L'INDONESIE : ÎLES DE BALI ET JAVA
>> LE GAMELAN
Introduction :
Pour beaucoup d'occidentaux, les îles en Indonésie
ne représentent que des plages tropicales paradisiaques. Mais l'archipel
indonésien est un véritable carrefour des grands courants culturels.
Ainsi l'aspect culturel est aussi très présent : Partout dans
l'île de Bali, les Balinais circulent en procession. Pour ne pas en voir
une dans les rues, il faut être resté "scotché"
à la plage 24h sur 24 !
La musique de l'île de Bali est rattachée à la religion
hindouiste. Essentiellement indonésienne, la population comprend 95%
de Balinais de religion hindouiste, que l'on peut qualifier d'ethnie balinaise.
Impossible donc de faire abstraction de l'aspect religieux à Bali : on
rencontre des temples dans tous les villages, des oratoires dans les champs,
des offrandes à tous les coins de rues. L'île de Java est davantage
Islamisante.
Le
gamelan est un orchestre indonésien composé de 12 à
80 éléments de percussions (en bois et/ou bronze) ... Il accompagne
les danses et le wayang (théâtre d'ombres et de marionnettes)
qui puisent depuis des siècles l'essentiel de son répertoire dans
le Râmâyana, l'un des textes sacrés de l'hindouisme.
Dans le gamelan, il y a deux ensembles distincts : le sléndro
(tessiture d'une octave et gamme pentatonique) qui exprime les mouvements joyeux
; et le pelog (une octave à 7 notes) qui illustre les mouvements
statiques. La mélodie s'appelle balungan.
Le plus important et le plus connu des ensembles de gongs et de tambours indonésiens
est le gamelan de Java et de Bali.
Les gamelans, qui restent attachés aux rites ancestraux et à la
célébration de la fertilité, sont également associés
à l'hindouisme et au bouddhisme, qui furent très pratiqués
en Indonésie entre 500 et 1500 après J-C. C'est un concept commun
aux cultures des îles de Bali, Java, et Sunda.
La religion se rattache parfois à des superstitions : par exemple, il
paraît qu'enjamber un bonang (ou autre métallophone) porte malheur
!
Dans un gamelan, la musique est communautaire, c'est-à-dire que chaque
musicien, en ne jouant que quelques notes, participe à la réalisation
de la mélodie complète.
La
notation est arrivée vers 1940 grâce aux hollandais qui ont
senti la nécessité de sauvegarder le patrimoine musical de l'île
de Java ...
[Remonter]
Instruments traditionnels :
- Les cordes :
- Le
rebab (vièle à archet) : Le rebab, et
sa ressemblance avec le violon, est également bien représenté
dans l'imagerie de l'époque. Il figure aussi en premère
place dans les textes, son rôle musical étant beaucoup plus
"compréhensible" pour un musicien occidental que les
gongs ou le kenong.
- La cithare (cythar), ...
- + Contrebasse de nos jours.
- Les vents :
- Le
suling : Flûte à bec
- Tarumpet
: Hautbois
- Ocarinas
- Appeaux + voix (chant poétique,
onomatopées percussives), ...
- Les percussions : se jouent avec une paire de baguettes ou une
grosse mailloche
- Les
gongs en fer et bronze : Ils ponctuent les cycles ;
on les frappe avec une grosse mailloche, au centre du cercle
|
Bali |
Java |
Sunda |
Grave
à
aigu |
Gong |
le gong ageng et suwukan |
gong |
kempul |
pul |
jengglong |
+ kebyar ou pelegongan ?
PS : Les gongs sont plus ou moins gros. Le
gong ageng est le plus grand, puis ... le gongan (4ème
gong) ...
- Les gambang
: Xylophone
- Les angklung ou anglong
: Tuyaux de bambou oscillants. L'orchestre peut être
composé uniquement de anglung. Chaque musicien en tient 4 ou 5
et joue donc potentiellement 4 ou 5 notes différentes quand celles-ci
doivent être entendues. C'est donc un orchestre collectif où
chaque musicien participe à la mélodie et/ou l'accompagnement.
Les basses sont fixées sur un cadre et jouées par un seul
musicien qui peut avoir jusqu'à 20 anglung différents. Aujourd'hui,
ces orchestres sont parfois soutenus par une contrebasse et abordent même
le répertoire savant occidental.
- Les tambours : le
kendhang
|
Bali |
Java |
Sunda |
Grave
à
aigu |
? |
kendhang gendhing |
? |
kendhang ketipung |
kendhang ciblon |
+ kendhang wl et l, bedhug), ...
- Les cymbales cengceng
: Petites cymbalettes que l'on frappe l'une sur l'autre
- et autres métallophones en bronze : les saron
- en forme de cocottes minutes rondes :
|
Bali |
Java |
Sunda |
Grave
à
aigu |
reong |
|
|
bonang barung
et bonang panerus (ou penerus) |
- avec des lames rectangulaires (comme un vibraphone)
: ils jouent la mélodie (balungan)
|
Bali |
Java |
Sunda |
Grave
à
aigu |
jegog |
slenthem |
cémprés |
calung |
demung
(avec résonateurs en bambou)
|
ugal |
|
peking |
gangsa |
peking |
- + saron wayangan, ... ?
- Le
gender est un instrument soliste ... sorte de vibraphone en bronze
ou en fer ...
- + Les autres instruments ne figurent, à notre connaissance,
qu'une fois dans les documents conservés de l'exposition universelle
de 1889. Certains, tel le tarumpet, ne sont pas employés, de nos jours,
dans un contexte de musique instrumentale où un gamelan entier est
présent. On ne peut donc qu'être prudent en mentionnant leur
présence, car il faut tenir compte d'une possible pollution par les
images d'autres gamelans, tel celui de Cirebon qui se trouvait exposé
au Champ-de-Mars, ou les photographies de l'exposition d'Amsterdam de 1883,
qui étaient présentées dans l'exposition anthropologique.
Chaque gamelan est constitué d'un ensemble de plusieurs
percussions.
Exemple : 2 saron penerus, 1 saron barung, 1 saron gangsa, 2
jenglong ou kethuk/kenong, 2 bonang, 1 gambang, 1 kempul, 1 gong ageng, 1 kendhang
ageng, 1 tambour bedhug.
NB : En fait, barung signifie "medium" et penerus
veut dire "aigu".
PS : Merci au Musée de la Musique de Paris
pour les animations en Flash.
[Remonter]
Danses et théâtre d'ombres : Les mouvements des
mains et la position des doigts, hautement différenciés, sont
au moins aussi importants que ceux des pieds. Tout est symbolique. Ce rôle
capital des mains, les déplacements très mesurés, les danses
assises et la prédominance de la lenteur expriment des sentiments très
divers : c'est toute une philosophie, une religion et un appareil légendaire
qui sont ainsi évoqués.
- Les danses javanaises furent un des grands succès populaires de l'Exposition
universelle de 1889. Deux types de danses furent exécutées par
deux groupes différents :
- « Le premier, et celui qui rendit l'évènement
célèbre, fut les "danses de cour" de Java Central
des quatre petites danseuses provenant de Solo.
En fait de "danses de cour", le public du "kampong"
a, plus vraisemblablement, eu droit à des imitations exécutées
par des danseuses de rue qui n'avaient pas accès au vrai répertoire
de cour, que seuls des aristocrates avaient la possibilité de pratiquer.
De plus, elles étaient accompagnées par des musiciens soundanais,
d'une autre culture que la leur, ne parlant pas la même langue et
ne connaissant pas la musique du Langendriyan. Ce spectacle complexe,
de création récente, nous est indiqué par les costumes
des danseuses et l'organisation chorégraphique.
Enfin, les musiciens qui les accompagnaient, n'avaient certainement aucune
connaissance de la musique sophistiquée du Mangkunegaran, palais
de Java Central à l'origine de ce spectacle.
Il ne faut cependant pas déduire du paragraphe précédant
que l'ensemble ait été de mauvaise qualité, les quatre
"petites danseuses" étaient certainement d'excellentes
professionnelles (Les photos les montrent souvent radieuses et espiègles)
et les musiciens étaient tout à fait capables d'assurer
avec leur répertoire courant une base se rapprochant des morceaux
sur lesquels les danseuses avaient l'habitude de danser. Le succès
a dû aussi renforcer leur capacité à outrepasser les
artifices de l'opération !
- Le second, le plus authentique à nos yeux et peu
remarqué par l'ensemble des commentateurs, fut des danses populaires
de séduction soudanaises où un homme danse avec une femme.
Et là, une homogénéité culturelle rassemblait
les musiciens, le gamelan, le répertoire et la danse. »
- La danse des assiettes : Une danseuse exécute une
série de figures symboliques avec une petite assiette dans chaque main,
accompagné par le gamelan qui joue une mélodie répétitive.
A priori, plutôt originaire de l'île de Java.
- Mambri : Originaire de Papua, à l'est de l'Indonésie,
il s'agit d'une danse guerrière.
- Joget Kembang Janger Dance : Danse très populaire
à Bali, qui sert à célébrer un succès (fruit
d'une bonne récolte, réussite aux examens, ...). Les filles
portent un chapeau qui illustre le soleil, surmonté d'un bâton
d'encens pour être en communication avec les esprits.
- Rampai aceh dance : Danse traditionnelle originaire du nord
de Sumatra, uniquement accompagnée de chansons.
- Gong Giring Giring : Danse pour fêter le retour de
Nayu (le dieu de la guerre, victorieux de la dernière bataille qu'il
vient de livrer). À cette occasion, dans les régions de l'est
de Bornéo, les danseurs accueillent les invités des cérémonies
royales.
- Le wayang : Théâtre d'ombres et de marionnettes
qui puisent depuis des siècles l'essentiel de son répertoire
dans le Râmâyana, l'un des textes sacrés de l'hindouisme.
Accompagné par un gamelan.
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Chants :
Exemple d'un chant avec rythme corporel : 9 ou 16 filles se mettent
collées corps contre corps et répondent à une chanteuse
soliste tout en jouant un rythme rapide et plutôt complexe ...
i rra dohokaha mohoba
aï dja na é
i rra dohokaha mohoba Hu !
1234 1234 1234 |
Rythme à 7 temps rapide et accélération.
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Styles :
- Précisons d'abord qu'il existe deux styles de gamelan : le gamelan
soran (dit "style fort") et ...
- Keroncong : Musique populaire pour voix, violon, guitare, ukulélé, flûte, banjo, basse, née dans une communauté de descendants d'esclaves de Ceylan de langue portugaise, que les Hollandais avaient fait venir à Batavia (Jakarta aujourd’hui) au XVIIème siècle.
Formes :
Ces musiques sont construites sur des ostinatos mélodiques
et cycles rythmiques ... assez lents, toujours binaires ...
La plus ancienne des formes s'appelle "gangsaran".
L'introduction se nomme "buká" ; la mélodie
s'appelle "balungan" ; l'arrêt s'appelle "suwuk".
+ Eventuellement, des variations : "sirep", "udar", ...
La note "seleh" est la note à contretemps ...
NB > Les notes :
1 |
2 |
3 |
( 4 ) |
5 |
6 |
( 7 ) |
Na |
ni |
nou |
( neu ) |
né |
no |
( nu ) |
Exemples de formes :
- À Bali : Baris, Gilak Baris, ... (16 temps binaires,
tempo rapide)
- À Java : Lancaran, Ladrang (il en existe plus d'une
centaine), ... (4 parties de 16 temps binaires chacune, tempo modéré)
- À Sunda : Sekar Alit, ... (4 parties de 16 temps chacune,
tempo plutôt lent)
Exemple concret : "Ladrang éling-éling"
(qui signifie "prudence") sur une "laras sléndro pathet
manyurá" (qui signifie "gamme de 5 sons, dans le mode manyurá
où le temps fort est sur le 8ème temps et correspondant à
la note "no")
Cycle de 32 temps ...
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Écoutes proposées :
Titre
|
Interprète
|
Écoute
|
Commentaire
|
Un coup au centre |
G >> Bali |
|
Gong ageng |
A |
>> Java |
|
C |
... |
>> Sunda |
|
Chant |
+ En savoir plus :
- Autres sites :
- Les meilleurs, les plus utiles, les plus intéressants, les
mieux faits : Le
Gamelan : Bali et Java en France, Baccalauréat
2003,
Analyse
musicale et pistes pédagogiques > Académie de Toulouse,
Autre
piste pédagogique > Académie de Lyon, BAC
2002 : Académie Orléans-Tours, IRCAM
(en anglais), De
Bali à Java, Gamelan
de Java et Bali, ...
- Autres : Pour
les néophytes (gamelan à Genève), Shooting
star, Cité
de la musique, Seleh
Notes, Site
allemand Kultur Kontact (Réseau européen du gamelan),
Site
de Simon Cook sur la musique soundanaise, Indonesian
Music : vente de musique indonésienne sur Internet, Bibliothèque
Nationale de France (taper "gamelan" dans le masque de sélection),
Site
sur le Wayang Golek de Jean-Philippe Carel, Danse
indonésienne à Paris, iforum
Canada, Asie
du sud-est, Association Pasarmalam, ...
- Tourisme et géographie : Tout
sur l'Indonésie, Tourisme,
Balade
en Indonésie, Site
indonésien en anglais, ...
- Les gamelans du monde : Site
du gamelan (gong kebyar balinais) québecois Giri Kedaton ou Giri
Kedaton, Site
de Sam Quigley sur les gamelans historiques, Un
gamelan javanais en Italie, Page
sur le gamelan à l'Exposition Coloniale d'Amsterdam en 1883 (aller
voir également les autres photos accessibles par l'index à "gamelan",
"muziek" et "portret"), American
Gamelan Institut,
Gamelan
d'Hawaï, Gamelan
Kancil de
l'Adémuse (pour
apprendre), ...
- Groupes : Krida
Art Group, Répertoire
des groupes de musique indonésienne aux Pays-Bas, ...
- Bibliographie : ... de Catherine CAMAY
- Écouter l'hymne national
- Discographie sélectionnée et commentée : ici
ou là
ou là
- NB >> Pratiquer pour apprendre en s'amusant >> Gamelan
mécanique de la Cité de la Musique de Paris
PS : Droits d'auteurs des photos : Merci à
...
La Cité de la Musique
La Bibliothèque historique de la ville de Paris
Universal
Mme Chavoix-Jodjana
Jean-Pierre Chazal
Le CFMI de Sélestat
Kati Basset
Galerie Sonore d'Angers
Roger Sarah
L'Adémuse
Dawn Moller
Michel Dahan
Philippe Schuller
Kati Basset
Michel Dahan
Jean-Pierre Chazal
Robert Fonlupt
Contes pédagogiques :
- "Nakiwin le jardinier bienheureux" d'Anne MONTANGE
(Ed. Fuzeau, 2002) : Un conte pour découvrir le son du gamelan.
Conseils :
- Comment choisir un angklung ? Attention au séchage
du bambou (il faut chaud et humide) Vérifier à l'accordeur électronique.
Environ 8 à 10 euros un. Préférez les graves qui ont
plus de son.
Pour nous écrire :
>> N'hésitez pas à nous proposer un site
consacré à la musique et aux danses traditionnelles comme le Gamelan
de Bali et Java, ou des informations pédagogiques complémentaires
concernant ce pays ...
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Et maintenant, à vous de jouer !
© PLANTEVIN.