LE KAMCHATKA, Fédération de Russie
INTRODUCTION : Le Grand Nord (Des Lapons à la presqu'île du Kamchatka).
"Le Grand Nord ou le cercle polaire, couvre un territoire
immense peuplé de populations dispersées entre forêt (taïga),
steppe (toundra) qui bien que relevant de deux grands rameaux linguistiques
: turco-mongol ou turco-altaïque et finno-ougrien possèdent culturellement
et musicalement beaucoup d'affinités entre elles. Musique essentiellement
vocale, symbiose avec la nature, imitation de ses bruits ou des cris des animaux,
danses collectives qui souvent ne sont rien d'autre qu'une abstraction des mouvements
du monde animal et volatile, parcimonie des instruments, mises en valeur des
timbres des instruments plus que les mélodies. Toutefois la guimbarde
sous des noms divers, dont celui de khomouss est la plus récurrente,
car cet instrument rudimentaire est là pour symboliser les différenres
représentations du monde environnant à travers l'émotion
humaine tant et si bien qu'on peut dire que la musique des populations polaires,
dépasse nettement l'opposition culture / nature. Elle laisse éclater
la frontière entre l'être et le monde. L'activité musicale
du Grand Nord est foncièrement basée sur un dénominateur
commun : le chamane. Cette fonction malmenée à l'époque
soviétique, mais disparue très trop chez les Lapons que l'on appelle
de nos jours Sàmi, survit tant bien que mal où elle est en net
regain parmi de nombreuses populations de la Fédération de Russie.
Le chamane a pour mission par le moyen de son chant, grâce à ses
imitations des bruits ou des cris d'animaux, grâce à son fameux
tambour qui représente le cosmos, de faire éclater cette division
entre l'être et le monde ambiant pour arriver à communiquer dans
un tout. Il apporte ainsi des réponses aux questions de sa communauté
comme il est guérisseur autrement dit, il pratique la médecine
grâce à la musique et au moyen de la transe. Longtemps laissés
pour compte, de nombreux peuples du cercle polaire comme les Sàmi de
Norvège, Suède, Finlande, Russie, comme les Yakoutes de la république
de Sakha en Sibérie, comme les Nivkhé du Kamchatka, ou des peuples
beaucoup moins connus, les Nganassan de la presqu'île de Taimyr révèlent
leur musique et en font une arme culturelle. Bien que primititive à de
nombreux degrés, elle n'en demeure pas moins une représentation
parmi tant d'autres des musiques du monde et surtout une tentative d'explication
du sonore."
(Christian Poché ; Radio France)
LE KAMCHATKA (Nord-Est de l'Asie, au nord du Japon) : « Un peuple au nom de rêves et de froid... »
Les musiques traditionnelles du Kamchatka sont basées sur les traditions et les croyances des Chamanes, sortes de personnages guérisseurs, savants, sages, ...
Ce pays étrange bâti sur la glace semble « pendu » au bout de la Sibérie sur les cartes de géographie, entre la mer d'Okhotsk et la mer de Béring. Dans ce royaume de la steppe et de la glace se joue pourtant une partie décisive du jeu politique. En face de l'Amérique, les volcans du Kamtchatka surveillent un océan stratégique. En Extrême-Orient, l'ultime frontière russe est balafrée par deux chaînes de montagnes volcaniques dont l'activité est permanente. Les habitants indigènes du Kamtchatka sont des pêcheurs (saumon, phoque, baleine blanche), organisés en clans matrilinéaires, chamanistes (culte des forces de la nature). Ils commencent à s'ouvrir à l'élevage du renne.
Ce peuple au nom de rêves et de froid a longtemps été oublié par l'histoire. Il s'agit pour lui de survivre à tout prix. Cette population vient à l'origine d'une région, quelque part entre l'Asie Centrale et la Mongolie. De là, vers 15 000 avant Jésus Christ, profitant des redoux qui ont émaillé la fin de la longue époque glaciaire, une première vague d'hommes préhistoriques avait émigré vers le nord-est de l'Asie, le « pont de Béring ». Abandonnés à eux-mêmes, les petits peuples, on entend par là les groupes humains disséminés dans le grand nord, négocient difficilement le passage à l'économie de marché. Piégés par une histoire récente qui a porté atteinte à leur culture et à leur savoir-faire, étranglés par la crise de la Russie qui les oblige à se débrouiller avec les moyens du bord, ils défient l'avenir : ils veulent vivre comme avant.
Parmi ces peuples, les Koriaks, les habitants du nord du Kamtchatka qui composent
l'Ensemble folklorique national « Mengo », ont fondé de nouveaux
campements authentiques et sans rapport avec le mode de vie que l'on a essayé
de leur imposer lors de la période soviétique. Ils retrouvent
ainsi les clés de cette culture, que les anthropologues disent de «
subsistance », qui fait de la survie dans des conditions extrêmes
un remarquable art de vivre. Ainsi, la mémoire des anciens longtemps
ignorée, renaît au quotidien.
Juchés sur l'arrondi du pôle nord, les Koryaks communiquent toujours
par la danse et la musique avec les esprits. Pendant ce temps, les rennes vénérés
par les hommes, recherchent inlassablement leurs lichens et leurs mousses sous
la neige. Sur cette terre, l'humanité est rude et la foi des chamans
aide les hommes à poursuivre leur long chemin sous la neige.
Instruments traditionnels :
Chants :
Danses :
Orchestre National : L'ensemble folklorique national du Kamchatka s'appelle « MENGO »
Créé dès 1960, l'ensemble
national "Mengo", originaire du Nord de la Sibérie, fait revivre
les fêtes d'autrefois. Ce groupe a reçu la plus haute distinction
russe pour son art à transmettre, par la danse, la musique et les jeux
théâtraux, les traditions des peuples du cercle polaire, couronnant
ainsi leur lutte pour les sauvegarder. Réclamé par les grands
festivals, ses prestations en dehors du territoire russe sont hélas trop
rares, pourtant il triomphe sur toutes les prestigieuses scènes où
il se produit nul ne peut oublier les "mouettes", femmes devenues
oiseaux, moment de communion totale avec la terre divinisée.
Leurs chants de gorge imitent la nature. Par la danse,
les jeunes renouent avec une mémoire. Les danseurs imitent la nature.
Leurs danses célèbrent la vie : l'attaque d'un ours, la chasse
à la baleine, la naissance d'un enfant, la beauté de l'amour et
de la toundra, fidélité aux esprits tutélaires, comme la
danse du "gaga", l'oiseau sacré qui plongea dans la mer et
en ramena la terre, ou aux rituels chamaniques toujours respectés.
Les danseurs, vêtus d'un manteau ou d'une robe en peau de renne, brodée
de perles, d'écailles de poisson, chaussés des "torbosa",
bottes traditionnelles aux semelles de phoque, évoluent au rythme des
tambours. Les jeunes filles portent des robes aux motifs mandchous, mais cousues
dans de la peau. Comme dans une prière, ils obéissent à
des codes symboliques qui les relient à leurs Dieux protecteurs.
Parfois un accordéon jette un pont entre la tradition et un début
de modernité.
Ainsi, le rythme puissant des tambours, les chants de gorge imitant les animaux,
les danses, véritable théâtre, le rire et la gaîté
de ce peuple des vastes étendues désertiques où il faut
se battre pour survivre, vous emporte entre ciel et terre, dans une quatrième
dimension.
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