rythmique fixe, avec certains temps forts disposés d'une manière complexe. Comme le dit Juan Martin : "Dans le compás, il faut savoir à chaque seconde où l' on est, et c'est pareil pour le chanteur. Les gens écoutent le cante et entendent ahaiiieee...; mais ils ne se rendent pas compte que chaque aiiee est calculé et ressenti !". Le guitariste a davantage de liberté dans les toques libres, qui n'ont pas de structure rythmique rigide.
  Le jeu de la guitare Flamenca (el toque) a son vocabulaire propre :
  - Les Falsetas : ce sont les interventions de la guitare entre les périodes chantées, réaffirmant ainsi le rythme.
  - les rasgueados : ce sont des balayages bruyants des cordes de la guitare.
  - le trémolo : c'est une répartition rapide de notes qui sont jouées avec douceur et donne l'impression que le musicien égrène un collier de perles.
• Quelques célèbres guitaristes : Paco de LUCÍA (cf. disques), Pedro BACÁN, Francesco RODRIGUEZ (1840), Juan CARMONA (mélange de recherche harmonique moderne et tradition authentique), Éric FERNANDEZ et son groupe Verdine, Paco PEÑA, ...

3) La danse (baile) :

• Description : Élément chronologiquement plus tardif que le cante dans l'histoire du flamenco, la danse flamenca est un art d'une grande richesse car elle permet de traduire et d'exprimer des émotions des plus légères au plus profondes.
  Elle permet d'exprimer au delà des mots des sentiments forts et intenses. Alliage subtile d'une gestuelle enracinée avec force dans une énergie "tellurique", les taconeos ancrent le corps dans les profondeurs de la terre. Avec autorité la danseuse plante ses talons dans un sol qui s'incline devant tant d'impétuosité.
  Mais selon l'émotion exprimée (amour, colère, nostalgie, passion, souffrance, espoirs, ...), cette danse amène aussi le corps à une gestualité voluptueuse, sensuelle, sensible et délicate.
  Reliée directement au chant et à la guitare qui l'accompagnent, la danse donne à la corporéité un rôle spécifique dans la représentation de la condition humaine et l'expression de sa dimension affective. Elle traduit la relation ambiguë qui existe entre la douceur et la violence et entre la grâce et la force. Les danseuses sont traditionnellement habillées de rouge et de blanc.
• Exemples de danses :
  • "El vito" : Danse populaire de Cordoue.
  • "El Café del Chinitas" : sur le thème flmenco de la Petenera ...
• Quelques célèbres danseurs et danseuses : Manuela VARGAS, Rafaël CAMPALLO, Ursula LÓPEZ, ...
• Quelques troupes célèbres : Ballet National d'Espagne, Semblanza Flamenca, ...

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Les styles :

• Anciens (les plus gitans) : Martinetes, siguiriyas (ou seguiriyas), ...
• Du Levant (pur Andalou) : La granaína, la media granaína
• + La solea, la rumba, le tango, ...

Les coplas :

Ce sont les couplets d'une chanson.
Les coplas ne sont pas faites pour être écrites car c'est la musique et le ton émotionnel avec lequel elles sont dites qui
Exemples :

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Rythmes :

Basé sur une synthèse unique entre le contour modal du chant, l'aspect tonal de l'accompagnement guitare et la rythmique faite par la guitare, les palmas et parfois le cajón et le jeu de pieds (taconeos) du danseur le flamenco détient un langage varié pour marquer la structure rythmique propre à chaque style auquel il se réfère.

Le Compás >> définition du compás : il s'agit de la carrure cyclique du rythme du chant flamenco ; le nombre de temps et la manière dont ils sont organisés, accentués.

1. Certains styles du flamenco ont un compás libre, que le chanteur va moduler au gré de son inspiration. C'est le cas de la Taranta.
2. Cependant, la plupart des styles sont cadrés avec un rythme qui lui est propre. Il s'agit de structures qui fonctionnent en cycles de 4, 8 ou 12 temps. On distingue le compás régulier du compás alterné. :
• Le compás régulier correspond aux structures rythmiques de 2 ou 4 temps par mesure dans les cycles de 4 ou 8 mesures. Ils peuvent être lents (exemples : tientos, tarantos) ou rapides (ex : tanguillo, tango, rumba, ...)
  Exemple de compás régulier : compás de 4/4 : 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4
• Compás alterné : c'est la structure rythmique la plus représentative du flamenco : Dans ce cas, le flamenco est construit sur un ostinato rythmique de 12 temps. Certains sont accentués, d'autres non : c'est ce qui détermine le style : les alegrias, la bulería, la soleá, la seguiriya, la guajira, le cabal, ...

>> Exemple de compás alterné : la buleria

(PS : En fait, le premier accent est sur le 2^ème temps ou sur le 12^ème temps mais il a été déplacé sur le 1^er dans cet exemple pour simplifier la pratique avec des élèves. Une variante de la buleria consiste à accentuer le 8^ème au lieu du 7^ème temps. )

+ Voir l'exemple de la solea (danse de la solitude) : "La machine à compas" (en flash) -> chants à pulsation régulière

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Aujourd'hui :

+ GYPSY KINGS avec Chico ... >> Frontières du flamenco

Écoutes proposées :

Titre	Interprète	Écoute	Commentaire
L	Paco de Lucia		Guitare, buleria
...	...		B

+ En savoir plus :

• Pour en savoir plus sur le flamenco : http://sitemusiquealhambra.free.fr/espaceflamenco.htm (Site d'Isabelle JACQ)
• Autres sites consacrés à la musique de ce pays : Halambra, Flamencovivo.free.fr, Perso.flamenco.free.fr, Menu en flash, Histoire et actualité, Photos et enregistrements, Musiques du monde, Un art , Partitions et mp3, Flamenco, Passion, Le site à Mario, www.apaloseco.com, Translate, et même les tziganes ...
• Bibliographie conseillée : "Flamenco" de Bernard LEBLON (Ed. Actes Sud, 1995)
• Groupes célèbres : Al Andalus, ...
• Partitions pour guitare flamenco
• Festival Andalou en Vaucluse (février/mars)
• L'Andalousie : wikipedia.org, ...

Conseils pour écouter du flamenco :

• Repérer d'abord les temps forts et les accents.
• Remarquer les timbres des voix
• L'harmonie est construite par des accords riches (9è mineure) mais peu nombreux (4 ou 5) ...
• Refrain avec castagnettes souvent

Discographie conseillée :

• f

Lien avec musique savante : "Carmen" de G.BIZET (Espagne, liberté de la femme, fierté, Andalousie)

Pour nous écrire : >> N'hésitez pas à nous proposer un site consacré au flamenco.

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Et maintenant, à vous de jouer !

© PLANTEVIN.