MUSIQUE >> La Chine
Instruments traditionnels >> Le sheng
Ecoute >> Le sheng (ou yu ou shenghuang) :
Instrument à vent, orgue à bouche ...
Description :
Le sheng ... un illustre ancêtre ! Un des plus vieux instruments
chinois.
"Illusion évanescente, sans forme, il est la voix du Tao."
(François Picard)
Définition :
Le sheng est un instrument musical très peu connu en Occident,
bien qu'il soit l'ancêtre de tous les instruments musicaux dits "à
anches libres", tels que les harmonicas, harmoniums, concertinas et accordéons
de tous genres !
En Occident, on lappelle souvent "orgue à bouche", mais
cette définition nest pas exacte. Il sagit en fait dun
"instrument aérophone à anches libres". La différence
réside dans le fait que l'anche libre se met à vibrer et donc
à produire un son lorsqu'une colonne d'air l'investit, alors que dans
l'orgue ancien c'est la colonne d'air qui coupe le bord supérieur du
tuyau qui provoque la vibration.
Origines et évolution :
Le sheng fut probablement inventé en Chine au cours du II millénaire avant notre ère, puisqu'il est déjà mentionné dans le Che-king (Livre des Odes ou de la Poésie). On lappelait alors yu ou shenghuang.
Le sheng chinois ancien était composé dun réservoir fabriqué à partir dune courge séchée et évidée, sur laquelle étaient fixés des tuyaux en bambou disposés sur deux rangées parallèles. A lépoque, lanche était faite en bambou. Cétait une languette étroite et longue taillée directement dans une plaquette de bambou et amincie.
Des fouilles archéologiques ont permis de découvrir quelques sheng, dont un exemplaire à vingt-deux tuyaux dans la tombe de Ma Wang Tui et un autre exemplaire à quatorze trous dans la tombe du marquis Yi de Zeng, qui y fut enterré en 433 avant notre ère.
Le réservoir du sheng chinois moderne est fabriqué en forme de théière munie dun embout court. Le réservoir en bois est laqué et peut être cylindrique ou carré. Il existe également des modèles ayant un réservoir en métal. Le musicien expire et inspire dans lembout, le souffle est canalisé dans les tuyaux de bambou fixés verticalement et de façon circulaire sur le réservoir. Chaque tuyau de bambou est muni dans sa partie inférieure dune anche libre en métal qui se met à vibrer lorsque le musicien bouche le trou situé sur le côté du tuyau.
Lanche libre est située au-dessus du trou ; donc si celui-ci nest
pas bouché, lair traverse ce trou. Au contraire, si le trou est
bouché, lair est obligé de passer par lanche et produit
donc un son.
Depuis longtemps déjà, les anches sont fabriquées en métal
(laiton) et alourdies avec de la cire afin d'en régler lintonation.
Elles ont besoin dun traitement particulier, car le souffle humain étant
toujours chargé dhumidité, elles pourraient soxyder
au contact de celle-ci et le musicien risquerait dinhaler ces oxydes par
aspiration. Cest pourquoi lors de leur fabrication les anches sont enduites
avec un produit vert obtenu par réaction deau de malachite avec
du cuivre pour protéger lanche de loxydation.
Dans limaginaire chinois, la forme du sheng rappelle les ailes du phénix. Pour cela, il faut que la longueur et la disposition des tuyaux respectent une certaine proportion ... qui ne correspond pas à la longueur nécessaire pour produire un certain son ! Une échancrure dans la partie supérieure du tuyau dissocie la longueur réelle de la longueur utile. Enfin, sur le dix-sept tuyaux présents sur les modèles plus courants, quatre ne sont pas sonores et ne servent quà équilibrer linstrument.
Parmi les différents types de sheng chinois employés
de nos jours, citons le petit sheng de Shanghai, le fangsheng à caisse
carrée en bois du Henan et du Shangdong et le sheng des temples bouddhiques
du nord de la Chine. Ils sont employés dans la musique populaire aussi
bien que dans certaines formes de musique classique.
Ses variantes coréenne seanghwang (qui correspond au terme chinois ancien
shenghuang) et japonaise (sho) ne sont utilisées que dans certains ensembles
de musique classique.
Lorgue à bouche dans sa forme ancienne (à deux rangées
parallèles de tuyaux) survit encore, et même très bien,
parmi les minorités ethniques chinoises et les populations tribales installées
dans les régions reculées du Viêt-nam, du Laos, de la Birmanie,
de la Thaïlande, de Bornéo, jusquen Assam et au Bangladesh
! Il est est plus rustique que le sheng chinois, car les musiciens le fabriquent
avec les matériaux à leur disposition : bambou pour les tuyaux,
bambou ou laiton pour les anches, bois, ivoire ou même courges séchées
pour le réservoir. Ces modèles sont souvent assez grands (le khen
laotien peut être construit en 3 mesures, dont le plus grand peut comptrer
des tuyaux longs de 3 mètres !). Ils participent à la plupart
des fêtes et restent donc très populaires chez ces peuples*.
* cf. larticle "Le Nouvel An Miao" de Laure Ozanon sur le n° 11 de TAOYIN, on y voit de beaux lusheng.
Le jeu :
Comme avec lharmonica, on peut obtenir un son en aspirant
aussi bien quen expirant.
Le jeu traditionnel se fait en accord, cest-à-dire quon émet
plusieurs notes à la fois, ce qui convient pour laccompagnement
dun autre instrument soliste, tel que le hautbois suona ou la flûte
traversière dizi, ou encore la voix.
Le jeu soliste est possible, mais difficile et par conséquent peu pratiqué.
Les doigtés sont particulièrement complexes et une grande maîtrise
du souffle est nécessaire. Toutefois, plusieurs effets sont possibles,
comme le trémolo qui est produit par lalternance rapide entre inspiration
et expiration. Un effet de glissando est également possible quand on
débouche lentement un trou, mais seulement sur certaines notes aiguës.
Il existe quand même quelques grands spécialistes en Chine qui
ont sû créer un répertoire soliste pour leur instrument.
En général, le sheng ne peut guère être remarqué,
car il produit une espèce de fonds sonore et de plus, le visage du musicien
reste caché par linstrument !
Le jeu du sheng tel quil était pratiqué sous les Tang survit
probablement dans la musique densemble du Togaku japonais, où le
sho exécute encore des séquences daccords. Mais au fil du
temps, la musique de cour des Tang a été ralentie maintes fois
par les musiciens japonais jusquà ne plus être reconnaissable.
Tessiture : The player blows into a hole in the mouthpiece, which sends the air through bamboo tubes which are similar in design and produce a timbre similar to the pipes in a western organ. It can produce chords as well as single notes. The range of the sheng is :
Discographie :
Il nexiste, à ma connaissance, quun seul CD dédié entièrement au sheng :
Mais il existe aussi des disques sur lesquels on pourra entendre le sheng au milieu dautres instruments. Voici quelques titres, à titre indicatif :
Bibliographie :
Instrumentistes célèbres : Xu Chaoming, ...
Autres sites consacrés à cet instrument : Tao-yin, Instruments, Chinese orchestra, ...
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