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MUSIQUE : ANECDOTES ET HISTOIRES SYMPAS

 

* Alexis, le tambourinaire millionnaire :

Le célébre chocolatier marseillais Alexis MOUREN était tambourinaire et également millionnaire. Directeur de sa société, il faisait les tournées d'aubades pour les fêtes de st Eloi. Quand il allait faire une aubade, il s'y rendait en cadillac ou en limousine avec chauffeur. C'est ce dernier qui déchargeait ses instruments retirés du coffre et le suivait au ralenti. Alexis jouait un coup, prenait la pièce et repartait de même.

* La mazurka provençale, à 3 temps mais pas n'importe comment :

Un jour que j'accompagnais mon père à la batterie, je n'avais alors que 13 ans, un vieux monsieur vint me voir à l'entracte, juste après le dernier morceau de la première partie, à savoir "La mazurka souto li pin" de Charloun RIEU.
Il venait en fait pour m'insulter devant les autres musiciens ! En effet, il me dit que c'était inadmissible que je joue la mazurka comme cela, c'est-à-dire en accentuant le 2ème temps ou parfois le 3ème. Pour lui, la bonne méthode étant d'accentuer le premier temps, le temps fort par excellence ! Il était tellement grognon, et moi tellement jeune que je le laissai d'abord s'exprimer un bon moment, digérant ses insultes, ses critiques négatives.
Puis profitant d'un blanc, je lui répondis aussi sec que d'abord la mazurka n'était pas provençale mais polonaise, qu'elle avait sûrement été importée par F.CHOPIN au 19ème siècle, et qu'elle n'était donc pas traditionnelle au sens où il l'entendait ; et puis ensuite, je lui montrai les pas de la mazurka (et oui je sais la danser !) en chantant l'air de la mazurka souto li pin, et lui expliquait que ce deuxième temps est plus important que le premier puisqu'il correspond au petit sauté en l'air qu'on l'accentue en fait aussi bien en Pologne qu'en Provence. Enfin, je lui dis que la tradition était faite pour évoluer, pour vivre, sinon elle mourait avec lui et que s'en était pas loin...
Alors le vieux monsieur ne répondit pas, retourna s'assoir dans le public pour écouter la fin du concert. C'était pour moi le premier pas vers le désir de remettre les choses au clair, de lutter contre l'ignorance, l'intolérance et la bêtise, de faire découvrir et aimer ma passion pour la musique traditionnelle, d'enrichir ma culture, bref sûrement ma première bonne raison de créer Zic Trad ! Seule frustration toutefois : je ne sais toujours pas, qui c'était, comment il s'appelle, et si c'était cela qu'il espérait comme réponse en fait, toujours est-il qu'il a sûrement été surpris par le petit jeuno de la campagne...

* Le singe tambourinaire :

Autrefois, les hommes ne connaissaient pas le tambour : c'étaient les chimpanzés qui possédaient le tambour. En ce temps-là, c'était avant l'arrivée des fusils, un chasseur nommé So Dyeu tendait des pièges. Il était le chef de tous les chasseurs utilisant des pièges.
Un jour, lorsqu'il partit à la chasse, il remarqua des chimpanzés qui mangeaient des fruits dans des arbres. Puis ils s'amusèrent avec un tambour. Le chasseur dit : "Cette chose qu'on frappe est une belle chose, il me la faut, je vais faire un piège." Il creusa un trou et tendit son piège.
Le lendemain, il entendit les pleurs des chimpanzés. Les enfants chimpanzés pleuraient, les jeunes chimpanzés pleuraient et les vieux chimpanzés pleuraient. Le piège avait attrapé le chimpanzé tambourinaire. Le chasseur appela son chien et partit dans la forêt. Les chimpanzés s'enfuirent à son approche et laissèrent derrière eux le singe tambourinaire pris dans le piège avec son tambour. Alors le chasseur prit le tambour et l'emporta au village.
Lorsqu'il fut de retour, il le présenta au chef du village. Celui-ci dit : "Depuis longtemps on entend la voix de cette chose mais personne ne l'avait vue jusqu'à maintenant. Tu as apporté cette chose : tu as bien fait. Prends la plus belle fille du village comme épouse".
C'est depuis ce jour que celui qui s'amuse avec le tambour est appelé "tambourinaire". C'est ainsi que nous avons obtenu le tambour.
Les chimpanzés de la brousse étaient des hommes égarés. Ils avaient fait du mal, alors Dieu les a maudits et ils devinrent des chimpanzés.
Aujourd'hui, ceux-ci n'ont plus de tambours et ils doivent se frapper la poitrine avec les poings. C'est ça qui fait "gùgù". Ce n'est pas un véritable tambour que l'on entend aujourd'hui : c'est le chimpanzé qui arrête sa respiration et qui frappe sa poitrine.


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+ Le saviez-vous ?

Le célèbre tambourinaire Aixois Felix THÉRIC (1872/1972), membre des Tambourinaires Sestian, jouait encore du Galoubet à l'âge de 99 ans.

Le tambourinaire Philippe BUISSON dit "Tistet"qui monta à Paris vers la fin du XIXème siècle, pour faire carrière sur scène, entretenait de très bonnes relations avec le célèbre écrivain Emile ZOLA.

Le célèbre tambourinaire chocolatier Marseillais Alexis MOURREN possédait un galoubet en os de cachalot, qu'il surnomma le "Stradimarius".

 

* Liens vers d'autres histoires, sources :

Pour avoir d'autres histoires, n'hésitez pas à nous écrire :

+ Records musicaux en Provence.


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NB : Page réalisée avec l'aide de Bernard RINI, André GABRIEL et Maurice MARÉCHAL.
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